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La nature des sentiments
Que ce soit dans les champs immenses de l'agriculture productiviste ou dans les forêts d'exploitation, dans les usines ou au plus profond des mines, la vie palpite au coeur même de l'espace capitaliste. La nature y apparaît comme contrainte de se soumettre et d'apporter tel un tribut sa force de vie, force de travail et de régénération élaborée au fil du temps. La nature y est donc réduite à une somme de possibilités dont se nourrit le capital afin de s'auto-valoriser. La survie de ce dernier repose sur la capacité qu'ont les êtres vivants, dans leur nature, à lui fournir du vivant, de la productivité. Chaque être vivant (hommes, plantes, animaux...) est sommé de contribuer au mécanisme de valorisation qui réclame pour la poursuite de la course folle vers une accumulation sans fin (et sans but !) toujours plus de sacrifices.
Mais qu'est-ce donc en fait que la nature sinon un substrat vivant nécessaire à la valorisation du travail mort ? Ce monde des morts, concrétisé dans les objets-figures du capital (moyens de production, outils de travail, matière première transformée,...) vampirise la vie dans un besoin inextinguible d'auto-accroissement.
La nature, en tant que réserve inépuisable de valorisation, de domination, représente un concept qui ne s'oppose pas à la logique de valorisation du capital, dans la mesure où celle-ci est justement perçue comme étant ce qui « dé-nature », artificialise, soumet à ses lois intangibles, mais matérialise son autre face, son complément indissociable de la même façon que ce qui se produit pour le travail « vivant » (productivité de la vie), vis à vis du travail mort (le Capital) : « Il est donc certes vrai que le capital a mis la main sur la seule source de vie et de productivité, et que grâce à son appropriation du travail vivant, il parvient à donner la vie à ce qui ne l'a pas ou plus : grâce à la « force naturelle vivifiante du travail », les composantes du capital que sont le matériau et l'instrument cessent de n'être que du travail objectivé et ils redeviennent les objets du travail, des moments du travail lui-même, de sorte que le travail déjà objectivé en eux reprend vie. »(1)
Ces deux aspects du travail, faisant de celui-ci une catégorie spécifique au capitalisme en tant que participant nécessairement à la dynamique de cette forme sociale comme rapport entre les individus (et au travers de son abstraction dans le procès de la création de valeur)(2), a son pendant dans la marchandise du fait que celle-ci comporte une valeur d'usage et une valeur d'échange. Mais là aussi, la valeur d'usage de la marchandise ne s'oppose donc pas à la valeur d'échange comme si son aspect utilitaire pouvait réellement s'opposer à la détermination qui permet concrètement à cette marchandise donnée de pouvoir s'échanger, et donc de parvenir jusqu'à l'individu qui en aura l'utilité (réelle ou supposée) de sa possession. La valeur d'usage est l'aspect complémentaire, et indispensable, de la valeur d'échange de la marchandise (dans la superficialité de l'acte d'échange par rapport à sa signification « cachée » comme nous le verrons plus bas) en tant que possibilité pour cette dernière de pouvoir s'accomplir au moment de l'acte d'échange en tant que support de la valeur (d'une quantité de travail abstrait contenu en elle) ; la valeur ne renvoyant pas à la richesse sociale en général, mais étant « une forme historiquement spécifique de richesse intrinsèquement liée à un mode de production historiquement spécifique »(3).
Selon une définition du mot nature (4), elle exprime « l'ensemble de ce qui dans le monde physique, n'apparait pas (encore ?) comme transformé par l'homme » ainsi qu'elle décrit « les caractères fondamentaux qui définissent les êtres ». Nous pouvons dès lors avancer que le concept moderne de nature est propre à exposer une conception de la vie visant à instrumentaliser ses potentialités au travers d'un processus de transcendance (supériorité de la pensée rationnelle). Ce phénomène s'accorde très bien comme nous le verrons plus bas avec la scientificité de toute approche à la vie et de ce que cela implique pour le système productiviste. Pour tous les êtres, humains ou non, qui composent cette nature, c'est bien d'une possibilité de productivité qu'il s'agit afin d'étendre l'emprise du capital à tous les aspects et formes de vie en vue d'alimenter une dynamique d'auto-valorisation. Et cette dynamique passe par la captation de la temporalité inhérente à la croissance et la recherche d'autonomie des êtres vivants afin de constituer un monde structuré par un temps abstrait et une hétéronomie agissant au sein d'une spacialité artificielle. Cette spacialité est celle des marchandises envahissant le monde et les corps séparés de la sensibilité de la vie (l'exemple du sport est sur ce point significatif).
La nature est pour le capital une promesse d'avenir autant qu'une nécessité pour son avenir. La nature est apte à nourrir la rationalité productrice de marchandises à l'issue d'une transformation qui alors l'offre aux rêves les plus fous d'un développement sans limites. Les exemples des OGMs ou des possibilités offertes par le séquencement de l'ADN en fournissent des démonstrations.
