Il y a 35 ans naissait dans les colonnes d'un journal anglais,The Observer, une formule de sinistre mémoire, et de sinistre actualité: la "stratégie de la tension".
C'est l'attentat de la place Fontana, le 12 Décembre 1969, ses 17 morts et 84 blessés. C'est aussi Pinelli, Pinelli l'anarchiste, que l'on va arrêter, trois jours "d'interrogatoire",et qui va mourir d'une mort curieuse: il tombe de la fenêtre d'un commissariat. Pinelli était innocent, évidemment,les anarchistes aussi, tout le monde le savait, les preuves de l'innocence viendront plus tard, trop tard. Pinelli se serait suicidé, ou aurait été victime d'un malaise en allant prendre l'air à la fenêtre.
Qui a tué Pinelli
? On se pose la question depuis 35 ans. 11 livres écrits sur ce
"suicide",un film, une chanson, une pièce de théâtre.
Théâtre
justement: ils étaient des milliers 35 ans plus tard à se souvenir, la plupart
n'ont pu rentrer dans ce théâtre de Milan ou Dario Fo, Franca Rame et d'autres,
ont fait revivre ce coup d'envoi de la stratégie de la tension. Dure et sans
appel l'intervention de Fo: "Ces massacres sont des massacres
d'état".
Pinelli, la place
Fontana, la stratégie de la tension, comment ne pas en voir la sordide
actualité ? La "stratégie de la tension" est devenue
planétaire,aujourd'hui on pourrait l'appeler la "stratégie de la
terreur". Les anarchistes sont toujours de bons boucs émissaires en
Italie, et ailleurs aussi, on arrête, on met en garde à vue, on perquisitionne,
on emprisonne, on interroge,on menace,on inculpe, on juge. Le décor a changé,
aujourd'hui Islam et Indépendantismes ont remplacé les variantes du marxisme-léninisme,
mais l'anarchisme est l'élément fixe de cette chorégraphie de la répression et
de la manipulation.
Alors oui, il
faut se souvenir de Pinelli.