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Il me fallait plus de joie de vivre , exactement les buts de l’armée des clowns : action directe non violent de désobéissance, solidarité exacerbée, pas de hiérarchie, autogestion, autonomie, clandestinité (en partie), écoute de l’autre, intégration spontanée des « nouveaux », travail technique pour du visuel, rire, m’amuser et amuser les autres…
Oui, pour arriver à cela, il faut modifier sa perception du temps, ne plus suivre celle que l’on nous impose. Ce projet de rétablir la joie de vivre face à la tristesse du monde, me prendra toute ma vie et c’est bien la ma raison d’exister : Participer à la création d’une autre civilisation. A partir de là, le clown m’a aidé à sortir un peu plus de l’emprise comportementale que m’imposait le système. Il m’a permis de lâcher prise, c'est-à-dire de parler plus avec mon cœur et moins avec mon cerveau. Ma rage de vivre s’est accentuée d’une force !!! Ecoute de l’autre, respect, entr’aide, faire attention à autrui, s’exprimer de façon non-violente (physique et verbal). Que du bon !!!
Stratégie :
Pour l’instant, le clown est une étape expérimentale. De plus, ce n’est qu’une partie du puzzle de mon activisme et de la vie de tous les jours. Mais c’est actuellement la plus importante, car c’est celle qui régénère les autres. La stratégie me plaît, son efficacité, on la mesurera dans le futur. On en ai qu’au début. Le clown joue. Et de fait, le jeu proposé est le sien et non celui du système. Féroces de l’ordre, médias ou autres adversaires n’ont pas l’habitude de ne pas jouer leur jeu. On appelle ça la confusion. En effet, les forces de l’ordre ont l’habitude de la confrontation, et bien la non, on les protège, on les mime avec absurdité… Cela désamorce certaines craintes et la répression (pour l’instant) et permet de perdurer dans le temps.
Mais un point important, pour moi, est d’être sorti du cadre du militant, c'est-à-dire d’une position, face à la population bovinante, du " moi je sais " donc je te dis car tu ne sais pas. ce qui est malheureusement souvent bien vrai. Mais est-ce que l’on arrive de donner envie à la personne de s’intéresser à ce que l’on sait ? D’ailleurs, le clown ne distribue pas de tracts. Je me sens beaucoup plus dans l’attitude d’un éducateur social au travers de la pédagogie active. Soit le cheminement suivant :
L’objectif est de sensibiliser pour donner envie d’aimer, quand on aime on apprend, quand on a appris, on comprend et quand on a compris on sait agir.
Le clown, via sa présence, est là pour que les gens se posent des questions : C’est qui ce clown ? Que fait-il ? Pourquoi il fait ça ? Tout cela en apportant un instant de plus en plus rare : rire et/ou sourire (qui d’ailleurs biologiquement permet la sécrétion de dopamine, une hormone du plaisir). Là, j’espère que ces personnes essayent de trouver des réponses (difficile à évaluer). Par contre, on sait qu’une sympathie et donc une confiance s’installe. Mais il faut du temps. Et oui !!! Tout et tout de suite me parait très difficile.
Le clown utilise aussi l’effet du miroir : Faire révéler la vraie nature des pouvoirs en place. Montrer l’abîme sans fond de leur propre folie en la ridiculisant dans sa laideur et son absurdité.
Voila, il me faudrait un certain nombre de pages pour tout développer et justifier comme il se doit.
Vers ou je veux aller :
Vers ce que j’appelle le post capitalism avec une manière de vie radicool.
Le clown me permet un sacré bon en avant pour cela. Il me donne de la force, de la rage et joie de vivre. Etre bien avec moi-même pour être mieux avec les autres. Mettre les autres dans une situation de commencement à échanger pour savoir quel post capitalism on souhaite. Avant mise en application.
Pour cela, le monde du travail (choix difficile pour moi) me permet de sensibiliser un grand nombre de personnes au respect de l’autre et de l’environnement. En ayant une attitude sociale incitative avec une vie écologiquement tendant à une compatibilité avec la nature. Je privilégie le local : création d’une association d’écologie pratique (avec jardin collectif bio et pédagogique), projet de vie et d’activités collectives, luttes locales avec d’autres assos, qui demandent de plus en plus conseils et aide auprès des clowns.
Au niveau national : participation à l’armée des clowns, à la formation à l’action directe non violente, aux faucheurs et réseau libertaire.
Et bien sur avec toutes les imperfections inhérentes à cette multiplicité.
Donc, rétablir la joie de vivre et l’entr’aide : Cette dernière permettait une vie sociale riche qui continue d’etre détruite par l’individualisation orchestrée par les pouvoirs capitalistes.
Bref, je vous prie de bien vouloir croire en la sincérité de mes propos.
Mais surtout, je ne suis pas figé. Je pense par-dessus tout cela que la pluralité des approches et des pensées fait la richesse de la construction de ce post capitalism. Evidemment, la richesse de la vie, c’est la diversité.
Vive la vie
Un clown inclownito
Commentaires :
kuriakin75 |
Super mais...Je suis avec attention (et affection) depuis quelques années les actions des clowns français, il m'est arrivé également de les croiser d'une façon plus étroite et j'ai pu apprécier les qualités humaines, l'engagement et la sincérité de ces militants (oui, même s'ils le sont différemment). Cependant, je reste dubitatif sur les actions et leur impact.
