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L'En Dehors


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Colonies anarchistes au Brésil : projets et désillusions
--> Aventures de quelques néo-naturiens, en-dehors et illégalistes...

A partir du 19ème siècle, le Brésil est particulièrement touché par l'émigration venant du Vieux Monde. Ce pays immense et ouvert accueille, en particulier à la fin du siècle, de nombreux ouvriers italiens et allemands. On y trouve alors deux principaux foyers anarchistes. L'un à Sao Paulo plutôt orienté vers l'anarcho-communisme malatestien, l'autre à Rio de Janeiro, plutôt stirnérien et nietzchéen. Pauvreté et cosmopolitisme sont la marque de cet environnement. Un épisode particulièrement connu, expérience communautaire, la Cecilia est une des premières manifestations de l'anarchisme italien au Brésil, dont la légende s'est peu à peu emparée.

« Je te quitte Italie, terre de voleurs.

Avec mes camarades, je pars en exil

et tous unis dans le travail

nous formerons une colonie sociale »[1] dit la chanson La colonia Cecilia, d'un auteur anonyme.

La Cecilia eut un certain renom dans la presse anarchiste internationale, notamment par un compte rendu écrit en avril 1893 et surtout un texte racontant l'expérience d'amour libre qui y survint, tous deux publiés en Italie en 1893, en France en 1894, en Argentine en 1894 et 1896, aux Etats-Unis en 1903. Mais la colonie anarchiste connut assez peu d'échos au Brésil. « La préoccupation de Rossi n'était aucunement liée au mouvement social brésilien qui était à peine à l'état embryonnaire au début des années 90 »[2]. Ainsi, le thème des expériences communautaire apparaît très rarement dans les journaux anarchistes italiens publiés au Brésil. Et la légende autour de la communauté apparaîtra là-bas plutôt à la fin des années 1930.

Nulle doute cependant que l'histoire de la Cecilia était connue de ceux, anarchistes italiens ou français, qui se destinent au Brésil dans les dizaines d'années qui suivent, en particulier pendant l'entre-deux-guerres. Et si Giovanni Rossi écrivait dans une lettre publiée par La Révolte en 1890 : « Nous entendons constituer ici une colonie anarchiste, laquelle puisse donner à la propagande une démonstration pratique que nos idées sont justes et réalisables, et à l'agitation révolutionnaire en Europe des secours financiers »[3], la perspective, trente ans plus tard, a changé. Bien souvent, il ne s'agit plus tant d'expérimenter le communisme que de se libérer individuellement et immédiatement par la culture du sol. Seulement, naturiens libertaires et anarchistes individualistes constatent les uns après les autres, et comme impuissants, la progression du capitalisme - de la « civilisation » - , de la propriété privée et de l'industrialisation.

Dans les années 1920 déjà, le tissu industriel brésilien est diversifié et l'agriculture menée dans de grandes exploitations qui visent de hauts rendements. Une crise économique n'arrange guère la situation des travailleurs, tandis que parmi les prolétaires triomphe le communisme autoritaire et s'effondre le mouvement ouvrier où prédominait jusqu'alors l'autonomie, le mouvement et l'action sur l'organisation. C'est dans ce contexte que plusieurs projets de colonies anarchistes voient à nouveau le jour sur les terres brésiliennes, présentées avec enthousiasme, d'une façon guère différente des réclames pour l'immigration faite par l'Etat brésilien : « nos amis nous informent qu’en ce pays avec peu d’argent l’on peut obtenir des quantités de terres fertiles, et même sans argent, dans les régions lointaines »[4].

 

1- Projets des années 1920

Du côté des « néo-naturiens »...

 Italiens, Allemands, Français ou Espagnols, tous sont alors tentés, à un moment ou à un autre, par la formation de colonies où mettre en pratique leurs idées. En 1922, ce sont des camarades de langue espagnole, qui, à 70 km de Rio, forment une colonie naturiste où est installée une école « où les enfants sont élevés selon les principes rationnels naturistes et anti-autoritaires »[5]. Annoncé par le Néo-Naturien, il faut peu de temps aux lecteurs et abonnés, soutenus par Henry Le Fèvre qui réalise le journal, pour élaborer leur propre projet. D'autant plus que dans le Libertaire, Withoutname a livré une étude sur le pays[6], qui suscite réactions et commentaires : « elle est intéressante au plus haut point pour les camarades qui seraient tenté de partir individuellement en ce pays pour se livrer à l’exploitation capitaliste. Ce qui seul pourrait nous intéresser c’est un départ collectif pour la création d’une vaste et puissante colonie »[7]. Et ce qui est dit est fait : en septembre 1923, on apprend qu'on déjà eu lieu « différents départs collectifs d'Italie, d'Espagne et de France à destination du Brésil, de l'Uruguay, ainsi que des départs individuels à destination d'autres Républiques du Sud et centrales »[8].

