Lu sur
Samizdat.net : "À la différence des rencontres de janvier à Berlin et de celles programmées à Paris le 11, 12 et 13 mars, il ne s’agissait pas d’une journée de préparation à l’Euromayday, même si la question de l’organisation d’une mayday à Amsterdam reste à l’ordre du jour. L’idée était d’introduire une réflexion politique sur la notion générale de précarité dans un pays où cette réalité sociale et les mouvements qui cherchent à s’en emparer restent encore peu visibles. À partir de trois problématiques (le travail, les migrations et la ville/l’urbanisme), il s’agissait d’introduire quelques éléments d’analyse générale en même que temps que d’informer sur les nouvelles formes de mobilisations, d’actions, les mouvements qui se sont spécifiquement construits autour de la précarité dans différents pays d’Europe. L’objectif de la journée étant à chaque fois de s’appuyer sur ces éléments pour éclairer et faire retour sur la situation en Hollande.
Structure de la journée :
1. 14h00-16h30 : Trois blocs d’interventions (avec à chaque fois un intervenant local et un intervenant international) (suivis d’un débat avec la salle) sur les thèmes du travail, de la migration et de la ville. Objectifs : analyser différentes formes de précarité (le travail précaire, la précarité des sans-papiers, la précarité dans le sens du manque de logement ou de lieu de travail décent dans les villes) ; penser le lien entre ces différentes formes de précarité ; interroger les possibilités en matière d’activisme social.
2. 16H30-19h00 : Trois ateliers parallèles (travail, migration, ville) avec pour objectif de définir des stratégies de luttes possibles en Hollande.
1. Travail et précarité
intervention de la Cip-idf : Contextualisation de la lutte + outils développés
- Pour présenter les 19 mois de lutte des « intermittents », c’est-à-dire des précaires qui travaillent dans le secteur culturel, il faut repartir d’une rapide explication du système d’assurance-chômage (qui s’intègre dans un système de protection sociale comprenant également la santé, la retraite). Organisme public indépendant du gouvernement, géré paritairement par les représentants des salariés et des employeurs. Système organisé par corporations ou secteurs professionnels. Chaque secteur professionnel a un système de taux de prélèvement, de conditions d’accès et de répartition spécifique (industrie, secteur culturel…) basée sur l’assiette des cotisations.
À l’été 2003, une réforme gouvernementale a transformé ce système mutualiste en système capitalisé. Le mouvement est né du refus de ces mesures imposées (sans concertation).
- Le premier travail a été de comprendre et d’analyser la réforme (notamment dans son idéologie). Ensuite de proposer une contre-proposition basée non pas sur la nomenclature des métiers, mais sur la réalité et la diversité de nos pratiques. Trois caractéristiques essentielles : la discontinuité, la variabilité des rémunérations, un volume de travail supérieur au volume d’emploi. À partir de ces observations, la réflexion quittait la spécificité des métiers du spectacle pour atteindre une réflexion sur l’ensemble de la précarité (emploi et chômage). Un principe et une revendication dégagée généralisable à tous les précaires : nécessité d’une continuité de droits et de revenu dans une discontinuité de l’emploi.
Autour de cette réflexion, d’autres outils ont été développés :
Une étude par les allocataires des conséquences de l’application de la réforme débouchant sur un travail d’information et d’aide pour ceux qui avaient perdu leurs droits,
Une enquête collective (menée en collaboration avec un groupe de recherche) pour approfondir la compréhension des pratiques de l’emploi discontinu dans le secteur culturel,
Un travail de lobbying pour aboutir à un nouveau projet de loi intégrant les principes mutualistes pour refonder le système d’indemnisation des salariés à l’emploi discontinu.
