L'En Dehors

Du concret

Le procureur général de l’Autorité palestinienne a révélé dimanche 5 février que des responsables de ladite Autorité avaient transféré 700 millions de dollars d’aide internationale sur leurs comptes en banque persos, soit en gros les trois-quarts de toute l’aide annuelle consentie aux Palestiniens.

Toute cette affaire n’est, bien sûr, pas aussi grave qu’une douzaine de dessins irrespectueux, mais enfin, il y a peut-être quand même de quoi s’énerver un peu, hein, les preux chevaliers du Fatah ?

Le journal Hamshahri gagne haut la main au jeu du plus con

Le quotidien persan Hamshahri -réputé pour son indépendance d’esprit par rapport à tout ce qui n’est pas le courant ultraconservateur dominant- a lancé un concours de caricatures concernant l’Holocauste, conjugant ainsi le ridicule à l’odieux, car moquer Moïse, David ou Salomon, on veut bien, mais pourquoi l’Holocauste ?

Les dessins danois, dont on ne saisit d’ailleurs pas en quoi ils seraient l’œuvre de Juifs malveillants, ont-ils tourné le massacre des camps de Sabra et Chatila ou les atrocités de la guerre Iran-Irak en dérision ?

La démonstration est toutefois riche d’enseignement : quand le fanatisme religieux prend le pouvoir, une génération plus tard le QI de la cacahuète devient la référence.

Les bons apôtres

George « Bomber » Bush Jr, Jacques « Nucléaire » Chirac et d’une façon générale tous les barons de la politique et de l’économie occidentale d’un côté, tous les imams « modérés » et crypto-dictateurs musulmans plus ou moins laïcs de l’autre, déconcertés par les proportions prises par « l’affaire des caricatures », en appellent à la responsabilité citoyenne et au respect des sensibilités*.

Si on comprend bien, toute la misère du monde et toute l’intolérance des hommes vient d’une poignée d’artistes du crayon plus ou moins doués, pas du tout des fous de Dieu et des vautours du business ?

*la sensibilité est au fidèle ce que l’honneur est au militaire : moins il en a, plus il s’enroule dedans.

Avoir un bonne copine

Dans le Monde des livres du 3 février, Mme Elisabeth de Fontenay*, philosophante plutôt que philosophe (le fontenaïsme, ça existe ?) et professeur émérite, vient courageusement au secours de son ami Alain Finkielkraut, si injustement décrié pour des propos qu’il a certes bien tenus, mais à des malfaisants qui ont profité de la timidité modeste de l’intellectuel et de sa méconnaissance des médias pour le piéger sournoisement, lui qui n’a, c’est notoire, de tribune nulle part et ne s’exprime publiquement qu’à regret.

Qu’il est doux d’avoir des amis comme Elisabeth, qui dispose de quatre colonnes bien exposées au sein de la presse des élites pour écrire avec une mauvaise foi sans réplique tout le bien qu’elle pense d’un pauvre garçon sans défense.

* que tu ne confondras pas, malheureux ! avec Mme miss France, Geneviève de son prénom et aussi Fontenay que je suis Richelieu.

Mathias Delfe