« Es-tu prêt à briser les écueils de l’ancien monde avant qu’il n’anéantisse tes désirs ? Les amoureux devraient aimer leur plaisir avec plus de conséquence et de poésie. Certains d’entre nous sont tombés amoureux par plaisir d’aimer sans aucune réserve – suffisamment passionnément pour offrir notre amour au magnifique berceau de la révolution. » – Guy Debord, La Société du SpectacleLes anarchistes qui se cramponnent à l’idéologie de gauche tel à un radeau de sauvetage ne sont pas dignes d’une diatribe. Mais, lorsqu’un autre prétendu partisan de l’anarchie post-gauchiste fait usage d’une combine féministe élémentaire pour justifier une situation bien plus complexe, un de mes discours pré-ménopause devient inévitable. Dans l’hypothèse où cela te laisserait froid et non inspiré – bien ; j’aurais introduit le sujet assez bien. Dans l’hypothèse où tu prépares dores et déjà ta défense, pars te planquer dans un ‘endroit sûr’ pour me traiter de ‘manarchiste’ et de ‘mâlidentifiée’ ou… mais regarde, je ne t’insulte pas ‘ma sœur’ ou ‘mon frère’ ; fais toujours ce qui te touche le plus. C’est juste que la reprise sans fin de la rengaine des années 60 – « les hommes : oppresseurs, problème originel » et « les femmes : nourricières, seule solution » est pénible. Déprimante. Frustrante. Et la dernière variante « l’homme s’est éloigné de sa nature première, devient plus féminin ; tricote des écharpes au crochet » ou « la femme s’empare des privilèges masculins ; maltraite des prisonniers iraquiens » ne sont que de vaines tentatives d’aérer la mare stagnante et délibérément polluée par les épaves flottantes et rejetées des deux Vagues féministes passées.
Lorsque les féministes proclament que « le personnel est le politique », elles ignorent fort à propos que la politique requière la dépersonnalisation, la dé-particularisation et la désindividualisation, des rôles massifiés avec des scénarios quasiment identiques. J’insiste, le personnel ne peut être qu’antipolitique – des êtres humains uniques non gouvernés et non gouvernables dont la libération ne peut avoir aucun intercepteur, interprètes, ou directeur. Pour ceux qui auraient besoin d’identifier les rôles et les scénarios de ma vie pour mieux me situer sur l’échelle de leur révolte – voici quelques détails personnels pour vous.
Je suis une femme/femelle/fille. De type ‘caucasien’. Bisexuelle. Asservie par une mère dès l’âge de cinq ans (pourquoi est-ce que les planches à repasser ne se déplient pas si bas pour les jeunes domestiques ?). Sale gosse fille de militaire violée par ce cerveau qu’était mon père pendant plus de six ans à partir de l’âge de dix ans jusqu’à ce que je jure comme un homme de le tuer s’il me touchait encore une seule fois. Battue pendant des années, jamais totalement anéantie. Et peu importe combien ils se sont acharnés, une gosse rebelle est inébranlable. J’étais également (et le suis toujours lorsque ça me convient) une putain de bonne actrice (ou serait-ce acteur), ce qui m’a sauvé la peau plus d’une fois. Je suis partie de la ‘maison’ dès que j’ai pu – et oh comment ! Mère, femme de militaire – âge 17 ans. Apprentie prostituée, âge 19 ans. Mère isolée de deux gamins à l’âge de 24 ans. Barmaid sexy, fraudeuse fiscale à l’âge de 29 ans. Collège d’enseignement technique en électronique assez balaise, ingénieur réseau douée – 33. Avec un terrible coup de pouce venu d’en bas, dirigeante d’entreprise écoeurée – âge 35. Et tout du long, un nombre incalculable d’amants mais putain peu de relations intimes et basées sur la confiance – que se soit avec des hommes ou des femmes. Comment faire confiance dans un monde plein de manipulateurs/ manipulés et d’idéologues qui ne peuvent que rarement être ‘vrais’ ? Tout ce progrès dans le ‘monde de l’homme’ m’a fait frôler la mort au alentour de 40. J’ai ignoré les avertissements pendant plus de deux ans alors que je cherchais un moyen de fuir progressivement. Une fois que j’ai réalisé que cette route n’existait pas, je me suis simplement cassée. Pendant 7 ans j’ai profité de la vie tel un rat du désert puant et hors-la-loi. Ma seule inspiration alors, et comme maintenant, était d’être une ‘créature sauvage’. En faisant ce que je voulais, lorsque je voulais – et la plupart du temps seule – j’ai atteint un niveau de forme que jamais je n’avais eu à aucun moment de ma vie. Maintenant, j’ai 50 ans et des larmes de douleurs longtemps interdites se mêlent à celles de colère lorsque j’entends les anarchistes cracher la même merde, des milliers de jours plus tard : « sois en conformité avec l’attitude appropriée ». Ma santé se détériore de nouveau et ça ne va pas être une partie de plaisir que de la recouvrer, mais je ne peux échapper à cette phase d’incertitude, peu importe combien de kilomètres je parcours. Partout la vie souffre et meurt prématurément, si mon expérience est en un quelconque reflet, et c’est nous, ‘frères’ et ‘sœurs’ humains qui tuons, tout en nous montrant du doigt (certains préfèrent utiliser le majeur) les uns les autres. La rivalité fraternelle est devenue globale et nos querelles mortelles.