intervention du Groupe Anarchiste d’Amsterdam
Un des collectifs les plus mobilisés sur la précarité du travail et l’organisation autonome des travailleurs précaires. Le collectif est aujourd’hui principalement investi sur le secteur de la restauration. Secteur paradigmatique où les conditions de travail sont parmi les plus dures (contrats/conventions collectives non respectées) et où la précarisation affecte la nature/le type même des contrats (grande flexibilité, employés cleenex…). Dans cette même logique, les conditions d’ouverture de droits ainsi que la méthode employée pour réformer l’ancienne armature du système de protection sociale et juridique sont de plus en plus complexes. Cette complexité croissante est une arme pour désorganiser toute forme de « contestation. » Autre donnée essentielle : les syndicats « traditionnels » ne se mobilisent pas sur ces thèmes, comme s’ils refusaient de prendre en compte la précarisation et les nouvelles « normes d’emplois » qui se mettent en place.
2. Migration et économie informelle
intervention de Marijke Bijl, OKIA (comité de soutien aux travailleurs illégaux en Hollande)
Le but du comité est de lancer des campagnes de soutien pour mettre l’accent sur les conditions de travail de sans-papiers aux Pays-bas. Quelle terminologie ? Le terme d’illégaux (au sens d’« illegal ») n’est pas un bon terme parce qu’il a une connotation négative qui se reporte sur les personnes (à l’instar des termes d’« irréguliers » ou de « clandestins » en France). Mieux vaudrait utiliser celui d’« illegalized » pour mettre en avant la production administrative ou législative de l’irrégularité.
Un travail spécifique mené sur le secteur agricole et notamment le système des serres principalement implantées à La haye, Rotterdam, Uttrecht. Système d’agriculture intensive qui existe depuis 150 ans, mais qui a connu un « décollage » après 1945 (augmentation du pouvoir d’achat, extension des supermarchés et développement particulier du système des serres pour la culture des tomates et des concombres). Secteur qui connaît des innovations techniques constantes notamment à travers l’automatisation et l’amélioration du système des transports. Le résultat de cette évolution est qu’aujourd’hui les Pays-bas sont très en avance sur le volume de production par rapport aux autres pays européens (44 kg/m2 contre 10 kg/m2 en Espagne) et quasiment en situation de monopole. Les travailleurs sans statut ont rempli un rôle essentiel dans cette évolution. Au début, ils avaient la possibilité d’être intégré au système de sécurité sociale. Ce qui est devenu impossible depuis 1992. Une donnée importante du secteur de l’agriculture intensive est qu’il fonctionne à travers la multiplication des intermédiaires. Depuis 2002, la totalité du travail dans les serres est au noir, et est devenu extrêmement temporaire (on reste rarement plus d’une semaine chez le même employeur), avec pour les travailleurs étrangers des droits devenus inexistants.
intervention de Florian Schneider, réseau No border et Thistuesday.org
thistuesday.org est un site lancé à Münich en 2004 dont le point central est le travail des migrants. Il s’inscrit dans le projet de créer un réseau destiné à mettre en lien les luttes de migrants. Exemple du collectif Justice for janitors (rassemblant des travailleurs domestiques) qui illustre toute une nouvelle vague de luttes en Californie, animée par tous ceux qu’on avait toujours considérés comme « inorganisables » : les travailleurs à bas salaires de l’industrie du textile, les concierges sans-papiers, les travailleurs temporaires de l’électronique… Des réseaux comme thistuesday.org cherchent à participer à cette « organisation des inorganisables » en diffusant de l’information, en mettant en commun ces nouvelles expériences de lutte. Dans un contexte où il n’y a quasiment pas de droits à faire valoir, c’est l’organisation de l’accès au savoir qui peut structurer quelque chose. Pas de « principe unitaire » possible (syndicats traditionnels) qui puisse valoir : la logique ici ne peut être que celle d’une prolifération, d’un partage et d’une multiplication de nouveaux langages. La diversité générée par la précarité ne doit pas être vue comme un obstacle au développement de nouvelles luttes. Il y a toute une nouvelle génération de travailleurs en lutte (de nouveau retour à l’exemple californien) pour lesquels la précarité est un point de départ plutôt qu’un obstacle dans les différentes façons de s’organiser que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur des syndicats. Sur le lien entre lutte des travailleurs migrants et luttes des précaires en général : une partie des travailleurs précaires se retrouvent dans un refus de l’ancien travail et de l’ancienne discipline d’usine, de sorte qu’ils ont en commun avec les migrants de se battre pour défendre un droit à la mobilité. Il faut voir la diversité du précariat comme riche de potentialités, de nouvelles conflictualités.
