Religion et répression aux Etats-Unis (V)1 : Décadence et régression
--> par Dr Richard L. Greeman, PhD.2
Mes amis européens sont ahuris par l’hystérie religieuse réactionnaire qui semble englober les Etats-Unis. Comment leur expliquer cette chute dans la décadence et la régression de la société américaine, naguère considérée comme un modèle démocratique et progressiste à suivre ? En effet, au 18e siècle libéral, les capitalistes américains se battaient pour la rationalité, la tolérance et la science contre la superstition et le despotisme. Et voilà qu’au 21e siècle néo-libéral les capitalistes américains combattent la rationalité, la tolérance et la science et prônent la superstition et le despotisme. Si les chefs de l’empire américain se comportent plutôt comme des Néron ou des Caligula que comme des Wilson ou des Roosevelt, c’est que cet empire – triomphant en 1945 -- est déjà décadent. En fait, la société américaine a toujours été tiraillée entre ses traditions démocratiques-progressistes et la culture décadente, violente et réactionnaire du Sud esclavagiste. Les majorités électorales du Parti démocrate progressiste de Wilson et de Roosevelt se basait sur une alliance instable entre les travailleurs immigrés et petits-bourgeois éclairés des villes du Nord et les ‘Dixie-crates’ ségrégationnistes des états du Sud apartheid où seuls les blancs pouvaient voter et où les Démocrates régnaient en parti unique au niveau local.
Mais tout a basculé en 1968 avec la révolte des Noirs et le soutien donné par le Président démocrate Johnson à la cause de l’égalité légale entre les races. Par réaction, les ‘Dixie-crates’ sont passés au Parti républicain conservateur, pour donner les votes du Sud et donc la Présidence au réactionnaire Nixon. Cette nouvelle droite domine la scène politique américaine. Nixon, puis Reagan, ont mené une contre-révolution culturelle contre les acquis des années ‘60 (droit à l’IVG, liberté sexuelle, anti-racisme), croisade dont Bush est le nouveau chevalier chrétien. D’ailleurs, les deux Présidents démocrates, Carter et Clinton (tous les deux anciens gouverneurs des états du Sud) sont restés dans cette ‘ligne’ néo-libéral et belliciste, malgré quelques belles paroles sur les ‘droits humains.’ C’est Clinton de l’Arkansas qui, avec les bombardements en Afghanistan et au Soudan, annonce la nouvelle doctrine de l’unilatéralisme militaire américain que Bush du Texas a reprise pour justifier sa guerre en Irak.
Depuis 2004, avec sa première véritable victoire électorale, la coalition réactionnaire de Bush se trouve en possession de tout le pouvoir et ne se gêne plus pour modérer ses origines sudistes décadentes ni son hallucinante vision régressive du monde. Mais ce n’est pas la seule Amérique. Il y en a une autre, celle-ci saine, démocratique, idéaliste et tolérante, pour qui la religion et la moralité sont des affaires privées et les droits de l’individu sacrés. Ce sont les quatre Américain/es sur cinq qui ont défendu contre une campagne de propagande religieuse et étatique hautement médiatisée, le droit de mourir de la pauvre Terri Schiavo, qui ont dit au sondage de CBS qu’ils croyaient que les Républicains voulaient ‘profiter’ de cette tragédie pour des raisons ‘opportunistes.’3
Pour le moment cette Amérique-là est sur la défensive. Depuis sa mince défaite électorale de 2004, elle se trouve trahie par le Parti démocrate converti à la prière et privée d’accès au média. Cette Amérique profonde regarde ahurie le déferlement médiatisé d’une vague de psychose religieuse d’extrême droite. Pour le moment, elle recule sous les coups, cherche des repères. En attendant, l’éléphant de la guerre d’Irak continue à empester dans le salon. Actuellement, ce sont de courageux soldats dissidents et les familles de militaires qui prennent le devant de la scène pour dénoncer cette salle guerre qui pue.4 Personne ne peut contester leur patriotisme. Derrière eux, le mouvement anti-guerre américain se regroupe. Aux années ’60 il a fini par diviser l’opinion, provoquer la crise du régime et forcer la retraite des troupes états-uniennes du Vietnam. Et voilà l’empire de Bush enlisé pour longtemps en Irak. Le dernier mot n’est pas dit.
1- Cinquième d’une série de six
articles
2- Universitaire américain, ancien
psychothérapeute
Contact : rgreeman@laposte.net
Site : www.richardgreeman.org
|
Anonyme
|
L'histoire n'évolue pas linéairement mais cycliquement. Je m'explique, l'évolution fait place à la contrévolution qui fait place à la révolution qui fait place à la contre-révolution .... .Donc ont peut espéer un retour de manivelle allant dans notre sens une fois que les pti yankis auront compris leurs bêtises. En espérant que la pièce tombe vite, car si ca continue comme ca on est mal bar. Ces zouaves là sont quand même la premère puissance militaire du world.
Que peut on faire à notre niveau? Si ce n'est continuer à boycotter le made in usa tout azimuts et à soutenir de notre mieux les mouvements libertaires américains.
PS: Si ca ne marche pas ont peut organiser une bigi descente chez le gros con ...
Répondre à ce commentaire
|
à 01:07