Je reconnais que l'expérimentation de la joie en commun, une "autogestion" des décisions, la richesse des échanges entre membres, une certaine façon de vivre l'action et une cool attitude enrichissent humainement chacun. Et c'est déjà un très bon début pour faire évoluer la société. Ensuite, what else ? Le "public" qui "assiste" aux interventions prend-t-il davantage conscience des enjeux évoqués ? Je vois surtout dans ses yeux soit de l'indifférence ("c'est quoi ces zozos ?") ou de l'amusement ("ils sont rigolos et sympas. merci au centre commercial de les avoir invités !"). La police, quoi qu'elle en dise, les adorent ("ils sont cools et ne sont pas chiants"). Ayant pas mal fréquenté le théâtre de rue, j'avoue être frustré par ces interventions qui ont le charme et les faiblesses d'une certaine spontanéité estudiantine (le "chahut" d'autrefois) qui n'interpellent que peu les passants ou les "cibles". Où sont passés les happenings virulents et dérangeants du Living Theater des années 70 ou les défilés fantastiques du Bread & Puppet Theater, par exemple ? Ensuite, il y a la médiatisation. Sans un photographe ou une équipe de télé embarquée, l'action semble ne plus avoir de raison d'être. Une photo et trois lignes dans un journal semblent être parfois le but ultime de l'action (détrompez-moi svp !). Par là, le narcissisme prend le pas sur l'activisme. Je n'accuse pas ces militants de narcissisme (je l'ai dit plus haut, ils sont vraiment sincères), mais la quête du retour d'image, vu de l'extérieur, est parfois gênante. Malheureusement, je suis également très dubitatif sur l'impact réel de cette médiatisation pour les causes défendues. Ces groupes font, bon gré mal gré, partie désormais de cette petite (on retrouve souvent les mêmes personnes) "mouvance" de "nouvel activisme" (Jeudi noir, Sauvons les riches, L'Appel et la pioche, La France qui se lève tôt, etc.), dont les médias bien-pensants se délectent et dont on fait de beaux livres de photos. Ah c'est sûr, rien à voir avec ces crasseux de Black Blocs ! Eux, au moins, quand ils investissent un peu (un tout petit peu) bruyamment une salle de mairie de droite, ils remettent les chaises en place avant de partir et ramassent les tracts qui traînent pour ne pas faire désordre. Trop bien. Là, je m'éloigne du sujet des clowns, pour faire part d'une grande gêne qui m'avait envahi en lisant la semaine dernière un compte-rendu de l'action de Jeudi noir dans un immeuble cossu de la place des Vosges, à Paris. Le journaliste avait relevé la phrase d'entrée d'un des organisateurs : "N'ayez pas peur, nous ne sommes pas des punks à chien !" Soit, la phrase est certainement sortie de son contexte, mais elle dénote un mépris de ces petits bourgeois pour les "Autres". Je crains cet élitisme larvé de ces "militants exemplaires" qu'on invite aux tables rondes des ministères et sur les plateaux TV. Certains d'entre eux, d'ailleurs, sont en train de lancer leur boite de com'. Trop forts. Trop malins. Futurs piliers de l'ordre marchand, communicants, avocats, députés et, qui sait, futurs secrétaires d'Etat, patrons de presse..., j'ai peur de les imaginer dans dix-vingt ans. Un jour, en feuilletant de vieux albums photos, dans leur cabinet ministériel aux dorures centenaires, entourés de leurs petits-enfants, ils leur diront en soupirant : "et regarde, là, c'était quand j'étais un rebelle. Ah, j'étais jeune... On s'amusait bien..." Espérons que je me trompe. Tous ces bémols exprimés, j'éprouverai toujours plus de sympathie pour ces gens, qui agissent (à leur niveau), que pour les pantouflards qui, en votant une fois tous les cinq ans, pensent faire bouger les choses et se mentent à eux-mêmes. A lire aussi l'article (critique) consacré aux "nouveaux agitateurs sociaux" dans CQFD n°70 (septembre 2009). Répondre à ce commentaire
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Takpi 11-11-09
à 16:03 |
la tactique militante du clownCe que tu décris, n'est-ce pas la tactique pratiquée par les Yes Men ? Quant à tes remarques sur la "joie de vivre", c'était déjà celle des gauchistes "Mai 68" qui se sont séparés des organisations tristes et disciplinées pour déjà commencer à vivre la joie de la vie révolutionnée avant-même le "Grand Soir" , tactique de la "subversion par le bonheur" (un célèbre article de Michel Bosquet, de son vrai nom Alain Gorz) où il cite la formule :"pour nous le Grand Soir commence tous les matins", car on s'éclate à vivre en communauté, et à mettre déjà en pratique ce que les militants purs et durs pensent être de l'utopie... Nous sortions de notre communauté, le CRAC de Vitry, pour faire des irruptions festives et rigolardes dans les manifs ouvriéristes dîtes "sérieuses", avec des revendications ridiculisant les demandes basiques de fric... Mettre le rire de son côté est toujours une tactique qui marche ! Sauf qu' avec le recul, on voit qu'on n'a pas gagné. L'ennemi s'est équipé depuis de machines de guerre beaucoup plus efficaces pour "boviner"(comme tu dis) le peuple, donc parfaire sa crétinisation, par exemple la machine TF1, où l'ancien journal ouvriériste mao, passé aux mains de Rothschild. La crétinisation est si réussie que le peuple vote pour un type bien plus à droite que l' ancienne droite gaulliste qui était fière de son indépendance viv à vis des USA. : l'atlantiste Sarkozy de Nagy Bocsa, un arriviste forcené qui s'empresse de prendre aux pauvres pour donner aux riches. D'accord avec ton expression : ne pas être dans le seul "réactionisme". Sauf que les "clowns activistes" font comme les militants réactionistes, en étant seulement pas habillés pareils et en étant plus marrant : ils vont dans les mêmes endroits, les mêmes Grandes Messes militantes, au calendrier dicté par nos ennemis, OMC, G20, G8, et bientôt Copenhague. Dans