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Nous pouvons vaincre l’économie libérale
--> Interview de Samir Amin
Lu sur Passerellesud :" Samir Amin est actuellement sans doute un des critiques marxistes les plus féconds du système économique libéral. Ancré dans le tiers-monde : ceci explique cela. Il a récemment accordé une interview à Åke Kilander pour le magazine suédois FiB/K (n°2, février 2006). Elle condense l’analyse qu’il fait du "capitalisme réellement existant" et de ses multiples "discours idéologiques d’accompagnement". Et elle propose deux tâches immédiates pour réaliser l’unité mondiale des travailleurs : mettre en échec le projet de contrôle militaire planétaire des USA et vaincre l’économie libérale. Nous avons jugé important de traduire ce texte afin qu’il connaisse une large diffusion. GRESEA, mars 2006.

La moitié de la population mondiale est menacée d’extinction en l’espace de quelques décennies. Le pronostic est de Samir Amin. De passage à Stockholm, il y a quelques années,il a esquissé cette évolution comme une possibilité. Cela n’a pas ému grand monde. Personnellement, je n’ai cessé d’y réfléchir bien que personne ne semblait s’en préoccuper. Dans son dernier livre, "Le virus libéral", Amin analyse cette menace de manière plus approfondie et contextualisée.

La moitié de la population mondiale, trois milliards de personnes, vivent de l’agriculture. Une dizaine de millions travaillent dans une agriculture mécanisée dans l’économie capitaliste de l’Amérique du Nord, de l’Europe, de l’Australie et d’une partie de l’Amérique latine. La productivité dans les exploitations agricoles les plus efficientes du monde est presque 2.000 fois supérieure à celle de l’écrasante majorité des paysans.

Marchandisation et génocide

En novembre 2001, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a donné son feu vert à l’ouverture à la concurrence de l’agriculture. Les produits alimentaires : une marchandise comme une autre. Cela a ouvert la possibilité pour les sociétés transnationales, dans toute la zone couverte par l’OMC, d’acheter des terres et de rationaliser la production d’aliments sur la base des techniques les plus efficaces. Il serait ainsi possible d’assurer tous les besoins en aliments du monde par l’addition de quelque vingt millions de travailleurs agricoles. Ce processus de rationalisation prendra environ quelques décennies - et rendra la moitié de la population inutile et surnuméraire. Un travailleur agricole bien équipé pourrait remplacer 2.000 paysans pauvres.

Ceci n’est pas un "problème structurel" ordinaire. Trois milliards de personnes ne pourront pas être absorbés par l’industrie, même avec une croissance fantastique. Et rien n’indique que l’économie mondiale pourra pourvoir à leurs besoins.

Nous sommes menacés par un génocide, une catastrophe d’une ampleur telle qu’elle fera plus de victimes que le bilan cumulé de toutes les guerres et catastrophes naturelles que l’histoire a connues.

Question : Son analyse ne rencontre-t-elle aucun écho ? N’y a-t-il aucune mobilisation pour empêcher cette catastrophe ?

- Il nous faut avant tout recréer des alliances entre les classes laborieuses des villes et de la campagne, dit Samir Amin. C’est fondamental et c’est possible. Cette question est en train de mûrir et les gens se rendent de plus en plus compte que l’évolution actuelle conduit au génocide. Au Nord, cependant, on ne paraît pas en être conscient. Pensez au capitalisme suédois qui, jusqu’aux années trente, a provoqué une catastrophe énorme qui a pu être absorbée - parce que vous êtes un petit pays - grâce à une émigration massive vers l’Amérique. Il faut, en outre, vaincre l’économie libérale. Cela aussi est possible. Il y a dix ans, beaucoup de gens croyait en l’économie libérale. C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui.