Nouvelle occasion pour partir, quelques mois plus tard, Raoul Boucheron, un abonné du journal et au Brésil depuis 10 ans propose à quelques familles de le rejoindre « car la vie isolée est stupide, nous sommes des êtres sociables, nous éprouvons le besoin de nous unir »[9]. Et il accompagne sa proposition d'une description des plus alléchante : « Ce pays est idéal pour les fruitariens, les végétariens, les végétaliens et en vérité tous les naturiens qui y trouveront une grande variété de tubercules et de légumes de toutes sortes. Pour qui sait apprécier la Nature à sa juste valeur, ce pays nous convient pour nous donner notre vie avec peu d'efforts ; l'on perd vite le goût des petites légumes. La végétation est splendide, les arbres récompensent vite la main qui les a planté, en une heure de travail on peut en planter plusieurs, et l'on a des fruits pour toute notre vie et bien souvent celle de nos enfants. Ainsi c'est de la liberté, c'est du temps qui nous reste pour penser, parler, rire, en un mot jouir de la vie au lieu de nous faire bêtement des esclaves »[10]. Puis, il décrit avec détail les différentes plantations possibles : le jacquier et le mannero (papayer) – qui donnent des fruits énormes, le bananier - « le pain naturel », la canne à sucre, l'abacacei (ananas), le melon-pastèque ou encore le maïs et le manioc. Le logement est simple : terre glaise et perches de bois, feuilles de cocotier pour le toit, l'habillement également. « Le bon soleil nous rend toujours gai ; loin de moi ces villes où l'on vit comme un brouillard et ficelé dans des habits ridicules »[11]. Enfin, il conclut : « oui, il serait utile qu’il se fit beaucoup d’essais de colonies. Tâchons de faire quelque chose pour la liberté, notre vie est courte, ça fait toujours plaisir quand on voit des camarades s’organiser pour vivre libre et s’échapper de la civilisation meurtrière »[12].

Naturellement, des camarades commencent à se renseigner plus précisément sur le lieu, les modalités pour partir, certains commencent à se rendre sur place. Le journal annonce qu'un embryon de colonie naturienne voit donc le jour à Pernambumco, au nord du Brésil. Karl Rist, également abonné du Néo-Naturien a rejoint Raoul Boucheron et, dans une première lettre, confirme les écrits de son camarade. Fontanieu, qui est d'abord passé au Costa Rica, où sont installés d'autres camarades, déçu par les terres qu'il a pu y trouver, par le climat ou l'isolement, compte bien les rejoindre. Mais en janvier 1925, c'est déjà la fin de l'aventure... Finalement, le lieu ne semble pas si propice : « l'intérieur ne manque sûrement point d'endroits propices, où une bonne terre avec abondance d'eau [...] permet d'attendre du succès à l'effort rendu. Mais il faut aller loin de la côte, souvent très loin de toutes communications »[13].

La description est désormais tout autre. Pour ce qui est des fruits – mangues, bananes et jacquier : « le premier répugne vite, le deuxième n'est bien comestible qu'après cuisson et le troisième n'est que laxatif ». Il est également question des maladies et des insectes : « le climat chaud rend toutes sortes de maladies encore plus répugnantes et d'aspect terrible ». Un exemple : le Bicho de Pé, « l'abdomen du « Bicho de Pé » se bombe sous le développement des oeufs et si l'on ne s'y prend pas à temps pour expulser l'intru, il laisse une marque assez profonde pleine de pus. [...] Gratter ou presser l'endroit où se loge la puce, n'est pas du tout conseillé, vu qu'il s'ensuit presque inévitablement des inflammations désagréables. [...] Il est mieux de procéder à son expulsion un ou deux jours après son introduction sous la peau. Une démangeaison, une légère rougeur avec un petit point sombre indique l'endroit. Déchirer légèrement la peau autour de ce point, et l'on arrive toujours facilement à chasser le Bicho, par une pression par les côtés »[14]. Les lecteurs sont désormais avertis des désagréments rencontrés au Brésil! Enfin, le pays est empreint de jésuitisme et d' « une religiosité répugnante » et surtout fonctionne économiquement sur un mode proche du féodalisme. « Les indigènes ont une vie relativement simple (cabane en décadence, nourriture uniforme et rarement abondante, des haillons qui doivent remplacer les vêtements ; aussi les gardent-ils amoureusement, car ils sont souvent leur seul bien). Non pas qu'ils ne rêvent point d'une vie plus opulente, mais parce qu'ils ne peuvent autrement »[15]. Car les grands propriétaires, les fazenderos, sont tout puissants et possèdent la quasi-totalité des terres. Pour acquérir des terres, il faut soit les payer très chères aux petits propriétaires, soit se faire céder un morceau de terrain par un grand propriétaire mais en échange d'un lourd tribut ou bien accepter de travailler directement pour les fazenderos.

Malgré tout, Karl Rist reste persuadé que le Brésil offre de grands avantages au « coloniste », où il est plus facile de se débrouiller économiquement par la culture du sol. Il décide pourtant de laisser tomber l'idée de s'installer vers Pernambuco et compte rejoindre un autre projet dans l'Etat de Saint-Paul, plus au sud, autour du camarade Neblind auquel un autre journal, l'en-dehors, a ouvert ses pages...

 

Du côté des « en-dehors »...

