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Il est des mots, des expressions qui,
sans être interdits ou injurieux, valent leur poids de signification ambiguë et
à « double sens ». Les prononcer expose, celle ou celui qui s’y
aventure, à l’opprobre des bien pensants « démocrates » et
« républicains ».
Il
est de bon ton de faire croire que « tous
pourris » tient lieu d’analyse politique, ce qui permet aux élus de
faire leurs petites et grandes affaires, en sauvant les apparences, et aux
fidèles militants de continuer à croire à ce qu’ils font sans trop se poser de
questions.
Expression,
certes peu élégante, elle exprime le décalage abyssal qui se creuse entre la classe politique, privilégiée, et le
reste de la société civile a qui sont demandés, par cette même classe, tous les
efforts et sacrifices. Même si elle – cette expression - fait peur dans une
« démocratie », elle met l’accent sur les limites et contradictions
de cette dernière.
L’OMBRE SINISTRE DE L’EXTREME-DROITE
Le
gros argument pour condamner l’expression est de dire qu’elle a pris naissance
dans le discours de l’extrême-droite. C’est incontestablement vrai.
La
droite conservatrice, celle qui n’a
jamais accepté la République, le « gueuse »,
n’a eu de cesse depuis la Révolution Française, de cultiver la nostalgie des
privilèges de l’Ancien Régime et de nier la volonté d’égalité sociale du nouveau. En ce sens, les « représentants du
Peuple » étaient tout naturellement désignés comme cibles… et il était de
bon ton de les accabler des dérives les plus sordides,… pensant qu’en les
condamnant, on les déconsidèrerait aux yeux de leurs électeurs, le Peuple…
fragilisant par là même le système honni.
De
l’émeute fasciste du 6 février 1934,
au « poujadisme » de
l’après guerre (1956),… et jusqu’au Front
National… le credo du « tous pourris », est resté un grand classique de l’extrême-droite.
Mot
d’ordre qui se voulait mobilisateur, et qui ne l’a jamais été,… il faut dire
qu’il était utilisé par des individus qui loin d’avoir les « mains propres », avaient surtout
pour objectif de prendre la place de ceux qu’ils dénonçaient.
Pourtant,
le nouveau pouvoir, la République,
n’a que très imparfaitement liquidé les scories politiques du passé et
largement fait dégénérer ses propres principes, prêtant ainsi le flanc à des
critiques faciles, souvent mal intentionnées, mais hélas en grande partie
fondées.
CLASSE POLITIQUE ET POUVOIR CORRUPTEUR
Ce
que l’on appelle généralement la classe
politique n’est pas un ensemble homogène, ni de part sa composition, ni de
part ses objectifs et sa manière de fonctionner.
Entre
l’élu de la petite collectivité
territoriale qui consacre une partie de son temps libre aux affaires
publiques, touchant une maigre indemnité, sinon rien, - et qui mérite d’être
loué - et le politicien professionnel,
grassement payé, généralement cumulant plusieurs fonctions, élu d’une grande
ville ou du Parlement, sans parler du Gouvernement… il y a un abîme…. Pour ne
pas dire une frontière de classe. Les
noms sont connus de tous !
Celui qui fait problème, n’est pas le
premier, mais bien le second. En
effet, on fini par se demander ce qui le motive,… et même si, officiellement,
il clame que c’est le « service du
bien public »,… on est en droit, aux vues de certaines de ses
pratiques et de ses conditions de vie, d’en douter… sans parler de la hargne
qu’il met à conserver ce pouvoir.
Pourtant, il est manifestement politiquement incorrect d’aborder le
sujet au risque de se faire traiter de « poujadiste » - de gauche dans le meilleur des cas - et de
« mettre en péril la démocratie »
( ?).
Ce
n’est pas un scoop, de dire que le
pouvoir corrompt, peut-être pas tous, mais la plupart…. Et les autres se
taisent.
Les
conditions avantageuses liés au pouvoir
ont une explication : à l’origine, au 18e siècle, elles permettent
de, pour garantir l’indépendance de l’élu, le mettre à l’abri de la corruption
et des puissances d’argent. L’intention est certes louable. Le problème c’est
qu’elle a complètement était détournée, et cette « garantie d’indépendance », s’est vite transformée en « privilège de pouvoir »… ce qu,i par
ailleurs, n’a pas du tout empêché les tenants du pouvoir d’être dépendants des
puissances d’argent. (des noms ?).
Autrement
dit, aujourd’hui, être au pouvoir, ou dans ses sphères, est une rente de situation, un véritable fromage
qui en tente beaucoup… C’est moins dangereux de se faire élire que de faire un hold up.
Non
seulement la situation, les privilèges (maintes fois publiés dans la presse),
les pouvoirs de la classe politique doivent faire s’interroger tout citoyen
responsable, mais, cette situation même doit nous faire interroger sur la notion de pouvoir. Or cet impératif
politique et citoyen a été totalement gommé de la conscience collective
politique. Celle-ci est amputée d’une partie fondamentale qui devrait en
constituer le fondement, l’essence.