Tout comme le travail abstrait domine le marché, la pensée moderne, historiquement déterminée par l'abstraction des rapports sociaux de production capitaliste, domine toute approche à la vie en l'objectivant via le concept de nature, d'une nature qu'il s'avère de plus en plus nécessaire de cadrer, de maitriser afin de s'en séparer d'avantage tout en poursuivant paradoxalement l'illusion de devoir suivre ses lois, en adéquation avec les règles autonomes d'un « Sujet automate » (Karl Marx). L'Esprit se doit-il de se séparer totalement de la Nature ? «La technique triomphante a ainsi réactivé l’ambition métaphysique la plus démesurée, celle qui invitait l’Esprit à en finir avec la Nature. Aujourd’hui l’idéal d’autonomisation de l’Esprit culmine avec le fantasme d’une auto-production qui nous délivrerait de la nécessité de la naissance, par le moyen du clonage ou de l’ectogénèse. Il culmine aussi avec le rêve d’une immortalisation qui, grâce à la cryogénie ou à l’uploading de la conscience, nous débarrasserait de l’inconvénient d’avoir à mourir. Et puis, plus simplement, il culmine avec la conviction que la maladie, cette erreur de la Nature, doit disparaître et que la médecine offrira bientôt les moyens pour l’organisme de s’auto-réparer. La réalisation de l’idéalisme absolu des philosophes est donc à portée de nos possibilités technoscientifiques. Voilà peut-être pourquoi la dénaturalisation entreprise par les Modernes trouve son apogée, aujourd’hui, dans le contre-point des recherches en nanotechnologie, avec le programme de quelques sectes transhumanistes. La mort, la naissance et la maladies sont naturelles. Il faut s’en débarrasser et ouvrir une ère nouvelle ! »(5)
La nature est devenue matière à mathématiser afin de l'appréhender dans un schéma techno-scientifique mu par les besoins présents, mais surtout à venir, du capital. La connaissance scientifique de la nature, de ce substrat conceptuel dans l'indéfini supposé de ses possibilités, précède le développement du productivisme capitaliste. Sa mathématisation, même s'il elle comporte des possibilités d'accroitre nos connaissances afin de pouvoir envisager sereinement une évolution de notre propre découverte (dans une vision holistique), permet en toute priorité à notre époque et dans le paradigme qui est le nôtre, son exploitation effrénée par un système de production ayant fait depuis longtemps de la science sa section d'éclairage. L'économie éhontée qui est trop souvent faite du principe de précaution dans le domaine de la recherche appliquée en donne un illustre exemple. La techno-science a un rôle dans « l'abstractité » de la pensée dominante, tout en étant elle-même issue de cette dominance (des rapports sociaux abstraits de production), dans la mesure où elle renforce le fétichisme d'une nature soumise à un état de marchandise en puissance et par là même, autorise la reproduction du procès cyclique et répétitif de la valorisation.
La nature est donc conçue (6) comme une matière vivante à dominer (autour de nous et en nous), comme une infériorité, féminisée comme il se doit et dont le sort logique est d'être offerte aux divagations de l'intellectualisme rationnel, fruit des rapports sociaux productivistes, et se concrétisant dans le scientisme carriériste et égotiste à la solde de l'idéologie rationaliste. Or, derrière ce concept historique de nature, c'est la vie (ou le rapport à la vie et ses diverses formes) qui s'y trouve recluse, réifiée, extériorisée et à quoi il est nié en ces temps de recherche effrénée de performance de posséder ses propres limites face aux besoins grandissants de l'économie vorace. C'est ainsi qu'il devient alors possible, sans tenter de changer ce paradigme, de considérer autrement cette nature en se donnant alors l'impression de pouvoir changer les rapports que nous entretenons envers elle ; et en partant d'un tel présupposé, nous sommes enclins à penser que l'idée de la nécessité de préserver la nature participe en réalité à la poursuite de la domination d'une part de nous-même sur une autre part, infériorisée, sous des formes plus ou moins différentes, et ce dans une incapacité de mettre radicalement en cause « notre » système de rapports sociaux de production et donc de domination. La nature peut être conçue dans une visée utilitariste, et la nécessité de sa protection ne dépasse pas cette visée, elle l'utilise même. La polarisation et la séparation persiste ainsi que toute recherche de valorisation par d'autre voies. C'est ainsi que certains en viennent à parler de droits qu'il faudrait concéder à la nature sauvage et à ceux(celles) qui la compose comme d'une intégration au système du « fétichisme juridico-politique » (Antoine Artous) qui, loin de prémunir de la domination totale du système marchand, permet au contraire à celui-ci de faire perdurer et d'accroitre sa main-mise sur la vie. Non pas que la protection de la nature dans sa phase pratique ne puisse trouver grâce à nos yeux en maintes circonstances, mais la mise bout à bout de ces deux termes : « nature » et « protection », ne saurait être le la d'une critique et de pratiques visant à expurger de nos esprits, et du monde par conséquent, des causes réelles et profondes de la mise en danger de la vie.