« La séparation est l’alpha et l’oméga du spectacle. » – ibid. Regarde dans ton putain de miroir – regarde autour de toi ! Personne n’est comme toi et personne ne peut vraiment te connaître – peut-être même pas toi-même. Mais tu crois avoir cerné tous les autres. A la recherche des collines sacrées, charnues. Une bite ? – l’homme, ne lui fais pas confiance ; patriarcal, violent, oppressif, privilégié, empoisonné par la testostérone, violeur potentiel, ayant besoin d’être puni. Une poitrine ?
– la femme, nourricière, enfant, respectueuse de l’environnement, sûre, survivante, ayant besoin d’être soutenue par ses sœurs. Foutaises ! Tant de généraux armés jusqu’aux dents avec leurs généralisations ! Nos alliés ne peuvent être distingués/anéantis par l’apparence OU par l’expérience homogénéisée ; pas plus ne peuvent l’être la plupart de nos ennemis. Crois-le ou non – Ripley.
Redéfinir les racines de l’oppression comme la patriarchie n’est pas une critique bien pensée mais c’est un cliché commercial élaboré pour une audience conquise (et un autre autocollant à un dollar cinquante). Bien sûr, les dirigeants apparents de ce monde sont en majorité des hommes dont le pouvoir et la gloire résulte essentiellement d’une hiérarchie institutionnalisée de la violence. Et oui, beaucoup de foyers sont le domaine de dieu le père avec femme et enfant relégués au rang de supporters. Mais pour reconstruire le monde entier sur une structure patriarcale, les féministes radicales avaient à ignorer les rôles tenus par les femmes au cours de la période d’élaboration et d’execution. Ainsi, les femmes dirigent (elles sont peu à ne pas dominer quelque chose ou bien quelqu’un ; la hiérarchie est omniprésente grâce à son succès/accès/-sibilité auprès de tous). Si le pouvoir des femmes est issu originellement de la hiérarchie institutionnalisée de la manipulation, le matriarcat est-il supposé être souhaitable ? Conneries ! Ma libération ne peut être mesurée dans les subtilités supplémentaires de la douleur physique soulagée. Et aucun révisionnisme ne peut camoufler les rôles sournois et changeant que nous jouons tous dans cette CO-création : héros et héroïne, sauveur et demoiselle en détresse, méchants et innocents et…
Alerte ! Alerte ! Presque tous ces marchands de peur apeurés ont été élevés par une mère. Ne penses tu pas qu’elle ait joué un rôle quelconque dans la création des monstres que leurs progénitures sont devenues ? Ou bien est-ce que celles qui sont dominantes, qui battent des enfants, les Abu Graib, qui sont les stars d’un monde féminisé ne sont pas simplement des patriarches avec des vagins ? Appelles-tu femmes, celles qui incitent – si ce n’est pas ordonnent – à leur homme de partir en guerre et de revenir en héros protégeant le butin oh combien cher et soudainement accessible ? De l’ancienne Helen de Troie à la de nouveau relâchée Lysistrata, la salope n’est pas étrangère au champ de bataille impérial. Dis-moi est-ce le sexe, la classe sociale, ou le privilège de race qui lave les mains des Albright, Elizabeth, Thatcher, Rice… ?
Est-ce le sexisme qui maintient les femmes ‘behind the line’(1) enliser dans les rôles de ‘seconde classe’ tels que directrices, coordinatrices, ou bien détentrices du ruban jaune d’un homme qui massacre au nom de la « liberté » ?