 A. Neblind, qui fréquentait l'anarchie et prenait des leçons de sténo avec E. Armand avant de quitter la France avec la guerre de 14-18, est toujours en correspondance avec ce dernier. Il fait une annonce dans le journal de celui-ci, l'en-dehors, avec beaucoup de ressemblance et quasiment au même moment que celle de Boucheron dans Le Néo-Naturien. Installé à Guararema, dans l'Etat de Sao Paulo, il écrit être à la disposition des camarades qui voudraient fuir l'Europe et passer l'Atlantique pour y établir un milieu libre. « Je sais parfaitement que la lutte existe partout puisque « être, c'est lutter ; vivre, c'est vaincre » mais enfin je trouve que la vie est un peu meilleure au milieu de la nature qu'au sein des sociétés civilisés. Non que je sois un « naturiste » excessif et maniaque, mais j'aime la vie au grand air, source de vie, de santé, de bien-être physique et moral »[16]. Bien sûr, « ici comme partout c'est la lutte ; ni les malades, ni les ambitieux, ni les neurasthéniques n'y trouveront le bonheur ou l'harmonie »[17]. Malgré tout, il reste persuadé que la vie y est plus facile qu'en Europe : le Brésil, c'est « l'avenir du monde parce que encore peu habité et inexploité ». Il appuie ses dires par ceux d'Elisée Reclus : « c'est la terre promise d'où, par suite du mélange des races enfin réconciliées, sortira l'homme nouveau », ceux de Withoutname : « une éternelle abondance produite avec peu d'efforts »[18]. Malgré tout, il semble lucide sur l'avenir du Brésil et ce qui est en train de s'y jouer. Il donne à son projet une tonalité qu'on ne trouve pas chez Karl Rist et Raoul Boucheron, puisqu'il considère possible de poursuivre la lutte entamée en Europe de l'autre côté de l'Atlantique : « que viennent ceux qu'attire le retour à la terre, source de vie réelle et qui disposent d'un petit capital, qu'ils viennent lutter contre l'exploitation capitaliste seulement naissante, qu'ils viennent étouffer dans l'oeuf le développement d'une organisation sociale semblable à celle existant en Europe »[19]. Si le constat de l'extension de l'économie capitaliste est là, on verra que les possibilités d'agir face à cela chez les anarchistes exilés ne semblent guère envisagées...

Ce projet de milieu libre n'en est pas à ses débuts puisque Neblind était d'abord parti avec un camarade qui s'est révélé inapte au travail de la terre, malade et souffrant moralement. Un second camarade lui a succédé, qui est retourné au salariat : « on ne subit pas impunément 40 ans de Paris »[20], commente Neblind. Il se retrouve donc seul avec 15 hectares de terre sur lesquels poussent orangers, citronniers, pêchers et d'autres arbres à fruits tropicaux d'une part, des légumes d'autre part et enfin une partie boisée. Il peut désormais vivre de ses récoltes, se nourrir de fruits sains, se baigner et se promener nu. Mais, ce qu'il fait tout seul, il serait plus facile de le faire pour et à plusieurs – moralement comme physiquement. Il encourage donc les camarades à le rejoindre, pour peu qu'ils soient habitués à l'effort physique sur ces terres fertiles et riches, à la température idéale. De plus, le passage au Brésil est gratuit pour les individus engagés par un patron établi au Brésil, agriculteur de moins de 60 ans. Des camarades réagissent, certains proposent l'installation d'un groupe individualiste. Quelques mois plus tard, 24 camarades lui ont écrit de 37 à 3 ans, parmi eux 14 hommes, 8 femmes et deux enfants. 9 sont des agriculteurs, un seul est vraiment sans ressources, les autres ont un petit capital. A ce stade, il pense possible l'achat d'un terrain commun de 100, 150 ou 200 hectares et il invite pour commencer les deux jardiniers et les deux familles d'agriculteurs pour former le noyau initial.[21]

Un an plus tard, deux camarades sont arrivés d'Europe, d'autres doivent encore venir. A. Neblind, malgré les critiques successives dans l'en-dehors au cours de l'année écoulée, est toujours enthousiaste. Il pense désormais à fonder « un village avec entr'aide par affinités », fonctionnant sans statuts, obligation ou sanction, disposant d'une école, bibliothèque et organisant des causeries éducatives, « afin de ne pas laisser éteindre la flamme de la propagande »[22]. Et de nouveau, en 1926, la question du Brésil est relançée dans les colonnes du journal par un certain Jean Moura, dont les propos et les projets sont très proches de ceux de Neblind. Il tente de relancer les départs pour le Brésil : « mais où sont les individus décidés à sortir de la putréfaction des grandes cités industrielles et commerciales. Ils s'y sentent donc si bien, tels les vers dans le fumier... »[23]. Il invite donc les camarades à partir pour fonder un village libertaire, pratiquer la camaraderie amoureuse, entre individus d'instincts et de vies naturistes de préférence. Déjà plusieurs camarades vivent sur des terrains séparés, ce qui ne peut qu'aider les nouveaux arrivants. Lui-même rejoint Guararema avant l'hiver 1926. Plusieurs anarchistes français vivent donc à Guararema mais il semble que le projet de milieu libre, ou de village libertaire n'ait guère abouti. Selon Armand, les colons vont et viennent sans rester de manière prolongée. Il faut dire que, dans l'en-dehors, les discussions autour de ce projet ont été âpres et les critiques cinglantes. Armand reprochera même à certains de porter ombrage à ceux qui tentent de réaliser leurs projets. Quant à Jean Moura, il exprimera sa lassitude des milieux anarchistes, où la parole l'emporte souvent trop sur la pratique. Et pourtant, les critiques n'étaient pas toujours absurdes...