D'autre part, la nature fait face au monde de la rationalité civilisatrice en imposant néanmoins ses limites tangibles au-travers de réactions dépassant la logique toujours inaboutie de la techno-science, fruit d'un entendement issu de l'abstraction marchande et d'une expertise déconnectée de la réalité, dépouillée de toute émotivité. Dompter et maitriser ses lois resterons dans ce cadre l'unique garantie (illusoire sur le long terme) pour l'économie de maintenir son hégémonie sur la vie, tout en feignant de s'y adapter (darwinisme social, le « spencérisme » ou récupération idéologique de la pensée de Darwin).
La nature est un concept qui nous sépare de nous-même, de la vie qui nous anime en tant que dynamique immanente et auto-réflexive, et apparaît alors une situation de confrontation, de face à face (7) entre d'une part des individus artificialisés et déconnectés du réel par l'abstractité fétichiste de la société marchande (mais d'essence prétendument naturelle) et d'autre part un substrat « sauvage » dont la notion de progrès en dicte la maitrise à des fins sans cesse repoussées d'accomplissement, de fin de l'Histoire (fin des idéologies, de la politique, des grands récits, de l'homme, par une post-modernité illusoire et complice). Le capitalisme, comme tout type de société humaine, assied son existence et son extension (cette dernière étant condition de la première) sur une mythologie. Cette mythologie oppose la rationalité se matérialisant, se diffusant, dans une nature « dé-naturalisée », maitrisée, colonisée, possédée, à la nature irrationnelle, sauvage, indomptée et pure (une humanité mécanisée et ses extensions fonctionnelles face à la « vierge », encore immaculée de la prétention des hommes). Cette opposition-confrontation est, peut-on dire, inhérente au concept même de nature (qui n'a pas de tout temps et en tout lieu existé dans l'univers des concepts humains) qui, au delà de ses deux acceptions, représente un tout engendré par une tendance expansionniste trouvant dans le capitalisme le moyen de son expression généralisée emplissant tous les domaines de la vie.
Nous pouvons nous figurer le concept moderne de nature telle une « dialectique motrice » participant à l'expansion du capitalisme ; elle se concrétise dans un mécanisme oppositionnel générant de la domination, une recherche pathologique et néanmoins systémique d'ennemis, de guerres contre le « mal », de conquêtes expansionnistes au sein desquelles les substances et leurs formes en oppositions participent à la même dynamique d'accroissement (8) (tel la lutte des classes). La nature ne saurait être confondu avec la vie dans ces multiples formes car elle n'en représente qu'une vision ambivalente correspondant à une nécessité de croissance illimitée et de dominations qui en sont co-extensives.
Quels que soient les sentiments que l'on puisse éprouver pour la nature, ceux-ci, dans leur version écolo, ne sauraient participer à modifier de façon radicale les rapports que nous entretenons avec la vie, donc nous-même, et ainsi les rapports sociaux aliénés qui prévalent dans « notre » monde capitaliste. Le sentiment de nature, de sa préservation, du retour en son sein ou à ses lois, ne portent pas forcément les critiques, et les pratiques, vers une remise en cause radicale (et nécessaire en ces temps de barbarie) d'une dynamique infernale qui nous entraine toujours plus vers une atomisation des formes de vie et une sur-exploitation de celles-ci.
La dynamique du Capital et l'impossible écologie
Le Capital possède une logique de développement, d'auto-développement ou d'auto-valorisation, dont nous ne saurions, nous ne pourrions, faire abstraction de sa domination totale dans un projet de société qui nie radicalement le bien fondé de son existence même (d'un écologisme anti-capitaliste). Tout désir de société écologiste faisant l'économie (sans jeu de mots) d'une recherche théorique sur les causes fondamentales des impasses et dégats actuels, n'aboutit qu'à une tentative de « ménager la chèvre et le choux » en liant le progrès écologique avec le progrès économique. La critique du concept moderne de nature et de sa génèse peut permettre d'échapper à l'élaboration d'une réminiscence (sous des formes à peine différentes) de la domination de l'abstraction marchande sur la vie, à condition de lier cette critique à celle de la dynamique du Capital et de l'hégémonie de l'économie. Car l'enjeu d'une véritable radicalité est de se plonger au coeur d'une telle dynamique (et d'une telle domination considérée comme « allant de soi « désormais) et d'en faire surgir l'impossibilité structurelle de fonder en son sein une écologie apte à dégager la vie de l'emprise funeste et destructrice du procès de valorisation.
La com-préhension qui s'y joue porte sur ce que ce procès implique inévitablement, impose comme d'une loi dont nous ne saurions faire l'impasse dans le cycle inéluctable d'un progrès adulé, du point de vu de l'organisation et du fonctionnement des sociétés humaines qui lui en sont devenus dépendantes d'une part, et structurellement collaboratrice d'autre part en orchestrant le spectacle de nos vies aliénées (le rôle des idéologies...). Les formes d'organisation qui caractérisent les sociétés modernes ne sont effectivement pas le résultat d'un progrès historique, consciemment déterminé, ayant accompagné l'humanité occidentale dans son ascension vers une illusoire « fin de l'Histoire », comme nous le soumet à nos consciences manipulées l'idéologie dominante, mais bien au contraire, elles sont directement issues de nécessités propres à la production, la circulation, donc à la valorisation du Capital.