Intervention de Nextgenderation (Bruxelles)
À l’origine réseau européen d’étudiant-e-s et de chercheurs rassemblés autour des questions féministes et de genre. À présent, sont en train de lancer un travail autour de la précarité sur les bases des méthodes et des pratiques développés par Precarias a la deriva en Espagne. Présentation du travail des Precarias (qui avaient été invitées à intervenir dans cet atelier)… Groupe né après un appel à la grève générale fait par les syndicats espagnols en juin 2002, autour d’une réflexion sur la non-prise en compte de la précarité féminine dans les luttes existantes. Absence liée aux formes traditionnelles de lutte : d’où toute une réflexion sur la grève, au sens de ce que pouvait bien signifier la grève pour des travailleuses très isolées les unes des autres, en mobilité permanente… Le travail de Precarias a pris la forme de l’auto-enquête (transformation du piquet de grève en piquet-enquête) en suivant de proche en proche les trajets et les situations des travailleuses précaires dans la ville (« dériver dans les circuits de la précarité féminine »). Au fil de ces trajets dont l’intérêt était également de découvrir une « autre » géographie urbaine (une ville minoritaire), une même interrogation : la précarité comme lieu commun ? Condition choisie ou subie ?…
3. La ville : gentrification, regénération et précarité
intervention de London Particular (GB) avec diaporama
groupe de recherches sur la transformation des normes de l’urbanisme à Londres. À travers le diaporama, décrypter toute une série de signes qui révèlent les phénomènes de privatisation, de pressions économiques et spéculatives qui s’emparent de l’« espace public. » À Londres, processus qui s’est particulièrement accéléré à partir des années 80. Les traits en sont multiples : accaparation immobilière des espaces laissés libres par les industries déclinantes, abandon des grand logements sociaux, réorganisation des services dans une association mixte mairies/sociétés privées, éradication des services sociaux, abandon de l’ancienne organisation fonctionnaliste de l’habitat au profit d’un habitat de type pavillonnaire (petites maisons accolées comme dans les « villes nouvelles » en France)… Le processus de « gentrification » s’accompagne d’une idéologie de la mixité sociale (destinée aux classes moyennes). Un trait typique des années 90 est le recours à la « culture » et à la « créativité » au service de la « régénération » de l’espace urbain. Par exemple, l’utilisation d’oeuvres d’art pour relooker l’espace à peu de frais, selon une logique de marketing visant à attirer et à valoriser de nouveaux quartiers.
intervention de Vrije Ruimte (NL) à propos du projet Easy City
Projet d’interventions dans l’espace public qui prend le contre-pied de l’idéologie de la ville créative : la ville créative ou créatrice est une vision purement économique qui n’a rien à faire des espaces libres, mais on peut s’amuser à prendre au pied de la lettre cet argument pour tenter des expériences. Exemple de campagnes en faveur de logements ou de foyers sociaux (soumis à Amsterdam à une politique violente de fermeture et de coupure des budgets) dans le cadre d’une lutte pour maintenir des espaces non-marchands dans la ville. Dans certains quartiers, type de campagnes qui ont parfois reçu le soutien de propriétaires pour maintenir des petits commerces.