Macareno et Withoutname[24] – fort d'un voyage au Brésil, reprennent des arguments développés par Karl Rist et critiquent en plus le lieu choisi par Neblind : « Si « son » projet de « Retour à la Terre » mérite d'être sérieusement pris en considération (je l'applaudis des deux mains), par contre le lieu choisi ne se différencie en rien, à par la latitude, des régions les plus exploitées de l'Europe »[25]. Ils ont passé cinq mois à Guararema près de Neblind qui s'était refusé à aller plus vers l'intérieur sur les rives de Paranapanema, « là où vraiment la civilisation n'a pas encore étalé toute sa lèpre »... Et se sont décidés à le laisser seul là-bas, « en ce trou qu'il s'est laissé imposer par les circonstances : un voisinage sympa établis depuis vingt ans en ce lieu »[26], pour rentrer en Europe. Macareno raconte « que ce n'est pas pour vivre en cette succursale des « fortifs parisiens » » qu'il avait quitté l'Europe. Il est en effet douteux que des anarchistes, même plus ou moins naturiens, mais en tout cas soucieux de parvenir à une certaine autonomie de vie par la culture et de s'éloigner de villes considérées comme mortifères, se soient plûs dans cette région. Sao Paulo est une ville qui a connu un essor industriel à la fin du 19ème siècle et dont l'Etat prospère rapidement grâce au développement de la culture du café. Bref, « dans la grande banlieue parisienne [...] soit dans un rayon de 50 km autour de Paris, il y est des lieux beaucoup moins habités, aussi pittoresques, plus sauvages que ne l'est Guararema »[27]. Ce qui sépare ici ces camarades, c'est le degré de « civilisation » recherché : « nous disons à nouveau, pour ceux qui partent avec l'idée de s'éloigner de la civilisation, aux néo-naturiens notamment, qu'ils seront désillusionnés en s'installant à demeure dans la région européenne de Sao Paulo »[28]. Pour appuyer ses dires, Macareno fait remarquer que les Italiens – dont l'immigration au Brésil a été très forte – préfèrent alors acquérir des terres en France. Pour lui, l'Auvergne ou le Jura sont aussi fertiles que Guararema et les terres à proximité des transports sont moins chères. Il préfère donc ne pas engager d'autres camarades à partir pour le Brésil, à moins que vraiment, ils soient très robustes, jeunes et sans peur de l'ennui et de l'isolement.

 

Désillusions...

Face à ces constats, qui racontent outre-mer, après les descriptions des profusions de richesses, celle de l'extension du capitalisme, de la ville, de l'industrie, et quand ces arguments ne suffisent pas, le développement de la propriété privée et donc la misère des indigènes, la seule perspective semble alors de s'enfoncer dans les régions vierges. C'est ce que préconise Henry Le Fèvre dans le Néo-Naturien. Du dossier établi par Karl Rist, comme de l'étude faite par Withoutname il constate « que les gens [vivant au Brésil] par eux cités vivent une vie antinaturelle, n'ont aucune étude naturographique, ni culture naturocratique, que la religion abâtardit toujours les cerveaux, que le capitalisme, la ploutocratie, l'oligarchie foncière exploitent férocement les déshérités, que l'agglomération hideuse règne avec son cortège antihygiénique d'ignorance, qu'enfin ces gens sont aussi loin de la nature que nous, et même davantage, que partout il y a les mêmes erreurs, le même éloignement de la vie originelle »[29]. Il ajoute qu'il existe encore des régions vierges où quelques tribus d'indiens libres vivent encore le communisme primitif loin des régions déjà occupées par les civilisés. Il conseille donc de se grouper en une association nombreuse pour rejoindre un pays neuf, association qui se dotera également du rire, « le franc rire, ce spasme indispensable à l'être humain et dont on ne veut à aucun prix tenir compte dans nos milieux »[30]. Il semble que cette association ne verra pas le jour...

Quelle est alors la réalité vécue de ceux qui continuent à vivre là-bas? Elle est plus difficile à connaître car peu restent finalement et beaucoup abandonnent l'idée d'un projet collectif et ne ressentent donc plus la nécessité de raconter leur vécu. Pourtant, Armand, comme Henry Le Fèvre, reçoivent une correspondance qui permet d'avoir quelques éléments. Le second constate que les lettres qu'il reçoit « varient essentiellement selon la région d'où elles émanent et aussi selon que les correspondants sont issus de la ville ou de la campagne, qu'ils sont mysanthropes ou sociétaires, individualistes ou naturiens »[31].