Cela peut sembler optimiste. Je lui rappelle ce qui est advenu du mouvement Front National de Libération à Stockholm qui, en 1968, protestait contre la passivité des pays développés qui laissaient les Etats-Unis poursuivre la guerre du Vietnam en faisant fonctionner la planche à billets. Trois ans plus tard, ce mouvement s’est remobilisé lors de la crise, avec la libéralisation des taux de change et la montée en puissance de l’économie libérale. La plupart des manifestants étaient des adolescents mais l’histoire leur a donné raison, contre les économistes et les politiciens de l’establishment. Nous lisions votre livre "L’accumulation globale du capital", nous critiquions l’économie libérale et nous pensions savoir, en gros, comment le monde fonctionnait. Les peuples de l’Asie du Sud-Est ont été victorieux et le monde paraissait plein de possibilités. Mais ce fut ensuite la défaite et nous nous retrouvons dans un monde qui est à peine meilleur qu’il y a trente ans.

Question : Pourquoi ?

Trois compromis mis en échec

Samir Amin commence son analyse avec la Seconde Guerre mondiale :

- Le capitalisme n’a eu de cesse d’affaiblir les classes laborieuses. Elles ont emporté des succès ces dernières vingt années - bien plus que durant les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Pendant 20-40 ans, après la guerre, le rapport de forces a été plus que jamais dans l’histoire du capitalisme favorable aux peuples. C’était le résultat de trois victoires :
- celle de la démocratie sur le fascisme,
- celle des peuples d’Asie et d’Afrique sur le colonialisme et
- celle de l’Union soviétique sur le nazisme. Ces victoires ont rendu possibles trois compromis historiques entre travail et capital. En Europe occidentale, on a pu construire l’Etat Providence. En Europe de l’Est et dans quelques autres pays s’est développé le socialisme réellement existant. Et en Asie et en Afrique, dans l’esprit de la Conférence de Bandung, un développement indépendant a pu être entamé. Ces compromis ont permis une certaine croissance et un certain développement qui ont bénéficié aux classes laborieuses (mais pas nécessairement de manière démocratique ou socialiste). Ces compromis avaient cependant leurs limites et les contradictions internes ont crû avec les années. Dans les années 1970 et 1980, il y a eu stagnation et le capital a pu repasser à la contre-offensive. L’impérialisme a assumé la forme nouvelle d’un "impérialisme collectif" conduit par la Triade (Etats-Unis, UE et Japon). Son oligarchie financière partage un intérêt commun d’appropriation du marché mondial.

Lorsque les compromis se sont fissurés, l’oligarchie financière a pu propager l’économie de marché sur une aire sans cesse plus grande sans rencontrer de résistances.

L’économie de marché est son idéologie, acceptée même par la social-démocratie.

- Ce que les sociaux-démocrates n’ont jamais compris c’est que la défaite du communisme n’a pas été leur victoire, mais leur propre défaite. Ils n’ont pas su tirer avantage de la chute du mur, que du contraire, ils en ont aussi été les victimes. En Europe de l’Ouest, le capital s’est vu obligé d’accepter l’Etat Providence, entre autres grâce à la menace communiste. Lorsque le mur est tombé, il a pu passer à l’offensive contre les classes laborieuses, non seulement en Europe de l’Est mais aussi dans les Etats Providence de l’Ouest.

Le "modèle" chinois...

Question : Et la Chine ? Peut-elle à l’avenir devenir une superpuissance à l’égale des Etats-Unis ?

Samir Amin a déjà signalé auparavant l’impossibilité pour les quatre "tigres" d’Asie de s’élever au rang des pays industrialisés développés. Et je lui rappelle que Mao pensait la même chose dans son "A propos de la nouvelle démocratie". Mais la Chine est un grand pays et la situation a peut-être changé ?

- Non, je n’ai pas changé d’opinion. Il existe des projets nationaux bourgeois. L’un d’eux est la Chine. Il en existait auparavant deux autres, la Corée du Sud et Taiwan. Ils ont pu se développer grâce à un soutien des Etats-Unis, accordé pour des motifs géopolitiques. Le projet national bourgeois chinois est plus grand et plus important. Le leadership chinois constitue actuellement une classe politique dirigeante qui s’imagine que la Chine va devenir une grande puissance capitaliste à l’intérieur du système global, avec une capacité de défier les autres. Je pense que cela leur sera impossible, pour une raison très simple. Pour atteindre ce but par la voie capitaliste, ils ne disposeront pas d’un soutien massif interne. Pareil projet ne pourra se construire qu’en augmentant la marginalisation et les inégalités, et en affaiblissant les classes laborieuses et la majorité des paysans. Le compromis historique social-démocrate entre travail et capital ne peut être réédité. Il n’était possible que dans des pays qui pouvaient tirer avantage du fait qu’ils se trouvaient à un niveau supérieur - impérialiste - à l’intérieur du système global.

