L'En Dehors

Vous voudrez bien m'expliquer pourquoi vous vous evertuez à enlever mon commentaire?

La censure sans sens et sans explications est aux antipodes de l'anarchisme. Elle ressemble à s'y méprendre à la violation de la liberté d'expression

Bien-sûr, I-no-sens. Tu as raison, mais dans ce cas c'est surtout la qualité de "chasseur de Nazi" de Klarsfeld qui est instrumentalisée (plus que son origine communautaire).

Mais il n'est pas non plus à exlure qu'un des buts de Sarkozy soit de mettre de l'huile sur le feu entre communautés. En tous cas, de fait, ça pourrait se produire. Il faut alors manier avec beaucoup de précautions les allusions ethno-communautaires pour ne pas risquer d'en rajouter et de faire empirer la situation sur ce plan (n'oublions pas, par exempelque, que pas mal de gauchistes ont pu atiser les haines ethniques entre Huttus et Tutsis en croyant aider à libérer le Rwanda de la "domination" Tutsie... On connait la suite).

Tout est dans la façon dont on parle de ces choses...

Je te remercie Luc. j'en suis d'autant plus convaincu que je réfléchis à la manière de traiter le sujet.

La récente nomination d'Arno Klarsfeldt dans le sillage de Sarkozy soulève bien des problèmes. Outre qu'il est le fils de Serge ce qui me semble d'une teneur symbolique très attristante eu égard au respect que
je conserve à son père (et Beate), sa nomination et ses premières déclarations -qui déjà  sentent la manipulation grossière et pour tout dire odieuse- posent le problème de la trahison de la Mémoire par ceux-là même qui s'en revendiquent. D'autant qu'Arno Klarsfeldt était avocat au procès Papon. Justement sur ce point je pensais prendre appui sur la déportation d'Irma Rensberg quand Papon et Garat pouvait sans peine faire montre de mansuétudes ils firent du zèle, et dire qu'en l'espèce la Mémoire ne vaut que si elle a des échos dans le monde actuel, avec les préfets d'aujourd'hui donc. Or par trop les médias nous servent un devoir de Mémoire déconnecté de la réalité de l'instant, comme si elle appartenait définitivement à un autre temps. Et Arno Klarsfeld c'est précisement cela. Car je veux dire que le degré d'infamie m'importe moins que l'idéologie (la même) qui sous tend de tout temps les politiques faites à l'égard des indésirables: camps de concentration hier, camps de rétentions aujourd'hui. En quelques mois 3000 africains sont morts en tachant de passer par les Canaries...
Le second problème qui ne lasse pas de m'attrister c'est qu'il est hommes dont une partie de l'identité rappelle l'oppression: juifs, homosexuels, noirs, indiens etc... Certains honorent cette mémoire par le combat inlassable qu'ils mènent contre toute forme d'oppression. Ils portent haut leur identité, le danger fut-il provisoirement écarté: Jean Malaquais, Fernandez, Leonard Pelletier, Allen Ginsberg, Ernest Gaines, Michel Warchawski, Toni Morrison etc... D'autres la trahissent, du maire homosexuel d'une grande ville qui pratique le clientèlisme à partir de son homosexualité, à Arno Klarsfeld dont la position de médiateur est intenable.Les uns finalement sont universalistes, les autres sont communautaristes. Et ce sont les porfendeurs officiels du communautaristes qui le sont le plus par la pratique d'un clientélisme et de cooptations qui n'en sortent pas d'un règlement de classes.
Or justement nous n'en sortirons jamais si les porteurs de Mémoires ne prennent pas à leur compte celle-ci dans une perspective universaliste ou internationaliste... Justement la position des refuzniks en Israël me semble porteuse de cet espoir.

