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Les affrontements avaient commencés tôt le matin, vers 7 heures, quand 8 fleuristes de Texcoco, situé à quelques kilomètres de San Salvador Atenco, s’installèrent sur la place du centre-ville alors que les autorités municipales avaient pris la décision d’interdire aux fleuristes de vendre leurs fleurs, et ce, depuis le 11 avril. Selon le président municipal (appartenant au PRD, Parti de la Révolution Démocratique, soi-disant de gauche), il s’agissait de les « rediriger vers un lieu plus commode ». Mais, pendant qu’il est entrain d’expulser les commerçants du centre-ville vers « un lieu plus commode », il donnait un espace privilégié à un Wall-Mart (plus grande entreprise de supermarché au monde, états-unienne) qui va détruire la vie des petits commerces, en vendant tout ce que vendent ces commerçants locaux, mais moins cher (et de moins bonne qualité). Lorsque la police municipale décide, le mercredi 3 mai, d’expulser les fleuristes de leur lieu de travail, ceux-là se trouvent en compagnie d’un groupe de personnes appartenant au FPDT (Le FPDT est une organisation adhérente à la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone et à la Otra campaña, initiative civil et pacifique de l’EZLN au niveau national). Commence alors un affrontement entre la quarantaine de manifestants et la police. Vers 8 h 30 la police fait reculer les fleuristes, accompagnés du groupe de « macheteros » (ceux qui portent la machette), qui se réfugient dans une maison, non loin du centre.
A partir de là, les autorités exigent, sans jamais vouloir négocier, que les fleuristes se rendent et renoncent à vendre leurs produits sur la place du centre. Vers 17 h 30, la police, après avoir littéralement bombardé, à coup de gaz lacrymogènes, les assiégés qui se trouvaient dans une maison dans le centre de Texcoco, commence à sortir un par un les occupants, n’hésitant pas à frapper durement (certains sortiront quasi-inconscient). Parmi eux, Ignacio Del Valle, considérés par les autorités, comme le leader du FPDT. Un peu avant cela, dans l’après-midi, Ignacio Del Valle avait appelé des habitants de San Salvador Atenco à venir à Texcoco pour les aider. Ce qu’ils firent.
En effet, plusieurs milliers de personnes vinrent pour couper les routes menant à Texcoco afin d’empêcher les policiers de l’Etat d’arriver à Texcoco. De là commencèrent les affrontements violents entre la police (celle de Texcoco, de l’Etat de Mexico et bientôt la PFP, Police fédéral préventive, police nationale) et membres et sympathisants du FPDT. Les premiers essayant d’ouvrir les routes en attaquant, avec matraques et gaz lacrymogènes, et les seconds stoppant les premiers avec des pierres, des bâtons, leurs machettes et des cocktails Molotov. Ces affrontements durèrent du début de l’après-midi jusqu’à 21-22 heures, lorsque les habitants de San Salvador Atenco se retirèrent à Atenco alors que la police décidait de rester à quelques kilomètres d’Atenco, préparant l’attaque du lendemain.
A la fin de la journée la police comptait une trentaine de blessés, dont quelques-uns gravement et 11 personnes retenues à Atenco. De l’autre côté, on comptait de nombreux blessés (il est toujours impossible de savoir combien), une centaine de personnes détenues et un mort de 14 ans tué par l’éclatement d’une grenade lacrymogène tirée par la police. Le gouverneur de l’Etat du Mexique arriva alors pour dénoncer « ces délinquants qui dépassent l’Etat de droit en utilisant la violence » et les médias passaient en boucle, des images d’un policier frappé par un groupe de manifestants. Ils ne mentionnaient, alors, la mort du jeune manifestant que dans le but d’accuser Ignacio Del Valle de cette mort (à l’aide d’un témoignage du père de l’adolescent qui accuse le leader du FPDT de la mort de son fils).
Le jour suivant les affrontements, à peu près 3 000 policiers, municipaux, de l’Etat et fédéraux, investirent les rues de San Salvador Atenco pour effectuer une razzia des membres du FPDT et de ceux et celles qui le soutiennent et récupérer les 11 policiers retenus à Atenco. Une centaine de personnes furent prises durant cette matinée. Parmi eux des personnes âgées pouvant à peine se déplacer, des enfants, des femmes, des hommes, sans aucun ordre d’appréhension, dont certains furent frappés très durement, malgré leurs volontés de ne pas opposer de résistance. On compte une centaine de personnes détenues, en plus, de ceux et celles d’hier, ce qui amène le tout à près de 200. Les policiers retenus furent presque tous relâchés avant ou pendant l’arrivée des policiers et mis à part deux ou trois amenés à l’hôpital, les autres retrouvèrent la liberté sans blessures.
Hier, 4 mai, s’est donc effectuée une journée de protestation contre les violences policières qu’ont subies les habitants de San Salvador Atenco, dans, au moins, 25 villes du Mexique. Quant à l’EZLN, elle s’est déclarée en alerte rouge, suite à ces événements et a, par conséquent, fermé les caracoles (lieu ouvert faisant le lien entre les bases d’appuis de l’EZLN et la société civile nationale et internationale). De plus, le lieutenant-colonel Moises de l’EZLN a appelé les adhérents et adhérentes à la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone du monde entier, à réaliser des actions contre les ambassades mexicaines pour montrer leurs oppositions à la répression de l’Etat mexicain.
Au Mexique se poursuivent les actions en soutien à toutes les victimes des violences policières de ces deux derniers jours, et en soutien à la lutte que mènent les habitants d’Atenco. Au Chiapas, l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) se déclare en alerte rouge. Le Délégué Zéro (subcomandante Marcos) a lancé un appel à l’Autre Campagne pour mener des actions urgentes, civiles et pacifiques, à l’intérieur et à l’extérieur du Mexique pour exiger la libération immédiate des détenus et le retrait total des forces policières qui envahissent les terres d’Atenco.
Libération immédiate de tous les détenus !
Retrait total de toutes les forces de répression d’Atenco et de Texcoco !
Aujourd’hui nous sommes tous Atenco !
On peut aussi écrire à l’ambassade :
AMBASSADE DU MEXIQUE en France
9, rue de Longchamp – 75116 Paris
Téléphone : 01 53 70 27 70
Fax : 01 47 55 65 29
embfrancia@sre.gob.mx