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Sanctions contre les chômeurs : la valeur travail estimée à 100 euros pour un Smicard
Lu sur collectif RTO : "Le montant de la valeur travail enfin dévoilé.
On ne va pas gloser indéfiniment sur les nouvelles sanctions contre les chômeurs : la radiation après deux offres d’emploi refusées, Sarkozy l’avait annoncé dans son programme, il le met en œuvre à la grande joie en vrac, du MEDEF, des supporters du PSG, de la France qui se lève tôt et en chie pour son pays.

 

On ne va pas refaire le couplet du chômeur victime, du bouc émissaire sacrifié sur l’autel de l’argent roi , et jouer le péquin de service, de super bonne volonté mais qui n’arrive pas à trouver de boulot.

C’est lassant. Et ce n’est finalement pas l’essentiel , ces nouvelles sanctions n’étant finalement qu’une des dizaines de mesures anti-sociales prises depuis un an, à tel point que sortir un texte scandalisé sur chacune d’entre elles nécessiterait , non pas de se lever tous les jours à cinq heures mais de ne plus se coucher du tout. Pas le genre du RTO.

Ce que personne n’a noté, c’est qu’enfin, le gouvernement sort de l’abstraction sur la fameuse valeur travail. Depuis des mois, en effet, le terme est employé à toutes les sauces, mais même les plus convaincus étaient bien incapables de répondre à une question simple : combien ça vaut, la valeur travail ?

La question commençait à tarauder sérieusement un certain nombre de Smicards, qui certes, avaient accepté d’y consacrer leur corps et leur âme en votant Sarkozy, mais qui finissaient par trouver ça un peu flou, surtout le samedi à Carrefour, ou le prix des pâtes est toujours inscrit en euros et pas en valeur travail.

Et bien aujourd’hui, on le sait , puisque la valeur travail, c’est accepter toute offre d’emploi qui correspond à 70 pour cent du salaire antérieur.

Donc, à nos calculettes, à nos comparatifs.

 

Prenons le cas de Robert, adepte de la valeur travail.

Robert a voté Sarkozy le 6 mai, à l’ouverture du bureau de vote. Le 6 juin, Robert qui s’en allait gaiement travailler en sifflotant la Marseillaise a trouvé dans sa boite aux lettres un avis de licenciement. Robert n’est pas regardant et soucieux de ne pas rester à la charge de la société. Il gagnait le SMIC mensuel, il a le droit à 23 mois de chômage à 60 pour cent de ce même smic soit environ 600 euros, mais il n’a pas l’intention de rester les bras croisés, ah ça non, et le déficit alors.

Robert est donc prêt à accepter n’importe quel autre boulot au SMIC.

D’ailleurs Robert est confiant : le Président et l’ANPE sont là pour aider ceux qui veulent s’en sortir, c’est pour ça qu’ils punissent ceux qui ne veulent pas. D’ailleurs Robert est rassuré : dès son inscription à l’ANPE, on lui propose tout un tas de choses : trois ateliers différents sur la recherche d’emploi, un rendez-vous mensuel, des convocations à divers forums de l’emploi.

 

Le temps passe vite, avec l’ANPE. C’est fou d’ailleurs comme tout s’accélère quand on est au chômage

Les jours raccourcissent, c’est déjà le moment de payer la mutuelle et la cantine des gosses, quand au crédit maison, on dirait qu’il y a maintenant deux traites par mois.

Enfin l’essentiel, c’est de retrouver vite fait du boulot. Robert répond à tout un tas d’offre d’emplois. Bien sûr Robert ne postule pas pour les mi-temps, il veut un vrai boulot parce que sinon, impossible de faire face longtemps. Bien sûr Robert n’a plus vingt ans, alors les chantiers ou cuistot avec le dos en compote, impossible. Non, Robert voudrait juste un boulot dans le genre de celui d’avant.

Six mois, ça a passé vite. Et pourtant tout a changé. Le dimanche, Robert est crevé : entre le stage de remobilisation à une heure de bus car l’essence est trop chère, les deux rendez-vous chez l’assistante sociale pour obtenir une aide pour la cantine des gosses, l’entretien d’embauche qui a foiré, Robert, s’il osait , dirait qu’il a l’impression d’avoir bossé.

