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L'En Dehors


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RUSSIE. Niçane Farber.
Notre correspondante russe nous envoie la traduction d'une autre feuille volante, éditée et distribuée en octobre 1905 par le groupe ouvrier anarchiste-communiste d'Ekaterinoslaw, à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Niçane Farber. Le manque de place nous contraint à n'en donner qu'un bref résumé.

Farber était né près de Grodno dans une pauvre famille juive. Sa mère mourut de bonne heure et son père, gardien de synagogue, dut le confier aux soins d'une société charitable. A 10 ans, il sortait de l'école et était placé chez un boulanger.

Il y connut toutes les horreurs de l'existence : il travaillait dix-huit heures par jour dans une pièce sale et sans air, seuls les jurons de son maitre. Il grandit, intelligent et curieux, consacrant à la lecture les minutes volées à son labeur de forçat. C'est ainsi qu'il lut la littérature révolutionnaire en jargon juif.

 

Un jour, aux meetings du Bound (Parti social-démocrate juif) apparurent des anarchistes. Farber se joignit à eux et se donna au mouvement naissant corps et âme. Pas une réunion où il n'allât, discutant avec les boundistes, attaquant leur tactique de légalité, leur foi dans le parlementarisme; il lisait les écrits théoriques de l'anarchisme et en répandait les idées dans la masse ouvrière. Il n'en était pas moins au premier rang dans toutes les collisions avec la police.

En 1904, à Biélostock, sévissait une crise industrielle, des milliers de chômeurs étaient dans la rue, affamés. Un matin, ils se rassemblèrent à sa parole sur la place du marché, puis attaquèrent les boulangeries et les boucheries. Niçane fut arrêté, emprisonné, puis reconduit dans son bourg natal. Il revint bientôt à Biélostock, fut de nouveau arrêté, puis relâché, et ainsi de suite pendant tout l'été de 1904.

En automne, la position des chômeurs devint plus critique encore. C'est alors que Farber résolut de venger les ouvriers en frappant un patron. Il choisit donc celui qui était l'âme de la résistance patronale, Abraham Kogane et, en pleine synagogue, un jour de fête, il lui plongea par deux fois son couteau dans le corps. Cet acte de terrorisme eut un grand retentissement et eut l'approbation de tous les travailleurs. Cette fois Farber ne fut pas arrêté.

Quelques semaines plus tard, un meeting de boundistes qui se tenait dans un bois fut assailli par les cosaques, commissaire central en tête, qui ouvrirent le feu contre la foule désarmée. Une trentaine d'ouvriers et d'ouvrières furent blessés. Farber comprit que cette violence appelait une réponse. Le 6/19 octobre 1904, il entrait dans un poste de police de Biélostock et lançait une bombe sur une réunion de policiers. L'explosion fut épouvantable : le sous-commissaire, le secrétaire de police, deux agents et deux bourgeois furent tués, ainsi que Niçane Farber lui-même, qu'un éclat de l'engin avait frappe. Ainsi mourut cet anarchiste, dont les ouvriers de Biélostock, sachant qu'il était mort en soldat de leur cause, ont gardé la mémoire dans leurs cœurs.

Les Temps nouveaux 24 novembre 1906

Ecrit par libertad, à 21:06 dans la rubrique "Histoire de l'anarchisme".



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