Certains repartent pour d'autres aventures, comme c'est le cas des membres de la colonie Libertad en Argentine : « Vivre dans la solitude, dans l'abandon de ces forêts primitives devient à la longue une impossibilité pour des jeunes gens qui placent dans la vie tous leurs espoirs »[32]. Et puis, l'Etat étend ses griffes partout, on est jamais réellement « en dehors ». « Restons donc dans le milieu jusqu'à l'annihilation de l'Etat ». Cette « petite bande de vagabonds » a décidé d'aller au nord vers le Mexique, la Californie et puis la Chine. Sans argent, il leur faudra des mois, « mais le mouvement, n'est-ce pas la vie? »[33]. D'autres parviennent à s'en sortir, peut-être même mieux qu'ils ne l'auraient fait en France et peu importe qu'ils aient été anarchistes ou non : des « ombres de camarades », selon l'expression de Macareno, ont effectivement réussi en travaillant depuis vingt ans et « en utilisant la main d'oeuvre salariée des malheureux caypires du pays »[34]. Jean Moura lui même avouera un peu plus tard qu'il fait travailler des gens sur ses terres : « Pour ce qui est de mes expériences personnelles de libération, par le retour à la terre, je dois avouer que tout seul, sans pouvoir compter sur la coopération effective d’individus de même tendance, il n’y a pratiquement rien à faire, à moins de se condamner à une existence extra-végétative, en vivant comme un misérable ou Diogène, question de tempérament »[35]. Il s'est donc « vu dans l’obligation de prendre des « ouvriers », me faire exploiteur pour pouvoir m’en sortir ». Seulement, ces cas ne sont pas les plus fréquents. Henry Le Fèvre constate, qu'au Brésil comme ailleurs, « les colons voulant vivre du travail de la terre sont férocement exploités par les nouveaux magnats, qui leur vendent terre et produits indispensables à la ferme, à la culture, et sont également spoliés dans la vente de leurs récoltes, [...] ils ont les plus mauvais lots, [...] enfin, bon nombre et le plus grand n'ont rien du tout »[36]. Des lettres désespérées de deux correspondants d'Armand, Emilio Caurrège et Gabrielle Coquelin, viennent confirmer ces faits. Depuis 12 ans, ils vivent en Argentine et ont réagi à un des articles de Jean Moura dans l'en-dehors : « La province de Sao Paulo serait le paradis sur terre : a du faire un voyage d'agrément pour croire que cet endroit est l'idéal »[37]. Pour eux, « la vie n'est pas tout à fait si belle ici que l'on peut bien le croire »[38]. Ils ont travaillé la terre et réussi à en obtenir quelque chose mais cela n'a servi qu'à « être en bute aux envieux et méchants et à subir la haine de l'indigène »[39]. De plus, ils ont toutes les difficultés à trouver des débouchés pour leurs récoltes : « rien n'a de valeur que ce qu'il faut acheter ». Il n'y a pas de médecin proches d'eux, de même pour l'école des enfants qui de surcroît n'est pas terrible mais obligatoire sous peine d'amende... L'exil est donc difficile, plein d'ennuis : « la ville ne me dis rien la campagne est tout indiquée pour l'individu qui veut rester lui, mais ici vois-tu c'est un autre [...] Puis-je rentrer en France? Y a-t-il armistice? »[40]. Emilio et Gabrielle semblent coinçés en Argentine, sans assez d'argent pour rentrer et contraint d'attendre que la justice française les aient oubliés ou amnistiés.

Pour certain, la conclusion sur ces projets de colonies anarchistes au Brésil est alors celle-ci : « Le retour à la terre, mais oui d'accord, mais que les camarades français laissent le Brésil à ceux qui sont obligés d'y aller par rapport à leur situation militaire ou judiciaire »[41]

 

2- Des illégalistes réfugiés ou en partance pour l'Amérique du Sud

 Autant l'Angleterre semblait une destination classique pour les réfugiés temporaires, autant l'Amérique du Sud semble être la destination envisagée pour les insoumis ou les illégalistes, tous ceux qui craignent des condamnations de plus grande ampleur. Macareno et Withoutname l'annoncent dans l'en-dehors « nous répétons que des camarades français, à moins d'y être obligés par des raisons rigoureuses : service militaire, poursuites judiciaires, désir irréfrénable de grands voyages, etc. n'ont aucun intérêt à émigrer au Brésil. Nous serions presque tentés d'ajouter « et même ailleurs » »[42]. Et effectivement, on peut penser qu'un certain nombre de départ avaient lieu pour ces raisons, même s'il est délicat d'en évaluer l'importance. C'est le cas des deux désespérés en Argentine cités plus haut. Armand reçoit également une lettre de Louis Urh[43] qui raconte : « Tyranisé par mon père, renié par ma mère – déserteur militaire, emprisoné dans plusieurs pays d’Europe, expulsé de quelques pays civilisés, constamment poursuivi par la loi, dégoûté par la société et par tout ce qui sent de la civilisation, physiquement et moralement emprisonné dans ce monde du 20e siècle, que j’appelle le monde du barbarisme habillé, ma vie a toujours été une souffrance perpétuelle, souffrance de ceux qui veulent vivre, qui veulent se libérer mais ne trouvent pas le chemin qui conduit vers cette liberté qui seule pourrait ressusciter en eux le plaisir et la volonté de vivre. (…) là où il y a civilisation il n’y a pas de liberté (pour moi). Je suis trop lâche d’essayer à vivre pratiquement par un travail illégal – je ne me sens pas assez fort pour braver les menaces de l’autorité, et je ne veux pas devenir victime de cette même autorité, car je suis jeune et je veux profiter de tous les plaisirs que je peux obtenir de la vie – qui est si courte ». Avec d’autres camarades « blessés par la civilisation », ils sont donc décidés à partir pour le Brésil « là où la distance et la nature vierge font la meilleure protection, la meilleure barricade contre l’oppression de l’autorité ». « Nous vivrons en « sauvages » », explique-t-il et ce sera la « leur dernière, ultime bataille ». Et il ajoute : « je ne suis pas anarchiste car je ne vis pas en accord avec mes idées – mes conceptions de la vie. Notre projet pour le Brésil n’est pas une bataille contre l’autorité, nous l’appelons « la fuite devant l’autorité » et nous ne sommes pas très fiers de notre autocritique (…) lâches ou non, nous voulons vivre ». Acculés à fuir l'autorité judiciaire, le départ et le projet collectif semblent une dernière chance. Contrairement aux « néo-naturiens » et aux « en-dehors », ce dernier assume clairement la position de fuite, tandis que les autres espèrent toujours faire un minimum oeuvre de propagande ou être cohérents avec leurs idées par le retour à la terre.