Il n’ose pas. Il n’ose plus grand-chose, Robert depuis qu’il a osé sans y penser refuser un CDD de six mois comme cariste dans un entrepôt.

Lui, ça lui paraissait pourtant évident que ça n’avait aucun intérêt, ce boulot de six mois, plus le temps de chercher un vrai taf sur la durée, le retour au chômage après, non merci à quarante cinq ans passés. La conseillère anpe pourtant l’a très mal pris, de très haut, elle lui a fait comprendre qu’à son âge , plus on reste sans bosser et plus on devient suspect aux yeux des patrons.

Robert a trouvé ça un peu gros, à peine quatre mois qu’il est au chômage quand même. Rien de comparable avec ces glandus qui vivent aux crochets des Assedic pendant des années.Robert comprend bien qu’on les asticote, ceux là et qu’on leur mette les points sur les I, mais lui, il a pas besoin de ça, les lettres de relance du crédit conso lui suffisent largement.

 

D’ailleurs, trois mois plus tard, Robert est à nouveau un honnête travailleur.

La conseillère ANPE de Robert lui a un jour tendu une offre d’emploi en lui rappelant la nouvelle réglementation en vigueur.

Robert fait le même boulot qu’avant, d’ailleurs sa boite sous traite pour son ancien employeur. Mais Robert ne bosse que 26h par semaine, au même tarif, le Smic horaire.

Robert s’emmerde autant qu’avant au boulot, enfin un peu moins, à vrai dire, parce que Robert maintenant, pense tout le temps à ce qui va se passer à la fin de son RMA. Il sait que c’est pas la peine d’espérer un CDI, le patron a pas intérêt à ça , ni un temps plein : pour le faire bosser, le patron reçoit des aides, alors deux ou même trois gars en RMA, c’est toujours moins cher qu’un seul en CDI.

Maintenant Robert sait combien ça vaut la valeur travail.

Au chômage, Robert touchait six cent euros. Robert, pour être considéré comme un chômeur honnête a du accepter ce boulot à huit cent euros net . C’aurait été 700, Robert aurait du le prendre quand même : il avait déjà refusé une offre corresondant à soixante dix pour cent de son ancien salaire, à la seconde, c’est la sanction. Robert était de toute façon condamné à accepter d’aller bosser dès lors que le salaire dépassait de cent euros ses allocations chômage.

La valeur travail, est donc évaluée à 100 euros pour un Smicard. 100 euros, même pas une semaine de courses convenables pour une famille, même pas une semaine de loyer pour un trois pièces en région parisienne. Cent euros, le prix de deux cartouches de clopes , même pas de quoi griller son paquet par jour en pensant à la vie qui passe.

Au temps ou la valeur travail n’était pas une donnée universelle, une table de la Loi, au temps ou les travailleurs comme Robert trouvaient normal que ces fainéasses de bourgeois qui licencient à tour de bras financent au moins une assurance chômage jusqu’à ce que les gens aient trouvé un vrai boulot, Robert aurait touché 80 pour cent de son ancien salaire jusqu’à ce qu’il ait trouvé quelque chose qui lui permette au moins de survivre.Un temps lointain, ou les pauvres avaient des idées scandaleuses, comme trouver un boulot qui paye, et ne se lever à six heures que si ça leur rapportait vraiment plus que rester au lit.

Aujourd’hui les Smicards comme Robert qui passent par la case chômage, auront le choix : aller bosser pour que dalle et n’importe ou, et crever à petit feu, s’endetter un peu moins vite, ou tout perdre d’un coup, éventuellement aller pointer au RMI ou au rien, si les conditions ne sont pas remplies.

Au fait, deux jours après avoir contraint Robert à aller bosser pour gagner 100 euros de plus qu’au chômedu, le gouvernement vient de lui en retirer quarante sur les allocations familiales de ses gosses.

La valeur travail, quand on l’aime, on ne compte pas.

Ecrit par libertad, à 22:14 dans la rubrique "Actualité".



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