Allons bon, on a donc eu droit au grand retour de la pédophilie en pleine campagne électorale…
Tarés congénitaux pour Sarko (et là les homos, comme pas mal d'autres, se sont émus d'un passé pas si lointain), prédateurs pervers pour Ségo ; et là, tout juste si les gays n'applaudissent pas, pressés de se débarrasser d'anciens compagnons de lutte (des années 70 au début des années 80) devenus bien gênants au moment où la société les tolère enfin, eux. Ou tout au moins le croient-ils, rappelons-leur, juste pour mémoire, le sens du mot perversion d'après le Petit Robert : Cour. Perversion sexuelle : tout comportement qui tend à rechercher habituellement la satisfaction sexuelle autrement que par l'acte sexuel « normal », défini comme accouplement hétérosexuel entre partenaires d'âge sensiblement équivalent (bestialité, exhibitionnisme, fétichisme, gérontophilie, homosexualité, masochisme, nécrophilie, ondinisme, pédophilie, sadisme, urolagnie, voyeurisme, zoophilie, etc.Drôle de parenté faut admettre. Mais il est vrai que notre cheftaine en bleu blanc rouge se garde bien de parler de perversion (trop d'électeurs à perdre ?) et préfère se contenter de pervers dans le sens de Qui est enclin au mal, se plaît à faire le mal ou à l'encourager. (Petit Robert toujours) puisque contrairement à son rival de cabaret, elle ne saurait y voir rien d'autre qu'une volonté farouche du mal pour le mal, sans doute une œuvre du diable pour cette "catholique libérale". Le terme de prédateur : Animal qui se nourrit de proies (aucune autre des définitions du Petit Robert ne saurait s'appliquer ici) disqualifie d'ailleurs par sa raideur métaphorique la prétention que pourraient avoir les pédophiles à appartenir, tant soit peu au genre humain.
À trier dès le berceau ou à encager plus tard éternellement (faute de maladie, aucune guérison n'est possible) à l'abri des regards. Les deux solutions me font également froid dans le dos en ce qu'elles témoignent, chacune à sa manière, d'un mépris évident de la vie et de ses évolutions.
N'allez surtout pas prendre ce texte pour je ne sais quelle glorification ou justification de la pédophilie, là n'est pas le but, mais puisque le mélange constant opéré entre "pédophiles", "psychopathes", "satanistes", "capitalistes du marché de la chair fraîche" et autres est savamment entretenu, j'attends juste le jour où on brûlera les œuvres de Gide, de Duvert, de Rochefort, de Guibert, de Tournier et tant d'autres, sous les hourras d'un peuple qui y prendra vite goût (y compris sans doute des lecteurs / collaborateurs de ce site, si j'en crois certaines réactions et textes passés entretenant ce même amalgamme…)
Mais entre celle "qui donne des enfants aux canons" (merci Prévert) et celui qui leur promet la prison, on ne peut pas douter de leurs intentions profondes visant à obtenir des sujets standardisés dès l'enfance pour mieux les infantiliser une fois adultes.
Et je n'excuse nullement des ogres, très rares mais bien réels hélas, qui justifient cette infantilisation, mais qu'ont-ils à voir là-dedans ? Négation complète de la signification originelle du mot tant honni, tout un chacun devrait plutôt les qualifier de pédophobes, puisque comme le dit Camus, "mal employer les mots, c'est ajouter au malheur du monde".
Est-ce vraiment leur mise en exergue médiatique, défilante et légiférante qui risque de changer quoi que ce soit ? Jouer sur le fait divers, la peur, l'émotion est une coutume des plus viles, habituelle aux politiciens démagogues. Je crains que ni l'enfance, ni l'âge adulte n'ait grand chose à gagner à ces délires sécuritaires qui ne peuvent qu'en annoncer d'autres, comme ce fut le cas avec les relevés d'empreintes ADN, dont on a bien vite étendu le champ d'application. Ça rappelle le sketch (de Bedos je crois) "Quand ils sont venus chercher les juifs, je n'ai rien dit. Je n'étais pas juif…". Toute mesure d'exception vouée à un public "bien identifié" vise à s'étendre selon l'intérêt du pouvoir. Ce pourrait presque être un théorème, tant cela semble général.
Ne laissons pas instrumentaliser l'horreur sous prétexte de protection de l'enfant, de la femme (et l'homme dans tout ça ? Aurait-il lui le droit ou le devoir, d'être une victime banale ?), de dieu ou de la civilisation.
La mort est toujours et pour tous atroce lorsqu'elle n'arrive pas au moment souhaité, le viol également et toute blessure invalidante tant psychique que physique.
Encore convient-il de savoir ce qu'on met là aussi sous chacun de ces termes (les textes de Claude Guillon, de Marcella Iacub, de Ruwen Ogien me semblent à cet effet plutôt intéressants).
Les dernières lueurs du brasier d'Outreau s'éteignent à peine qu'on nous ressert la pédophilie à la louche. La commission d'enquête parlementaire s'est bien gardée de chercher les (ir?)responsabilités politiques ou médiatiques qui ont entraîné la dérive judiciaire sur laquelle tous se sont focalisés. Pour ne rien changer là non plus, finalement… Je me souviens pourtant avoir entendu une émission sur France-Inter dans laquelle Robert Badinter reconnaissait que les déclarations de Mme Royal n'étaient sans doute pas étrangères à cette espèce de terreur aveugle qui saisit toute la société à la moindre évocation de pédophilie.
On pourra lire à ce sujet précis http://perso.orange.fr/guillaume.seznec/crbst_107.html et plus globalement l'article de Claude Guillon http://claudeguillon.internetdown.org/article.php3?id_article=31 ainsi qu'un article, suite à Outreau, de René Schérer dans un numéro du Monde Libertaire (si quelqu'un a les références exactes et peut le mettre en ligne…).
Ce qui compte finalement c'est de vérifier que, dans ce domaine comme dans tous les autres, l'affrontement sur la forme nous réserve le même fond et le tout est vraiment bas de plancher. La science dévoyée d'un côté, le diable laïcisé de l'autre, on voit ce que ça peut donner quand ils abordent des sujets plus économiques et sociaux…
Bon de toutes façons, on n'y coupera pas, on va nous infliger l'un ou l'autre (et qu'il soient deux ou douze ne change rien). Agir au lieu d'élire, sans doute, mais aussi réfléchir au lieu d'élire et prendre le temps qu'il faut pour ça, tant qu'on nous en laisse…
glazik
à 19:27