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Depuis décembre, un vent de révolte souffle en Grèce. Parti de la jeunesse, ce mouvement s’est tout de suite étendu à presque tous les secteurs sociaux.
De violents affrontements se sont produits en Europede l’Est entre manifestants et forces de l’ordre, notamment en Lituanie, où la police est intervenue sans ménagement à Vilnius devant le Parlement. D’autres émeutes ont eu lieu en Bulgarie et en Lettonie, où les habitants manifestaient contre les difficultés économiques, les réformes de leur gouvernement et la corruption. Dans les trois pays, des rassemblements pacifiques se sont terminés en affrontements avec la police pendant plusieurs heures. La crise économique fait des ravages dans d’autres pays d’Europe de l’Est, particulièrement en Hongrie, en Ukraine et en Roumanie. La monnaie roumaine a ainsi perdu 17% de sa valeur en un an. La réduction des dépenses sociales en Estonie pourrait aussi provoquer des protestations dans cet autre pays balte.
L’Islande a connu une contestation sans égale depuis 1949. Depuis
l’effondrement de l’économie islandaise en Octobre 2008, le
gouvernement islandais formé par Samfylkingin (sociaux-démocrates) et
Sjálfstæðisflokkurinn (aile droite des conservateurs), a été l’objet de
fortes pressions. Chaque samedi pendant 16 semaines,
les gens se sont rassemblés devant le Parlement et ont exigé que le
gouvernement démissionne, le conseil d’administration de la
Surveillance Financière et de la Banque centrale soit dissous, et des
élections aient lieu dès que possible. A part les protestations du
samedi, d’autres actions plus radicales ont eu lieu au cours de cette
période, les gens ont à maintes reprises essayé d’arrêter les réunions
du gouvernement, de prendre d’assaut le Parlement et les institutions
financières, et organisé des manifestations bruyantes aux abords les
bâtiments officiels. Le point culminant de la protestation a eu lieu
mardi dernier, le 20 janvier, avec des milliers de personnes qui se
sont rassemblées autour du Parlement pour prendre part à une
manifestation bruyante qui a duré 14 heures. Après l’annonce de
nouvelles élections pour le 9 mai 2009, le gouvernement a démissionné.
Une coalition entre Samfylkingin et « gauche-verte » assurera la
transition jusqu’aux élections.
L’Islande est en faillite et incapable de rembourser des dettes
colossales. La Hongrie a déjà négocié auprès du FMI et de l’Union
européenne un emprunt de 24 milliards de dollars, l’Ukraine un prêt de
16,5 milliards de dollars par le FMI. Le Bélarusse, la Serbie, la
Roumanie, l’Estonie et la Lituanie sont à la recherche de prêts.
L’Irlande est en voie de suivre le chemin de l’Islande. La peur de voir
de faillites nationales conduire à des troubles politiques ne se limite
pas aux « petits pays » : un destin similaire pourrait toucher la
cinquième économie du monde : le Royaume-Uni.
Depuis quelques jours, Madagascar est touché par des émeutes qui ont
déjà causé plus d’une centaine de morts (une grande partie a péri dans
des incendies de supermarchés).
Comme en Guyane en novembre-décembre 2008, la Guadeloupe, à l’appel du collectif appelé Lyannaj kont Pwofitation
(lien contre l’exploitation, les abus) – un regroupement de 52
organisations syndicales, politiques, d’associations de consommateurs,
d’associations populaires et culturelles -, un mouvement de grève
générale a commencé le 20 janvier 2009. Dans la plate-forme de
revendications adressée au patronat, aux élus, au représentant de
l’Etat, les travailleurs et la population demandent, en autres : le
relèvement immédiat et conséquent des salaires, du minima vieillesse,
des minima sociaux – 200 euros - (en Guadeloupe plus de 100 000
personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté sur une population
d’environ 450.000 habitants), la défense et la création d’emplois, la
formation notamment pour la jeunesse, l’amélioration du droit et des
libertés syndicales, la baisse des loyers. Il faut savoir que selon les
chiffres officiels, il y a 25 % de chômeurs, e taux de chômage des
jeunes est de 45%. L’île ne compte pas moins de 4 000 contrats aidés
pour une population active ayant un emploi de 150 000 personnes. Les
bas salaires y sont légion, surtout chez les femmes. Depuis le 20
janvier, il n’y a plus de carburant dans les stations service. Les
coupures d’électricité et d’eau se multiplient (36H sans eau à certains
endroits). La nuit, des poubelles et des carcasses de voiture sont
incendiées. Les barrages sur les routes se multiplient. La
manifestation du 24 janvier 2009 a rassemblé 25 000 manifestants. A
l’échelle de la France cela correspondrait à une manifestation de 3,5
millions de personnes.
En France métropolitaine, des dizaines de milliers de salariés se
retrouvent, comme chez Renault, licenciés ou en chômage technique. On
assiste à des attaques contre le droit du travail, la protection
sociale, à des suppressions de postes dans le public… et plus
généralement à une augmentation du temps de travail (« travailler plus
pour gagner plus »), une aggravation de la précarité, le tout couplé
avec un flicage renforcé et une culpabilisation des chômeurs-ses et des
RMIstes (avec en autre la collaboration de la CFDT qui n’hésite pas à
signer des accords dont personne ne veut et à envoyer des précaires
devant les tribunaux). Et comme le dit le tract commun de l’OCL et
l’OLS distribué lors des manifestations du 29 janvier, « Y’a de quoi
s’énerver plus de 24 heures ».
Si l’invasion israélienne contre Gaza est officiellement terminé, rien
n’est réglé. Comme le disent les Anarchistes contre le mur, « Pour
pouvoir mettre fin a cette occupation, il nous faudra créer un vrai
rapport de force avec pourquoi pas un boycott économique et culturel
d’Israël ».
Des anarchistes qui, en Israël, ont été au cœur du mouvement
anti-guerre, et en Grèce, au cœur du mouvement social. Et pas dans un
anarchisme culturel et libéral !
Pour en savoir plus sur ce qui est évoqué ici et qui ne trouverait pas
un développement dans ce numéro, rendez-vous sur le site de l’OCL
où des informations régulières (écrites ou audio avec les émissions de
l’Egrégore) vous permettent de suivre une actualité (sociale et
internationale) en dehors de celle qu’on essaie de nous imposer.
OCL Reims, le 29 janvier 2009
Sommaire :
social
• Renault, des voitures à vivre, Des salaires à survivre. p. 4
• Le 29 janvier, et après ? p 5v
Immigration
• Retour sur la situation des sans-papier à Calais p.8
Dossier Grèce
• Grèce : Exarchia, la pépinière de l’insurrection. p. 10
• Quelques réflexions autour des événements p. 14
• Un mouvement mythique, le N17 p. 17
• Interviex d’un militant de l’ESE p. 19
Big Brother ! p. 12
Polémique
• De Camus à Onfray, une permanence libérale en milieu libertaire p. 22
Sur le terrain
• Sommet de l’Otan et contre sommet à Strasbourg en avril p. 24
Sans frontières
• Israël, un Etat théocratique, raciste et colonial p. 27