Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

QU’EST-CE QUE LE « MOUVEMENT SOCIAL » ? (1/1)
--> Matière à réflexion
C’est un terme commode qui permet de nommer une réalité qui elle n’est pas commode à définir et à délimiter.
L’exercice de définition est aujourd’hui indispensable car, dépend de lui, les concepts et catégories qui seront les instruments de la stratégie politique et sociale à mettre en place pour le changement et les instruments de l’analyse pour éviter les erreurs. 

 Son utilisation abusive et souvent inconsidérée permet à tout un chacun, et plus particulièrement aux organisations de la « Gauche » de dire tout et n’importe quoi et surtout de faire l’économie d’une analyse politique sérieuse.

 GRANDEUR ET DECADENCE DE LA CLASSE OUVRIERE

Il fut une époque, pas si lointaine, où le terme « mouvement social » aurait été incongru, voire insultant. C’était l’époque où l’on ne jurait, certains continuent, que par la « classe ouvrière » et sa mission quasiment messianique de libération de l’humanité de l’oppression.

La référence théorique que nous avions toutes et tous et qui s’exprimait en terme de « classe » était bien commode et nous renvoyait à des analyses simples et rigoureuses dans lesquelles les concepts avaient des contenus précis et les options stratégiques étaient toutes tracées.

Le développement du système marchand, et en particulier dans les pays dits « développés » a eu raison de ces concepts et de ces stratégies.

 La classe ouvrière, tout en demeurant exploitée par le système du salariat, n’en a pas moins tiré une série d’avantages substantiels, les « acquis sociaux », qui lui ont fait abandonner son projet de renversement du système : dans aucun pays développé le système ne s’est effondré.

 Les « acquis sociaux » sont aujourd’hui devenus un enjeux d’une catégorie beaucoup plus vaste que ce qu’était la « classe ouvrière », le problème c’est que ces nouvelles catégories sociales n’ont pas/plus l’impact et l’expérience de la classe ouvrière traditionnelle et faire une référence mythique plus ou moins naïve, à cette classe, n’y suffit pas.

La classe ouvrière « industrielle », car c’est d’elle dont il s’agit, est une catégorie sociale qui correspond à un stade particulier du développement du système marchand.

Quelles sont les caractéristiques de ce stade de développement ?

 

- un système en pleine industrialisation,

- un système ayant un énorme besoin de force de travail,

- un système marchand se développant dans quelques « états-nations » concurrents et constituant l’essentiel de l’économie mondiale.

Cette situation induit une conséquence très particulière que l’on ne retrouve plus aujourd’hui : la classe ouvrière est au cœur stratégique du développement du système  et donc l’Etat national, garant du développement national du système doit composer avec elle.

C’est cette situation qui a fait dire aux théoriciens de la « rupture » que cette classe en constituait l’élément moteur.

L’observation était convaincante, mais hélas fausse. Pourquoi ? Deux raisons essentielles :

 

- le système marchand, contrairement aux prévisions, a voulu (tactiquement), et pu (stratégiquement), améliorer la condition ouvrière au point de désamorcer tout processus révolutionnaire ;

- la mondialisation du capital a relativisé le poids politique de cette classe.

Dès lors, et, on peut aujourd’hui l’affirmer, très tôt dans le 20e siècle, les plans théoriques de renversement du système marchand étaient obsolètes… toutes les tentatives ont fini par des échecs, même les soit disant « succès » en fait tout à fait temporaires.

PERSISTANCE ET DEVELOPPEMENT DU SALARIAT

Ce reflux, compensé par la technique et la prolétarisation de nouveaux pays, et donc cette relativisation, de la classe ouvrière industrielle, dans les pays développés, ceux-là même dans lesquels devait se faire la révolution, n’est pas synonyme d’un recul du salariat… au contraire.  Le développement du capital, dont le salariat est le rapport social dominant n’a fait que développer ce dernier en lui faisant conquérir, et en développant des secteurs jusqu’à lors plus ou moins à l’abri : agriculture, services, professions libérales,….

On en arrive ainsi à une situation qui peut paraître paradoxale et source de tragiques confusions : un recul de la classe ouvrière et une généralisation du salariat. En l’absence d’une analyse sérieuse du phénomène, toutes les dérives sont possibles et elles ne manquent pas.

Confondre classe ouvrière et salariés serait donc une erreur. Erreur « sociologique », mais surtout erreur politique, car, vouloir transposer mécaniquement le « schéma théorique insurrectionnel classique de la révolte ouvrière » à l’ensemble des salariés aujourd’hui n’est pas très sérieux… Pourtant certaines organisations, par manque total d’analyse, n’hésitent pas à maintenir plus ou moins, dans leur discours du moins, cette fiction, tout en n’ayant comme action politique que la pratique électorale (des noms ?).