la Société du Spectacle, il faut être spectaculaire pour attirer les médias, d'où l'usage de plus en plus fréquent de la provocation par la nudité. Mais le commentaire des journalistes sera si bref que le consommateur des médias main stream n'aura guère mieux compris. Le fait de ne pas être violent n'est pour moi, et que dans certains cas, qu' une astuce psychologique pour communiquer un message de façon plus efficace, et non une position religieuse de principe, ou l'effet de l'éducation bon chic bon genre des militants venant de milieux plutôt bourgeois et donc conditionnés à se "comporter poliment", sans "gestes déplacés". Mais je suis sûr que bien des employés font des cauchemards chaque nuit, en rêvant de tuer leur patron, et qu'ils ont jubilé secrètement lorsqu'ils ont appris qu'à Toulouse un employé d'une boîte de transport a tué son patron. Sur les tables militantes anars en Angleterre, on trouve un bouquin sur comment la mode non-violente détruit l'énergie combative et fait échouer bien des luttes, un aspect critique complètement censuré en France où on en est encore à des trucs neo greenpeaciens tels les "désobéissants". La situation est si grave qu' il faut faire bien plus que de "désobéir", comme un enfant pas sage face à ses parents. Il faut attaquer. Dans les années Quarante, les résistants ne se sont pas contentés de poser des petits gestes symboliques de désobéissance ! Comment attaquer ? Oui, il faudrait à la façon des clowns bien plus interpeller par le look marrant et surtout utiliser cette approche costumée pour distribuer nos tracts par oral, c'est à dire parler, au lieu de donner des papiers insipides en silence. J'avoue être sans solution. Je ne crois pas comme certaines tendances trotskystes qu' il faut se tenir prêt en construisant le-parti-qui...tel un instrument -miracle dont se saisira la classe exploitée... Oui, il faut trouver des moyens efficaces et offensifs. Mais comment ? Reste que je donne raison à celui qui témoigne ci dessus : essentiel de mener déjà une vie militante joyeuse et festive, en donnant la priorité à la vie de groupe pour déjà expérimenter entre nous les valeurs révolutionnaires qui nous dont chères.Les soixante-huitards appelaient cela la "révolution par la subversion existentielle". Je crois à l'exemplarité des poches de bonheur, où les gens qui se croyaient définitivement coincés dans leur existence d'exploités se sentent contaminés par le témoignage attirant, séduisant, de gens heureux qui prennent spectaculairement plaisir à "niquer le système", ce qui peut les inciter à eux et elles aussi à faire sécession, à déserter, pour créer des lieux de convivialité autonome, d'où on sort fréquemment pour mettre les rieurs de notre côté par nos attentats hilarants... Mais le ministère de l'intérieur , lorsqu'il comprendra la force d'impact de ces militants rigolards, ne tardera pas à donner l'ordre de matraquer sans merci ces "soit disant clowns" au même titre que ceux classiquement habillés en noir... Alors je ne sais pas. Je sais juste que le capitalisme ou plus globalement cette civilisation occidentale toujours aussi raciste car elle se croit "LA civilisation", ne laissant aux ex colonisés que le destin d'aller vers les "races supérieures" en novlanhue cela se dit "pays en développement" et pour les gagnants du mimétisme, "pays émergents" (comme si les perdants étaient immergés, noyés, foutus), bref ce capitalisme voit son avenir en rose : il mondialise ses techniques de vente et se voit encore un riche et durable avenir vers les nouvelles classes moyennes montantes en Chine, Inde, Indonésie, Corée, Brésil, Russie, etc...une foule crétinisée bien plus nombreuse que dans les vieux pays occidentaux. Les derniers arrivés au pseudo paradis de la consommation sont les plus naïvement enthousiastes. Donc peu importe nos petites et gentilles actions militantes clownesques ou non : ça va continuer.Ils ont de quoi faire des profits avec ces centaines de millions de consommateurs "émergents"... Le seul frein viendra du mur physique, inéluctable, des limites des stocks de ressources minières, donc les limites écologiques de cette planète. Mais face à ce mur, la réponse sera la dictature militaro-policière équipée de RFID et de nanosystèmes (lire pièces et maind'oeuvre), pour gagner quelques décennies : partager qu'entre riches ce qui deviendra rare. J' aurai préferré que le frein vienne de la révolte, de l'insurrection du peuple enfin informé et conscient ! Répondre à ce commentaire
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Heretic 11-11-09
à 17:13 |
Re: la tactique militante du clownVous pensez résoudre par la seule pensée technique des problémes engendrés par le régne d'une pensée humaine n'ayant justement voulu compter que sur elle seule pour tout résoudre et qui jadis s'incarna dans les structures de pouvoir politiques et économiques pour y parvenir ?! Tout cela n'est que pure superstition et foi aveugle en l'homme ! ne pouvant mener un jour ou l'autre qu'à une profonde désillusion tout comme celle dont furent victimes ceux qui comme vous voulurent jadis établir le régne de la pensée humaine avant de devenir les premiers batisseurs d'empires.. Louise Michel disait " le pouvoir est maudit", mais votre révolte également établi sur le seul et unique régne d'une pensée humaine aspirant finalement à se liberer des structures que son propre orgueil engendra, est également condamné à cette même "malédiction" que vous le vouliez ou non.. Répondre à ce commentaire
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rfz 11-11-09
à 23:31 |
Re: la tactique militante du clown@heretic : Au moins, tu restes fidèle à tes propos. Toi, au moins, tu ne penses pas. Je sais, ce que je dis est vache. Mais relis ton post... tu leurs reproche de penser ?