 Un autre exemple, déniché dans les archives de la police, est lié aux histoires de fausse monnaie. En 1922, un mandat d'arrêt puis une condamnation sont prononçées contre René Pichon, accusé de fabrication de faux billets de la banque de France, usage et complicité. En mars 1922, il aurait des papiers d'identité en règle au nom d'Abellino Fernandez, sujet espagnol et se serait réfugié en Amérique du Sud. A noter que si la police travaille énormément sur la correspondance des amis et parents des personnes recherchées, elle dispose également d'intermédiaires, et ce jusqu'au Brésil, puisque c'est une certain « Canellas, sujet brésilien, ouvrier lynotypiste qui habite en face du Bon Marché »[44], qui devrait être utilisé pour le dossier Pichon... L'histoire de ce Pichon recueilli avec détails dans ce dossier policier est un vrai roman feuilleton.

Avant d'être mêlé à cette histoire de fausse monnaie, René Pichon, épicier ou coureur cycliste, n'est pas particulièrement connu de la police. Perquisition au moment de l'affaire des Bandits tragiques en 1911, accouchement de sa femme au Luxembourg pour que l'enfant ne soit pas, si c'était un garçon, astreint aux lois militaires françaises en 1915, déménagement « clandestinement » sans payer, plainte en abus de confiance (au sujet de trois bicyclettes) de la part de la maison Griffon à Courbevoie... Anti-militarisme, déménagement à la cloche de bois, petits larcins...rien de bien surprenant chez un anarchiste du début du siècle. Et le rapport d'ajouter : « Il ne travaillait pas, vivait bien et se vantait d'avoir de l'argent pour soutenir ses camarades propagandistes »[45]. De quoi être persuadé que tout est déjà là pour prouver son implication dans les affaires à venir...

Car, en 1919, il est mêlé à une affaire de fausse monnaie, appelée « affaire Gandon » - et pour une fois, il ne s'agit pas seulement de personnaliser une histoire qui engage tout un groupe. Les Gandon sont trois frères et soeurs – Henri, Lucie et Maurice – épaulés par Yvonne Cervain, Maurice André, Charlotte Lerat et Marie Decoster. Marchands forains, changeant souvent de domicile, entre Paris et la banlieue, déjà accusés de vol de bestiaux et de matériel agricole, ces derniers fabriquent et émettent des billets de banque. Le rôle de Pichon dans cette aventure? « En mai 1919, il a acheté à Freneuse (Eure), lieu-dit les Coudrai, une villa du prix de 14.000 francs qui a été occupée immédiatement par la bande Gandon Henri Lautres, laquelle y installa une fabrique de faux billets de banque de 20 francs et de faux bons de la défense Nationale. Il est à présumer que Pichon n'a été qu'un intermédiaire et que, bien que la villa ait été achetée à son nom, l'argent nécessaire lui a été fourni par la bande Gandon. Dès qu'il apprit la fuite de la bande Gandon de Freneuse, le 10 septembre 1919, Pichon prit la fuite et il n'est pas encore reparu à son domicile à Puteaux depuis son départ »[46]. Pour ceux de la bande qui réussissent à échapper à la police, l'issue est claire : quitter le territoire et s'embarquer à destination de l'Amérique du Sud. Pichon, en août 1920, tente de passer en Espagne, est arrêté à Cerbère et mis à la disposition du juge...qui le remet en liberté une semaine plus tard! Les recherches sont relancées quelques jours après...

C'est alors que René Pichon tombe amoureux de Rose, âgée de 20 ans. Ils élaborent ensemble divers projets et notamment celui de partir en Espagne – à nouveau - ou en Amérique du Sud. Mais Pichon rencontre des difficultés avec Marguerite, sa femme, puis avec le beau-père de Rose, Alexis Jamot, un marchand forain, qui menace de dénoncer Pichon par rapport à l'affaire Gandon. Au début de l'année 1921, il projette d'enlever la jeune fille. La tentative échoue et Pichon décide alors d'aller se réfugier au Brésil, d'où il espérait toujours revenir pour chercher son amante. Seulement, il ne prévient pas cette dernière de son départ, et c'est son épouse qui s'en charge... Se croyant abandonnée, Rose se tire une balle de revolver dans la tête. Elle réchappe de ses blessures. Et si toute cette histoire a passionné la police c'est que cette dernière espère bien que Pichon, informé des événements, tente de rentrer secrètement en France pour enfin réaliser son projet d'enlèvement!

