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Lu sur l'Humanité : "Les salariés de la Redoute reconduisaient, hier, leur mouvement. Dans la foulée, la CFDT, SUD et la CFTC signaient l’accord de la direction.
Jeudi 24 avril, 5 heures du matin, après vingt-trois jours de grève, les salariés de La Redoute passent la vitesse supérieure et décident de tout bloquer. Plus aucun camion ne pourra désormais entrer ou sortir du site de Wattrelos (Nord). Décision lourde de conséquences puisque c’est ici que converge la totalité des colis du vendeur à distance, avant d’être distribuée sur toute la France et à l’étranger. Et un coup dur pour la direction qui confiait jusqu’ici aux médias que « le mouvement n’affectait pas du tout l’activité ». Soupçonnée d’avoir illégalement employé des intérimaires pour remplacer les grévistes, l’entreprise n’hésitait pourtant pas à assigner, lundi, vingt-huit de ses salariés au tribunal de Lille pour entrave à la circulation des biens et à la liberté du travail (voir ci-dessous). Le tribunal ordonnait hier aux salariés une levée du blocage. Une « judiciarisation » de l’affaire qui fera voler en éclats l’unité syndicale qui prévalait depuis un mois. SUD, la CFDT et la CFTC, bien qu’insatisfaits de l’accord discuté dans la nuit de lundi à mardi, vont apporter leur signature aux propositions de la direction.
Face aux revendications des salariés, 150 euros net d’augmentation mensuelle, la régularisation par CDI de 300 des 700 intérimaires présents sur le site et le paiement des jours de grève, le groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR), qui gère la vente par correspondance via sa filiale Redcats, offrira le minimum. Une hausse moyenne de la rémunération des agents opérationnels de 45 euros, l’embauche de 50 intérimaires et aucun jour de grève payé.
Partiellement aspiré par la hausse obligatoire du SMIC en mai, ce long mois de grève permettra au final un gain d’une vingtaine d’euros mensuels. Un gain minime de pouvoir d’achat, dont les salariés ne profiteront réellement que dans plusieurs mois, une fois épongées toutes les heures de grève effectuées.
Si, sur le papier, le conflit est donc terminé, les 400 salariés réunis en assemblée générale hier matin, sur les 2 000 que compte le site, en font une tout autre lecture. Ils ont d’ailleurs voté à une écrasante majorité la poursuite du mouvement. Une décision que la CGT, FO et l’UPAR soutiennent. « On a toujours dit que ce n’était pas les syndicats qui décidaient, mais les salariés en assemblée générale », avertit Fabrice Peeters, délégué CGT.
Du côté de SUD, on projetait un épuisement rapide de la mobilisation : « Sans piquet de grève, nous n’avions pas les moyens nécessaires de poursuivre le conflit, les débrayages d’une ou deux heures, c’est pas suffisant pour peser sur la direction. Notre seul contre-pouvoir c’était le blocage », justifie Emmanuel Depierre, l’un des responsables du syndicat qui a signé l’accord.
La CFDT dresse un constat équivalent et juge néanmoins les avancées de la direction « acceptables », selon Jean-Claude Blanquart, son délégué central.
La situation reste donc très confuse. SUD, la CFDT et la CFTC ont validé l’accord en le signant, il devient donc officiellement effectif pour l’ensemble des salariés. Mais si ces mêmes salariés le refusent, on imagine mal une sortie rapide du conflit. Ce matin est prévue une nouvelle assemblée générale, le degré de participation et l’état d’esprit qui y régnera apporteront sans doute des réponses.
Frédéric Durand