4. Questions, débat avec la salle autour des trois blocs d’interventions précédents
Q. Il y a aussi des syndicats radicaux qui font du beau boulot et vous n’avez parlé que d’une absence. Impossibilité de faire comme si les syndicats n’existaient pas, erreur de ne pas s’appuyer sur ce qui existe.
R. (Cip-Idf) En France, pas de prise en compte de la précarité par des syndicats qui continuent à réfléchir en termes de plein-emploi. D’ailleurs, cette non-prise en compte est absurde parce qu’elle affaiblit le rapport de force à l’intérieur du salariat (car la flexibilité interne aux entreprises existe aussi). En ce moment, nous remettons en cause la représentativité des syndicats pour lui opposer celle des premiers concernés : par exemple, les usagers, les allocataires de l’assurance-chômage. Face au vide syndical, nous devons nous-mêmes identifier et évaluer nos pratiques.
R. (No Border) Retour sur l’exemple des mouvements auto-organisés de travailleurs précaires aux Etats-Unis qui sont l’exemple d’une nouvelle conflictualité totalement nouée au tissu productif contemporain.
Q. Comment connecter toutes ces expériences, non seulement entre elles, mais aussi avec tous les autres, les pauvres, etc. ?
R. (Groupe Anarchiste d’Amsterdam) Avant de converger, ou d’aller vers, il nous faut d’abord parler de notre réalité spécifique, rendre visible la précarité comme une nouvelle condition commune à de larges couches de la société. Il faut d’abord nous reconnaître et dire : nous sommes là. Or c’est très difficile car l’atomisation, la séparation sont des caractéristiques de la précarité.
Q. Si vous alliez dans les syndicats, ils vous aideraient.
R. (Groupe Anarchiste d’Amsterdam) Il n’y a aucune connaissance des syndicats traditionnels sur les situations de flexibilité (le fait par exemple, que dans ce genre d’emplois, nos collègues de travail changent chaque jour…)
5. Ateliers/ groupes de travail : Quelles stratégies, quels modes d’actions ?
Atelier « Travail et précarité »
Quelles stratégies d’organisation pour les « flexworkers » ?
- Se pose d’emblée la question du rapport aux syndicats, dans la mesure où les travailleurs hollandais vivent dans le cadre d’une législation votée par les syndicats. C’est une première difficulté, un premier effet de blocage. Ensuite, il y a le corporatisme et la spécialisation des syndicats sur les bastions traditionnels de l’emploi. L’année dernière (pdt le Premier Mai ?), il y a eu les premières expériences de défilés indépendants des cortèges syndicaux (car toutes leurs revendications ne concernent que le salariat classique, ceux qui travaillent à plein temps depuis une longue durée).
- En Hollande, premières tentatives pour formuler des revendications concrètes sur les situations de flexibilité (caractérisées notamment par le fait de changer souvent d’emploi, la variabilité des horaires, la faible qualification). L’autre point essentiel est la grande diversité des contrats d’où une grande difficulté d’identification. Cette diversité fait que nous sommes les seuls à pouvoir nous représenter. Il nous faut chercher notre propre identité. C’est le travail à mener actuellement pour pouvoir mieux nous organiser.
- Pas de possibilité d’organiser centralement de telles luttes. Il n’y a pas de point extérieur pour le faire. Ce qu’il faut, c’est comprendre la dimension structurelle de la précarité et aller chercher chaque individu un par un. La question d’une organisation des travailleurs précaires, c’est de savoir comment chacun peut commencer à sentir partie prenante d’une réalité commune.
- Un exemple d’une personne ayant trouvé un emploi dans une université par le biais d’un agence de travail temporaire. Beaucoup d’heures, faible rémunération et isolement total par rapport aux autres salariés. Dans ce cas, vers qui se tourner ? Les agences de travail temporaire jouent de cela, font tout pour déstabiliser le rapport employés/employeurs.
