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La seule menace réelle dont ils disposent pour toutes les fois où ils s'assoient à une table de négociations (mais ne craignez rien : comme chacun sait, une menace n'est une force qu'à condition de ne pas la réaliser).
Bref, ça devrait pouvoir s'arranger.
Dans cette situation, les syndicats ne s'intéressent vraiment qu'aux salariés dont l'activité ne cesse ni le dimanche, ni le jour ni la nuit.
Les techniciens indispensables : quand ceux-là s'arrêtent, tout s'arrête.
Or, voyez comme ça se trouve, le Prézydent Sarkozy ne prévoit pas de s'attaquer aux emplois « pénibles », c'est-à-dire ceux où l'on travaille parfois le w-e (que les femmes de ménage ne commencent pas à rêver, il ne s'agit pas d'elles), ou la nuit (que les ouvriers aux trois-huit n'extrapolent pas, on ne parle pas d'eux) :
"La vérité, c’est qu’il existe des régimes spéciaux de retraites qui ne correspondent pas à des métiers pénibles et qu’il existe des métiers pénibles qui ne correspondent pas à un régime spécial de retraite" .
Voilà ce qu'il nous dit, le Prézydent.
Il nous prépare une grosse poignée de régimes spéciaux bien enfermés dans la forteresse de leur pénibilté, et surtout qu'ils n'en sortent plus, on n'a pas que ça à faire, passons aux choses sérieuses...
Le gouvernement entend réduire et cantonner les régimes spéciaux afin de tranquillement ré-attaquer par la suite le régime général des retraites (ne comptez pas à ce moment-là sur les mécaniciens du rail pour s'associer aux grèves, ça ne les concernera pas).
Les syndicats considèrent que c'est à peine leur affaire, mais plutôt celle des partis politiques, qui apparemment sont à peu près tous d'accord, et de toutes façons ne parlez pas aux confédérations de grève générale, ça leur fait faire des cauchemards.
Du moment qu'on leur garantit les noyaux de pouvoir qui les font participer à l'Etat (en qualité de DRH officieuse), il n'y a pas de problème.
Les discussions à venir porteront sur un échange mutuel de légitimité.
L'Etat aura celle de casser les retraites, après concertation; et les syndicats obtiendront que ce bel ouvrage ne se fasse pas sans eux.
Un consensus est prévisible, que Manuel Valls nous décrit à l'avance.
Il pourra ainsi chanter au PS qu'il a eu raison avant tout le monde.
Quoique.
Il risque d'avoir du mal à s'extirper, dans ce panier de crabes.
Déjà Arnaud Montebourg, qui a senti le danger, essaie de le doubler, en précisant les détails :
une « réforme des régimes spéciaux » en échange de « droits nouveaux ».
Et tous les autres s'y mettent, Hollande, Hamon, Delanoe, Ayrault...
Une vraie meute.
Ecoute, Manuel, on te souhaite quand même bonne chance.
Nous, on n'oublie pas que t'étais le premier.
Vous voulez un petit épilogue? (je n'ai pas le temps d'en faire un grand, on m'attend à la Féria de Nîmes, celle des Vendanges).
Le nombre des retraités augmente :
selon l'INSEE
Le nombre de retraités a fortement augmenté depuis 1983 (5,3 millions) pour atteindre les 10 millions en 2002. Ils sont près de 11 millions en 2005. Le nombre de cotisants est, lui, resté relativement stable entre 1975 et 1988 (autour de 13 millions) puis a augmenté pour atteindre les 14 millions en 1996. Leur nombre s'est ensuite accéléré jusqu'en 2002 (16,5 millions). En 2005, ils sont 16,6 millions soit 1,55 cotisant pour un retraité. Ce rapport est inférieur à 1,65 depuis 1994 alors qu'il y avait, pour un retraité, deux cotisants en 1987 et trois en 1976.
Est-ce que ça pose un problème financier?
En 2004, les dépenses de pensions représentent 12,3 % du PIB dans l'ensemble de l'Union européenne à 25. Leur poids est relativement élevé en Italie (14,7 %) et en Autriche, il est en revanche plus faible en Estonie et surtout en Irlande (4,1 %). Le poids des dépenses de pensions dans le PIB, en France, a peu évolué depuis dix ans (13,1 % en 2004 après 13,2 % en 1994). Il a surtout augmenté au Portugal (+2,5 points en dix ans) alors qu'il est en repli en Finlande (-2,2 points) et au Luxembourg (-2,2 points).
Oui, d'accord, mais dans 20 ans?
Selon l'Observatoire des Retraites (organisme gouvernemental lui aussi) :
Le conseil d’orientation des retraites (COR) évalue entre 1,6% et 1,8% du produit intérieur brut le besoin de financement annuel qu'il faudra consentir, dans vingt ans, pour équilibrer le système de retraite.
Ce qui va pas pisser bien loin.
Vous me direz que les retraites sont payées par les actifs, et que ça augmente d'autant le prix du travail. Pas de bol :
la part des salaires au sens large (salaires directs et cotisations sociales) dans le revenu national a baissé de 10 % en 20 ans
Mais apparemment les syndicats et le PS craignent que la part des salaires ne baisse pas suffisemment vite dans ce pays, si on fout la paix aux retraites.
Vous voulez que je vous dise?
Méfiez-vous de ces gens-là.
C'est des cons.
okounine