@takpi : amho, une action violente ne peut sensibiliser que les convaincus ! @kuriakin75 : Je trouve leurs actions particulièrement efficaces. La plupart des gens que je connais sont "politiquement correctes" , progressistes ... Leurs idées ne sont pourtant pas très éloignées des notres, mais il y a un gap infranchissable ! Or les clowns arrivent à les émouvoir / choquer (dans le bon sens) / scandaliser (toujours dans le bon sens). Répondre à ce commentaire
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LordPepper 13-11-09
à 00:38 |
Re: la tactique militante du clown"une action violente ne peut sensibiliser que les convaincus !"
Je ne veux pas me faire l'apôtre de la violence mais je ne peux pas être d'accord, malgré tout, avec cette phrase. En fait, la violence a pour principe même de convaincre ceux qui ne le seraient pas sinon. De les contraindre à l'acceptation, en fait. L'État exprime une violence quotidienne qui lui permet de "convaincre" sa population. Après, le tout est de savoir ce qui est le plus efficace : à la violence de l'Etat devons-nous répondre par la joie et la bonne humeur ? Les gens ont-ils plus envie d'être heureux ou plus peur d'être malheureux ? Si l'on part du principe que les gens sont emmenés à voter de telle ou telle manière, ou à penser de telle ou telle manière, parce qu'ils ont peur, on est obligé d'admettre que l'action violente, celle qui fait peur, est efficace. Si l'on pense le contraire, il faut alors déclarer haut et fort que toutes les propagandes sécuritaires ont un effet nul sur la population. Il est difficile, à mon sens, d'admettre l'un sans l'autre. Takpi, tu as presque failli faire tout un message sans parler du mur des ressources minières et de l'apocalypse. C'était vachement bien :) Répondre à ce commentaire
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rfz 13-11-09
à 21:07 |
Re: la tactique militante du clownL'état ne cherche pas à convaincre par la violence. Il cherche à contraindre.
Pour moi, l'activisme violent a pour principal effet de justifier les politiques sécuritaires. Je met de coté les émeutes qui, en soit, ne sont pas de l'activisme mais une réaction viscérale à une injustice. Je ne pense pas que ce soit un acte réfléchi, et je ne pense pas non plus qu'on les fasse dans un but précis. C'est juste un besoin d'extérioriser son impuissance. "à la violence de l'Etat devons-nous répondre par la joie et la bonne humeur ?" Si c'était possible, oui ! Mettre en scène la violence étatale est la meilleure défense. "Si l'on part du principe que les gens sont emmenés à voter de telle ou telle manière, ou à penser de telle ou telle manière, parce qu'ils ont peur, on est obligé d'admettre que l'action violente, celle qui fait peur, est efficace." Oui, efficace. Les gens ne votent pas pour un état policier parcequ'ils ont peur de la police, mais parcequ'il ont peur des "terroristes" des "délinquants" des "racailles" de "la mouvance anarchiste autonome internationale", en fait, de toutes ces chimères que l'état met en scène. Répondre à ce commentaire
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rfz 13-11-09
à 21:10 |
Re: la tactique militante du clownc'est dommage qu'on ne puise pas corriger ses posts après coup :(
en soit c'est pas cool :) Répondre à ce commentaire
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libertad 13-11-09
à 22:01 |
Re: la tactique militante du clownNormalement tu peux effacer ton propre commentaire et le réécrire, c'est un moyen de le modifier
Répondre à ce commentaire
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rfz 13-11-09
à 22:49 |
Re: la tactique militante du clownje n'ai pas cette option :(
je n'ai que : "Repondre a ce commentaire" Répondre à ce commentaire
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LordPepper 14-11-09
à 01:41 |
Re: la tactique militante du clownBon, on va pas chipoter sur les mots. A mon sens "convaincre par la violence" et "contraindre", c'est la même chose. Ce que je veux dire par là :
On est contraint d'accepter une règle de propriété privé, par exemple. En soi, ça n'est pas forcément évident. Si j'ai envie d'aller de l'autre côté d'une barrière, j'y vais, point. Il y a eu deux manières de convaincre les gens qu'il ne faut pas aller de l'autre côté d'une barrière interdite : une explication "la propriété c'est bien, super cool, tout ça", et une violence "si tu passe la barrière j'te pète ta gueule et j'te met en taule". A mon sens, la population a été convaincu d'accepter un bon nombre de choses, aujourd'hui jugé "normal", par la violence. Encore une fois, je ne dis pas que la violence est la bonne pédagogie. Par contre dire "la violence n'a aucun impact" c'est un peu se voiler la face, à mon avis. La violence étatique a un impact. Pourquoi la violence non-étatique n'en aurait elle pas ? Répondre à ce commentaire
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rfz 14-11-09
à 02:47 |
Re: la tactique militante du clownCe n'était pas un jeux de mots, et je ne crois pas chipoter.
Si notre but est de convaincre, la violence est contreproductive. Si notre but est de contraindre, encore faut il s'assurer qu'on est les plus forts... Or : - 13 ans de prison pour quelques bris de glaces - 6 mois avec sursis pour avoir foutu le feux à 14 caravanes - non lieux pour avoir tué deux gamins - même pas dérangé pour avoir causé la mort d'un bon million de personnes Je pense qu'il vaut mieux chercher à convaincre... Répondre à ce commentaire
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LordPepper 14-11-09
à 02:56 |
Re: la tactique militante du clownJe suis entièrement d'accord avec toi. Mais...
