lu sur
paris.indymedia. : " Militer ce n'est pas que pondre des textes, se réunir entre soi et imaginer la révolution. Tandis que les bobos de la serre volante fêtaient leur expulsion à coup de mauvaise bière, dans une salle enfumée, heureux de se retrouver entre soi, entre blanc au look identique. Pas loin, mais trop loin, en proche banlieue, là ou la misère, le chômage, persistent depuis trop longtemps. Là ou les flics ont les pleins pouvoirs, là ou quotidiennement l'injustice vous renvoie dans la gueule les réalités de la misère.
Passage en caisse à leader price de rosny sous bois. Pendant que je range mes courses j'entends la caissière demander à la personne suivante d'ouvrir son sac puis appeler le vigile. La cliente ne se défends pas, se laisse prendre son sac que la caissière s'empresse de fouiller. Cette employée sur un ton triomphant et sans honte annonce tout fort « je m'en doutais, elle a volé » et sors du sac quelques boites de sardines, une part de tarte emballée sous vide. Bref pas de quoi faire un festin. La cliente tétanisée ne bouge plus, serre les deux bouteilles de faux coca cola contre elle. Entre temps le directeur du magasin un jeune homme d'à peine trente ans débarque à la caisse et exige les papiers de la cliente qui ne dis pas un mot en tendant son passeport. Révoltée par le comportement triomphant de la caissière, par l'attitude du directeur qui s'est emparé du passeport, j'interviens et exige qu'on lui rende ses papiers et qu'on la laisse partir. Aucune réaction dans le magasin à part celle du vigile qui me demande de sortir. Je refuse et j'interpelle la clientèle. En effet, il est impensable pour moi d'en rester là. Devant la passivité de ceux qui continuent à ranger leurs courses je continue seule mais déterminée demandant aux clients de refuser que cette dame soit embarquée par les keufs et que le directeur lui rende son passeport. La caissière transformée en keuf, le directeur exploiteur m'invective pour que je sorte. Le vigile lui ne dit plus rien. Je poursuis malgré tout à dire haut et fort que nous devons nous les pauvres qui subissons l'inégalité être solidaires et lutter ensemble contre ceux qui ont choisie le camps des flics. Qu'ont peut voler de la bouffe on ne fait que se servir dans les poches des exploiteurs qui eux ne connaissent pas la faim. Qu'entre les boulots de merde payée de la merde, le chômage organisé, on n'allait pas en plus crever de faim, que nous pouvions ensemble faire pression pour que cette dame puisse partir tranquille. Une cliente, puis 2, puis 3 se mettent de la partie, un jeune propose de payer les courses. Pour finir nous avons refusé de sortir tant que la personne ne récupérait pas son passeport, ce qui fut fait. La dame est sortie, silencieuse du début jusqu'à la fin. Voilà ce n'est pas grand-chose, ce n'est pas la révolution, c'est juste de la solidarité, le refus de se laisser écraser par ce désordre social et d'en être les victimes.
le dimanche 16 juillet 2006 |