Mais, les choses semblent prendre une toute autre tournure. Le 14 décembre 1921, débarquent à Rio, d'un paquebot parti du Havre un mois auparavant, la femme de Pichon, Marguerite Luc[47] avec son fils André Luc, âgé de 7 ans. Ils sont accompagnés d'un couple d'ami, Victor Kestemann[48], 38 ans, ébéniste et Léontine Anna Ragot, couturière, 29 ans et d'un enfant Georges Kestemann, 6 ans, neveu de Victor. Ils rejoignent alors René Pichon. « Actuellement, Pichon et Cie, se trouvent à la fazenda Campagnoli, à Guararema, E.F.C.B., Estado de Sao-Paulo, importante exploitation agricole de 500 hectares, dirigée par les frères Campagnoli, sujets italiens, militants anarchistes, très influents dans la région – où ils ont créé diverses oeuvres très utiles aux cultivateurs. Le personnel de leur fazenda est composé pour une part d'Espagnols, quelque peu intéressés à la marche de l'entreprise, et pour l'autre part d'indigènes brésiliens, simples salariés. Il ne faut en aucun cas ni tenter d'opérer à cette adresse (qui est seulement connue de l'informateur) ni faire montre de sa connaissance en l'avenir. Pichon et Cie ne se trouvent là d'ailleurs que momentanément, mais il est à peu près certain qu'ils s'installeront sous peu dans la même région, sur des terres qu'ils vont acheter pour leur propre compte. Pichon dispose de 60.000 marks, sa femme de 50.000 francs. Kestemann lui, dispose de 5 à 6.000 francs. Cette association se propose de se livrer à la culture et d'installer une petite industrie, telle que menuiserie ou petite ébenisterie ». Cette histoire singulière montre bien l'existence d'un réseau et de foyers de migrants, des Italiens aux Espagnols, en majeure partie, jusqu'aux Français, surveillés par la police et ses mouchards même de l'autre côté de l'Atlantique... Et sans même se revendiquer en tant que telle, une nouvelle colonie anarchiste va alors voir alors le jour sur les terres brésiliennes. Les recherches sur René Pichon cessent en 1931...

 

Le Brésil, mais aussi les autres pays d'Amérique latine, sont une destination où se croisent ou se retrouvent un certain nombre d'anarchistes, italiens, français ou espagnols, illégalistes, néo-naturiens ou bien individualistes au même titre qu'un bon nombre d'ouvriers et employés qui tentent leur chance outre-mer. Les tentatives collectives sont souvent source de désillusions : difficulté à obtenir puis à travailler des terres, idéalisation du mode de vie des indigènes et des « terres vierges », constat impuissant de la misère et de l'exploitation mais aussi de l'extension de la propriété privée, du productivisme, du capitalisme. Une impuissance parfois aggravée par les mesures prises petit à petit contre ces migrants de mauvais augure : « Là où ils représentaient un danger réel pour une société fondée sur le pouvoir des grands propriétaires terriens et de la bourgeoisie commerçante des villes, des mesures strictes avaient été prises pour organiser et épurer les vagues d'émigration de leurs éléments subversifs, en même temps que lois et décrets spéciaux visaient à débarrasser le pays des « étrangers » révolutionnaires »[49]. Et qui peut s'expliquer en partie par la nature même des grandes exploitations agricoles ou d'élevage d'Amérique latine, structures totalitaires tenue de main ferme par les grands propriétaires. S'il existe aujourd'hui un mouvement des paysans sans terre, les Espagnols ou Italiens avaient alors bien du mal à exporter leurs expériences révolutionnaires paysannes. Pour les Français, anarchistes des villes, la question est encore plus complexe. Exploités ou exploiteurs, le dilemme reste le même...



[1] Isabelle Felici, La Cecilia. Histoire d'une communauté anarchiste et de son fondateur Giovanni Rossi, Lyon, Atelier de Création Libertaire, 2001, p. 34

[2] Isabelle Felici, La Cecilia. Histoire d'une communauté anarchiste et de son fondateur Giovanni Rossi, Lyon, Atelier de Création Libertaire, 2001, p. 83

[3] Isabelle Felici, La Cecilia. Histoire d'une communauté anarchiste et de son fondateur Giovanni Rossi, Lyon, Atelier de Création Libertaire, 2001, p. 36

[4] « Dans l’Internationale naturienne », Néo-Naturien, mai-juin 1922, n°5

[5] « Dans l’Internationale naturienne », Néo-Naturien, mai-juin 1922, n°5

[6] Withoutname, Aperçus géographiques et sociaux sur le Brésil »,  Le Libertaire, 14 au 21 mai 1922

[7] « Dans l’Internationale naturienne », Néo-Naturien, mai-juin 1922, n°5

[8] « Choses et autres », Le Néo-Naturien, août-septembre 1923, n° 13

[9] Raoul Boucheron, « Lettre du Brésil », Le Néo-Naturien, décembre 1923-janvier 1924, n° 15

[10] Raoul Boucheron, « Lettre du Brésil », Le Néo-Naturien, décembre 1923-janvier 1924, n° 15