Si notre but est de convaincre, encore faut-il s'assurer que nous sommes les plus forts. Or, je ne pense pas que nos méthodes de communications soient plus puissantes que celles que peuvent mettre en place les lobbyistes, les médias et les publicitaires. Mais, s'ils sont capables de mieux convaincre que nous ne le sommes, devons nous pour autant abandonner l'idée de communiquer avec nos semblables ? Mais alors, s'ils sont capables de nous faire plus mal que nous sommes capables de le faire, devons nous pour autant abandonner l'idée de répondre à leur violence par la violence ? Est-ce parce que nous sommes faibles que nous devons baisser les yeux et nous taire ? Répondre à ce commentaire
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rfz 14-11-09
à 12:12 |
Re: la tactique militante du clownJe ne crois pas qu'il y ait de prérequis pour chercher à convaincre (même pas la liberté d'expression). C'est vrai, ça pose la question de l'efficacité. Mais, le seul risque est de sacrifier ses convictions pour accroître son audiance.
"devons nous pour autant abandonner l'idée de répondre à leur violence par la violence ?" Définitivement, mon point de vue est : OUI. à moins que l'on soit capable de les contraindre à arrêter la violence. Est-ce parce que nous sommes faibles que nous devons baisser les yeux et nous taire ? Nous ne devons, ni nous taire, ni baisser les yeux. La violence n'est pas le seul moyen de garder la tête haute. Répondre à ce commentaire
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LordPepper 14-11-09
à 18:06 |
Re: la tactique militante du clownEt bien pour ma part, je nous pense capable de les contraindre.
Si on prend le chemin à rebours on a : une société violente pour laquelle les gens votent, des gens qui cassent des vitres, des policiers qui mettent ces gens qui cassent des vitres en taule en bastonnant d'autres gens au passage, des clowns qui dénoncent la violence de l'Etat image à l'appui, chiffre à l'appui, article de journaux à l'appui. S'il n'y a pas l'étape "bris de vitre", ça nous donne : une société violente pour laquelle les gens votent, des clowns qui dénoncent cette société pour laquelle les gens donnent leur agrément. Mais, entre temps, la société n'est pas devenu plus violente. Le seuil de tolérance de la population n'a pas été dépassé. Ce qui est inacceptable pour nous est toujours acceptable pour eux. Et, leur machine de propagande étant plus efficace que la notre, le seuil de tolérance de la population augmentera vraisemblablement plus vite qu'il ne diminuera. Les choses horribles deviendront de plus en plus acceptable. A mon sens, la stratégie de la violence consiste à faire passer l'Etat au dessus du seuil de tolérance de la population plus vite que l'Etat ne l'avait prévu. Et dépasser ce seuil, ça se passe à mon sens de deux manières : révéler ce qui est innaceptable et provoquer l'innaceptable. Si tu veux dénoncer la violence de l'Etat avec le sourire, moi je suis pour. Mais il faut que tu dénonce quelque chose qui est susceptible d'indigner ton public. S'il n'y a aucune violence nulle part, l'Etat n'a aucune raison d'en exercer plus que ce que les gens acceptent déjà, et tu n'as plus rien à dénoncer. Répondre à ce commentaire
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rfz 16-11-09
à 16:41 |
Re: la tactique militante du clownà ce stade de la discussion, je pense que nous avons des points de vue radicalement opposés.
je pense qu'il n'est nul besoin d'aggraver la situation. l'état est suffisamment ignoble sans que l'on aie besoin de le provoquer. (rwanda / afganistan / bientôt iran / france-afrique / camps de rétention / népotisme / populisme / corruption / violence et impunité policière / flicage / fichage ...) chercher à aggraver la situation est le meilleur moyen de se faire haïr des gens "bien pensants". après quoi, ils seront indifférent à notre sort. j'en veux pour preuve le cas de jean marc rouillan . si on mettait n'importe qui d'autre en prison et on l'y laissait mourir pour le simple fait d'avoir donné une interview à des journaliste, les conséquences seraient dramatiques pour le gouvernement. là, tout le monde s'en fout ! Répondre à ce commentaire
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LordPepper 16-11-09
à 17:59 |
Re: la tactique militante du clownTu as entièrement raison concernant Rouillan.
Mais les gens se foutent également allègrement de ta petite liste qui commence par le Rwanda et finit par le fichage. Donc bon. Voilà. On provoque pas plus parce que ça sert à rien, mais dénoncer ce qui est déjà grave ne sert à rien non plus. Dans l'absolu, effectivement, autant passer sa vie militante à rire plutôt qu'en taule. Si les deux options sont inefficaces, autant s'amuser. En gros c'est ça ou je m'égare ? Répondre à ce commentaire
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rfz 16-11-09
à 19:42 |
Re: la tactique militante du clownma liste voulait simplement dire qu'il y a suffisamment matière à dénoncer sans chercher à empirer la situation. (cf ton argument précédent)
pour ne reprendre que l'exemple du rwanda, il est surprennent de voir le nombre de personnes qui ignorent complètement le rôle de la france dans ce génocide. pour mémoire: 1 000 000 de personnes en trois mois, hitler à côté est un apprenti. les deux approches ne sont pas "également inefficaces". l'une est nuisible, l'autre est, au pire, inefficace. Répondre à ce commentaire
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LordPepper 17-11-09
à 18:48 |
Re: la tactique militante du clownNuisible, carrément.