La formation des sociétés modernes découle de l'impératif pour le Capital de réaliser de la plus-value afin de s'accroitre sans cesse (l'exploitation par le travail, tant qu'il subsiste alors, ne peut que faire perdurer cette logique malgré toute solution « alternative » mise en avant d'une « politique » se déclarant anti-capitaliste !), et simultanément, par son besoin vital d'organiser de façon rationnelle la production et la circulation des marchandises par lesquelles s'opèrent cette réalisation auto-entretenue de plus-value (logique de la valeur) ; cette nécessité n'émane pas de décisions conscientes , débattues, souveraines de l'ensemble de la société, ou d'une partie d'entre elle, mais de la « chose-Capital » (détermination fonctionnelle) même en tant que réification de rapports sociaux cristallisées durant les cycles d'accroissement et depuis les origines de ce système : « Par réification des rapports de production, Marx entend le procès par lequel des rapports de production déterminés entre les hommes (par exemple entre capitalistes et ouvriers) confèrent une forme sociale déterminée, ou des caractéristiques sociales déterminées, aux choses par l'intermédiaire desquelles les hommes entrent dans ces rapports mutuels (par exemple la forme sociale Capital) » (9), mais aussi en tant que propriété « objective » du Capital issue de la transformation des rapports sociaux de production, et conjointement par le biais d'acteurs sociaux mobilisés par et pour cette dynamique (cette « logique sur laquelle ils n'ont aucune prise » Norbert Trenkle) : « Par personnification des choses, Marx entend le procès qui permet au propriétaire de choses ayant une forme sociale déterminée, par exemple la forme du Capital, d'apparaître sous la forme d'un capitaliste et d'entrer dans des rapports de production concrets avec d'autres hommes » (10) ….et la « nature ».
Qu'est-ce qu'implique une telle nécessité ? Plusieurs choses en fait, toutes liées entre elles, et qui ne peuvent comporter de possibilité de remettre fondamentalement en cause une expression, actuellement débridée, du productivisme sans remettre en cause radicalement la logique qui les engendre. Que ce soit au sein de la sphère de la production ou dans celle de la circulation des marchandises, celles-ci étant étroitement imbriquées l'une à l'autre et toutes deux corrélatives à la logique de la valorisation, les effets de ce que l'on nomme le « développement » sont à l'anti-thèse d'une possible ré-orientation du procès aveugle de valorisation dans la direction d'une élaboration écologique de la société. En d'autres termes, quoique l'on tente de faire avec les outils formés par la pensée et les pratiques de l'économisme, il paraît complètement illusoire de songer à vouloir éviter le mur vers lequel nous fonçons allègrement (sans jeu de mot) tête baissée.
Comme il a été évoqué plus haut, le jeu du chat et de la souris qui consiste à faire croire qu'il serait possible d'aménager le capitalisme en l'expurgeant de ses côtés néfastes, débridés, sauvages, rejoint la pensée selon laquelle la valeur d'usage des marchandises (dont il ne saurait être question de remettre en cause l'existence même en tant que catégorie « économique ») devrait passer avant leur valeur d'échange, sans interroger la signification de la valeur dont elles en sont les « porteuses » et qui paraissent faire parti de leurs caractéristiques intrinsèques, dans une politique de « réintégration de l'économie dans le social ». C'est aussi une pensée qui professe que la sphère de la circulation devrait guider la production dans un sens plus « écologiquement et socialement responsable ». Or, « La sphère de la circulation, le marché, ne sert [donc] pas simplement à échanger des marchandises, mais c’est l’endroit où la valeur qui est représentée dans les produits se réalise ou le devrait. Pour que cela puisse marcher (condition nécessaire mais pas suffisante), les marchandises doivent aussi être des choses utiles. Mais c’est seulement pour l’acheteur potentiel qu’elles le doivent. Le sens ou le but de la production n’est pas le côté matériel ou concret d’une marchandise. La valeur d’usage est d’une certaine manière seulement un effet secondaire inévitable. Du point de vue de la valorisation, elle n’est pas nécessaire. C’est d’ailleurs d’une certaine manière le cas. On produit massivement des choses complètement inutiles, ou qui se cassent très vite. Mais la valeur ne peut pas se passer d’un support matériel. Personne n’achèterait comme tel du « temps de travail mort », mais seulement sous la forme d’un objet, auquel un acheteur attribue un quelconque sens. » (11). Obsolescence programmée, renouvellement accélérée des produits de consommation (par les effets de mode, la publicité et la fabrication de moindre qualité), production faramineuse de déchets, pillage des matières premières ne sont que les conséquences d'une logique qui a transformé un rapport à la matière et à la vie dans le but de produire et échanger les ressources nécessaires à la perpétuation de formes sociales pré-capitalistes en une production rationalisée de marchandises sensées, superficiellement, satisfaire des besoins, supposés, réels ou créés mais surtout et plus fondamentalement, poursuivre la création de valeur et accélérer la circulation sociale de celle-ci. La production de marchandises de meilleurs qualité, fabriquées selon des normes « environnementales » ou sociales « durables », sans compter qu'elle ne pourrait rester que marginale