Un film de Stéphane Mercurio :
Enfin
un portrait au cinéma du furieux dessinateur Siné celui qui avec un
crayon trempé dans l’acide s’est attaqué indifféremment depuis la fin
des années 50 aux curés, rabbins et mollahs, bourgeois et militaires,
moralistes de tout poils. Un gars qui au-delà de son image de
provocateur à grande gueule, a traversé la grande Histoire avec ses
aventures dans la presse : contempteur de l’Algérie française, d’abord
dans l’Express avant de monter Siné-Massacre, acteur engagé de Mai 68 et
pourfendeur du Général dans l’Enragé, compagnon très critique des
révolutions cubaines ou chinoises (une séquence à mourir de rire vous
prouvera le sens limité de l’humour de ces régimes face à Siné), ami de
Malcolm X qui fut le parrain d’une de ses filles et dont le souvenir de
sa disparition lui arrache encore des larmes.
Probablement que
pour faire ce film, il fallait attendre que quelqu’un de très intime s’y
colle tant le bougre ne se livre pas facilement. Ca tombe bien il se
trouve que Stéphane Mercurio sa fille est cinéaste. Même si la
talentueuse réalisatrice a su toujours garder la parfaite distance sans
nier le lien, ce sera donc une plongée très personnelle dans l’univers
d’un gaillard pour qui la famille au sens large et l’amitié sont aussi
importantes que l’engagement politique.
Côté famille, vous
comprendrez en l’entendant évoquer son père ancien bagnard
antimilitariste, que parfois les gênes se transmettent. Côté amis, se
mêle le souvenir des disparus comme Prévert et aujourd’hui sa bande
d’irréductibles, sans qui Siné Hebdo né de son éviction de Charlie Hebdo
pour cause de lèse-Sarkozy junior, ne serait pas né.
Une bande
avec outre des dessinateurs historiques des aventures Charlie ou Hara
Kiri, des vieux amis comme Guy Bedos et Gérard Filoche ou des plus
nouveaux comme Benoït Delépine, Isabelle Alonso, tout ça sous la
surveillance de Catherine madame Sinet à la ville, et grande
ordonnatrice de ce joyeux et salvateur bordel que fut l’aventure Siné
Hebdo.
Avec une devise envoyé comme un défi à ceux qui voyaient le bonhomme déjà enterré : Mourir ? Plutôt Crever !