Oui, ben, d'accord alors. Je vois pas ce que je peux dire de plus là. Mais, honnêtement, sans vouloir faire mon rabat-joie, j'ai bien peur mon ami que tout le monde sache pour le Rwanda. Et que tes "bien pensants", comme tu dis, qui nous haïssent à cause de Jean-Marc Rouillan, tu ne puisse leur tirer plus qu'un "Mon dieu c'est horrible ! Comment as t'on pu laisser faire ça ?" Suivi de... rien. Je sais que je ne suis apte à me sentir réellement concerné que si je... me sens réellement concerné. Combien de personne se sente réellement concerné par le Rwanda ? Je veux dire, intimement. A un stade qui permette de dépasser la simple indignation, que tu peux provoquer assez facilement chez n'importe quel être humain. L'horreur ne se mesure pas en chiffre, malheureusement. Elle se mesure dans l'intime. Il est nécessaire, indispensable, qu'elle soit intime, pour être vécu. Il faut la sentir. C'est vrai pour toi, c'est vrai pour moi, c'est vrai pour n'importe qui. Pour dépasser le stade de l'indignation il faut être capable de ressentir de l'empathie pour les victimes de l'horreur, c'est à dire ressentir en soi ce petit "cet homme là, ce pourrait être moi". Pas le penser, le ressentir. Viscéralement. J'ai bien peur, malheureusement, que les victimes du Rwanda ne provoque pas un sentiment d'horreur viscéral chez la plupart des gens qui peuvent t'entendre. Tout au plus une horreur théorique. Et c'est ce sentiment d'horreur viscéral qu'il faut provoquer chez ceux qui nous haïssent, pour reprendre encore une fois tes termes. Provoquer ce sentiment de révolte lié au sentiment d'impuissance face à une situation qui nous parait injuste. Hors de toute proportion, hors de tout entendement. Provoquer ce "je me sens concerné car je sais que le prochain c'est moi". "Je me sens concerné parce que je sais que mon fils vient de se faire bastonner par les flics et va prendre du ferme parce qu'il a jeté une canette sur la police pendant sa manif' lycéenne". Il est peut être dommage qu'un père se sente plus concerné par la mise en taule de son fils plutôt que par un million de morts en Afrique mais, honnêtement, j'ai bien peur que ce soit ainsi que la plupart des gens fonctionnent. Pour montrer sa compassion à l'égard du Rwanda, on donne à une ONG, on achète un disque de Corneille, on se montre bon, gentil, animé d'une saine grandeur d'âme. On ne se révolte pas. Répondre à ce commentaire
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rfz 17-11-09
à 20:33 |
Re: la tactique militante du clownnuisible, oui. contre-productive. mais peut être que nous n'avons simplement pas les mêmes objectifs.
si ton but est de contraindre les gens à prendre leurs faucilles et leur marteaux pour aller décapiter les dirigeants, je sais pas, tu as peut être raison. "j'ai bien peur mon ami que tout le monde sache pour le Rwanda." qu'ils sachent quoi ? que les personnes qu'ils ont mises au pouvoir se sont interposées militairement entre les génocidaires et le FPR qui allait mettre fin au génocide (entre autres atrocités commises par le gouvernement français). si c'est bien ce que tu entendais dans cette phrase, alors les suivantes m'inquiètent. Répondre à ce commentaire
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kuriakin75 17-11-09
à 23:25 |
Re: la tactique militante du clownLà, je sens que je vais me faire haïr par certains, mais... Vous n'avez pas l'impression qu'on tourne un peu en rond là ? Et qu'en réalité on réagit plus qu'on n'agit. Qu'en fait, nos adversaires mènent le jeu, établissent les règles, distribuent les cartes et nous font perdre un temps précieux pour l'établissement d'une autre société.
Casser des vitrines ou accrocher des poissons à nez rouge dans le dos des Maîtres, est-ce que cela les dérange vraiment ? N'est-ce pas, d'une certaine façon, un cadeau qu'on leur fait en jouant leur jeu ? Que le public tremble ou rigole, quelle importance ? Tant de gens de bonne volonté se sont épuisés à ce jeu-là. Cela m'évoque ces taureaux que l'on fait danser autour de la muleta rouge pour les achever quand ils sont bien fatigués. Ok, parfois le torero se prend un coup de corne, parfois il en meurt. Mais le nombre de taureaux sacrifiés est, de beaucoup, plus important. Et tout continue comme avant. L'énergie ne serait-elle pas mieux employée à bâtir concrètement, jour après jour, une société meilleure ? Coopératives de production, de consommation, cohabitat, partage, éducation alternative, développement d'autres énergies (dans tous les sens du terme) et d'autres rapports humains, repenser la valeur, comment vivre ensemble, comment faire vivre une égalité réelle, comment échanger (dans tous les sens également), comment grandir, etc. Oui, c'est souvent plus difficile. Cela remet parfois en question des fonctionnements/réflexes personnels (machisme, élitisme, cheffisme...) acquis depuis des générations. Et ça fait peur. Je sais que l'un n'empêche pas l'autre et que certains "activistes" mènent de front ces deux types d'action. Et cela me réconforte. Voilà, je ne tiens pas à faire de conclusion, c'était simplement une aigrette de pissenlit qui volait au vent et s'est posé un moment dans ce forum... Ephémère. Répondre à ce commentaire
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LordPepper 18-11-09
à 02:01 |
Re: la tactique militante du clownEt à force de voir crever le taureau, de plus en plus de personne souhaitent l'arrêt de la corrida et trouve ça honteux...