La logique du système va contraindre la Chine à devenir davantage encore une chaîne de montage bon marché à l’exportation, surtout vers les Etats-Unis mais aussi vers l’Europe où les revenus sont plus élevés. Cela, c’est la contradiction grandissante. La majorité des classes laborieuses en Chine - urbaines et rurales - prend de plus en plus conscience de ce que la voie capitaliste n’a que très peu de chose à lui offrir. Les progrès ont reposé, durant un nombre d’années, sur la croissance d’une classe moyenne, qui a cru de quelques pour cent à sans doute quelque 10-20 pour cent de la population. Cette évolution peut encore se poursuivre un temps mais pas durant plusieurs années. Il n’y a rien à retirer du système mondial.

La Triade : totale OPA

Question : Qu’est-ce qui caractérise dans ce cas "l’impérialisme collectif" ?

- Jusqu’à la fin du 20ème siècle, les monopoles ou les oligopoles étaient essentiellement nationaux, en ce sens qu’ils étaient positionnés sur un marché national (même si le pillage avait également lieu à l’étranger). Le degré de concentration dans l’économie est actuellement à ce point élevé qu’une société transnationale ou un oligopole qui souhaite rejoindre le peloton de tête doit avoir un accès immédiat à un marché global. Une entreprise dominante n’avait besoin, il y a cinquante ans, que d’environ 100 millions de clients potentiels. Aujourd’hui, il lui en faut 600 millions. Telle est la base de l’impérialisme collectif.

L’oligarchie financière de la Triade ne dispose pas d’un appareil d’Etat commun pour administrer son impérialisme. Il agit par le biais d’instruments collectifs tels que l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM) et l’Union européenne. Ce sont tous des instruments qui cherchent à diriger l’économie globale et modifier le rapport de forces en défaveur des classes laborieuses. L’Europe et le Japon sont aussi libéraux que les Etats-Unis au sein de l’OMC, le FMI et la BM, mais ils ont besoin d’une puissance militaire pour arriver à leurs fins. C’est dans cette perspective que les Etats-Unis apparaissent comme une puissance hégémonique. Ils entrent en Irak non seulement dans leurs propres intérêts mais aussi pour ceux de l’oligarchie financière européenne, qui devra payer pour le service rendu - et bien au-delà de son prix. L’ensemble des investissements militaires des Etats-Unis est financé par le reste du monde - y compris par l’Europe.

Un autre monde est possible

Le même jour, à Stockholm, Samir Amin participe à une réunion sur le thème "Travailleurs de tous les pays - concurrence ou coopération ?", qui sera repris au Forum social mondial de Bamako quelques jours plus tard. Samir Amin introduit les débats.

- Notre tâche est de faire renaître l’internationalisme des peuples. Les travailleurs et les classes laborieuses devraient s’unir à tous les niveaux, à l’intérieur des pays et entre les pays, et cesser de se faire concurrence. Cela ne pourra se faire que sur une base anti-impérialiste appuyée sur une stratégie antilibérale. L’internationalisme ne peut être bâti sur la charité - donner aux pauvres pour des motifs humanitaires - mais sur la solidarité, sur des intérêts communs opposables à un ennemi. Et l’ennemi principal est l’oligarchie financière de la Triade, ses représentants politiques et avant tout la classe dominante des Etats-Unis.

Amin esquisse la naissance de l’impérialisme collectif et en arrive à la conclusion.