[11] Raoul Boucheron, « Lettre du Brésil », Le Néo-Naturien, décembre 1923-janvier 1924, n° 15

[12] Raoul Boucheron, « Lettre du Brésil », Le Néo-Naturien, décembre 1923-janvier 1924, n° 15

[13] Karl Rist, « Lettre du Brésil », Le Néo-Naturien, octobre-novembre 1925, n° 21

[14] Karl Rist, « Causerie Entomologique. La faune au Brésil », Le Néo-Naturien, octobre-novembre 1925, n° 21

[15] Karl Rist, « Lettre du Brésil », Le Néo-Naturien, octobre-novembre 1925, n° 21

[16] A. Neblind, « Une lettre du Brésil », l'en-dehors, n° 25-26, 15/12/1923

[17] A. Neblind, « Lettre du Brésil », l'en-dehors, n° 33-34, 25/04/1924

[18] A. Neblind, « Lettre du Brésil », l'en-dehors, n° 33-34, 25/04/1924

[19] A. Neblind, « Lettre du Brésil », l'en-dehors, n° 33-34, 25/04/1924

[20] A. Neblind, « Une lettre du Brésil », l'en-dehors, n° 25-26, 15/12/1923

[21] A. Neblind, « Lettre du Brésil », l'en-dehors, n° 33-34, 25/04/1924

[22] A. Neblind, « Lettre du Brésil », l'en-dehors, n° 59, 24 mai 1925

[23] Jean Moura, « Le retour à la terre et la colonie de Guararema », l'en-dehors, n° 77-78, fin avril 1926

[24] Vu la correspondance d'Armand, il y a des chances pour que Macareno et Withoutname ne soient qu'une seule et même personne.

[25] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre de Macareno, sans date

[26] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre tapuscrite de Macareno et Withoutname, janvier 1925

[27] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre tapuscrite de Macareno et Withoutname, janvier 1925

[28] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre tapuscrite de Macareno et Withoutname, janvier 1925

[29] Henry Le Fèvre, « Le Brésil et les tentatives de vie libre et naturienne », Le Néo-Naturien, octobre-novembre 1925, n° 21

[30] Henry Le Fèvre, « Le Brésil et les tentatives de vie libre et naturienne », Le Néo-Naturien, octobre-novembre 1925, n° 21

[31] Henry Le Fèvre, « Le Brésil et les tentatives de vie libre et naturienne », Le Néo-Naturien, octobre-novembre 1925, n° 21

[32] Luciano Zingg, Ernest Bourquin, Olga Henni, Otto Schluess, « Lettre de l'Argentine », l'en-dehors, n° 29-30, 20/02/1924

[33] Luciano Zingg, Ernest Bourquin, Olga Henni, Otto Schluess, « Lettre de l'Argentine », l'en-dehors, n° 29-30, 20/02/1924

[34] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre de Macareno, sans date

[35] Lettre de Jean Moura, Guararema, 7 novembre 1926, I.F.H.S., Fonds Armand, Correspondance 14 AS 211, Brésil

[36] Henry Le Fèvre, « Le Brésil et les tentatives de vie libre et naturienne », Le Néo-Naturien, octobre-novembre 1925, n° 21

[37] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre de Gabrielle Coquelin, sans date [14/03/1926]

[38] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre d'Emilio C. et Gabrielle C., 07/07/1926

[39] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre d'Emilio C. et Gabrielle C., 07/07/1926

[40] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre d'Emilio Caurrège, sans date [14/03/1926]

[41] I.F.H.S., Fonds Armand, 14 AS 412, dossier « Colonies. Brésil », Lettre non signée, 29/05/1926

[42] Macareno et Withoutname, « Ainda O Brazil », l'en-dehors, n° 51, 15/01/1925

[43] Lettre du 13 juin 1930, Fonds Armand, 14 AS 21112 , Correspondance diverse I à Z, I.F.H.S.

[44] Rapport du 22 février 1922, « Pichon René, Jean dit Marin Paul ou Abellino Fernandez. Anarchiste, fausse monnaie, 1919-1931 », F7 14 770, A.N.

[45] Rapport du 18 septembre 1919, « Pichon René, Jean dit Marin Paul ou Abellino Fernandez. Anarchiste, fausse monnaie, 1919-1931 », F7 14 770, A.N.

[46] Rapport du 24 octobre 1919, « Pichon René, Jean dit Marin Paul ou Abellino Fernandez. Anarchiste, fausse monnaie, 1919-1931 », F7 14 770, A.N.

[47] Journalière, 34 ans.

[48] Signalons que Paul Kestemann (frère de Victor?) a fréquenté le journal l'anarchie avant la guerre, il était alors le compagnon d'Alice Morand, elle même soeur de Jeanne Morand, compagne de Libertad. Cela uniquement pour montrer l'existence d'un « milieu » d'affinité assez fort autour du journal, impregné d'anarchisme, d'amour libre et d'illégalisme et qui laissa des traces bien après sa disparition...

[49] Luis Mercier-Vega, L'increvable anarchisme, Paris, Union Générale d'Editions, 1970, pp. 31-33

Ecrit par shalazz, à 17:05 dans la rubrique "Pour comprendre".



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