Cette
myopie politique, qui s’apparente à une forme de religiosité laïque et à un
suivisme aveugle, voire une lâcheté, dans la parole et les actes des
« élus » permet de passer sur toutes les affaires louches (des
exemples ?) auxquelles se livrent les politiciens (des noms ?),… et à
se laisser perpétuer une situation qui va en empirant au grés de l’accroissement
des inégalités sociales et de la dégénérescence du système.
LE DENI
C’est
bien à un déni citoyen, ou plutôt anti-citoyen, auquel nous assistons. La
responsabilité du citoyen s’arrêterait à l’acte
de désignation de l’élu,… le reste ne lui appartenant plus,… jusqu’à la
prochaine élection.
C’est
une curieuse conception de la démocratie lourde de dangers et de dérives. Rente de situation, privilèges,
finissent par induire des dérives au
point que l’on ne fait plus la différence….
Et
les dérives ne manquent pas. Cette irresponsabilité
post électorale, alliée au caractère
corrupteur du pouvoir, aboutit à la situation que nous connaissons,… et pas
qu’en France : la constitution d’une classe sociale largement parasite,
souvent incompétente et se donnant les moyens financiers, médiatiques, légaux,
psychologique,… de sa réélection.
Tout
se passe comme si la légitimité populaire
– le fait d’avoir été élu – permettait tout, ou à peu près tout… aboutissant
finalement à une forme de « totalitarisme
démocratique ». Un comble !
Cette
fausse pudeur, qui fait baisser les yeux sur les scandales politico-financiers,
qu’une justice de plus en plus manipulée et contrôlée évite soigneusement ou
traite avec la plus extrême « délicatesse » et bien veillance,
conforte des aigrefins (des noms ?), arrivistes (des noms ?) et
profiteurs (des noms ?) à accéder au pouvoir…. Les autres, les
« honnêtes » gardent un prudent et révélateur silence ( ?)
En
l’absence d’un contrôle permanent, post
électoral, les dérives sont inévitables,… or le système politique est fait
de telle manière que le statut d’élu
échappe complètement au citoyen un fois l’élection passée…. jusqu’à la
prochaine élection, ce qui n’est d’ailleurs aucunement une garantie (des
exemples ?). C’est donc la structure
même du pouvoir qui est en cause et à revoir… et au-delà de la structure
institutionnelle du pouvoir, ce qui le soutend : les rapports sociaux. Or de cela, ni le système, ni les politiciens ne
le souhaitent… et pour cause !
On
fera remarquer que ce n’est pas la situation
personnelle de l’élu qui est l’essentiel mais que c’est le système dans son ensemble. Certes, mais
ce qui fait barrage au changement du système c’est l’élu qui en profite et verrouille
toute possibilité de changement.
Alors,
« Tous pourris » ? On
le voit ce serait simpliste de l’affirmer,… il y a des degrés dans l’abjection,
dans la compromission (des noms ?), la malhonnêteté (des noms ?),
l’arrivisme (des noms ?), le népotisme (des noms ?), le détournement
de fonds (des noms ?), le trucage de listes électorales (des noms ?),
le trafic d’influence (des noms ?), l’achat de voix (des noms ?),
l’abus de biens sociaux (des noms ?), le mensonge (des noms ?), dans
la veulerie et la lâcheté (des noms ?). Il y a probablement des innocents
dans le lot, mais leur silence – on ne crache pas dans la soupe… et elle est
bonne - incite à la suspicion généralisée.
On n’a jamais vu des élus se mettre en
grève contre les décisions du peuple, l’inverse est beaucoup plus fréquent. Il y a là incontestablement un message. La démocratie, au-delà des grandes
déclarations et des apparences, marche à
l’envers.
Devant
l’ampleur de la catastrophe sociale – dont les élus portent une grande
responsabilité -, le manque manifeste de volonté des politiciens d’aborder les
vraies questions et la coupure qui s’est instaurée entre leurs conditions de
vie et celle du reste de la société civile, la suspicion ne peut être que
légitime et générale à leur égard. Le discours uniquement fondé sur la
légitimité de l’élu et l’absence de réflexion critique sur les privilèges qui
s’attachent au pouvoir est nul et non avenu.
Une
telle situation, loin d’être garante d’une stabilité politique et de la paix
sociale est lourde de menaces d’explosion de rancœur, écoeurement et révolte. On
peut comprendre qu’une majorité de
citoyens n’aient plus confiance dans les politiciens.
Le
manque d’alternative politique sérieuse et l’opportunisme effarant de toutes
les organisations politiques à l’égard du pouvoir, contraint de fait, par
suivisme, crainte et manque d’initiative une majorité à aller voter (faute de
mieux). Ce n’est pas ainsi que la stabilité et la paix sociales seront assurées.
Le dégoût s’étend, la lassitude gagne et la pression monte !
Il
est temps de réinvestir l’économie, le social et le politique sur des bases
nouvelles.
Février
2010 Patrick
MIGNARD
Voir
aussi :
« PEUT-ON
AVOIR CONFIANCE DANS LES HOMMES/FEMMES POLITIQUES ? »
« LA
FRONDE »
Commentaires :
Rappeuse |
fémininUn point insignifiant sur une coquille, je crois que gueuse est féminin - LA -
Répondre à ce commentaire
|
PatrickMignard 07-02-10
à 14:42 |
Re: fémininExact,... faute vue trop tard ! ! ! !
Répondre à ce commentaire
|
à 14:06