- Nous devons nous fixer deux tâches immédiates. En premier lieu, nous devons infliger une défaite au projet des Etats-Unis de contrôler militairement la planète. Ce faisant, nous créerons aussi les conditions d’une victoire sur l’impérialisme collectif. Je suis optimiste, je dirais même très optimiste. Les Etats-Unis ont déjà perdu la guerre en Irak - pas entièrement, mais au point d’avoir manqué leur but d’y installer un régime de marionnettes en état de fonctionnement. Il nous faut aller plus loin que cela, de sorte que la classe dirigeante des Etats-Unis se voie contrainte par les peuples du monde d’abandonner son projet de contrôle militaire. Nous avons besoin d’une sorte de campagne " US go home " mondiale visant le démantèlement des bases américaines dans le monde et, pour ce qui concerne l’Europe, la dissolution de l’Otan.

En deuxième lieu, il nous faut vaincre le libéralisme économique, qui s’exprime par le biais des instruments de l’impérialisme collectif tels que l’OMC, le FMI et l’Union européenne. L’OMC n’a pas pour objet le commerce international. C’est une institution qui organise le système économique dans tous les pays, surtout dans le tiers-monde, dans le but d’accélérer l’accumulation du capital dans l’intérêt des pays du Centre. Ses missions sont celles d’un Ministère des Colonies. L’Angleterre et la France n’ont pas agi autrement auparavant.

Il nous est possible d’obtenir des victoires sur ces deux fronts durant les prochaines années.

L’énorme défi pour les partis et organisations au sein du Forum social mondial est de combiner ces deux tâches. Cela suppose de redonner la primauté aux politiques nationales sur les politiques internationales. Les nations ont besoin d’autodétermination - non pour des raisons culturelles, parce qu’elles sont noires ou blanches, chrétiennes ou musulmanes, mais en raison de leur histoire politique. Un haut degré d’indépendance est nécessaire pour faire baisser les inégalités entre nations dans le monde d’aujourd’hui. C’est ainsi qu’il nous faut concevoir l’unité des classes laborieuses.

Le débat doit partir de la base. Je ne vois aucune contradiction entre les niveaux nationaux et globaux, mais je pense qu’il n’y aura aucun progrès au plan international tant qu’il n’y aura pas de progrès au plan national. Lorsque les choses bougent, c’est du bas vers le haut et, cela, c’est essentiellement le niveau national.

Åke Kilander (interview) GRESEA (traduction)


Ecrit par satya, à 17:36 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Vincent Carel
08-08-06
à 22:13

Méthode coué

J'ai du mal à voir en quoi la déroute américaine en Irak peut servir la lutte contre l'impérialisme. A moins de considérer les milices privées ou les djihadistes comme des alliés dans le cadre de la révolution mondiale. En outre les événements d'Irak ne profitent finalement qu'à la République islamique d'Iran, régime dont je doute qu'il apprécie beaucoup les libertaires. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis: c'est justement ce que pensaient les dirigeants américains quand ils armaient les talibans en guerre contre l'Armée rouge. Je préfère personnellement, et de très loin, le capitalisme américain au talibanisme afghan -ou irakien.

De surcroît je trouve la manière avec laquelle il écarte la Chine d'un revers de la main assez douteuse. M. Amin peut vaticiner si bon lui semble mais rien n'indique que l'économie de ce pays soit incapable d'accéder à un niveau de développement comparable à celui de l'Occident et du Japon actuels. La Chine est aujourd'hui dans la situation de la majeure partie du continent européen à l'époque victorienne. En ce temps l'Empire britannique rassemblait un quart des terres émergées et produisait un quart de la richesse mondiale; il contrôlait les mers et la finance mondiale, faisait et défaisait les régimes partout en Europe et permettait le démarrage économique d'une bonne partie de l'Europe centrale et de l'Amérique de Sud. Et pourtant les Etats-Unis ont débarqué dans le grand jeu de l'économie mondiale et sont devenus 10 ans à peine après la mort de la reine Victoria la première puissance industrielle du monde; l'Allemagne elle-même avant la Première Guerre mondiale était en plein boom et aurait très vite dépassé la Grande-Bretagne n'avait été la guerre. Il est trop facile d'évacuer a priori la Chine sous prétexte que son cas infirme la démonstration selon laquelle aucun développement économique des pays du Sud n'est possible.

