L’adoption du Nouveau Traité Européen – copie conforme du précédent- va être adopté. Seuls les naïfs pouvaient croire qu’il ne le serait pas.
La
victoire du NON français n’a été qu’un épiphénomène qui a excité l’imagination
des « croyants » du respect de la volonté populaire par le
système,… mais absolument pas enrayé la marche de l’Europe marchande et
libérale.
Cet
évènement montre, une fois encore, que le respect de l’opinion populaire n’est
qu’un « écran de fumée démocratique » pour légitimer ce qui constitue
l’essentiel du système dominant : les intérêts du Capital.
Je
partage en effet l’opinion de celle et ceux qui considère qu’il s’agit là d’une
mesure, je dirais même d’une manipulation, parfaitement anti démocratique. Un
véritable déni du respect de la volonté populaire.
Formellement
tout cela est exact et doit être dénoncé. Mais n’en restons pas au caractère
formel. N’hésitons pas à examiner le sens de cette attitude. S’agit-il
d’un simple abus de pouvoir, voire une maladresse politique ? Bien
évidemment que non.
De
quoi s’agit-il alors ? D’un acte délibéré ! Mais un acte fondé sur
quoi ?
Sur
une volonté politique de revenir aux fondamentaux du système marchand par la
liquidation des acquis sociaux depuis plus d’un siècle et la marchandisation
généralisée de l’activité humaine.
Sur
une volonté politique de piétiner ce qui constitue le fondement d’un système
démocratique (tout à fait hypothétique), la volonté populaire.
Sur
une volonté politique de passer outre les procédures politiques du système
lorsque ses intérêts sont en jeux.
AU
NOM DU NON ?
Quelle
était la portée du NON au moment du référendum ? Je vais être très
dur parce qu’il y en a marre de vivre sur des fantasme et des illusions:!
Tactiquement
elle était débile, stratégiquement nulle.
Tactiquement
elle s’est formée sur une entente bureaucratique entre organisations qui
donnait l’illusion d’une force, d’un raz de marée… Ah la force des discours
dans les salles de meeting surchauffées !
Stratégiquement
il était évident, avant même le référendum qu’un OUI ou un NON ne changerait
rien… C’est bien ce qui, sur le fond, s’est passé.
Dans
la confusion générale d’une pensée politique fumeuse et ambiguë, où les
intérêts de partis l’emportent sur les vraies questions, nombreuses et nombreux
sont celles et ceux dont on aurait pu imaginer qu’ils auraient voté NON et qui
ont voté OUI,… et inversement.
On
confond allègrement aujourd’hui confusion politique et diversité
d’opinion.
Nous
vivons aujourd’hui, comme hier, sur une fiction. Nous avons fait notre la
légende de l’aspect démocratique d’un système qui n’accepte cette démocratie
que quand elle l’arrange ou lui permet de désamorcer les conflits. Aujourd’hui,
mais la plupart d’entre nous ne le savent pas, le temps des illusions et des
apparences est passé. Le temps de la négociation est passé. Le temps des
compromis est fini.
Nous
nous persuadons, dans notre impuissance qu’il existe encore une force, nous
tous ensemble, qui pouvons changer, avec les outils mis à notre disposition
(les élections), le système actuel… Dangereuse illusion !
La
victoire du NON qui a donné naissance à des espoirs insensés et infantiles nous
revient dans la figure comme un mauvais rêve et… nous quémandons servilement un
« référendum » que nous n’obtiendrons évidemment pas.
Nous
nous accrochons obstinément à des fictions qui, si elles font les choux gras
des organisations bureaucratiques, nous amènent à la catastrophe sociale.
REVES
ET GEMISSEMENTS
De
guerre lasse, ils vont obtenir ce qu’ils cherchent. Parce qu’ils savent que nous
n’avons rien à leur opposer. Notre colère ? Impuissante. Notre
détermination ? Mais fondée sur quoi ? Des pétitions ? Mais
soyons sérieux… Qu’en ont-ils à faire ? Ils ne prennent plus la peine de
nous répondre !... A quoi bon ?
Ils
vont même nous expliquer que malgré le NON, sur le fond, rien n’a vraiment rien
changé dans ce qu’ils veulent faire de l’Europe… et ils ont raison.
Le
NON n’a jamais stoppé le développement de l’Europe libérale. Alors pourquoi revenir sur la question. Simplement
pour institutionnaliser, dans le cadre des rapports entre nations, les
principes de fonctionnement,… Mais ne nous faisons pas d’illusion, l’essentiel
est fait. Et s’ils font cette démarche c’est parce qu’ils savent qu’ils ne
risquent rien… qu’aucune opposition sérieuse ne se manifestera.
L’engouement
des partisans du NON, lors du référendum, allant dans certains cas jusqu’à
l’hystérie, avait quelque chose de pathétique et d’enfantin. Ils croyaient
naïvement, et beaucoup le croient encore, que le NON avait un poids politique
pouvant stopper la libéralisation européenne.
Cette
nouvelle et dérisoire mobilisation, pour un nouveau référendum, fait le jeu des
organisations politiques de gauche, d’extrême gauche et altermondialiste qui
depuis quelques mois n’ont plus trop de « grain à moudre » du fait de
leur échec électoral qui les laisse sans perspectives d’action et surtout sans
stratégie politique. Enfin un évènement qui va pouvoir mobiliser les appareils
et permettre aux « leaders » de tenir le devant de la scène par des
bravades aussi ridicules qu’inutiles !
Aujourd’hui
nous sommes le « bec dans l’eau »… Nous avons agi comme si nous
croyions que la volonté populaire était sacrée. Mais elle ne l’est pas, elle ne
l’a jamais été, ou plutôt, elle l’a été tant que le système pouvait s’en
contenter… dans le cas contraire il a toujours cassé cette volonté … des
exemples au 20e siècle ? On n’a que l’embarras du choix !
Aujourd’hui le système sait que politiquement il peut faire ce que bon lui
semble car nous n’avons aucune stratégie à lui opposer sinon des discours,
nos rêves et nos gémissements.
Les
trépignements politico-médiatico-organisationnels n’y changeront rien. Pas plus
que les appels pathétiques à l’union : quelle union ? avec qui ?
pour faire concrètement quoi ?
Pendant
que se querellent, sur des questions de préséances et de notoriété, les
organisations politiques du « changement » (sic), le système forge,
sans opposition, les conditions de la mise au pas généralisé des relations
sociales à ses intérêts fondamentaux.
Finalement,
ce qui se passe aujourd’hui avec la remise en question du « NON au TCE »
n’est qu’un maillon de la chaîne de la reprise en main par le système Il ne se
cache même plus et n’a plus à sauver la face… Notre impuissance lui ouvre une
possibilité inespérée et illimitée pour remettre en toute « légalité
démocratique », les acquis que nos prédécesseurs lui avaient imposés.
Patrick
MIGNARD
Janvier 2008
Voir
aussi les articles :
« LETTRE
OUVERTE A CELLES ET CEUX QUI VONT VOTER NON »
« ET
MAINTENANT ?... »
« ILS
NE CEDERONT PLUS RIEN ! »
« MARCHANDISE,
LE RETOUR AUX FONDAMENTAUX »
à 11:09