« C’est facile de comprendre pourquoi le bourgeois pense, suspendus à la corde du radicalisme de sa propre usine, se cramponne avec toute l’énergie du désespoir à toute solution réformatrice, à n’importe quoi qui puisse prolonger sa vie, même si c’est son propre poids qui le mène inévitablement à sa perte. » – Raoul VaneigemWomen’s Studies (Herstory institutionnalisée) produit de nouveaux leaders qui imitent les stratégies de leurs prédécesseurs masculins qui sont parvenus à définir le nationalisme comme une identité de naissance unificatrice. Mais les féministes sont loin derrière en ce qui concerne la marketisation de leurs valeurs : une langue commune (et politiquement correcte), une expérience de victime/survivante partagée et généralisée, loyauté envers la Cause et un « point de vue incroyablement standardisé ». Et tel que le font des patriotes, ces féministes me traitent souvent comme une traîtresse parce que je refuse de me joindre à leur parti de la «Libération ».
Les célébrités du féminisme new age colportent leurs marchandises en l’honneur de leurs déesses – divinités adorées par les toutes premières maîtresses des champs et foyers. Certains considèrent ces sociétés passées matriarcales et basées sur les relations mères – filles comme les modèles d’un avenir post-patriarcal. Toutefois je ne peux m’empêcher de me demander ; si le premier règne civilisé des femmes était si excellent, pourquoi bordel a-t-il pris fin ? Est-il possible que leurs sujets s’objectent à être contrôlés ? Et par conséquent associent l’oppression qu’ils ont vécue à un sexe? Les rôles ne peuvent avoir été inversés qu’après une révolution masculine, n’est-ce pas ?
Mais soyons un peu réaliste. Nous ne savons rien du lointain passé avec certitude donc observons le présent. Les profs sont en majorité des femmes, et avec le soutien de nos chères mamans – et l’assistance de Mattel, Disney, et d’un nombre incalculable d’autres marques extraordinaires qui ont marqué au fer rouge nos trop grosses têtes, elles ont la responsabilité première d’éduquer et de punir la sauvagerie (au cours de l’exploration spontanée et en solo des étranges plaisirs et douleurs de la vie) qui précisément nous habite. « Soyez de bons garçons et de bonnes filles – le Système a besoin que vous vous teniez pour pouvoir vous utiliser correctement (si ce n’est pas vous tuer) plus tard. Ou bien blâmerais-je encore la Virginité avec un « v » majuscule, telle qu’elle laque l’innée naïveté féminine et ignore l’ignore-ance simulée de l’assujettissement et de l’oppression des femmes ?
Foutaises ! Les femmes sont intelligentes, avisées et beaucoup plus que de simples spectatrices ou dommages collatérales dans la violente guerre pour la vie ; beaucoup plus que des bocaux vides que doivent remplir les queues et les idéaux masculins. Les femmes sont autant capables d’être cupides, destructrices, de décider elles-mêmes de se conduire comme des garces comme elles peuvent accepter docilement (finalement de manière autodestructrice) la violence d’autrui. Et il y a également toujours eu des femmes hostiles, combattant – souvent aux cotés des hommes – contre l’instauration de règles par d’autres. Tous les êtres humains disposent d’une large palette de traits de caractère et de penchants qui ne peuvent être valablement confondus avec leur ‘sang’ ou ‘nature’. Certains hommes sont violents et certaines femmes le sont aussi. Certaines femmes sont très mères poules, d’autre non – mais cela ne fait pour autant pas d’elles des brutes (ou ne les rend pas plus viriles). Certains hommes sont des papas poules – ce qui ne fait pas d’eux des mauviettes (ou ne les féminise pas !). Et quand est-ce que l’autodéfense brutale devient-elle une agression offensive ; la force d’une éducation compatissante et pacification docile – tout deux instruments des Maîtres ? Voulons-nous abolir le rôle des genres ou les redéfinir ?
Une force dominante et dominée nous maintenant tous à nos places est la résultante de la masse – identifiable, contrôlable et homo-non-génie-isée. Tous ? Enfin pas nos chefs suprêmes bien sûr, qu’ils soient hommes ou femmes. La distinction sociale est l’un des fondements profondément ancrés perpétuant la division et la domination et nous apportons TOUS notre aide et notre soutien à cet ennemi. Mais la plupart des féministes ont à ne pas accorder trop d’importance au facteur classe sociale – et racial – au risque de dévoiler au grand jour leur propres origines blanches et bourgeoises et ravir par la même occasion le pouvoir que détiennent leurs camarades masculins. Et pour l’obtenir et évoluer, notre aide leur est INDISPENSABLE.