D'ailleurs M. Amin agit de même avec Taïwan et la Corée en sous-entendant que ces pays ne doivent leur réussite qu'au bon vouloir des Américains. Certes ces pays ont bénéficié des faveurs de l'Amérique au plan commercial mais les Philippines et l'Indonésie aussi or ces deux pays ont beaucoup moins bien réussi, pour ne pas dire qu'ils ont échoué au regard du développement prodigieux et de l'extraordinaire amélioration des conditions de vie qu'ont connu Taïwan et Corée. C'est à l'intérieur des sociétés coréenne et taïwanaise que se trouve l'explication de leur développement ainsi que dans la solidité de leurs Etats. Que ça plaise ou pas à M. Amin les deux dragons ne tirent pas leur richesse d'une munificence cynique de l'impérialisme américain mais du développement de leur propre capitalisme, les Lorrains peuvent en attester. Ainsi les entreprises coréennes et taïwanaises investissent aujourd'hui massivement en Chine au même titre que les entreprises américaines, européennes et japonaises. La Corée du Sud et Taïwan ne sont pas des villages Potemkine ni des créatures de l'Amérique: ce sont des pays prospères dont les populations jouissent d'un niveau de vie élevé, comparable à celui des Occidentaux.

On comprend bien pourquoi M. Amin tient à atténuer l'importance de ces phénomènes -j'imagine que le décollage de l'Inde lui non plus ne signifie rien et est condamné d'avance- de développement économique de pays pauvres car ils anéantissent ces belles théories marxistes et notamment l'argument merveilleux qui veut que l'échec du développement économique des pays pauvres résultent de l'impérialisme américain. D'autant plus que si ce n'est pas l'impérialisme américain qui est cause du sous-développement alors il faut en rechercher l'origine à l'intérieur des sociétés et des Etats en question. Or telle mise en cause est proscrite, les moeurs des peuples du Sud et leurs structures sociales échappant au champs de l'analyse critique a fortiori de toute dénonciation d'inadéquation avec le développement de l'économie.

Il est bien évident qu'il y a des conflits d'intérêt considérables au plan économique entre les pays riches et les pays pauvres ainsi qu'entre pays émergents et non-émergents à l'intérieur de cette catégorie (par exemple le Brésil se comporte dans ses relations avec la Bolivie, qui l'alimente en hydrocarbures, comme une puissance impérialiste, ce non parce que les pôv'Brésiliens sont victimes des méchants yankees mais parce qu'ils sont les plus forts et les plus riches et qu'ils font passer leurs intérêts avant ceux de leurs partenaires plus faibles qui se trouvent donc contraints d'avaler des couleuvres de temps en temps; la Chine idem en Afrique). Les pays riches défendent férocement leurs intérêts et comme ils sont plus puissants ils parviennent à imposer aux pays pauvres des mesures qui vont parfois contre leurs intérêts et brident de ce fait leur développement. On ne peut ignorer les rapports de force et les entraves que le déséquilibre dans ledit rapport induit pour les Etats les plus faibles mais on ne peut faire comme si cela était dû à on ne sait quelle diablerie occidentale: un pays qui subit un rapport de force défavorable se conduit de manière identique à son dominant dans ses rapports avec son dominé. On m'objectera que s'il s'inscrit dans cette logique c'est parce qu'il y est acculé par la domination qu'il subit lui-même et qu'en fin de compte seul le premier dominant est responsable. Cette objection serait recevable si les pays qui ont réussi à s'arracher à la misère se faisait les hérauts des pays pauvres mais il n'en est rien: objectivement ces pays font montre d'un égoïsme et d'une indifférence encore plus grandes que les nations occidentales.

Il y a à mon humble avis trois aspects à prendre en compte: le déséquilibre du rapport de forces entre puissances qui a des conséquences terribles pour les plus faibles; le fonctionnement interne des Etats du Sud, notamment le rapport entre les élites et l'Etat; les pratiques culturelles, les religions, les moeurs, etc. des sociétés concernées, notamment la démographie.

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