dans un monde dirigé par la valeur, ne peut échapper bien longtemps aux règles de conformité de l'économie. La bio (et sa distribution) en fourni un exemple dans ses travers et tendances productivistes qui ne représentent pas des excès (la bio industrielle par exemple mais pas seulement), mais le résultat logique de son intégration quasi inévitable au sein d'une dynamique servant de support à sa croissance (économiquement) nécessaire (12). Les règles de l'économie ne sauraient représenter une solution afin d'assoir une organisation « alternative » de la production et de la circulation de ce qui ne resteraient que des marchandises. « Mais alors, pourquoi enliser le débat dans l’idéologie économique, continuer à parler de « besoins » (fondamentaux ou non) ou relancer le vieux débat entre valeur d’usage et valeur d’échange ? La critique de l’économisme demande la remise en cause des présupposés communs aux diverses théories qui se réclament de la science économique constituée à partir de la fin du XVIII e siècle. Bien entendu l’économie - au sens premier de production et de répartition des ressources - a toujours existé. Le problème a surgi au moment où l’on a cherché à rendre compte de son fonctionnement. Tout d’abord, il a fallu trouver un point d’origine (la rareté, confondue avec la finitude, et les besoins), à partir duquel on puisse penser la production et l’échange, censés conduire, à travers la croissance, à l’abondance. Au cœur du système, on a placé ensuite la rationalité de l’agent économique, rapidement confondue avec son intérêt, pour expliquer la concurrence et aboutir à la création des marchés où les prix sont censés être fixés par la rencontre de deux variables indépendantes : l’offre et la demande. Ces enchaînements fondent le discours économique, classique ou hétérodoxe. Cette construction reflétait peut-être les phénomènes que les premiers économistes avaient sous les yeux (les débuts du capitalisme européen), mais elle relève d’une méconnaissance totale de l’anthropologie et de l’histoire . La théorie économique standard, constituée à partir d’un « cas spécial », ne permet pas d’expliquer ce qui se passe en dehors de l’aire occidentale . Parce que les rapports sociaux - sur lesquels les tenants du développement alternatif insistent tant, tout en les réduisant à la lutte des classes - ne sont pas partout les mêmes, les formes économiques diffèrent. Si le marché n’est jamais absent, il « cohabite » avec la réciprocité (l’économie du don), la redistribution, l’économie du prestige et l’auto-production . Or, au lieu de considérer la pluralité des pratiques sociales, c’est-à-dire les manières concrètes dont les hommes et les femmes produisent et échangent, les économistes s’enferment dans les présupposés de leur discipline. On pourrait attendre d’une « science » qu’elle décrive la réalité. Il faut bien constater qu’à l’inverse les économistes cherchent à conformer le monde à leur dogme » (13).
Les autoroutes, TGVs, mégalopoles, grandes surfaces commerciales, téléphones cellulaires, la « réduction cybernétique » et la recherche effrénée de performance et d'efficacité, tout comme l'intensification du productivisme, ne sont pas les fruits d'un progrès humain linéaire nous ayant amené depuis les origines et inévitablement à ce point d'organisation des sociétés humaines mais bien au contraire, sont issus de nécessité structurelles en adéquation avec la logique de la société marchande, et donc historiquement déterminés. Rapidité. Immédiateté. Logique immanente au capital industriel : « ...pendant toute la durée du procès de circulation, le capital reste improductif ; car les opérations de circulation, pour autant qu'elles consistent en de pures métamorphoses de la valeur de sa forme marchandise en sa forme argent et réciproquement, ne forment ni valeur ni plus-value. En somme, le temps que dure sa circulation est, pour le capital, du temps perdu, qu'il lui faut réduire le plus possible, en comprimant la durée requise par les métamorphoses du capital-marchandise en capital-argent et de ce dernier dans les éléments du capital productif. A cette fin, il lui faut, d'une part, accélérer la circulation physique des valeurs d'usage qui servent de supports aux formes fonctionnelles du capital. C'est ce à quoi vont servir le perfectionnement constant des voies de communication et l'accélération des moyens de transport aussi bien que la concentration et la centralisation grandissante des marchés. D'où le caractère stratégique de l'industrie des transports tout comme l'inévitable urbanisation que le mode de production capitaliste impose, à une échelle et à un rythme croissant, à toutes les sociétés dont il s'empare. »(14).
Chercher d'hypothétiques solutions dans une croissance « verte », hormis le fait qu'elle puisse temporairement orienter la production de telle sorte que l'impact de la civilisation moderne sur l'environnement soit amoindri, jette un voile supplémentaire sur les fondements même du fonctionnement de cette civilisation capitaliste ainsi que, conséquemment, sur les causes du désastre actuel et plus encore à venir. L'erreur qui consiste à croire, et à colporter, que nous pourrions être à même de maitriser la machine économique afin d'en faire un outils véritablement au service de l'Homme et la nature, est le résultat d'une naïveté issue de la croyance envers l'inéluctabilité et la toute puissance créatrice du mode de production capitaliste et de son organe de régulation, le marché. Fétichisme !
