Situation en bolivie : coup d''Etat ?
Au moment où le climat politique se tend à chaque instant, le président Carlos Mesa - qui a assumé la présidence après la chute de Gonzalo Sánchez de Losada alors qu'il était son vice- se trouve de plus en plus isolé. En 72 heures, les habitants de El Alto sont parvenus à révoquer la concession de l'entreprise Aguas del Illimani (Lyonnaise des Eaux). Dans le même temps dans tout le pays, il y a un rejet généralisé de la hausse du prix des carburants ; qui est utilisée par le secteur entrepreneur de Santa Cruz qui revendique le séparatisme de la riche région orientale du reste de la Bolivie.
LE CONFLIT AVEC
AGUAS DE ILLIMANI
Les acteurs principaux de la dite "guerre de l'eau"
furent les habitants de El Alto et l'entreprise francaise Suez-Lyonnaise des
Eaux, installée en Bolivie depuis 1997 et actionnaire majoritaire de Aguas de
Illimani (qui est aussi fortement contesté en Argentine (Aguas Argentinas, 40%
du capital) pour son absence d'investissement et un service
détérioré).
De son côté, El Alto est une ville de 750.000 habitants, dans
leur majorité, familles ouvrières, paysannes et secteurs très pauvres ; située
sur les hauteurs de La Paz et qui est le passage obligé des exportations de
marchandises vers les ports du Chilie et du Pérou.
Le conflit avec Aguas
de Illimani s'est dévellopé parce que les habitants de El Alto considèrent que
l'entreprise n'a pas respecté son contrat de concession, en plus de pratiquer
des tarifs élevés pour le service d'eau potable et des égoux. Le refus s'est
traduit en un soulèvement à El Alto mené par la Fédération des Assemblées de
quartiers (FEJUVE) qui a commencé le 10 janvier par des grèves et des coupûres
de routes, et qui a menacé de s'étendre à La Paz. Dans le même temps est apparu
l'autre visage de la société bolivienne, celui des entrepreneurs qui se sont
associés aux multinationales au niveau du pillage du pays et qui, au dernier
moment, cherchent à se sauver. Samuel Doria Medina, associé minoritaire de Aguas
del Illimani, a exprimé que le contrat avec la transnational "a été un
investissement mal concu qui ne s'est pas bien dévellopé en raison de l'excès de
néolibéralisme en vigueur dans le pays". Toute une définition dans un pays où le
capitalisme, sans euphémismes, maintient dans la pauvreté la plus extrème la
majorité de la population.
Du 10 au 12 janvier, les alteños ont coupé les
accès à La Paz, isolant la capitale du reste du pays, et ont impulsé une grève
illimitée ; dans le même temps le refus s'est étendu à d'autres villes.
Finalement, le gouvernement de Mesa a décidé de révoquer le contrat de la
multinationale.
Une fois réalisé le transfert de l'administration du
service de l'eau potable de Aguas de Illimani au Service Autonome Municipal
d'Eau Potable et des Egoux (Samapa), en avril, une entreprise qui sera une
association civile sans but lucratif prendra en charge l'administration à El
Alto et La Paz. La nouvelle institution aura un caractère éminament social parce
que son objectif ne sera pas le profit mais l'élargissement du réseau d'eau
potable et du résau d'égoux des deux villes. Dans le même temps, les diverses
organisations sociales de El Alto réfléchissent à comment garantir que ni les
Municipalités ni les directions politiques convertissent la nouvelle institution
en butin politique.
HAUSSE DES CARBURANTS
Le 30 décembre, Carlos
Mesa a décrété une hausse générale du prix des carburants avec l'objectif de
palier le déficit fiscal de Bolivie. De cette manière, le diesel a augmenté de
23 % et l'essence de 10 %. Face au refus massif de cette mesure parmi tous les
secteurs sociaux du pays, le président a ordonné le 19 janvier une baisse de 6 %
du'prix des combustibles lourds. Cette opération, en plus de la révocation du
contrat de Aguas de Illimani, est parvenue à diminuer la contestation dans
l'occident bolivien, fondamentalement dans les villes de El Alto et de La Paz.