La disparition de l’image traditionnelle de la classe ouvrière industrielle n’a rien à voir avec une éventuelle modification du rapport salarial. Il est vrai que la « classe ouvrière » était devenu à ce point mythique que les références qui lui étaient faites ont peu à peu fait perdre le sens et n’en ont plus du tout aujourd’hui.

C’est une réalité cruelle pour celles et ceux, et ils/elles sont nombreux/ses, qui, presque religieusement ne s’en réfèrent qu’au textes sacrés de la « liturgie » socialiste.

Peut-on pour autant parler de « disparition de la classe ouvrière » ?

Formellement non. Il existe, même dans les anciens pays industriels, berceau du capitalisme, des « secteurs ouvriers », mais ceux-ci ne jouent plus le rôle économique et stratégiquement politique que pouvait jouer la « classe ouvrière » de l’ère industrielle. Ces secteurs n’ont plus qu’une importance économique relative et peuvent, ce qu’ils sont régulièrement, liquidés par des transferts de secteurs industriels dans le cadre de la mondialisation. Cette situation modifie même, ce que ne comprennent, ou ne veulent pas comprendre, les syndicats, les conditions de mobilisation et de luttes.

Il y a eu incontestablement une « perte de pouvoir stratégique » de la classe ouvrière au cours des dernières décennies, et cette perte a porté irrémédiablement atteinte à cette référence autrefois incontournable. Durant le 19e siècle et le 20e jusqu’au année 80, on peut parler de véritable force de frappe sociale de cette classe : elle impose, par la force de ses manifestations et de ses actions, des réformes et des acquis incontestables. Elle a été la référence dans la dynamique des luttes sociales… elle ne l’est plus, sinon pour l’Histoire.

DE LA CLASSE OUVRIERE AU « MOUVEMENT SOCIAL »

Le développement du système marchand a donc profondément changé la donne sociologique et politique des classes sociales. Il n’en demeure pas moins que ce système demeure et est fondée sur le rapport social qu’il a instauré à son origine et qui, sur le principe, reste inchangé, le salariat.

La déliquescence stratégique de la classe ouvrière, n’a cependant pas éliminé le conflit inhérent à ce rapport social. La situation s’est même aggravée avec le processus de mondialisation du capital qui remet en question les conquêtes sociales à mettre à l’actif des luttes ouvrières passées. Le problème c’est que cette « classe ouvrière » qui avait arraché ces conquêtes, n’existe plus, en tant que telle, pour les défendre.

Ceci explique la véritable débandade politique et sociale des salariés face aux prétentions du Capital qui entend revenir, et qui revient, sur tous ces acquis, les liquidant les uns après les autres sans que les salariés trouvent la parade.

Ce que nous appelons le « mouvement social » est cette masse disparate de salarié-e-s, dispersés, éclatés, en de multiples corps, professions, statuts, aux intérêts sectoriels hétérogènes, défendus par des syndicats boutiquiers, dépassés et incompétents qui en rajoutent dans la confusion. Masse disparate mais qui prend conscience que les « acquis sociaux » dont elle bénéficie sont peu à peu sacrifiés sur l’autel de la compétitivité et de la rentabilité.

Les gestionnaires, de gauche comme de droite, du Capital s’en donnent à cœur joie de diviser, segmenter, opposer, les différentes parties d’un mouvement qui n’arrive à trouver aucune stratégie pour conserver ses « acquis sociaux » et encore moins de penser une alternative à ce système.

Mais, vouloir faire jouer au « mouvement social » le rôle qu’a pu, ou aurait pu jouer, sans aller jusqu’au bout, la classe ouvrière, est tout simplement absurde. C’est d’une part ne tirer aucune leçon de l’Histoire et d’autre part ne pas comprendre comment se joue le « changement ».

Le « mouvement social » est une des expressions même des contradictions du système marchand, mais ce statut ne dit pas comment peut-il développer une stratégie de changement, c’est d’ailleurs son principal problème aujourd’hui. Le passif des erreurs et impuissances politiques passées pèse sur lui. Comment peut-il les dépasser ?

  Patrick MIGNARD

voir aussi :

« LE TROISIEME AGE DU SYNDICALISME »

 « LE TRAVAIL EN QUESTION (1) (2) (3) (4) »

Ecrit par PatrickMignard, à 23:01 dans la rubrique "Pour comprendre".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom