L'En Dehors

Sommaire

Soixante-huit au jour le jour, page 4
Du 22-Mars à aujourd’hui, J.-P. Duteuil bon pied bon oeil, page 5
Flicaille : la chiasse reste ouverte, par M. Rajsfus, page 7
Les lycéens ne calent pas, par M. Tomsin, page 9
Un étudiant de notre temps, par Raffael, page 12
Gauchistes, gauchos, totos, par M. Mouse, page 13
Occupons notre temps, libérons les usines, par É. Noir, page 15
Les femmes s’en mêlent, par LN, page 17
Touche pas la coco, par F. Olivet, page 20
Les Hollandais volants, par Y. Fremion, page 23
Incendies dans le monde, par J. Montjot, page 26
Populaire Amérique, par A. Ivol, page 27
Pour le plaisir, par R. Schérer, page 29
Les footeux se révoltent, par Zine et Dine, page 32

Un « Autruche » inédit ! Collector !

Les habitué.e.s du Monde libertaire connaissent la verve hebdomadaire de « l’Autruche », l’ami à plumes, qui a une fois de plus sorti « tête hors du trou » pour en entendre de belles. Sa prose est tombée entre nos mains.

Check ta life !

Tirant tête hors du trou, qu’entend-je ? Sarkozy pérorant dans Le Point, « finalement, gouverner est plus facile que je ne le pensais. » Oui, c’est ça, surtout comme tu le fais. Mais, finalement, l’autruche un peu faignasse aime bien les semaines où tu te lâches, sur toutes les ondes, écrire cette chronique devient alors un jeu d’enfant. Donc florilège, tant de perles finiront peut-être par faire un chouette collier.

« On ne devient pas Français parce qu’on est cuisinier dans un restaurant, aussi sympathique soit-il. » Effectivement, ça se saurait. Remarquez cependant que dans l’expression présidentielle, ce qui peut être sympathique c’est le resto, pas le sans-papiers. Un peu plus tard, Nico ajoute : « les immigrés sont des êtres humains, et doivent être respectés et traités comme tels. » Des êtres humains, vraiment ? Merci de le préciser. Mais Sarko semble peu sûr de lui, se touche sans cesse le nez, s’agite, tente le grand saut : « je ne suis pas un idéologue, j’essaie de faire réfléchir les gens. » Ce qui, au passage, est la définition même de l’idéologue…

Après sa vision de l’immigré, cette plaie, laissons-le exposer sa vision de cette autre plaie, la jeunesse : « les jeunes sont inquiets, c’est normal. Si on est pas inquiet quand on est jeune, alors on est pas jeune. » Ah oui ? C’est curieux, les jeunes eux, disent tout le contraire. Mais peut-être que Nico fut un jeune angoissé genre grave, alors il transite sur les autres son délire d’ado no way, hey gars, serait peut-être temps de checker ta life ! M’est avis que c’est un peu tard, pour un type capable de sortir, au sujet de l’éducation nationale, une énormité telle que : « y’a des marges de productivité. »

Et comment espérer la moindre remise en question de la part d’un mec qui papote comme au bistrot avec les demi-dieux ? « J’ai parlé au Dalaï-lama » , lâche Nico. Vous lui avez parlé directement ?, s’étonne le journaliste. « Oui, enfin, heu, avec ses collaborateurs » , susurre l’autre. C’est Tartarin à l’Elysée ! Tartarin plus encore, lorsqu’il s’aventure sur le terrain glissant de l’international. « La Turquie n’est pas en Europe » , affirme cet inculte, après avoir consulté sa mappemonde-lampe-de-chevet. Et d’ajouter « enfin, à part une partie d’Istanbul, la plus jolie d’ailleurs. » Qui a passé trois jours à Istanbul sait parfaitement que la rive dite « européenne » ne présente aucun intérêt, à contrario de la vraie ville, de l’autre côté du Bosphore, mais pour Tartarin peu importe : permettre à la Turquie d’intégrer l’UE « ce ne serait pas la même décision que de faire rentrer nos amis suisses dans l’Europe. » Certes. Un détail, cependant : nos amis suisses n’ont, eux, aucune envie d’intégrer l’union européenne. Tartarin compte les forcer ? Les annexer ? Les envahir ? On voit bien qu’il ne connaît pas le peuple du Hornus !

Finalement, Nico Tartarin, prouvant à plusieurs reprises sa méconnaissance crasse des bases de la langue française ( « la loi, elle est inscrit » , sic !), pour qui l’a regardé et observé dans l’exercice de sa fonction de pur écran de fumée, n’a jamais fait que confirmer la sentence d’Isabelle Huppert, actrice comme lui est comédien : « L’important ce n’est pas ce qu’on montre, l’important c’est ce qu’on cache. » Voilà le bonhomme, à mon sens, parfaitement résumé.

Frédo Ladrisse