On n’a jamais créé de cellules d’aides psychologiques (c’est très tendance !) pour des licenciés devra-t-on en créer pour les patrons ?
Une déclaration du Président du MEDEF du 3 août est pratiquement passé inaperçue… il faut dire qu’il y a beaucoup plus important, comme la proximité des J.O et les élucubrations de Douste-Blazy attendant, de pied ferme, une canicule qui pourrait, enfin, le projeter en plein dans l’actualité.
Ce qu’a dit Antoine SEILLIERES est un détail sans importance. A propos du SMIC il a déclaré : qu’il « était trop élevé en France, non pas en termes sociaux mais en termes économiques ». La précision ne manque pas de sel.
D’abord il y a les Smicards qui vont pouvoir apprécier qu’ils sont quasiment considérés comme des profiteurs, voire des sangsues affaiblissant l’effort économique national. Mais il y a mieux dans cette déclaration.
En effet elle reconnaît explicitement l’incompatibilité entre le social et l’économique… et cette fois-ci ce n’est pas moi qui le dit (voir l’article
LOGIQUE MARCHANDE/LOGIQUE SOCIALE FAUT CHOISIR), mais le « patron des patrons ». Autrement dit, ce qui est bon pour l’économie marchande (parce que c’est d’elle dont il est question), n’est pas bon pour le social, et vice-versa. Ca c’est un sacré aveu !
Mais ce n’est pas tout, Ernest-Antoine se lâche complètement (Ah le mois d’août !) il précise :
"Que l'on décide par des coups de pouce, ou des décisions politiques, que le minimum de l'heure de travail en France est à un prix tel qu'on ne peut pas créer d'emplois, alors ça nous disons, nous les entrepreneurs, que c'est une erreur". Ca veut dire quoi ? Ben tout simplement que l’on paie trop les salariés et que si on les payait moins on pourrait créer des emplois. Ca vous étonne qu’il dise ça ? Non ? Moi non plus, mais nous voilà prévenus clairement… Il précise qu’à ce propos il travaille étroitement avec le Ministre de l’Economie pour « essayer de trouver des formules »… elles seront probablement magiques !
Mais ce n’est pas encore tout (décidemment !). Comme il s’attendait à une baisse des cotisations patronales sur les bas salaires mais que le gouvernement ne répond pas actuellement à ce souhait, Ernest nous prévient tout de suite et sans détour : « cela créerait un véritable traumatisme chez les entrepreneur »". Dis plus simplement , il menace de péter les plombs. Et il décrit l’apocalypse qui va suivre :
« La loi Fillon devait mettre à disposition des allègements de charges. Si on n'allège pas les charges, les entrepreneurs vont avoir une hausse du prix de l'heure de travail, donc moins d'embauches, moins d'emplois, probablement des licenciements, moins de croissance, alors nous disons très clairement au gouvernement : vous avez pris l'engagement de le faire, faites-le ». Bien chef !.
Décidemment il veut tout réduire. Vous n’y êtes pas.
« travailler plus pour garder leur emploi (…) actuellement en France, on ne travaille pas assez pour être compétitif (...). Le monde entier le sait ».
Résumons nous : baisse des salaires, baisse des cotisations patronales, allongement de la durée de travail. La rentrée promet d’être sympa ! ! ! ! ! !
Patrick MIGNARD