Conclusions
C'est à ce point de l'analyse que nous rejoignons notre critique précédente du concept de nature par un point qui y a été abordé, celui de la complémentarité de la valeur d'usage et de la valeur d'échange au sein de la marchandise. Pour être plus exacte (ou plus profondément), nous dirons que la marchandise est l'expression de deux choses : la valeur (en tant qu'expression « cachée ») et la valeur d'usage. La valeur est une forme sociale déterminant précisément la marchandise en tant que telle, la valeur d'usage n'étant qu'un « effet secondaire inévitable », l'expression d'une utilité supposée et somme toute aléatoire. La valeur, dont la substance est le travail abstrait, produit de l'égalisation sociale des travaux sur le marché par le biais du procès d'échange, et dont la grandeur s'évalue par la mesure de ce temps abstrait, socialement nécessaire à la production de ces marchandises en fonction d'un état donné des forces productives (matérielles-techniques), est aussi et avant tout une forme sociale, c'est à dire « un rapport social qui prend la forme d'un objet » ou « un rapport de production entre les hommes qui se déguise en propriété des choses » (Issak Roubine) . La valeur n'est pas une caractéristique de la marchandise, mais le rapport social de production entre les hommes qui prend la forme de cette marchandise et qui se réalise dans la sphère de circulation du Capital durant l'échange. C'est pour cela que l'on peut dire que les rapports sociaux entre les hommes se trouvent réifiés dans les marchandises, et que c'est ce qui caractérise le système de production capitaliste.
En fait, chacun des éléments propres à la société capitaliste (valeur, argent, travail, plus-value, marchandise,....) cache un rapport social de production entre les hommes. C'est par eux, en tant que réifications des rapport sociaux, ou au travers d'eux que s'établissent et se structurent les mécanismes du vaste Rouage productiviste.
Par extension, nous pouvons poser que certaines « choses » telles les voies de communication modernes, l'informatique, la téléphonie mobile, outre leur valeur d'usage, expriment des rapports sociaux spécifiques à notre monde moderne en adéquation avec le besoin grandissant de raccourcir le temps de circulation des capitaux en faisant croitre toujours d'avantage concentration des marchés et performances gestionnaires, liées à la croissance exponentielle des moyens techniques de production (15). Ces rapports sociaux voilés par l'utilité supposée et assénée de ces « choses » historiquement déterminées, se rapportent à un besoin systémique d'immédiateté, de rapidité, de disponibilité entre les hommes, ou d'autres tendances liées à l'évolution des nécessités du Capital sur la vie. S'en suit, ce qui a toujours d'ailleurs été présent de façon consubstantielle dans le capitalisme, une tendance à la confrontation, à l'opposition, à la séparation, à la tension dé-socialisante entre les êtres humains et entre eux et la vie dans ses expressions spontanées : «Les relations de concurrence sur les marchés (capitaux, marchandises, travail) sont en effet des relations d'affrontement et de séparation qui jouent inévitablement sur l'agressivité comme en témoigne quotidiennement le vocabulaire de guerre économique employé dans les médias. Chacun est potentiellement l'adversaire de l'autre, chacun doit bâtir des systèmes de défense pour s'affirmer et se préserver dans un monde souvent hostile. A cela, il faut ajouter les effets du conditionnement et de l'exploitation de la capacité d'agir des hommes par le capital qui fait des salariés un facteur de production ou un matériau parmi d'autres : l'homme de la compétition devient un moyen pour l'homme. Dans les mouvements de la valorisation, des hommes et des femmes sont à chaque instant jetés sur le bord de la route comme superflus. La société est ainsi imprégnée de violence, non seulement la violence impersonnelle des dispositifs et agencements du capital, mais aussi la violence que les individus-supports des rapports capitalistes exercent les uns sur les autres. On peut même dire, en ce sens, que les rapports sociaux se reproduisent comme rapports de pouvoir, comme hiérarchisation des relations pour servir les équilibres du capital. La puissance collective de l'agir humain est détournée vers des fins désocialisantes et déshumanisantes de la valorisation. » (16).
Comme on l'a vu plus haut, la confrontation est aussi inhérente au concept moderne de nature. La nature est autre, extérieure, et elle inclut une bipolarisation entre d'une part les hommes civilisés et d'autre part le substrat sauvage destiné à devenir la matière première de la croissance de ce qui les dominent. Or, ce substrat, cette masse informe de possibilités de valorisation, c'est la vie dans toute son étendu, donc aussi notre essence à nous êtres humains. Ce que cache en réalité le concept moderne de nature, c'est ce rapport à la vie qui nous fait percevoir cette dernière comme un océan, une réserve immense de valorisation, et qui impose à son égard une nécessité de domination, d'exploitation, de maitrise à des fins de performances. En extériorisant la vie de nos êtres (en nous faisant « zombis »), en l'expurgeant dans la sphère inférieure de la gangue inculte, nous avons créés une situation de confrontation, donc de rapport social de production entre les individus-créateurs-de-valeur et la vie en eux et autour d'eux. C'est ce rapport qui se cache sous le concept de nature tel qu'il est perçu en « notre » monde dominé par le Capital.
