Lu sur
resistons.lautre.net : Avril 2004 : Mickaël, mai 2006 : Fethi, juin 2006 : Vilhelm, noyés sous les yeux des policiers, mai 2006 à Montpellier : Nourredine perd la vie dans une course-poursuite avec la police, octobre 2005 à Clichy : Bouna et Zied, électrocutés... et tant d’autres encore. Point commun : ils sont morts poursuivis par la police. Est-ce que l’enquête policière et judiciaire pourra et/ou voudra établir s’il existe « aussi » une responsabilité directe de la police dans ces morts ? L’expérience montre qu’il ne faudrait pas y compter. Dans chaque tragédie semblable on conclut qu’il s’agit d’un accident, certes dramatique, mais un accident quand même, et que la police n’a fait que son « travail ».
Mais on n’explique jamais pourquoi elle inspire une telle terreur, pourquoi des jeunes dont le seul tort est d’habiter les quartiers, de ne pas avoir la peau blanche, ou à qui on reproche, à tort ou à raison, des délits mineurs... mettent en jeu leur vie à la vue de l’uniforme bleue. Le silence du pouvoir est un aveu. Aveu d’un état de fait : la police est une machine à écraser, que face à un policier, sauf exception d’une grande rareté, on n’a aucune chance, que la parole de la victime ne vaut rien contre la parole du flic, que les violences policières ne constituent pas des bavures mais sont la règle. Ces noyés, ces brûlés dans un transformateur sont victimes de la violence étatique, du système. Exiger la vérité avec leurs familles est un acte de solidarité, mais aussi un moyen de démasquer ce système qui tue.
Sarkozy met en place son « projet de société »,
sans attendre d’être élu, au nom de « la lutte contre la délinquance ».
Le projet de loi « sur la prévention de la délinquance », dont les premières versions multipliaient déjà les provocations sécuritaires, a finalement été soumis au conseil des ministres en juin et est inscrit à l’ordre du jour de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale début septembre. Le résultat est à la hauteur de ce qu’on attendait... criminaliser dès l’enfance les personnes et les familles socialement défavorisées et donner aux maires des pouvoirs exorbitants de contrôle sur la vie privée et familiale : fichage municipal des enfants d’âge scolaire ; fichage des « rappels à l’ordre » pour tout atteinte aux règles de la vie sociale (casier judiciaire municipal en sorte) ; remise en cause du secret professionnel des travailleurs sociaux par un partage d’informations obligatoire, etc. Le maire devient aussi seul compétent pour demander l’hospitalisation sous contrainte de toute personne qui, à son avis, trouble l’ordre public ou la tranquillité publique ! Il y a aussi l’extension de la vidéo-surveillance, la « milice citoyenne » et surtout la création d’une procédure de « comparution immédiate » des mineurs devant le juge des enfants.
C’est un volet sécuritaire de plus dans la campagne présidentielle de Sarkozy, mené parallèlement à l’attaque frontale contre les immigrés.
Chasse aux enfants sans papiers
Attention aux rumeurs apaisantes qui préparent les expulsions de l’été. Depuis l’annonce de la circulaire Sarkozy du 13 juin 2006, des rumeurs et des déclarations circulent qui visent à tromper la vigilance des personnes concernées et de tous les soutiens qui ont obligé Sarkozy a un « geste humanitaire », dit-il. Il faut dans tous les cas renoncer à toute illusion. Ce n’est pas une circulaire qui entend régulariser massivement les familles sans papiers. C’est avant tout une mesure médiatique qui laisse aux préfets le pouvoir de décider sur des critères volontairement « flous et vasouilleux » (CIMADE). Beaucoup de familles ne rempliront pas les conditions, et même celles qui les remplissent ne sont absolument pas assurées d’obtenir une régularisation. Il faut donc être extrêmement prudents et prendre conseil des associations spécialisées avant de se présenter en préfecture, car si la date limite est le 13 août c’est certainement pour pouvoir expulser plus tranquillement pendant l’été.
Réseau de veille contre les expulsions : 08 20 20 70 70 et reseaudeveille@no-log.org
Dernière minute : Abdellah Boujraf, 19 ans, arrivé en France à l’âge de 14 ans a été « reconduit à la frontière » ce vendredi 7 juillet.
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Le dossier complet en PDF : http://resistons.lautre.net/IMG/pdf/RE44_JUILLET-2006.pdf