Voilà en bref les raison pour lesquelles je pense qu'on ne peut dire "on s'en fout". ce serait encore faire injure à l'étude scrupuleuse des procès de dénazification faite par Stig Dagerman dans "Automne allemand". Un jeune homme de gauche avait pour rêve de devenir instituteur. Or il ne pouvait y parvenir qu'en adhérant au Parti national socialiste. Il le fit et devint un bourreau... On voit là que l'ambition et les rêves mêmes sont susceptibles de faire basculer chacun d'entre nous....

d'accord avec toi sur l'essentiel, OgRuR, c'est-à-dire, les bienfaits de l'universalisme... En désaccord en revanche concernant S. Klarsfeld, dont je n'ai pas l'impression qu'il aît jamais été porteur de cette tradition, et dont j'ai même toujours entendu dire que c'était un pion-avancé-RPR. Le procès Papon lui-même n'est garant de rien en termes d'universalisme, surtout chez ceux qui y voyaient le moyen de dire que "la page avait été tournée", et de justifier encore un peu plus leurs compromis avec les pouvoirs publics. La mascarade à laquelle on assiste ces temps-ci, au motif qu'en 1906 la justice française avait fini (sic...) par arrêter de ferchier Dreyfus, est là elle aussi, pour illustrer les risques de brouillage des cartes. Pardonne moi d'avoir été sentencieux.

Je te l'accorde, de mon point de vue, mais seulement du nôtre Klarsfeld Arno n'est pas représentatif d'un "universalisme de la Mémoire". Cependant il est présenté comme tel. Son ascendance directe d'abord (Beate et Serge), son intervention largement médiatisée durant le procès Papon ensuite. Du reste le choix de Sarkozy en dit assez long sur la manière dont le ministre pense qu'Arno K est perçu.

En sorte, et là je rejoins assez l'analyse que Mehdi Belhaj Kacem fait subséquemment aux situationnistes, il y a une "démocratie" mediatico-parlementaire qui ne trompe que ses clients et les naïfs. Mais ils sont nombreux à évoluer dans le petit actionniariat. D'un autre côté se tiennent les parias qui pourront largement accréditer nos dires sur Arno K., et quelques esprits lucides. IL y a également ceux qui s'en moquent, mais ceux-là prenant l'information à la va-vite, la consomme à la manière d'un hamburger, aussitôt avalée, aussitôt chiée. Peu de chances qu'ils viennent à la défiance que nous nourrissons...

Tu voudras bien m'excuser, je crains de n'avoir pas saisi tes propos sur Dreyfus. Voudras-tu éclairer ma lanterne?

Anonyme de 14h15 ... En effet je te le concède. Comme il l'a fait pour les banlieues Sarkozy attise probablement, par le choix d'Arno K, les remous "communautaires"... Si communauté il y a. Justement je prétend qu'il n'y a de communautés que tant il y a d'intérêts. Or les intérêts majeurs dans un système capitaliste sont financiers. Où voyons-nous que les gens menacés d'expulsion soient des possédants? Il ne s'agit donc pas d'attiser des haines communautaires mais de livrer à un isolement encore plus grand le paria.
Des dénonciations de mariage blanc, de clandestinité il y a beaucoup parmi les proches des intéressés, par définition il faut être "au courant" pour dénoncer ou être animé d'un ressentiment fort. Il me semble que plus les individus sont amenés à se côtoyer plus le ressentiment est fort. Lors donc c'est parfois souvent, souvent parfois, au sein mêmes des dites communautés qu'on trouve les délateurs. Communautés il n'y a donc pas....

S'il y avait de réelles communautés dites-vous qu'il y a longtemps que ce pays serait à feu et à sang. Quand tant de gens sont contraints de vivre dans des conditions aussi sordides ils ne leur manquent qu'une cohésion et un esprit commun pour s'insurger. Justement je ne vois rien... rien d'autre qu'un épisode d'émeute spontanée plutôt de courte durée....où l'extrême gauche s'est corrompue arguant d'un mouvement de petites frappes cupides plutôt que d'un soulèvement politique. Des petits bourgeois ils sont... Nous sommes bien seuls....

Je veux bien croire que Sarkozy ne s'embarrasse pas de réflexions sur le sujet. Dans mon esprit cela ne faisait aucun doute. Si j'ai fait quelques reflexions sur le sujet ce n'était certes pas à l'attention du ministre, ni même pour éprouver sa "pensée". C'est pure stratégie chez lui en effet...  comme le choc des civilisations.

Comme l'a dit Sartre c'est l'antisémite qui fait le juif. De même c'est l'anti-communautarisme qui fait le communautaire....