La sensibilisation féministe a examiné à la loupe l’oppression des hommes sur les femmes. Ce fut peut-être utile au début mais jamais on n’a pris de recul pour explorer la plus intéressante dualité que nous partageons, celle de possesseur et de possédé. Les femmes ne parlent toujours pas de quoi nous devrions discuter, alors que nous allons utiliser combien de putain de mots et d’arbres pour notre libération. Les féministes parlent de « to take back the night »(2) (Je prendrais beaucoup plus volontiers une journée, merci) alors que les putain de porcs protégent leurs arrières. Est-ce important que les salops soient en fait des salopes ? Les hommes sont relégués aux derniers rangs s’ils sont ne serait-ce que tolérés (comme si la nuit était sûre pour les hommes et comme si ces femmes avaient à dire qui était et qui n’était pas autorisé à marcher dans les rues !) Eh mama, tu sais quoi ? Ton arrière train est la partie la plus vulnérable de ta création si rigide – tu ne te doutes même pas de ce qui va te tomber sur le coin du nez ! Tu envoies les ‘frangins’ à l’arrière (ça sonne familier), élevant la ‘sororité’ au rang qui doit être la sienne : principe directeur, proéminence, autoprotection. En réalité, ces hommes se tiennent dans ton dos alors que tu continues à faire le mariolle.
Il y a également de nombreuses discussions au sujet de la femme-objet et du privilège masculin, de la nécessité de créer petit à petit et de manière consensuelle l’intimité et de la définition toujours plus large du viol. Devenue femme-objet ? Bien vu. J’en suis une parmi trois milliards (environ) d’êtres vivants redéfinis comme objets du Capital – choses pleine d’utilité jusqu’à ce que nous devenions inutiles et néant. Est-ce que mon objet « chatte violée » a-t-il été plus endommagé que l’objet « visage baffé » de mon frère ? Est-ce que le souffle court de ce vieil anglais – considéré pendant des années comme objet « mineur » dont les poumons ont été noircis – est privilégié comparé à la gamine africaine famélique – objet « annihilation pour récupérer l’or et des diamants coloniaux destinés à la fabrication de toutes ces petites bagues qu’on voit portés à ces jolis doigts vendus au plus offrant pour garantir le droit objectif et légalement protégé d’obtenir ce qu’ils désirent lorsqu’ils le désirent dont bénéficient les deux acteurs »? Conneries ! Vous voulez comparer et classer notre douleur tangible avec des privilèges abstraits !? De quel appareil de mesure impitoyable disposes-tu, femme féministe ? Et quand vas-tu cesser de sacrifier – et j’entends par là que tu sacré fais – notre t(r)out dans le but de nous utiliser alors que nous, nous soutenons l’impotence des Maîtres, jeu jusqu’aujourd’hui encore convainquant pour
l’Accumulation du Tout ?
Ne me dis pas que toi – femme astucieuse et intelligente - tu ne sais pas comment manier l’arme de ta ‘féminité’. Tu veux du Pouvoir ? Contrôler ? Dominer ? Les femmes écrivent leurs propres livres, ils ne sont juste pas publiés. Nous ne parlons que très rarement des manières dont nous pouvons et en effet manipulons ; persiflons et allumons ; offrons puis retirons l’affection (ou le sexe), flattons et ridiculisons – les hommes (et femmes et enfants) par nos commandements. Cela n’est pas la réponse malheureuse et pourtant justifiée des femmes face au power trip masculin. C’est le jeu interactif et hautement élaboré pour plus de Contrôle et de Pouvoir auquel les hommes et les femmes jouent ensemble. Nous savons combien les hommes veulent et ont besoin et aiment s’élever à nos cotés, nous sentir, nous sentir les sentir. Caresser des corps, nourrir d’amour, lécher les plaies et… oh putain ! Tu sais quoi ? J’aime ça aussi ! J’aime leurs seins lisses et leur douce chatte ; leur bite dure et leur poitrine rugueuse. Les tendres murmures d’un homme et les mordillements passionnés d’une femme. Nous n’avons aucune inhibition, ni ne sommes limités par une consensuel-ité rigide ; nous sommes certainement tous amants et non des auteurs de sévices et des violeurs – Nous en sommes TOUS là. Si nous avançons à tâtons noyés dans nos désirs et nos passions inconnues, pourquoi être surpris du fait que les anarchistes ne sont pas parfaits dans l’accomplissement de leurs actes et dans leurs paroles ? Notre douce, sauvage et vigoureuse danse a depuis longtemps été réduite à une marche réglée au pas : une morale puritaine distribuée par la droite et des droits distincts suivant le sexe, sur la liberté sexuelle et à être reproducteurs par la gauche. Alors que nous détruisons nos habituelles façades, il est possible que nous soyons encore ‘inopportuns’ de temps en temps. Refoulés (et qui ne l’est pas de manière significative) – sommes nous oppresseurs ? Brisés et apeurés – attaquons nous ceux qui nous sont le plus proche ? Mais notre nécessaire et sans limites attaque se doit d’exploser quelque part ! Pouvons nous nous aider les uns les autres à atteindre nos buts ?