Mais dans l'orient du pays, et principalement dans la riche province de Santa
Cruz, le refus de l'augmentation du prix des carburants continue, mais leadéré
par les secteurs patronaux et l'oligarchie locale qui réclament l'autonomie de
Santa Cruz et dans certains cas s'expriment en faveur de l'indépendance par
rapport au reste du pays. La posture autonomiste s'était déjà exprimé à
l'occasion du référendum sur les hydrocarbures. Les secteurs patronaux de Santa
Cruz et de Cochabamba demandaient purement et simplement la liberté absolue pour
exporter le gaz qu'ils produisent.
Le 21 janvier s'est réalisé une
manifestation anti-gouvernementale au début de laquelle les étudiants de la
Fédération Universitaire locale (FUC) ont occupé l'édifice de la Préfecture
(autorité représentant l'Etat dans la province). Le porte-parole du Comité
Civique de Santa Cruz, Daniel Castro, a dit que la protestation serait pacifique
et que pour éviter des confrontations a négocié avec le commandant de la police
locale le retrait des forces de sécurité. Malgré tout, dans la Préfecture, la
police a réprimé les manifestants, sans faire preuve de beaucoup d'entrain. Il
n'y a eu qu'une arrestation et quelques blessés légers. Au sujet de cette
occupation, Daniel Castro a exprimé "Nous ne nous en lavons pas les mains car ce
siont nous qui avons convoqué le peuple à se manifester". Après la
manifestation, il est clair que l'objectif central du mouvement qui a démarré
par une protestation contre la hausse du prix des carburants est la demande
d'autonomie pour la province de Sanat Cruz. Le président du Comité, Rubén
Costas, a annoncé la décision de convoquer pour le 28 janvier une assemblée
citoyenne, à laquelle sera soumis le projet de constituer un gouvernement
provisoire autonome de Santa Cruz.
Dans ce climat, le gouvernement
central, qui a pratiquement perdu le contrôle de la zone, a seulement rendu
public un communiqué dans lequel il propose un dialogue en vue de résoudre tous
les thème proposés par le Comité Civique, "dans le cadre indispensable de
l'unité nationale et de l'ordre légal en vigueur", tout en soulignant le
caractère pacifique de la manifestation du 21 janvier. La faiblesse du
gouvernement a été compensée par le soutien recu de la part des maires des dix
plus importantes villes de Bolivie. Dans le même temps, plusieurs secteurs
sociaux et politiques se sont exprimés contre l'autonomie de Santa Cruz et pour
que le président termine son mandat (jusqu'en 2007). Un d'entre eux, la FeJuVe
de El Alto, à travers de son dirigeant Abel Mamani, a annoncé que El Alto
s'organisera pour défendre l'institutionalité démocratique et l'accomplissement
des accords conclus avec le gouvernement. De son côté, le Mouvement Sans Terres
(MST) de Bolivie a remit à plus tard l'occupation de terres pour ne pas
déstabiliser encore plus le régime. Tandis que dix organisations indigènes et
paysannes de Santa Cruz ont dénoncé le 22 janvier que, derrière les
protestations qui ont dérivé vers un projet de gouvernement autonome, se
dissimule un coup d'Etat. Dans un document qu'elles ont diffusé, elles signalent
"Nous mobiliseront toutes nos forces pour affronter et mettre en échec le
complot de coup d'Etat et anti-démocratique" et elles affirment que les groupes
patronaux qui contrôlent le Comité Civique représentent des intérêts de
propriétaires terriens, de traficants de terres et de transnationales
pétrolières. Finalement, elles lancent un appel à la "la centrale ouvrière
régionale, aux assemblées de quartiers et aux dirigeants civiques honnêtes et
patriotes, entre autres secteurs, à maintenir la lutte contre les hausses du
prix des carburants, que la direction du Comité a relégué au second plan en
faveur de l'autonomie". Elles terminent en appelant à défendre la démocratie et
"démasquer les déstabilisateurs, les partisans de coup d'Etat et les
séparatistes des groupes fascistes de Santa Cruz".