Bref. Oui, il faut vivre son militantisme de manière positive. Oui il faut construire. Oui il faut aimer et rire. Oui, je suis d'accord avec tout ça, mille fois oui, dix mille fois oui, encore et encore. J'essaye d'employer l'ensemble de ma vie à ça. Mais... Quand quelque chose me heurte, me dérange, m'horripile et que je veux réagir (parce que j'ai aussi le droit de réagir aux choses, ne pas juste rester dans ce monde de bonheur, de rire, d'amour et d'harmonie que j'essaye de construire autour de moi), bref quand je veux manifester ma consternation face à quelque chose de précis, que fais-je ? Et bien à ce moment là, je suis désolé, mais je préfère manifester ma colère plutôt que mon amour. C'est peut être brutal, primitif, bête, mais lorsque quelque chose me met en colère, je suis... en colère. Et je le montre. Que d'autres parviennent à prendre le recul nécessaire pour mettre en scène leur consternation avec la force du rire, grand bien leur fasse. Mais j'entends mal qu'on vienne me dire que je suis pour ma part nuisible, tout comme le sont tout ceux qui par consternation, désespoir, impuissance, manifestent leur colère de manière violente contre leur environnement ou contre eux-même. Nous devons... grandir ? C'est l'idée ? Répondre à ce commentaire
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LordPepper 18-11-09
à 02:12 |
Re: la tactique militante du clownPour répondre à rfz sur le Rwanda, ce que je voulais dire par "les gens savent", c'est "tout le monde sait, connait et est informé des atrocités commises par le gouvernement français, directement, avec son soutien, ou son silence complice".
Et la plupart des gens traitent ceci comme une information. Tu aura beau leur répéter, il se montreront scandalisés au mieux, mais cela changera t'il quoi que ce soit pour eux profondément ? Franchement ? Honnêtement ? Si tu me dis que oui, il suffit de leur dire, de leur montrer des chiffres pour qu'ils s'exclament en choeur "Mais c'est honteux, c'est mal, dorénavent je refuse de payer mes impots qui allimentent les caisses de l'armée française, je refuse de voter pour les dirigeants de l'Etat français et je demande des poursuites immédiates à l'encontre de tout les politiques et de tout les gradés qui ont trempés de près ou de loin dans cette affaire. D'ailleurs j'entame une grève de la faim jusqu'à ce que ce soit fait" alors je veux bien te croire. Si tu me dis, avec toute la sincérité de ton coeur, qu'il suffit de le dire plus fort que cela n'a déjà été dit pour que les gens réagissent, d'un coup, et condamnent fermement l'Etat et l'armée comme ils ont omis jusqu'à présent de le faire alors je te dis, oui, banco, dis moi comment faire, je suis avec toi, je te suis, je t'accompagne. Répondre à ce commentaire
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kuriakin75 18-11-09
à 12:54 |
Re: la tactique militante du clownDe plus en plus de gens se mobilisent en voyant le taureau mourir dans d'horribles souffrances ? Tu crois vraiment? La seule campagne qui a vraiment bien fonctionné avec cette optique, était celle pour sauver les "bébés phoques" de l'association de Brigitte Bardot. Ils étaient tellement mignons avec leurs petites têtes rondes et moustachus... et les gros gourdins faisaient tellement peur... Voilà une bonne cause (pas trop impliquante pour le public : on n'a pas vraiment besoin en Occident d'une peau ou de la viande de phoque) soutenu par une bonne communication et par un people, qui n'avait pas encore trop de casseroles extrêmistes collées aux fesses à l'époque. L'exemple par l'horreur fonctionne, parfois. Ceci dit une dizaine d'années plus tard, les bébés phoques étaient de nouveau pourchassés.
J'ai entendu dire (à demi-mots) parfois que plus il y aurait de "martyrs" (morts, tabassés, oeil en moins, en prison, condamnés injustement, etc.), plus cela montrera aux gens dans quel monde "pas bien" ils vivent. Et alors ils seraient des milliers à se lever contre cet état de fait. La mort de Malik Oussekine, en 1986, tabassé par les "voltigeurs" de la préfecture de police, lors d'une manifestation étudiante à Paris, avait effectivement mobilisé et fait reculer le gouvernement. La brigade des voltigeurs motocyclistes avait même été dissoute. A part ça, pas grand chose. Les petits Blacks abattus en banlieue, Tarnac, le flashball de Montreuil, Carlo Giulani à Gênes..., mobilisent-ils hors des frontières du quartier ou des militants d'extrême-gauche ? Même si je sors un peu du contexte de la discussion présente, j'en profite pour parler d'un truc qui m'a toujours mis mal à l'aise. Dans des documentaires sur la Résistance française, j'ai plusieurs fois entendu (notamment pour Nantes et Paris), certains dirigeants de la Résistance communiste avouer froidement que plus leurs actions provoquaient une réaction très dure de l'Occupant et notamment l'exécution d'otages civils pris au hasard, plus cela leur faisait des recrues et faisait bouger les gens. Là, j'avoue que j'ai du mal à acquiescer. Evidemment, je prends l'extrême. Mais dans une logique d'affrontement, on finit vite par perdre pied et quitter la réalité humaine (voir les errements de certains groupes terroristes des années 70-80). Comme tous, j'ai aussi de la colère, parfois même de la haine, mais quand tu prends un peu de distance, quand tu as un peu d'expérience de la vie, tous ces sauts d'humeur deviennent très dérisoires et semblent bien peu efficaces. Pour moi, la violence est un signe d'impuissance (euh, je ne fais pas allusion à votre virilité les mecs !). Répondre à ce commentaire
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LordPepper 18-11-09
à 13:26 |
Re: la tactique militante du clownOn est (presque) tout à fait d'accord.