Et la sacro sainte Terre des féministes-écolos (et toute féministe est-elle vraiment une féministe-écolo ?) n’est pas ma mère ! Ma mère m’a pour sûr autant violée que mon père, en se tournant en silence ou bien en lui tendant la lotion. La ‘terre’ symboliquement en conflit, follement simple, extraordinairement complexe, violemment nourricière, mâles, femelles, hermaphrodites, asexués, multi couleurs, et des êtres vivants indéfinissables seuls, ensemble. Etres humains inclus, GRATUITEMENT pour une fois ! Pourquoi anthropomorphiser, distinguer en fonction du sexe, ainsi parentaliser – rendant toujours spectaculaire – son unique individuelle intégralité ? Si la ‘Terre’ était notre ‘Mère’ – nous serions TOUS alors des enculeurs de mères ! La violant avec nos mortels colis machine à beauté-sida-tofu balancés dans des tombes trop peu profondes non sans les lubrifier de mensonge recyclés et durables. Oh, mais ces montagnes ravagées me rappellent EN EFFET une chatte rasée – je vous le concède. Encore des collines adorables et vivantes, mais raclées à vif pour quoi au juste ? Et s’il te plait, ne distille pas ton raisonnement en faveurs « des bois de l’Homme ». Distiller ne rend pas pur, cela déplace à peine les éléments non désirés où tu ne peux plus les voir, les sentir. Et cela n’aidera pas ta cause si en effet elle est de nature salvatrice.
Anarchistes-féministes, je pense qu’il est possible que vous soyez complices de mon éternelle bataille au corps à corps qui ne fait de différence selon le sexe, la race ou la classe. Le double identificateur féminin a certainement fait allusion à ton opinion limitée, peu évoluée que tu avais avant de devenir une « anarchiste ». Ta guerre des sexes continue alors que tout autour de toi l’extinction pond une merde au sujet de l’identité – distinguée en fonction du sexe ou autre. Je suis une putain d’anarchiste – opposée à TOUTE hiérarchie qui se présente elle-même à la fois comme grossière et subtile, institutionnelle et concentrée institutionnellement sur de ses formes peut-être utiles de temps en temps mais pourquoi est-ce que les anarchistes devraient les extraire isolément – et placer également sur la même marche ou à des niveaux différents – un type de domination au dessus d’un autre ? La hiérarchie n’est pas l’égale de la patriarchie. Les femmes individuelles qui se disent elles-mêmes féministes (POURQUOI ?) ont BEL ET BIEN des idées pertinentes, critiques et des expériences qui valent la peine d’être considérées par les anarchistes. Mais le féminisme ne peut pas être réformé pour prendre l’image de l’anarchisme et l’anarchisme n’a en aucun cas besoin d’être réformé pour prendre l’image de la femme.
« Quand vas-tu cesser de t’identifier à ce qui te définit ? » – ibid.
