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C’est la formule magique du sport dans une économie de marché. C’est cette formule qui devrait figurer sur le logo du Tour de France (et pas que de lui), épreuve « sportive » qui vient de nous donner depuis quelques années, l’exemple même de ce que donne la marchandisation du sport.
Le
sport de compétition, en soi, est déjà source de toute une série de
dérives, mais quand en plus, l’argent s’en mêle, le pire est à redouter.
UNE ECONOMIE POLITIQUE DU
DOPAGE
La
manière dont nous est présenté le dopage est souvent perverse. Moralisante,
elle cache par cette pseudo moralité les vraies racines du mal. En
effet, le problème du dopage nous est présente sur deux plans : le moral
et la santé.
Sur
le plan moral : « ce n’est pas
bien de tricher ».
Sur
le plan sanitaire : se doper présente des dangers pour la santé.
Tout
cela est fort juste mais manque singulièrement de profondeur d’analyse car la
vrai question est la suivante : comment se fait-il que des sportifs trichent
et prennent autant de risque pour leur crédibilité et leur santé ?
La
réponse simpliste serait de dire : pour gagner ! Soit, mais
encore ?
C’est
toute la structure de ce qui constitue, socialement et économiquement, le sport qui est génératrice de cette
dérive qu’est le dopage.
La
règle générale est la suivante et est très simple : je ne peux courir
que si je suis sponsorisé, par une marque, pour être sponsorisé il faut que je
gagne, pour gagner je me dope.
Autrement
dit, la course n’a pas – plus- de valeur
en elle-même. L’important n’est plus l’effort, pas plus que le temps, pas plus
que les qualités du sportif, l’important est l’argent que l’on peut
faire par la médiatisation et la publicité d’une marque.
Le
discours des journalistes sportifs est un exemple parfait d’hypocrisie
puisqu’ils s’acharnent à faire croire à une réalité qui est complètement
réifiée et dont la véritable essence est la marchandise…. ce dont ils se
gardent bien de parler et de dénoncer, se rendant ainsi complice de la mystification.
Louer l’effort d’un concurrent, saluer une victoire c’est en fait applaudir un
système pervers de détournement, c’est cautionner ce sur quoi se fonde la
victoire, le dopage, donc la triche.
Le
sport est alors totalement instrumentalisé, a perdu son sens originel, n’est
plus que le support d’un domaine du système marchand, d’un domaine qui a été
complètement phagocyté par la logique marchande.
Le sport, l’effort n’est
que le support physique de l’argent.
L’IMPOSSIBLE SOLUTION
C’est un cercle vicieux
auquel on peut difficilement échapper.
En effet, même le coureur
honnête ne peut pas ne pas se doper parce que, s’il ne le fait pas, il est de
fait hors jeu, ne respectant pas la loi, non dite, qui fait qu’il
faille se doper pour sportivement et donc économiquement exister.
De même, imaginons un
sponsor qui refuse le dopage, ses coureurs ne feront jamais le
« haut de l’affiche », hors, s’il sponsorise c’est pour être connu…
et il ne peut l’être que si ses coureurs existent, gagnent, donc… se dopent….
On
peut comparer, au niveau du principe, le problème du dopage à celui de
l’utilisation des engrais et des pesticides.
Le
paysan qui n’utilise pas d’engrais voit sa productivité
être inférieure à celle de ses concurrents. De même que celui qui n’utilise pas
de pesticides dans un environnement saturé de ces produits verra ses récoltes
attaquées par les insectes.
Dans
les deux cas on est poussé à l’utilisation de tels produits par la logique
même du système.
La
solution au problème du dopage est donc beaucoup plus complexe qu’une question
de répression qui ne règle rien et n’a jusqu’à présent rien réglé.
Tant
que le Tour de France, et toutes les manifestations sportives, fonctionneront
sur le principe marchand, le dopage règnera en maître.
Le
problème c’est que le Tour de France et maintes manifestations sportives,
jusqu’aux Jeux Olympiques sont complètement soumises à la logique de la
marchandise.
Peut-on
« démarchandiser » ce type de manifestation ?
C’est
peu probable. Trop d’intérêts commerciaux, financiers et politiques sont en
jeux. Le sport faire désormais partie intégrante du système.
Il
faut, bien entendu, ajouter à cet édifiant tableau, le rôle idéologique que
joue le sport dans notre société. Véritable entreprise d’abrutissement massif,
exutoire de la grogne sociale, instrument de dérivation des colères. Il permet
de dévoyer les énergies subversives vers le nationalisme, le chauvinisme,…
aboutissant souvent au racisme et à la haine de l’autre.
La
solution dépasse donc la simple question du sport mais pose un vrai problème
politique et social. Tant que des naïfs applaudiront bêtement des individus
drogués transformés en pharmacie ambulante, la grande boucle continuera
avec ses scandales… Si tout le monde s’en désintéresse, le Tour de France, et
autres manifestations sportives, n’auront plus d’intérêt pour les sponsors…
alors, mais alors seulement, on pourra imaginer un autre type d’épreuve.
Avant
d’en arriver là il faudra bien d’autres changements dans notre société décadente.
Juin 2008 Patrick MIGNARD