Je reviens pas sur les taureaux, c'est pas vraiment le sujet, mais en tant qu'habitant du Sud-Ouest je ne peux que constater que les beaux jours de la Corrida sont finis depuis bien longtemps, quand même, faut pas déconner. Oui, il en reste, mais tu ne peux pas dire que c'est encore ce que c'était. Bref. La colère est un constat d'impuissance ? Je devrais en avoir honte ? Je suis impuissant. Tu es puissant toi ? Tu peux décider, je ne sais pas moi, de punir les assassins de Carlo Giulani, par exemple. Tu es puissant ? Tu en es capable ? Moi non. Moi je sais pas faire. Moi je suis pas capable. Je suis impuissant. Je constate sa mort. Elle me consterne. Elle m'horrifie. Je ne sais comment réagir face à sa mort. Je ne sais que faire. Je voudrais pouvoir y répliquer mais je suis impuissant. C'est un fait, je n'en ai pas honte. Alors, oui, je peux lui rendre hommage de bien des manières. Mais je peux aussi me mettre en colère et exprimer ma consternation et mon impuissance par mon corps, viollement. Oui, je suis impuissant face à toute cette barbarie. Je devrais prendre de la distance ? Elle viendra avec l'"expérience de la vie" ? Qu'elle vienne vite cette expérience, j'approche les trente ans et je finis encore menottes au poignet. 'Faudrais voir à grandir". On me disais ça aussi au lycée quand je me disais anarchiste. Bah, tant pis, l'âge adulte viendra bien un jour. Oui je suis un gamin impuissant. Et alors ? Je devrais être un sage qui porte sur le monde un regard sans colère, empli d'amour et de bienveillance, car lui il sait, lui il comprend, lui il voit ? Ce n'est pas mon cas. Je suis dans l'erreur parfois, dans l'apprentissage souvent, dans le questionnement toujours. Je ne peux me prétendre mieux eclairé que d'autre mais je revendique ma colère. Et je sais que si d'autres que moi ressentais ce que je ressens ils se mettrait aussi en colère. Alors comment leur faire ressentir leur impuissance et le mépris de ceux qui nous pietinnent ? N'est-ce pas parce qu'ils se pensent puissant qu'ils s'obstinent à voter, à donner leur voix, à se faire entendre, persuadé qu'ils peuvent ainsi "changer le monde" ? Tu prend un extrème avec tes resistants communistes. A ce petit jeu je peux t'en proposer un autre : au pavé s'est substitué l'urne, pacifique, raisonnable, adulte. A trop vouloir contenir les pulsions de l'individu on le condamne à l'impuissance. Nous sommes impuissants. Toi comme moi. Et tout comme mon voisin. Mais lui pense le contraire. Je voudrais qu'il le comprenne pour que cela cesse. Répondre à ce commentaire
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rfz 19-11-09
à 01:19 |
Re: la tactique militante du clown@LordPepper Je tiens à m'excuser si tu t'es senti insulté. je ne faisais pas une critique envers des personnes mais envers une "tactique". Je me rends bien compte que tes réactions sont honnêtes et naturelles.
Quand j'utilisais le terme nuisible, (pour lequel j'ai tardé à comprendre pourquoi il te choquait) ce qualificatif ne s'appliquait pas aux personnes mais à leurs actes. et c'était surtout vis à vis d'eux mêmes et de ce qu'ils défendent. Je ne crois pas que mon point de vue soit meilleur que le tien, mais il a l'avantage d'être le mien :-) Ce que je veux dire par là, c'est que je me garderais bien de dire quelque chose du genre: "faudrait voir à grandir". Même si j'ai au moins six ans de plus que toi ;-) Pour revenir à nos moutons, si la violence n'est pas un calcul, en d'autres termes, si c'est une réaction viscérale, je trouve dommage qu'elle ait lieux, mais je n'ai rien à redire. (cf mon laïus sur les émeutes). Si c'est un acte réfléchi, je pense qu'il y a un bug dans la réflexion... Répondre à ce commentaire
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OgRuR 19-11-09
à 14:25 |
Re: la tactique militante du clown@ Heretic, terré dans une chambre vide d'utopies, entouré des cadavres encore fumants de tes propres tahisons, menacé d'être aspiré par un gouffre de déréliction où finalement tout est permis, à t'écouter on justifierait des camps que des salauds ont érigé pour d'autres salauds et l'on s'en tiendrait là à rejoindre les premiers pour ne pas être des convois qui mènent à la mort les seconds. Tu pourras difficilement occulter la toute fin des propos tenus par Albert Caraco... « Aucun progrès moral ne vient à bout de nos entrailles, c’est là que la raison de toute chose se ramasse et que les éléments de l’ordre se renferment, avec leur barbarie originelle. Ce qui fut bon avant cinquante siècles est bon à cette heure, ainsi du trône et de l’autel, qui dureront autant que les humains, malgré les intervalles où l’on croit au changement. Le monde est vide et la métamorphose de ce vide, appelée Dieu, ne change rien aux préalables et ne saurait remédier au défaut d’harmonie, inhérent au système, la Providence est une illusion et le progrès moral n’est qu’un délire, l’ordre corrompt l’homme plus qu’il ne l’humanise » (Albert Caraco) Répondre à ce commentaire
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à 15:35