Lu sur la
Base de données anarchistes ;
" Qu’est-ce qui t’a poussé à t’éloigner d’une situation
personnelle et communautaire qui, aussi dramatique et difficile qu’elle
puisse être, t’était familière ? Que t’attendais-tu à trouver, et
qu’est-ce que tu as effectivement trouvé ?
Peut-être que c’est justement ça, le fond du problème. Une
situation
peut être tellement connue qu’il n’y a rien à y changer, il n’y a pas
l’envie de changer sa propre vie, ou même de continuer à la vivre.
La vie est totalement menacée, d’un moment à un autre on peut
être tué. Mais ça n’a pas toujours été ainsi. Ces dernières années, à
partir des années 90, la menace de mort a pesé sur l’ensemble des
Algériens, pas seulement sur moi. Avant d’en arriver à cette situation,
qui implique un danger de mort, le contexte était déjà assez dangereux,
de toutes façons. A la fac, je faisais partie d’un syndicat, j’étais
déjà un activiste d’extrême gauche. Au moment où le terrorisme a
commencé avec comme premières cibles les personnes politiquement
actives, je me suis rendu compte que, pour agir, il était nécessaire de
passer à la clandestinité : désormais, il n’était plus possible de le
faire au grand jour. Tant que le risque était une agression physique
pour soi, les amis ou la famille, c’était possible, mais dès que la
mort est arrivée, menaçant la famille, les enfants sur le chemin de
l’école, la seule issue pour moi a été de quitter le pays. Quitter le
pays ne signifie pas se rendre ou baisser les bras et se barrer, pas du
tout. On était pris dans une sorte de tenaille : les services secrets
algériens constituaient une des mâchoires, les terroristes l’autre. A
cette époque, je travaillais dans une entreprise d’Etat, la seule
entreprise de télécommunications du pays, on recevait des lettres qui
nous invitaient à cesser de travailler pour l’Etat.
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