Lu sur Laurent Mucchielli : "La
dénonciation régulière des « affaires » et des « scandales » laisse
croire que les élites économiques et politiques ne sont pas à l’abri des
mises en cause et des procès. Ces événements masquent pourtant une
toute autre réalité. Les déviances et délinquances des élites ne sont
pas perçues comme ayant la même gravité que celles portant atteinte aux
personnes et aux biens. Elles ne suscitent pas non plus la même réaction
sociale.
Une des originalités de ce sujet est de poser des questions qui ne sont
jamais soulevées quand il s’agit d’atteintes traditionnelles aux biens
et aux personnes. Où placet- on le curseur entre les déviances
acceptables et celles qu’il faut réprouver pour assurer la stabilité
d’une organisation sociale ? Suffit-il d’une norme pénale pour
identifier un acte transgressif ? S’il y a bien eu des abus, leurs
auteurs sont-ils vraiment mal intentionnés ? Ne sont-ils pas plutôt
victimes d’organisations laxistes et de pratiques tolérées ? Quelle est
enfin la sanction adéquate à ces débordements ? Ces enjeux sont autant
intellectuels que politiques et éthiques.