"Tarnac, l’arbre qui cache la forêt" : retour (en images) sur une manif vite dispersée
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Article XI : "On se disait que ça avait un petit air de "tout est possible". Les Halles, rendez-vous des lascars, et Beaubourg, celui des touristes : les lascars pour alliés et les touristes pour bouclier. La géographie du quartier, avec ses rues piétonnes et ses petites places blindées de monde. Un 21 juin aussi, l’atmosphère plus avinée et joyeuse qu’à l’ordinaire, fête de la Musique susceptible de constituer le plus joli des terreaux pour une manif résolument revendicatrice. Comme un condensé des promesses du rassemblement, il y avait cette fin de
Deux ou trois choses que j’avais à vous dire,
texte d’Yildulne Lévy paru dans Le Monde :
« Certains se retrouveront à la fontaine des Innocents à Paris, ce dimanche 21 juin, à 15 heures. Toutes les occasions sont bonnes pour reprendre la rue, même la Fête de la musique. »
Soit. Mais le truc, c’est qu’on ne l’a pas reprise
longtemps la rue… Quelques dizaines de minutes, à tout casser, et puis
s’en va. Pourtant… les cagoules étaient de sortie, les présents à
l’évidence résolus, l’ambiance façon
y-a-l’Insurrection-qui-vient-je-me-demande-même-si-ce-n’est-pas-elle-qui-tourne-au-coin-de-la-rue.
Mais l’ensemble n’aura pas duré au-delà des premiers affrontements avec
les CRS [1],
quelques minutes après que le cortège se soit ébroué de la place des
Innocents : la troisième ou quatrième charge des uniformes aura suffi à
séparer les manifestants en plusieurs groupes, lesquels se sont
rapidement égayés. Dès lors, le quartier était aux mains des policiers,
en uniforme et en civil, ces derniers - surtout - présents partout, les
yeux fureteurs et l’allure louche, décidés à sauter sur le premier qui
songerait à bouger le petit doigt. Fin des festivités.
Conclusion ? Pas grand chose. La manifestation aura au moins
permis de se compter et de se parler. Mais on ne peut s’empêcher de
faire la comparaison avec les camarades allemands, si bien organisés en
ce type de circonstances : en cette situation très favorable, nul doute
qu’ils auraient tenus le pavé pendant plusieurs heures, restant
groupés, unis et offensifs. La prochaine fois ?
Sur la place des Innocents à Paris. Une foule
bigarrée qui se rassemble autour d’un concert de percussions (tonneaux,
bidons). Beaucoup de cagoules et de couvre-visages divers, réponse
évidente au décret de samedi
Après un petit moment, le cortège s’ébroue. Lui, on le suivrait au bout du monde…
Ça a le mérite d’être clair…
Premières échauffourées. Une banderole du Tour
de France pénitentier (si, si, ça existe…), apposée sur une façade,
cristallise les premiers jets de bouteilles, de pierres et de boules de
pétanques.
Rapide reflux face aux lacrymos.
Autour de Beaubourg (qui a d’ailleurs fermé à cause des affrontements), on tente de tenir un petit moment.
Force reste à la police. Ceux qui ont de
(très) bons yeux ne manqueront pas de noter la peinture rouge maculant
les braves pandores. Joli attentat coloriste.
Séparée en plusieurs groupes, la manif s’égaye
dans les rues adjacentes. Quelques barricades un tantinet dérisoire. Et
puis, plus rien…
Arrestation délicate d’un terroriste en
puissance. Une fois la manifestation éparpillée, les civils étaient
partout. Et pas spécialement bien disposés (mais alors : pas du tout…)
à l’égard de ceux gardant des signes contestataires.
Notes
[1]
On ne s’étendra pas sur l’origine des affrontements et sur la question
de savoir à qui en incombe la responsabilité. Disons que les CRS
paraissaient décidés à en découdre, ainsi qu’un certain nombre de
manifestants. Les premiers nous horripilent, les second ont tout notre
sympathie, mais on n’ira pas jusqu’à écrire que les policiers sont
seuls responsables des échauffourées