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L'En Dehors


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Poutine et Nicolas Bientôt Sur Tatami
Le samedi, parfois, j'achète le Figaro.
Ce n'est pas pour le lire (le week-end on n'a pas le temps).
Ni pour le programme télé (il n'y a pas de télé chez moi).
Pas plus pour le Fig Mag, qui renseigne si précisément sur le prix des chasses en Sologne et des villas sur la Côte (mon banquier me hait)
Ou le Figaro Madame (je n'ai pas de madame)
Mais parce que dans chacun de ces trois suppléments, il y a un Laclos.
Or rien ne vaut un mots croisés de Michel Laclos pour attaquer la sieste, le dimanche.

Samedi dernier, donc, j'achète le Figaro et (oh! surprise!), je m'aperçois qu'il contient une interview de Vladimir Poutine.
En fait, Vladimir Poutine m'intrigue.
C'est l'une des rares personnes capables d'intensément troubler Nicolas Sarkozy.
Ce qui n'est pas sans m'inquiéter.
Vous vous rappelez sans doute leur première entrevue, dont Nicolas était sorti ivre (et peut-être n'était-ce pas de vodka mais simplement d'émotion).
Ou bien encore la première visite officielle du Prézydent à Moscou.
Lors de la conférence de presse commune, notre cher petit, qui soulignait l'identité de vues entre Vladimir et lui sur des questions essentielles (Nicolas est comme ça, il adore faire croire qu'il peut convaincre tout le monde très vite), avait été sèchement contredit par le président russe.

Bref, dès qu'il est question de Poutine, je m'angoisse un peu.
Je me demande quelle nouvelle vacherie il va encore trouver pour ridiculiser Nicolas.

Et bien, ça n'a pas raté.
Je vous passe l'interview elle-même.
(Une collection d'inconcevabilités)
On aurait dit que Vladimir n'était pas au courant des affaires du monde.

Je vous donne un exemple, celui des observateurs européens qui vont remplacer les troupes russes en Géorgie.
Nous sommes, en France, parfaitement informés de cette question.
C'est d'ailleurs la suite logique des performances de Nicolas Sarkozy, lorsque, à lui tout seul, il a fait reculer les colonnes de chars roulant vers Tbilissi.
On les a vus, piteux, regagner leur tannière, au-delà du Caucase.
Non sans mal.
Car le Russe est têtu.
Il mettait à obtempérer beaucoup de mauvaise volonté.
Il a fallu que Nicolas insiste lourdement.
D''ailleurs il insiste encore
(il manque quelques détails à régler, mais ça viendra).
D'où la question du journaliste :

Pourquoi refusez-vous que les observateurs supplémentaires, qui vont être envoyés en Géorgie, puissent opérer en Ossétie du Sud et en Abkhazie ?
réponse de Vladimir :
"L'Ossétie du Sud et l'Abkhazie sont maintenant des États souverains. Il faut simplement que les gouvernements de ces deux pays donnent leur accord à la présence d'observateurs internationaux sur leur territoire."

Alors qu'on ne peut rien demander à l'Abkhazie ni à l'Ossétie du Sud, ce serait reconnaître ces états!
Et, par la même occasion la défaite géorgienne
(que Nicolas, grâce à ses talents diplomatiques, a précisément empêchée)
Si c'est pas là, de la part de Poutine, une franche volonté de nuire?
Et une méconnaissance ahurissante de la réalité des faits?
(On a l'impression parfois que Vladimir Poutine ignore tout de la défaite diplomatique de la Russie dans l'affaire du Caucase.
et que son pays s'est finalement incliné devant la puissance de conviction de Nicolas Sarkozy).

Bref, je vous passe les divagations de ce slave malfaisant, et j'en arrive de suite au sujet qui fâche.
A un moment donné, le journaliste
(il s'agit d'Etienne Mougeotte, excellent autrefois chez Bouygues et aujourd'hui toujours le même, mais chez Dassault),
lui pose la question brûlante, celle qui est au coeur du problème :

Vous saluez le grand rôle joué par Nicolas Sarkozy dans les négociations.
Plus généralement, où en sont vos relations ?
Et c'est là que Poutine donne toute la mesure de son immense perfidie :
"Nous nous confions davantage l'un à l'autre. Et, je vais vous faire une confidence, comme il s'intéresse aux arts martiaux, nous avons décidé de faire un entraînement ensemble."

Vous avez bien lu.
Il a osé.
Pas un mot, vous l'avez remarqué, sur le rôle primordial du Prézydent dans cette crise.
Alors qu'on le lui demande, pourtant.
Il évacue la question.
(Un peu comme si Nicolas comptait pour du beurre.)
Mais en revanche, cette flèche du Parthe : "s'entraîner ensemble" au close-combat.
(Au sambo, plus précisément.
C'est la spécialité de Vladimir Poutine, plusieurs fois champion de Léningrad dans cette discipline.)
On pourrait croire, à première vue, qu'il s'agit là d'une délicate attention.
En effet, Vladimir Poutine est un expert en arts martiaux.
De son côté, le Prézydent est sans cesse agressé par des va-nu-pieds auxquels il ne répond que par des rodomontades (casse-toi, pauv'con..., Viens le dire ici..., etc..) dont personne n'est dupe : il vit entouré de gardes du corps.
Les gens ricanent.
Alors que s'il pouvait, au moindre manque de respect, envoyer un grand coup de latte dans la tronche, ça aurait tout de même une autre gueule.
Il est normal que Nicolas demande au Russe de lui montrer quelques petits trucs.
Mais discrétos.
Entre amis.
Ce n'est pas la peine de le crier sur les toits.
Le Prézydent, d'ailleurs, n'en avait informé personne.
Or voici que Poutine dévoile leur petit secret.
Cela le met dans une situation embarassante.
Humiliante, presque.
Surtout dans le contexte.
Poutine a l'air de dire :
"Moi, je suis fort à la baston.
Nicolas pas trop, mais puisqu'il a confiance, et qu'il veut jouer les cadors, je vais lui montrer comment ça se passe."
Vous parlez d'une réponse à la question sur le grand rôle joué par Nicolas Sarkozy dans les négociations!
Qu'il ne sait pas sait pas y faire mais qu'on va tenter de lui apprendre!
Si ce n'est pas se moquer?

Toute cette interview était tellement odieuse à l'égard de Nicolas que le Figaro n'a pas su trouver un titre.
A la place, il a cité dans le tas une phrase de Poutine, la seule qui ressemblait à un compliment :

«Nicolas Sarkozy a joué
un grand rôle de pacification»

Sur deux lignes dans toute la largeur de la page.
Est-ce que ce fut un choix judicieux?
J'en doute.
N'oublions pas que Vladimir Poutine est un ancien colonel de l'armée soviétique.
Et quand on sait ce que pacification veut dire dans la bouche d'un militaire...
On se demande s'il ne félicite pas Sarkozy d'avoir aidé à restaurer l'ordre russe en Transcaucasie.
A l'insu de son plein gré, bien sûr.
Ecrit par okounine, à 11:18 dans la rubrique "Actualité".



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