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Jeudi 15 juillet - Ainsi, dans un des halls du centre de conférence, des travailleurSEs du sexe ont installé un stand : un lit, des mannequins habillés de couleurs flashy, des vidéos de leurs performances, bref une visibilité immense et un esprit d’agit-prop que résume leur nom, « Debby doesn’t do it for free » [1].
L’après-midi a été un peu plus trash. La tension montait sur les stands des labos, depuis le début de la conférence. Tous les activistes connaissent ce plaisir merveilleusement jouissif qui consiste à se rendre avec un tee-shirt d’Act Up sur un stand de labo, y prendre un café et admirer les pubs ou la doc. Les responsables vous regardent le teint blême, et guettent avec effroi le début d’une éventuelle action. Hier, nous avions fait courir le bruit que nous allions tous les zapper (une action qui portait le nom de code « tempête »). Ce matin, les labos avaient rangé leur doc et recouvert leurs écrans ; Glaxo avait même démonté ses fontaines ridicules. Résultat, communication zéro pour la journée : un vrai succès. Ils ont payé pour 6 jours de présence, et grâce à quelques rumeurs, nous réussissons à leur saboter deux jours.
Nous étions tombés d’accord pour ne pas faire ce zap « tempête » comme zap général. Nous avons donc choisi, ce qui fut difficile, de cibler les pires d’entre eux, et leur avons assigné des reproches spécifiques plutôt que des revendications trop larges. À 14 heures, nous sommes 50 à nous diriger vers leur quartier, en criant « Who is the greediest ? » [4], désignant du doigt l’une puis l’autre des firmes. C’est finalement Abbott qui remporte le premier prix, au sens propre du terme puisqu’un activiste américain, qui conduit la marche, porte une coupe où est inscrit « World greediest lab » et la présente devant les journalistes et les personnes qui se sont attroupées. Des affiches sont collées et des faux dollars jetés en l’air, le tout arrosé de « faux sang ». Rappelons qu’Abbott a multiplié par cinq le prix du Norvir. C’est ensuite le stand de Pfizer qui est visé. Nous nous y rendons aux cris de « Who is the next ? ».
A notre retour, nous avons constaté que notre stand avait été zappé -- avec un courage admirable. En notre absence, des militants de « TrueGap » ont posé des pancartes tout à fait cheap, marquées, entre autres, « Act Up Uses Aids To Promote Socialism » (sic). Ce sont donc nos blondinets présents au zap Pfizer qui ont attendu que personne ne soit sur le stand pour faire ça. Sans parler de confrontation, ils n’ont même pas été capables de mettre à terre nos brochures ou de voler quelque chose d’intéressant. On glane des infos pour prouver leurs liens avec les labos. Mais ni la fierté ni le courage ne semblent les animer : ils ont distribué comme des voleurs un communiqué de presse, sans discuter avec les journalistes qui voulaient leur poser des questions et ils utilisent des faux noms pour se présenter. Ce qui s’appelle une action assumée.
La conférence touche à sa fin, il va falloir plier bagage. Demain, nous avons enfin un rendez-vous public avec Gilead. Tout n’est donc pas encore complètement terminé.
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