Aucune de mes diatribes ne nie la réalité de l’assujettissement de la femme (ou de l’homme), du sexisme (ou racisme ou discrimination sociale…) ou de l’inutilité temporaire d’espaces sûrs où la ségrégation est appliquée. Se libérer de ses chaînes est difficile voire embarrassant. Quelques fois même douloureux et dangereux. Mais comment est-ce que le confinement auto-imposé peut-il jamais être libératoire ? Comment allons nous créer des mondes nouveaux dépourvus du séparatisme alors que nous l’utilisons comme La Stratégie ? Cette tirade EST une condamnation du discours unilatéral, non réfléchi et non auto-critique et de la dissension généralisée qui domine toute théorie et toute pratique politiques, y compris le féminisme. Les racines de notre assujettissements sont profondes et enchevêtrées les unes dans les autres ; chaque fibre nourrit et soutient autant la structure dont elle est inséparable que lui-même. En arracher un morceau ne va pas détruire le reste ; les racines sont à la fois régénératrices et coopératives. C’est la raison pour laquelle certains anarchistes et autres radicaux déclarent ce bordel inextricable notre ennemi. Il s’agit de la civilisation (la patriarchie n’est pas l’égal de la civilisation) enracinée dans une supra-domination sur les terres et sur toute entité soutenant et soutenue par elle. C’est la vie tout comme les stratégies guerrières incluent des attaques violentes, agressives ET des manipulations subtiles et destructives.
Hommes, femmes… combattant pour l’insaisissable Tout-Est-Bien-Qui-Finit-Bien avec les dollars en plus. A cet ennemi si puissant est inclus un cadre de penser composé d’ordres contrôlés, prévisibles (en dépit de la reconnaissance de son impossibilité), identifiables, orchestrés pour la masse selon un plan de maître. Mais c’est peut-être, tout d’abord, la perte de l’individu unique, aliéné par lui-même et les autres, masqués d’une unité pseudo libertaire et engendrant controverse. Nous ne sommes unis que dans notre misère, culpabilité et faute – débilitant dans nos trop souvent auto-sélectionnés, facilement identifiables rôles où est présente la ségrégation – en réalité, des cellules facilement manipulées. Hommes, femmes, blacks, blancs, hétéros, gays… Et aucun enfant ou gardienne plus douce ne viendra nous délivrer ; si nous voulons sortir, il faut que ce soit nous qui nous évadons et brûlons cette prison. Et les opportunités se font rapidement de plus en plus rares. Il n’y a aucune féminité à exalter, aucune virilité à détruire. Si quelques uns te traitent d’une façon que tu juges incorrecte – traite avec eux de manière individuelle. Ne les étiquette pas comme la preuve de la mauvaise conduite de tout un groupe, les anarchistes n’acceptent pas plus qu’ils n’imposent d’idées préconçues. Les faux-pas parmi des camarades – et même des étrangers – sont opportunités pour explorer nos rôles et attentes (d’ordinaire passées sous silence). Si un John est injurieux, un Kat dangereux, sort les (de ces rôles) de la manière qui te semble opportune. Lorsque nous refusons constamment et directement et faisons front à tout ce qui pourrait nous être imposé par la volonté/direction/ordre/cœrcition d’un autre et demeurons ouvert à des inspirations insurrectionnelles de quelque forme que se soit, nous embrassons des moyens infinis.
Trouve toi, homme/femme/…/enfant – laisse moi me trouver. Si nous avons trouvé notre rythme suivons-le et progressons. Regardons le dos les uns des autres alors que nous explorons la nuit inconnue où les étrangers
sont uniques mais pas si étranges. Pouvons-nous apprendre à faire confiance à nos intuition/instinct/sens, à nos comadres Y compadres(3) qui vivent dans leur propre peau, au lieu de vivre en nous basant sur des idéologies fondées sur la peur irrationnelle rationalisée des autres?
PUTAIN ! Nous devons détruire cet échafaud avant que la trappe ne s’ouvre sous nos pieds qui presque déjà se balancent, nos têtes cagoulées et nos cous pris dans un nœud coulant. Je veux étaler mon corps nu et blessé sur la crasse récemment exposée au coté de la douceur sensuelle, déchaînée d’une tribu de libre amoureux de la vie tant que je peux. Avec mes larmes de douleur et de rage coulant sans relâche, je te demande presque suppliante – pourquoi rejettes tu violemment des complices potentiels tout en jouant « the Droll Revolutionnary »(4) à la place de nous joindre dans le jeu de l’extase infinie du révolutionnaire ?
Rita Katrina-Andrews
Traduction par
Anaïs du texte original paru en anglais sur
Green anarchy #21 automne-hiver 2005-2006(1) NdT : derrière la barrière
(2) NdT : « reprendre la nuit »
(3) NdT : compères et commères
(4) NdT : « le Drôle Révolutionnaire »