Et c'est ainsi que la nature devient marchandise, puisque c'est pour ainsi dire écrit dans ses gènes. La nature devient aussi fétiche, source de tous nos délires expansionnistes, lieu mythique où il est de bon ton de placer nos espoirs en des lendemains meilleurs (ou pas), d'y abandonner notre puissance d'agir parfois. Une protection de la nature ne peut donc suffire à libérer la vie de l'emprise de la logique folle de la valorisation (« la loi que désire imposer la valeur »), ni même à sauvegarder à terme la vie tout court sur cette planète.
Il n'est pas dans l'intérêt du Capital de porter atteinte à la « nature » malgré que se soit là sa tendance pourtant, du fait du rapport contradictoire qu'il entretient avec la vie. Cette tendance immanente à sa dynamique d'auto-accroissement annihile par le fait tout projet écologiste qui ne remet en cause radicalement ses fondements, et c'est ainsi, entre autres, que « pour Marx, ce modèle de croissance est à double face : il entraîne l'expansion permanente des capacités productives humaines, mais cette expansion, liée comme elle l'est à une structure sociale dynamique aliénée, revêt une forme débridée, illimitée, accélérée, sur laquelle les hommes n'ont aucun contrôle. Indépendamment de toute considération sur les possibles limites à l'accumulation du capital, l'une des conséquences de cette dynamique particulière – qui produit de plus grandes augmentations de richesse matérielle que de survaleur -, c'est la destruction accélérée de l'environnement naturel. Selon Marx, par suite du rapport entre productivité, richesse matérielle et survaleur, l'expansion continue de la survaleur a de plus en plus de conséquences désastreuses pour la nature et pour les hommes... »(17). Le Capital s'est emparé de la nature et en a fait un des éléments indispensables de son auto-valorisation. Il a ainsi réifié notre rapport à la vie en excluant de l'organisation structurelle rationnelle et de plus en plus « cybernétisée » qu'il impose, la spontanéité, l'imprévisibilité, l'auto-accomplissement, la recherche immanente d'autonomie et d'inter-dépendance qui sont comme autant d'expressions des rapports directs qu'entretiennent les êtres avec la vie, avec eux-même. Nous pouvons mentionner en guise d'exemple, le domaine de l'éducation physique où « dans ce qu'on pourrait appeler légitimement aujourd'hui « un enseignement cybernétique », il n'y a plus de corps, il n'y a que de la motricité, il n'y a plus d'enfants, il n'y a que des apprenants »(18), car, « selon ce modèle informatique l'apprenant est essentiellement un exécutant, un agent, un rouage dans le système. L'apprentissage consiste alors à obéir à un plan hétéronome, à suivre des prescriptions, bref à être subordonné à un dispositif extérieur, objectif. Le sujet s'est volatilisé au profit de l'action/réaction motrice efficace. »(19). La vie doit ainsi se ployer sous les règles extérieures de l'exploitation, sur lesquelles nous n'avons plus aucune prise, et s'adapter aux contraintes de plus en plus fortes du travail (salarié entre autres), en tant que catégorie spécifique du capitalisme, créatrice de valeur. C'est cette dernière qui a fait de la nature un type « d' objet », cachant un rapport social spécifique à la vie, propre à en faire un support potentiel de valeur une fois exploités ses possibilités ; pour autant, « ...la destruction croissante de la nature ne doit pas être simplement considérée comme une conséquence de la maîtrise et la domination croissante de la nature par les hommes. Ni la critique productiviste du capitalisme ni ce dernier type de critique de la domination de la nature ne distinguent entre valeur et richesse matérielle ; l'une comme l'autre se fondent sur la conception transhistorique du « travail ». D'où il résulte que l'une comme l'autre se focalisent sur une seule dimension de ce que Marx saisit comme un développement double, un développement plus complexe. Ces deux positions constituent une nouvelle antinomie théorique de la société capitaliste. »(20).
Un écologisme qui n'interroge pas les fondements même de notre aliénation à la vie risque à terme de rejoindre le mouvement de tentative de pérennisation du système capitaliste s'exprimant dans une notion aussi illusoire que trompeuse de « développement durable ». En participant à établir une critique de la valeur en adéquation avec l'actualité de la progression insensée du capitalisme, l'écologie sociale peut éviter de tomber dans le piège consistant à passer à côté d'une compréhension profonde des éléments qui façonnent « notre » monde et par là, reprendre pour soi des concepts nous aliénant de nos puissances d'agir parce que nous les aurions considéré comme étant propre à l'évolution « naturelle » des sociétés humaines, trans-historiques en d'autres termes : « La tension entre les exigences de la forme-marchandise et les nécessités écologiques s'aggrave à mesure que la productivité augmente et pose un grave dilemme, notamment pendant les périodes de crise économique et de chômage massif. Ce dilemme et la tension dans laquelle il s'enracine sont immanents au capitalisme ; leur résolution définitive restera impossible aussi longtemps que la valeur sera la forme déterminante de la richesse sociale. »(21). La capitalisme ne peut être éco-compatible, pas plus que toute politique qui ne sache établir les causes profondes et réelles de la destruction de la vie et de son aliénation à une baudruche qu'il nous faudra bien dégonfler un jour avant qu'elle ne crève et nous avec !