SANCHEZ DE LOZADA
SERAIT A SANTA CRUZ
Divers secteurs ont signalé que l'ex président déposé
Gonzalo Sánchez de Lozada et son ex ministre de la Défense seraient à Santa
Cruz, agissant en faveur des secteurs patronaux, qui ont perdu leurs prébenbes
politiques ou qui ont été privés de leurs postes en octobre 2003.
Evo
Morales, dirigeant du Mouvement vers le Socialisme (MAS), a accusé le Comité
Civique de Santa Cruz de recevoir le soutien du Mouvement National
Révolutionnaire (MNR), parti de Lozada. La situation politique bolivienne est
complexe parce que dans le même temps où Carlos Mesa continuait à être fidèle
aux recettes du FMI, d'autres secteurs, autant de droite que lui, cherchent à le
déstabiliser au bénéfice de leurs intérêts sectoriels.
Au milieu de ces
luttes de pouvoir se trouve le peuple bolivien, les exploités et les opprimés,
qui représentent la majorité de la population. Et c'est lui, qui a expulsé
Sanchez de Lozada et la transnationale Suez, qui sera chargé de stopper
l'extrème droite qui souhaite conserver son pouvoir économique.
Sources :
Agencia Walsh, Indymedia Argentina
Bolivie : Quispe menace de constituer une nation indigène
Le leader des
indigènes aymaras de Bolivie, Felipe Quispe, a prévenu samedi que si la province
de Santa Cruz se déclarait indépendante, la population aymará formerait sa
propre nation et la Bolivie aurait trois présidents. "Nous aussi nous allons
convoquer toute la population de la nation aymara face à la décision de Santa
Cruz de se déclarer autonome", a dit Quispe.
"Nous serions obligés à nous
auto-déterminer comme nation indigène originaire, je crois que nous allons avoir
trois présidents de la dite Bolivie", a t'il ajouté.
"Nous les aymaras,
toujours vivants et luttant pour nos revendications, nous pouvons le faire mieux
que les messieurs qui sont au Palais de Gouvernement. Les indigènes n'avons
jamais gouverné, nous ne sommes jamais passé par le Palais de Gouvernement,
ainsi qu'à partir de maintenant nous allons devoir nous auto-gouverner, nous
donner un gouvernement avec un modèle propre, ceci est ce que nous prétendons
faire comme indigènes originaires", a affirmé Felipe Quispe.
Cependant il a
précisé qu'une nation aymara indépendante se formera seulement si Santa Cruz, la
province économiquement la plus puissante du pays, obtient une autonomie
politique par rapport à La Paz.
Quispe, un historien et ex guerrillero, a
proposé à plusieurs opportunités la formation d'une nation aymará avec la
Bolivie, le sud est du Pérou, le nord du Chilie et une partie de
l'Argentine.
Le dirigeant est en grève de la faim à La Paz pour protester
contre la décision du gouvernement d'augmenter le prix des carburants, tandis
que les indigènes et les cultivateurs de coca bloquent les routes.
Il a
annoncé qu'à partir de lundi commenceront des mobilisations dans l 'altiplano
contre le régime de Carlos Mesa, qualifié d' "incapable" de résoudre les
problèmes principaux du pays.
"Ce gouvernement de Mesa ne sert à rien, il ne
dialogue pas, nous avons attendu 14 mois pour dialoguer et parvenir à un accord
sur les 72 points que nous avions proposés et il n'a recu personne, ni nous ni
d'autres secteurs", a t'il dit.