- Ces expériences sont très nombreuses, mais pas de point central pour les relier. Si on essaye de résoudre certains cas, on est obligé d’avoir recours à des juristes spécialisés en droit du travail. Mais bien souvent, ils ne trouvent pas de solution d’aide parce que les règlements changent tout le temps. De l’autre côté, les syndicats se rendent bien compte qu’il y a des problèmes, mais ils considèrent qu’il existe des conventions collectives qui ne sont pas si mal et qui doivent être protégé. Donc, ils ne font rien. Et ils interviennent d’autant moins que l’on n’est pas encarté chez eux. Bref ce qui ressort, c’est la grande invisibilité qui pèse sur les contrats précaires, et par conséquent la difficulté d’engager des procédures.
- deux autres exemples :
un employé dans un café payé 7 euros de l’heure, c’est-à-dire en dessous du niveau légal, à qui on conseillait de ne rien dire et de ne pas se plaindre
une femme employée dans une grande compagnie (un centre d’appel téléphonique) par le biais d’une agence de travail temporaire, mieux payée que la plupart des autres salariés réguliers. D’où un double contrôle et un double isolement vis-à-vis de la direction (qui pouvait exiger ce qu’elle voulait) et des autres salariés… Position impossible… Pas de collectifs de travail, pas de solidarité, et puis la peur de perdre son travail.
- L’auto-organisation des précaires doit répondre à cela. L’idée, c’est de partir de ce genre de témoignages pour isoler des situations-types, reconnaissables. Il faut trouver des moyens de communiquer entre nous pour pouvoir intervenir collectivement. Une des premières possibilités de s’organiser concerne justement tous les gens qui travaillent avec les boîtes d’intérim. En fait, l’information existe à présent. Ce qu’il faut, c’est la diffuser pour chaque secteur (call center, nettoyage, restauration…)
- Ne pas se laisser aveugler par les spécificités de secteurs, laisser tomber cela car justement, le fait de passer d’un boulot à l’autre est une des caractéristiques du travail précaire. Un problème plus important, de fond, pour développer la lutte, c’est l’espoir toujours reconduit d’aboutir enfin à un statut stable…
- Point historique sur les luttes de précaires en France : mouvement des chômeurs, grèves des salariés des MacDo, etc. Exemples qui montrent des possibilités concrètes d’actions (lutter en dehors de l’emploi, bloquer la production avec des gens du dehors) sans attendre une pseudo-définition générale du travail flexible (on peut être précaire tout en travaillant sur de longs contrats), sans enfermer les luttes sur la seule réalité du travail. Faire droit à la discontinuité est une revendication plus large (en France, l’exemple des scolarisés et des retraités), capable d’élargir ou d’alimenter les conflits.
- Synthèse/Conclusion : quelles stratégies ?
. nécessité des actions concrètes, diffusion de l’info (création d’un réseau, via listes et sites)
. retour sur la question insistante du rapport aux syndicats (dans un pays où le système de protection sociale reste encore un des plus forts d’Europe) :
- ne plus se rythmer sur l’activité des syndicats qui prennent de toute façon leurs décisions avec le gouvernement dans notre dos.
- Les syndicats disent : « Contre le travail précaire. » Mais que signifient pour des travailleurs précaires le droit de protester contre un licenciement ou même le droit de grève ? Nécessité de l’auto-organisation. Il faut dire : « nous sommes des précaires » et s’organiser à partir de là.
- Doit-on partir de l’Etat-Providence ou de nos propres forces ? Il faut partir du principe que l’Etat maintienne un filet de sécurité, mais la question qui importe c’est ce que nous pouvons faire nous-mêmes.
(pour les autres ateliers qui se tenaient en même temps, voire le site du Precairforum où ils devraient normalement mettre en ligne les interv en format texte ou en fichiers son… <
http://www.precairforum.nl >)
19 : 00 – 20 : 30 Présentation + visionnage du nouveau DVD-zine Precarity par P2P Fightsharing (Rome, Italie).