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Samizdat.net : "Le Réseau antiraciste sicilien, engagé dans la défense des migrants menacés d’expulsion et dans la lutte pour leurs droits, a organisé en du 24 juillet au août un Camping national antiraciste auquel ont participé pendant deux semaines 200 militants, pour moitié siciliens et pour l’autre moitié des diverses régions italiennes. Ce camping a été marqué d’une part par une série d’actions directes menées dans six localités siciliennes (Licata, Porto Empedocle, Lampedusa, Agrigento, Ragusa et Caltanissetta) et d’autre part par des discussions sur les expériences et les perspectives du mouvement de défense des migrants en Italie pour l’année qui vient.
Une participante napolitaine au Camping antiraciste de Licata a diffusé le témoignage suivant le 5 août 2005.
Témoignage d’une campeuse antiraciste
Le but de ce camping de deux semaines était d’intervenir contre les dispositifs d’expulsion et de rétention, et les résultats sont satisfaisants. La semaine dernière ont été organisés des blocages des bus transportant les migrants de Porto Empedocle (où ils ont été amenés après Lampedusa) vers les autres centres de rétention siciliens. Les actions ont retardé le départ des bus ; ils avaient aussi pour but d’informer les migrants de leurs droits
Le mardi 2 août près de 80 activistes aient pris part à un blocus à Porto Empedocle. Quand les migrants sont arrivés au port les activistes ont commencé à abattre les barrières entourant le chemin des migrants vers les bus. Les échauffourées avec la police se sont poursuivies, les activistes entourant les bus, cependant que 14 migrants ont réussi à briser les vitres et à s’échapper (aujourd’hui 5 août ils n’ont toujours pas été repris).
Autres actions : le lundi 1er août nous avons participé à une assemblée devant le centre de détention de Raguse (le seul centre uniquement pour femmes, où les migrantes sont transférées de toute l’Italie). Le matin une délégation officielle (dont un membre du Parlement) a pénétré dans le centre. Pendant ce temps, plusieurs d’entre nous ont pu parler avec les migrants à travers les grilles, et nous avons appris que certains d’entre eux étaient des demandeurs d’asile qui étaient là depuis plus de 30 jours (la période maximale de détention pour les demandeurs d’asile).
A ce moment, réalisant que la délégation officielle ne prenait pas en considération des points importants tels que la détention illégale des migrants, les activistes ont pénétré en force dans le centre et ont investi une partie de la cour, où nous sommes restés pendant plusieurs heures, soutenus par les migrantes présentes dans l’autre partie de la cour. Nous avons obtenu qu’une seconde délégation comprenant 4 activistes du camping anti-raciste puisse inspecter le centre. Nous étions accompagnés par un autre membre du Parlement (c’est, en Italie, la seule façon de pénétrer dans un centre, à part bien sûr d’y pénétrer de force), et nous avons obtenu l’assurance que les 6 demandeurs d’asile seraient libérés, et qu’une femme gravement malade serait conduite à l’hopital (elle y a été admise le lendemain).
Aujourd’hui (vendredi 5 août) une autre délégation est retournée à Raguse et a obtenu la libération des 6 demandeurs d’asile, rendue possible grâce à la mobilisation militante. Vendredi 5 août les activistes du camping ont tenu une autre assemblée et une conférence de presse à Agrigente, demandant aux autorités des précisions sur le sort d’un bateau qui avait quitté la Libye deux jours auparavant, avec 130 migrants à bord, et dont on avait perdu la trace. Des barrages de rue ont été organisés contre la décision des autorités d’arrêter les recherches en vue de retrouver le bateau. Voici quelques informations sur la première semaine du camping antiraciste, du 26 au 31 juillet (désolée de ne pas être plus précise mais je n’étais pas encore arrivée). 40 migrants se sont évadés d’un bâtiment à Porto Empedocle ou environ 200 migrants avaient été placés temporairement en attente des procédures d’identification.
Une délégation d’activistes a pu pénétrer dans le bâtiment et informer les migrants de leurs droits et des conséquences de leur détention. Après l’évasion, qui était une action autonome des migrants, les autorités locales n’ont pas autorisé les activistes à pénétrer de nouveau dans le bâtiment.
Autres initiatives : une manifestation le samedi 30 juillet contre le centre de détention de Caltanissetta, et une à Licata pour informer les habitants.
Le camping antiraciste se termine le 6 août par une manifestation à Messine.
A la suite du forum de Bari (10-11 juillet), une mobilisation et des actions contre les centres de rétention ont été prévues en Italie à partir de septembre :
- une journée d’actions décentralisées en septembre contre les centres de rétention et pour le boycott des ONG et firmes qui les gèrent ;
- deux manifestations en octobre pour empêcher l’ouverture de deux centres, à Bari (Pouilles) et à Gradisca d’Isonzo (province de Gorizia) ; la date exacte sera fixée lors d’une rencontre nationale le 4 septembre ;
- une manifestation nationale en novembre contre la loi italienne sur l’immigration (Bossi-Fini).
En Italie les luttes contre les centres de rétention se renforcent. Ce qui s’est passé en Italie ces dernières semaines, la facilitation de l’évasion de migrants et la libération d’autres, montre que des résultats concrets peuvent être obtenus. Les initiatives prévues à partir de septembre sont conçues comme un agenda national, impliquant les mouvements de migrants et les mouvements sociaux italiens. Il serait important que ces luttes trouvent un écho au niveau européen.
Réseau antiraciste sicilien
http://rasweb.altervista.org
D’après un message de la liste ZPajol