Lu sur
réseau sortir du nucléaire : En visitant vendredi le chantier du réacteur nucléaire EPR en construction sur les falaises de Flamanville (Manche), Nicolas Sarkozy symbolisera parfaitement l'état de l'industrie nucléaire française… au bord du gouffre. En effet, bien que qualifiés de "champions" par la communication élyséenne, EDF et Areva sont l'un comme l'autre en très grande difficulté industrielle et financière.
Areva en
cessation de paiement ?
Areva est à la recherche de
près de 3 milliards d'euros pour simplement boucler son budget 2009, et a déjà
annulé, le 25 novembre 2008, son projet d'exploitation de la mine d'uranium
Midwest au Canada. Autre déconvenue majeure pour Areva qui attendait beaucoup de
ce marché : le 5 décembre, l'Afrique du Sud a annulé les 12 réacteurs qu'elle
prétendait faire construire.
Pendant ce temps, le chantier EPR
d'Areva en Finlande, lancé en février 2005, tourne au désastre : déjà 38 mois de
retard et 2,4 milliards d'euros de pénalité demandés par les Finlandais aux
Français. Vendu 3 milliards d'euros, ce réacteur coûte donc en réalité 5,4
milliards… en attendant de nouveaux surcoûts.
Par ailleurs, le départ de Siemens,
annoncé en janvier dernier, a pris au dépourvu Areva qui doit trouver 2
milliards d'euros de plus pour racheter parts détenues par son ancien allié. A
la bourse de Paris, la cotation d'Areva est passée de 820 euros en juin dernier
à 330 à ce jour : -60% !
EDF plombée par
ses raids (Grande-Bretagne, USA) et par l'EPR de
Flamanville
En Grande-Bretagne, EDF a dépensé une
fortune (15 milliards) pour racheter British Energy et ses réacteurs nucléaire
obsolètes… juste avant la crise mondiale : aujourd'hui, le prix en serait 3 à 4
fois moindre. De même, aux USA, EDF a payé le prix fort (5 milliards) pour
racheter 50% des activités nucléaires de l'américain Constellation, tombé dès le
début de la crise dans l'escarcelle du milliardaire Buffet, lequel l'a revendu
bien plus cher à EDF. Dans les deux cas, il reste "juste" à EDF à trouver
l'argent pour construire des réacteurs.
Pendant ce temps, l'EPR de
Flamanville accumule les déconvenues : le chantier de ce réacteur, lancé en
décembre 2007, compte déjà près d'un an de retard. Son prix est passé de 3,3
milliards à 4 milliards, mais tout pousse à penser qu'il coûtera lui aussi 5 ou
6 milliards… ou plus. L'action EDF à la bourse de Paris est passée de 87 euros
fin 2007 à 38 à ce jour : - 56% !
La France ne
vend des réacteurs nucléaires… qu'à elle-même !
Il
ne faut pas se laisser tromper par les effets d'annonce de l'Elysée, d'Areva ou
d'EDF sur de supposées exportations, comme la vente supposée mercredi 4 février
de deux (voire six !) EPR à l'Inde. En réalité, seul a été signé un protocole
d'accord qui n'engage à rien. De même, les 2 EPR supposés vendu à la Chine fin
2007 restent à ce jour à l'état de projet : seuls quelques travaux de
terrassement ont eu lieu fin 2008 sur le site de Taishan.
Le nucléaire exige d'énormes
investissements financiers pour une production d'électricité huit à dix ans plus
tard et un retour sur investissement 30 ans après. De tels investissements, déjà
difficiles à programmer avant la crise financière mondiale, sont encore plus
improbables aujourd'hui, y compris en Chine et en
Inde.
Sarkozy
radioactif… et archaïque
Au lieu de venir se faire
filmer, un casque sur la tête, sur le chantier en perdition de l'EPR de
Flamanville, M. Sarkozy devrait enfin comprendre que le nucléaire est une
énergie du passé, archaïque, polluante et qui, à investissement égal, crée 15
fois moins d'emplois que les alternatives (économies d'énergie + énergies
renouvelables).
Cf fiche ci-joint.
Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 840
associations
Annexe au communiqué du vendredi 6 février 2009
La construction d'un EPR est
à la
fois absurde et illégitime
Démocratie
L'annonce d'un nouvel
EPR à Penly (Seine-Maritime) bafoue les engagements officiels pris lors du
Débat public (Novembre 2005 - Février 2006) sur le premier EPR
français, actuellement en construction à Flamanville (Manche). En effet, il
était explicitement écrit par EDF que le premier EPR devait permettre
"d’acquérir une solide expérience de construction et d’exploitation de ces
réacteurs de nouvelle génération et d’être prêt le moment venu pour le
renouvellement des centrales" (*). En clair, il s'agissait de faire
fonctionner ce réacteur avant de décider d'en faire ou non d'autres. Or, la
construction du premier EPR n'en est qu'au début : qui peut donc prétendre avoir
à ce jour une "solide expérience de construction et
d’exploitation" de l'EPR ?
Emplois
Par ailleurs, le Réseau
"Sortir du nucléaire" conteste les affirmations de M Gadonneix (PDG d'EDF) qui
prétend que la construction de ce réacteur serait "une bonne nouvelle pour
l'emploi". La réalité est en fait exactement inverse : des études montrent
que, pour un investissement égal, les économies d'énergie et les énergies
renouvelables créent jusqu'à 15 fois plus d'emplois que le nucléaire
(**).
Ainsi ,après avoir longtemps soutenu le nucléaire, le
puissant syndicat allemand IG Metall vient de fustiger une
"technologie vieillissante et arriérée" par la voix d'un de ses
dirigeants, Hartmut Meine, qui a pris la parole dans le cadre d'une
manifestation contre les transports de déchets radioactifs le 9 novembre
dernier. Cette conversion s'explique sans peine : en quelques années, les
énergies renouvelables ont créé 250 000 emplois en Allemagne, chiffre en
augmentation continuelle. A titre de comparaison, après 50 ans d'investissements
massifs, le nucléaire emploie moins de 100 000 personnes en
France.
Energies
renouvelables
Le projet de construire de
nouveaux EPR n'est donc pas seulement irresponsable sur le plan environnemental,
il est aussi absurde sur le plan économique. Plus que jamais, la "France
nucléaire" fait fausse route : il y a quelques jours à peine le 26 janvier,
l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena)
a été officiellement créée par cinquante pays, notamment l'Allemagne, l'Espagne
et le Danemark, qui se sont engagés de longue date en faveur des énergies
vertes. La France, elle, a tout tenté d'empêcher la naissance de cette
organisation et n'y participe que du bout des pieds.
Il faut dire
que la construction d'un nouvel EPR empêchera la France de respecter son
engagement européen de 23% d'énergies renouvelables dans la
consommation finale d'énergie en 2020. Qui plus est, la vague de froid de cet
hiver a démontré que la France manquait de moyens de production "de pointe" :
elle ne doit donc surtout pas ajouter de nucléaire (qui produit "en
base").
Agir
Face à ce nouveau coup de
force, le Réseau "Sortir du nucléaire" attaquera en justice les
autorisations de construction du nouvel EPR annoncé à Penly (Seine-Maritime). De
même, le Réseau attend le verdict du Conseil d'Etat concernant
sa procédure contre la construction de l'EPR de Flamanville. A ce sujet, les
incroyables déboires industriels et financiers rencontrés par Areva et EDF sur
leurs chantiers EPR respectifs entraînent de très lourds surcoûts (déjà au moins
2,5 milliards en Finlande et près d'un milliard à Flamanville) qui vont être
couverts par les Français. Il apparaît donc indispensable de stopper,
définitivement, le chantier de l'EPR de Flamanville.
Le nucléaire
est une industrie du siècle passé, dangereuse et archaïque, chère et polluante.
L'avenir est aux économies d'énergie et au développement des énergies propres et
renouvelables.
(*) http://www.debatpublic-epr.org/docs/pdf/dossier_mo/synthese_dossier_mo.pdf
(**) Cf Etude "Un courant alternatif pour le Grand-Ouest", avril
2006