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Mag philo : "Les luttes et les débats féministes contemporains portent non seulement
sur les enjeux classiques du féminisme, comme l’égalité civile,
politique et sociale, mais également sur les questions de sexe et de
sexualité. Une des principales revendications des mouvements féministes
post-1968 était la réappropriation de leur corps par les femmes. Les
pensées féministes qui se sont focalisées sur l’égalité politique et
sociale jusqu’au début des années 1970 laissent place à une réflexion
sur les identités féminines. On s’interroge alors sur la nature de ces
identités, y compris dans leur dimension sexuelle. En France, ces débats
ont porté principalement sur des problématiques liées aux questions de
l’autonomie sexuelle des femmes (légalisation de l’avortement, contrôle
des naissances contraception, lutte contre le viol). La pornographie
n’est pas un enjeu essentiel pour les féministes françaises, les
antiféministes d’alors se chargeant d’utiliser la pornographie pour
caricaturer les combats féministes. Brigitte Lhomond rappelle que
« d’autres débats internationaux donnent lieu à de vives polémiques dans
les pays anglo-saxons et restent marginaux en France : la place, dans
l’oppression des femmes, de la pornographie et du travail sexuel, en
particulier de la prostitution »
1.
Au cours des années 1980-2000, d’abord en Amérique du Nord puis en
Europe, les débats féministes sur les questions sexuelles ont été d’une
telle virulence que ces échanges sont restés dans la postérité sous le
nom significatif de
sex wars. Ces guerres du sexe ont donné
lieu à de vives oppositions entre différents courants féministes,
principalement sur les questions de la prostitution, du sadomasochisme
et de la pornographie. Sur ce dernier sujet, ces altercations théoriques
ont opposé principalement un féminisme radical, incarné notamment par
Andrea Dworkin, Catharine Mackinnon, Rae Langton ou Jennifer Hornsby et
un courant féministe « pro-sexe », représenté entre autres, par Judith
Butler, Patricia Williams ou Annie M. Sprinkle. Tandis que les premières
rejettent la pornographie comme l’archétype de l’incarnation de la
domination masculine et suggèrent de la censurer, voire de la supprimer
totalement, les secondes préconisent une toute autre approche, allant
jusqu’à l’appropriation et au détournement de la pornographie par et
pour les femmes.
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