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Le plutôt informel mouvement des 'Forconi' (les fourches) à manifesté a Turin, en Italie. (Photographie : NurPhoto/Rex Features)
Au sixième jour d'une série de blocages, d'occupations et de manifestations ininterrompus que beaucoup considérent comme le prélude à 'une vague de révoltes' à travers l'Europe, des manifestants - marchant sous la bannière du mouvement de fourches— se sont rassemblés samedi à Rome, Turin et Venise, en Italie.
"Des militants masqués de drapeaux italiens et arborant des noeuds coulants blancs autour du cou se sont regroupés devant le bureau de la commission européenne de Rome et ils ont abaissé un drapeau européen avant d'être chassés par la police," d'après l'AFP. (1)
Suivant le reportage, la violence de la police s'est déployée à travers l'Italie. A Venise, la police a envoyé des gaz lachrymogènes aux militants présents à la gare ferroviaire et à Turin -l'épicentre de la dernière vague de la révolte anti-austérité - et elle a répondu par la force aux bombes de peinture des étudiants .
"Nous sommes des millions et nous devenons toujours plus nombreux" a affirmé Danilo Calvani (2), un paysan qui s'est affirmé comme l'un des dirigeants de la manifestation. "Ce gouvernement doit dégager."
"Ces manifestations sont bien le signe que la représentation politique est entrée maintenant dans une crise profonde," d'après Duncan McDonnell (3), un spécialiste de la science politique à l'Institut Universitaire Européen de Florence. "Ces gens ont l'impression que personne ne les écoute plus… Cela montre vraiment que d'importants segments de la société italienne ne se sentent plus représentés par personne – partis politiques, syndicats, groupements d'intérêts ou d'affaires."
Commencé en janvier 2012 quand un groupe de paysans et de routiers siciliens a organisé un blocus de neuf jours pour protester contre l'augmentation des frais d'essence et d'engrais causée par la politique d'austérité, les 'Forconi' ou le mouvement des fourches s'est agrandi en incorporant dans tout le pays des petits patrons, des travailleurs mal payés, des étudiants et des chômeurs pour confronter le régime en place.
Les actions de la semaine ont inclus des plans pour une "invasion pacifique" entamée mercredi à Rome, où des démonstrations sont prévues jusqu'à ce que tout le gouvernement ait changé.
Les démonstrations ont acquis le soutien d'autres groupes d'opposition, y compris le mouvement des '5 étoiles' de Beppe Grillo (presque un quart des votes aux dernières législatives - NDT) qui a envoyé une lettre ouverte (4) aux responsables de la sécurité, leur demandant de "ne plus assurer la protection de cette classe politique qui a mis le pays à genoux" mais plutôt de rejoindre les rangs de leurs frères italiens.
"Dans les démonstrations qui viennent" a-t-il écrit dans son blog cette semaine, "demandez à vos hommes de retirer leurs casques et de fraterniser avec les citoyens. Cela sera un signe que la situation est révolutionnaire, pacifique et extrême".
Grillo a continué :
Ce moment historique est dangereux. Les institutions ont perdu leur légitimation. La loi électorale a été déclarée inconstitutionnelle. Le parlement, le gouvernement et le Président de la République continuent leurs fonctions d'une manière arbitraire. [...]
Les gestions des ressources publiques, des services sociaux et de la santé, de l'éducation et de la loi sont chaotiques. L'économie s'effondre. [...]
L'Italie a perdu le pouvoir de battre monnaie ou de lever ses impôts et elle va bientôt perdre sa souveraineté économique dans l'hypothèse la plus vraisemblable qui sera d'être étranglée par les mesures réactionnaires du FMI. La plupart des citoyens ne connaissent pas la véritable situation dans laquelle ce pays va se trouver précipité, à cause de ce régime de désinformation qui a permis de classer l'Italie dans la 70ième position du palmarès de la "liberté de la presse" [...]
Les dommages qui ont été provoqués aujourd'hui ont surtout été causés par l'exaspération du peuple qui voit son niveau de vie se dégrader et constate l'arrogance d'une classe politique qui n'a pas abandonné tous ses privilèges et qui cherche surtout à perpétuer sa propre existence. Les mouvements de protestation d'hier pourraient n'être que le début d'une conflagration ou précurseurs d'une insurrection qui pourrait devenir incontrolable.
Suite au succès du premier ministre au pouvoir Enrico Letta qui a gagné le vote de confiance du parlement mercredi dernier, les organisateurs ont décidé d'intensifier leurs actions jusqu'à ce que le parti au pouvoir ne tombe.
"Si le gouvernement gagne le vote de confiance mercredi, et si les mêmes politiciens restent en place, toutes les 'fourches' d'Italie se rendront à Rome pour l'envahir pacifiquement," a affirmé Calvani (5).
La dernière vague de manifestations a commencé lundi avec une série de petites manifestations dans tout le pays, tandis que l'on rapportait des violences policières et des attaques au gaz lachrymogène.
A Turin, mardi, le reporter indépendant italien Mattia Marinolli (6) a écrit que plusieurs manifestations convergeaient vers la place centrale, Piazza Castello, où la police a réagi au lancement de pierres par des "barrages de gas lachrymogène." Il parait qu'après l'accrochage, quand des militants ont demandé aux agents de retirer leur casques, certains l'ont effectivement fait - renforçant ainsi l'appel de Grillo et des autres à une plus grande solidarité avec les contestataires.
D'après Reuters (7), le Ministre de l'intérieur Angelino Alfano (ex bras droit de Berlusconi, NDT) a affirmé au parlement un peu plus tôt que la vague de protestation de cette semaine pourrait "mener le pays dans une spirale de révolte contre les institutions nationales et européennes".
- Lauren McCauley, staff writer
NOTES :
1 http://au.news.yahoo.com/thewest/business/world/a/20333418/clashes-break-out-at-italy-anti-austerity-protests/
2 http://www.reuters.com/article/2013/12/12/us-italy-protests-idUSBRE9BB0WH20131212
3 http://www.theguardian.com/world/2013/dec/13/italy-pitchfork-protests-austerity-unites-groups
4 http://www.beppegrillo.it/en/2013/12/open_letter_to_the_leaders_of.html
5 http://www.reuters.com/article/2013/12/10/us-italy-protests-idUSBRE9B90UY20131210
6 http://www.vice.com/read/clashes-turin-tax-cuts-pitchfork
7 http://www.reuters.com/article/2013/12/12/us-italy-protests-idUSBRE9BB0WH20131212
Texte en anglais : http://www.commondreams.org/headline/2013/12/14 Traduit par Borogove
Commentaires :
hypnosaurus |
La situation en Italie est un peu plus compliqué que ça, je pense. Il faut souligner d'abord le rôle que l’extrême droite joue dans ce mouvement et le revendications nationalistes des manifestants (c'est à dire: tous les droits, mais que pour les italiens). Je conseil de lire cet article: http://strugglesinitaly.wordpress.com/2013/12/12/fr-le-mouvement-des-forconi-extreme-droite-ou-revolte-spontanee/
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libertad 17-12-13
à 20:46 |
Re:Merci pour ce contre-point. Un mouvement qui fait penser à celui des bonnets rouges en Bretagne
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à 22:46