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Lu sur Monde nouveau : "Répression de l’anarchisme en Russie soviétique fut écrit en 1922 et publié l’année suivante par le « groupe des anarchistes russes exilés en Allemagne » constitué de rescapés du système policier soviétique. C’est un avertissement au mouvement ouvrier occidental, pour l’informer de la tournure contre-révolutionnaire que prenaient les événements dans la Russie soviétique.
L’ouvrage est composé de deux parties. La première traite de la répression farouche dont furent victimes les militants anarchistes russes dès les premiers mois suivant octobre 1917. La seconde partie est constituée d’une liste – non exhaustive – de 178 noms de militants anarchistes tués, emprisonnés ou expulsés par le régime bolchévique. La version française contient en plus les noms de trois militants français, également victimes de cette répression pour n’avoir pas relayé le discours officiel des autorités et dénoncé les attaques contre les anarchistes : Raymond Lefèvre, Vergeat, Lepetit.
L’examen attentif de la liste de noms est extrêmement instructif car elle révèle que la plupart des hommes et des femmes qui sont mentionnés sont des révolutionnaires de longue date, certains ayant même participé à la révolution de 1905 ; et que la plus grande partie d’entre eux sont des ouvriers ou employés modestes.
L’introduction d’André Colomer est directement adressée à ceux des militants syndicalistes révolutionnaires français qui viennent de soutenir l’adhésion de la CGTU à l’Internationale syndicale rouge :
« Cet ouvrage a été dédié aux ouvriers révolutionnaires français dont l’organisation syndicale – la CGTU – vient, par son adhésion à l’Internationale syndicale rouge, de se mettre sous la tutelle du gouvernement bolcheviste. Nos camarades qui ont encore, au dire de Trotsky et de Zinoviev, tant de préjugés fédéralistes et autonomistes, verront, à la lecture de ces pages, le sort qui leur sera réservé quand ils prétendront s’occuper eux-mêmes de l’organisation du travail, au lendemain de la prise du pouvoir par les “Communistes”. »
Berlin était alors une plaque tournante pour tous ceux qui allaient en Russie ou en revenaient. De nombreux militants syndicalistes révolutionnaires et anarcho-syndicalistes s’y rencontrèrent pour la première fois : en 1920 Augustin Souchy y rencontra Rudolf Rocker et Fritz Kater. Borghi et Pestaña s’étaient arrêtés à Berlin lors de leur retour et rencontrèrent les principaux dirigeants syndicalistes révolutionnaires allemands. Gaston Leval également avait fait une pause à Berlin. La plupart des militants russes qui réussissaient à s’échapper ou qui étaient expulsés se retrouvaient inévitablement à Berlin. Il n’est donc pas étonnant que d’intenses débats aient eu lieu dans la capitale allemande.
Si jusqu’à la fin de la guerre civile presque rien ne filtrait de Russie, le séjour qu’y firent de nombreux délégués politiques et syndicaux venus assister au 2e congrès du Komintern et aux travaux préparatoires du congrès de l’Internationale syndicale rouge permit à ceux qui ne restaient pas aveuglés de connaître la nature réelle du régime. Il n’est plus possible d’affirmer qu’« on ne savait pas ».
Ceux des militants syndicalistes révolutionnaires qui continuèrent à apporter leur soutien aux dirigeants communistes russes ne pouvaient simplement pas ignorer que ces derniers avaient étouffé toute voix indépendante dans le pays, détruit toute institution autonome du prolétariat, réduit les soviets à des chambres d’enregistrement des décisions de ceux qui avaient accaparé le pouvoir, emprisonné et massacré des centaines de milliers de militants et de travailleurs, imposé à toute la société un régime de terreur jusqu’alors totalement inédit. Les militants ouvriers qui soutenaient ce régime, ceux des militants syndicalistes révolutionnaires qui lui apportèrent leur caution ne pouvaient pas ignorer qu’ils soutenaient des assassins de masse.