Max L'Hameunasse
1 - « Comment le Capital capture le temps » Franck Fischbach in « Marx, relire le Capital » PUF p128
2 – Travail abstrait
3 - « Théorie critique et réflexivité historique » Moishe Postone in ibid
4 – Le Petit Larousse 1995
5 – d'après un texte de la Conférence donnée à l’Ifremer Nantes le 21 mai 2007 et à l’Ifremer Brest le 14 juin 2007 par Jean-Michel Besnier, Professeur à la Sorbonne (Paris IV), Membre du Comepra et paru sur le site de Spectro Science.
6- La critique qui en est faite ici concerne la vision moderne (une vision historiquement déterminée) de ce concept de nature.
7- La confrontation et le face à face dont il s'agit ici épousent bien la théorie selon laquelle l'économie, entité historiquement constituée, « naturalise » les rapports de l'Homme à son environnement et des hommes entre eux. Par cette naturalisation, elle engendre une séparation entre les hommes et leurs fonctions métaboliques. Cette séparation se traduit par une abstraction de nos rapports à la vie, donc à nous-même.
8- Une idée qui vient en tête à propos de ceci, c'est l'espoir confié à la technologie pour résoudre les problèmes liés à la marche irrésistible du « progrès ».
9 – Issak I. Roubine « Essais sur la théorie de la valeur de Marx », Syllepse, p 57
10 – ibid
11 - « Qu'est-ce que la valeur, qu'en-est-il de la crise ? » Par Norbert Trenkle.
12 – Voir le texte « Politique et implication » sur ce site (http://www.libertat22.lautre.net)
13 – Texte : « Gilbert Rist répond aux contradicteurs de la décroissance » Gilbert Rist
14 – Alain Bihr, « La logique méconnue du Capital », Page 2 éditions, p 60
15 – L'accroissement des capacités de production et de la technicité grandissante de celles-ci permet de moins en moins de réguler la répartition du travail social entre les différentes branches et différentes unités de production par l'effet de la valeur au travers de la fluctuation des prix, et crée un déséquilibre entre la « réserve de main d'oeuvre » et la possibilité pour les capitalistes d'en user pour la perpétuation de la création de valeur. Cette tendance à baisser le travail humain, seul créateur de valeur, pourtant indispensable à la régulation des marchés et l'auto-valorisation des capitaux réels, crée une pression croissante sur la sphère de circulation de ces capitaux afin d'amoindrir les coûts liés aux moments improductifs. Il y a donc une contradiction qui s'établit entre une rationalité « barbarisante » qui soumet de plus en plus de sa loi d'airain les unités de production et de circulation, et une libéralisation croissante de marchés afin de faire jouer au maximum le moteur de la régulation mis à mal par la baisse tendancielle du taux de profit (même de façon illusoire, amenant à la folie de la spéculation financière), cette dernière cachant en réalité le fait « que les machines remplacent graduellement le travail vivant dans le procès de production » (M Postone) et donc ainsi tari peu à peu cette seule source de valeur pour le Capital.
16 - « Auschwitz et la suite » Jean-Marie Vincent, article publié dans le n°2 de la revue internationale de théorie critique Variations
17 – Moishe Postone, « Temps, travail et domination sociale », Mille et une nuits, p457 – 458
18 – François Montaigu, cité par Jean-Marie Brohm, « Critique des fondements de l'Education physique et sportive », revue Illusio n°3, 2006
19 - Jean-Marie Brohm, ibid
20 - Moishe Postone, « Temps, travail et domination sociale », Mille et une nuits, p458
21 – ibid p460
Commentaires :
Didier56 |
MigraineCe genre de texte me donne la migraine. Il est bien sûr tout à fait juste sur le fond. Mais pourquoi ces formulations alambiquées pour décrire et prouver des incompatibilités relativement simples? Le but du capitalisme est le profit et l’écosystème dans son ensemble, humains compris, doivent servir cette fin. Lorsque le capitalisme parle d’"écologie", il s’agit toujours d’accroître le profit. On parlera alors de voiture "verte", par exemple. Le "consommateur" veut de "l’écologie", pas de problème. Et nous voyons aujourd’hui naître un capitalisme "vert" et une agriculture "biologique" capitaliste. Sans plus de respect pour la nature car nous allons créer des déserts "biologiques", des centaines d’hectares de bâches "biodégradables" couvertes de légumes biologiques qui détruiront la biodiversité aussi bien que l’agriculture intensive. Et qui exploiteront des travailleurs saisonniers autant que le maraichage traditionnel. Découvrir qu’il faut en finir avec le capitalisme, que ce soit par rapport à l’environnement ou à tous les autres domaines, c’est bien. Autant le faire en termes simples accessibles à tous. Et ce ne sera pas encore suffisant pour en finir avec lui. Répondre à ce commentaire
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à 17:39