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Jean Zin :Le moment est crucial. Jamais la situation n'avait été aussi favorable aux luttes sociales. C'est l'occasion ou jamais pour les salariés de se joindre au mouvement pour défendre leurs revendications, il n'y a pas de doute là-dessus. Et pourtant, il semble que les syndicats s'effraient de leur pouvoir et reculent devant l'appel à la grève générale.
Il semble surtout que les salariés ne soient pas favorables encore au renversement du régime, rencontrant la limite du mouvement actuel, son absence de projet qui peut causer sa perte. L'abolition du CPE ne mérite pas une révolution à lui tout seul ! Si on fait une révolution, certes bien nécessaire, cela ne peut être pour revenir simplement au passé et un CDI de plus en plus théorique. Chacun sent bien confusément que c'est une chimère sous cette forme.
Pour sortir de la précarisation de nos vies, il faut une ambition plus positive et tournée vers l'avenir, une refondation des protections sociales centrées sur la personne et les nouvelles forces productives. Il faut profiter de la conjoncture pour adapter notre système social à l'ère qui s'ouvre devant nous, en développant notre autonomie plutôt qu'en rigidifiant les règles. Ce n'est pas la direction empruntée pour l'instant (on comprend pourquoi quand on impose la flexibilité sans la sécurité). Heureusement, cette fois nous avons le temps puisque le mouvement est fait semble-t-il pour durer maintenant, temps indispensable à la réflexion et l'élaboration collective.
Au-delà du changement de génération, il faut prendre la mesure de la rupture civilisationnelle que nous sommes en train de vivre sur plusieurs plans puisque nous entrons dans l'ère de l'information, de l'écologie et du développement humain, indissolublement liés et comme opposés point à point à l'ère de l'énergie, de l'industrie et de l'exploitation de la force de travail (bien sûr on n'en a pas fini encore!). Il faudrait comprendre, d'une part, ce qui relie la précarité de l'emploi à l'ère de l'information, et, d'autre part, qu'on ne peut revenir au plein emploi industriel ne serait-ce que pour des raisons écologiques, mais aussi parce que le travail s'est profondément transformé avec l'informatisation (du travail forcé à la valorisation de ses compétences) alors que les institutions actuelles datent de plus de 60 ans parfois ! Il faudrait que les étudiants étudient rapidement ces transformations pour ne pas se tromper d'avenir.
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