Régimes spéciaux de retraîte : le point de vue de la FA
Dans son entreprise de destruction des acquis de la classe ouvrière, le système capitaliste mandate une fois de plus l’Etat pour mener une nouvelle offensive : l’annonce par le premier ministre Fillon d’une « réforme » des régimes spéciaux de retraite constitue une étape décisive dans la marche vers la création d’un esclavage moderne.
Précédée par les ordonnances Balladur d’août 1993, qui portaient à 40 ans la durée de cotisation dans le secteur privé, et par la loi de 2003 du même Fillon, qui prévoyait l’alignement du public sur le privé et l’allongement progressif à 41, 42 annuités, cette mesure serait prise par souci « d’équité » !
On mesure aujourd’hui la portée de l’attitude des centrales syndicales qui ,en mai 2003, ont tout fait pour enrayer l’organisation de la lutte par les travailleurs eux-mêmes. A l’époque, en échange de la trahison de la CFDT, de l’attitude « responsable » de la CGT, de l’appel trop tardif de FO à la grève générale, promesse avait été faite de ne pas s’attaquer aux régimes spéciaux, ce sont les mêmes aujourd’hui qui donnent le change en évoquant une rude confrontation, qu’elles s’évertueront encore à empêcher…
En pleine décomposition politique, le Parti Socialiste prouve une nouvelle fois, s’il en était besoin, qu’entre le gouvernement et lui, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette : le « rénovateur » Manuel Valls applaudit à tout rompre et se fait le porte-parole officieux d’un appareil politique qui n’en pense pas moins, puisqu’il aurait agi de même s’il avait été au pouvoir.
Pour la Fédération Anarchiste, il est hors de question de laisser la classe des possédants pressurer la travailleurs, leur faire perdre leur vie à la gagner ; il est hors de question de voir se généraliser le cas de ces femmes et de ces hommes usés par des tâches dégradantes qui ne survivent que deux ou trois ans à leur départ en retraite ; il est hors de question de voir les rues se remplir de retraités pauvres, sans logis et sans accès à la santé, tant il est vrai que la destruction des retraites trouve son corollaire dans celle de la Sécurité Sociale.
Les retraites n’appartiennent qu’à ceux qui produisent les richesses ; pour la Fédération Anarchiste, si les régimes spéciaux doivent aujourd’hui être défendus, c’est parce qu’ils sont plus conformes aux intérêts de la classe ouvrière que le nouveau projet du pouvoir…Qu’un hobereau dont la tradition familiale était de tuer les paysans à la tâche trouve « indigne » de partir en retraite à 55 ans, alors qu’il fait payer ses vacances par ceux dont il défend les privilèges, et qu’il recevra une confortable pension à vie après son mandat électif relève de la provocation, et doit recevoir une réponse proportionnée.
La Fédération Anarchiste appelle donc les travailleurs de la SNCF, de la RATP , d’EDF, de GDF, mais aussi tous les salariés du public et du privé, ainsi que les jeunes et les précaires que l’allongement de carrière de ceux qui ont un emploi condamne à une vie indigne, à organiser la grève sur des principes autogestionnaires, et à ne pas arrêter le mouvement sous la pression des hiérarchies syndicales réformistes ; elle appelle à prendre le contrôle de l’outil de travail, et à ne pas le rendre.
Fédération Anarchiste.