Trou de la Sécu, sémantique... ouvrons le débat
Le préambule de l'article «
Le trou de la sécu ou la sémantique de la dé-solidarité» est intéressant. Car ce travail de sémantique qui est fait, en particulier auprès des média, au moment des mouvements (grève des enseignants, des intermittents du spectacle, manifestations contre le CPE...) est souvent laissé en jachère ensuite. Ce contre-dictionnaire libéral pourrait donner des munitions pour le combat d'idée.
Pourtant, si l'on ne veut pas, selon les mots de l'auteur,
«appauvrir le débat», il faut veiller à ne pas le simplifier à outrance
en le présentant comme un duel entre, d'un côté, les méchants (la
droite, et surtout l'UMP et en particulier les sarkozystes, et les
«multinationales») et, de l'autre, les bons (la gauche, tous les
autres...).
A propos de «réformes»D'abord,
pour montrer que ce n'est pas seulement la droite qui détruit la
solidarité, petit rappel des mesures prises par le Gouvernement JOSPIN
à ce sujet.
Car le Gouvernement JOSPIN (gauche plurielle : PS, PC, Verts) a, aussi,
baissé les impôts payés par les riches, baissé les charges patronales
sur les salaires et sur les heures supplémentaires (donc contribué à la
réduction des recettes de la Sécu), participé à la baisse des salaires
(donc participé à la baisse des recettes de la Sécu) avec la création
de la prime pour l'emploi, etc.
En fait, la droite n'a fait que continuer les «réformes» déjà mises en place par la Gauche plurielle.
-
Octobre 1998 : Vote de la deuxième loi Aubry : baisse des charges
patronales sur les bas et moyens salaires, baisse de la taxation des
heures supplémentaires (...)
- Décembre 2000 : Vote du plan triennal Fabius de réduction des impôts profitant aux plus riches (...)
Janvier 2001 : Création de la prime pour l’emploi. L’État paye sur les impôts les hausses de salaires que les patrons refusent.
- Mars 2002 : Au Conseil européen de Barcelone, Jospin et Chirac
signent un accord pour allonger de 5 ans la durée du travail dans tous
les pays de l’UE (...)
(Dossier partage des richesses : De Jospin à Raffarin, chronologie d’une politique de classe
http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article102 )
Sans oublier la sortie, en 1991, du Livre blanc sur l’avenir des
retraites de Michel Rocard, alors Premier ministre de gauche (avec
Mitterrand, Président de gauche).
C'est une partie des
préconisations du Livre blanc qui servira à justifier, en 1993, les
mesures Balladur (Gouvernement de droite) d'augmentation de la durée de
cotisation des retraites et de la prise en compte des années pour le
calcul de la pension aboutissant à une baisse très importante des
pensions des salariés du privé. On reparlera du Livre blanc de Rocard
lors des réformes Fillon !
On s'engraisse... Ensuite, il
est intéressant de savoir que ceux qui s'engraissent sur le dos de la
Sécu ce ne sont pas seulement les laboratoires (les grandes
multinationales) mais aussi d'autres professions dans le secteur
médical.
Quelques exemples, ainsi, pour l'année 2006, les médecins avec un
salaire mensuel moyen de plus de 7 000 €, près de 10 000 € pour les
cardiologues et 17 000 € par mois pour les radiologues !
(
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATRAI04128%C2 )
Et, malgré le trou, ça continue : entre 2006 et 2007, l'augmentation
des revenus des médecins généralistes a été de près de 12 % (
http://www.carmf.fr/focus/Stats/2009/BNC.htm )
«On prend les mêmes… et on recommence. Dans une étude confidentielle*,
l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) revient sur les
revenus des médecins en ville comme à l’hôpital. Le verdict est sans
appel : les revenus des médecins continuent de progresser fortement...»
(
http://www.leparisien.fr/economie/les-revenus-des-medecins-toujours-en-hausse-02-02-2009-394932.php)
D'après une analyse du gouvernement les revenus des pharmaciens et des dentistes seraient, en moyenne, supérieurs de 10 % à ceux des médecins !
Et les mutuelles...Enfin,
on parle de privatiser la Sécu ce qui favoriserait les assurances
privées mais rien sur les mutuelles. Les mutuelles ne se sont
pratiquement pas mobilisées contre la volonté de privatisation de la
santé des différents gouvernements .
En général, elles ne font qu'ajuster leurs tarifs... et, par ces augmentations, qu'accentuer la politique de dé-solidarité.
Les
mutuelles ont, par exemple, tellement augmenté les cotisations (au
moment du dé-remboursement de beaucoup de médicaments) qu'elles ont
accumulé d'importantes «réserves».
C'est l'existence de ces «réserves» qui a permis au Gouvernement de les
«mettre à contributions» c'est-à-dire de se servir du pactole,
constitué par l'augmentation des cotisations, pour combler le «trou de
la Sécu».
Martine