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Lu sur Hacktivist news service : "Le scandale des prisons françaises est de notoriété publique. Les rapports de toute nature se sont accumulés, dressant d’année en année le constat toujours plus accablant de leurs carences et dysfonctionnements. Les diverses instances européennes et nationales de protection des droits de l’homme nous ont tour à tour enjoint d’y remédier sans délai. Rien n’y fait. La France a résolument tourné le dos à la volonté réformatrice qui avait ponctué la vaste enquête parlementaire de 2000 sur les prisons.
Cette volte-face de la politique pénale et pénitentiaire puise son inspiration dans des formules éculées n’est-ce pas le futur Napoléon III qui proclamait en 1849 : « Que les bons se rassurent et que les méchants tremblent ! » et mâtinées d’ersatz de tolérance zéro inspirée par les Etats-Unis et définie ainsi par l’ancien garde des Sceaux Dominique Perben : « Pour que la peur du gendarme soit opérante, on doit avoir peur du juge ! »
Si cette vision de la justice répressive avait un quelconque effet sur l’évolution des statistiques des délits et des crimes, les prisons seraient vides. Elles ne le sont pas. Au nom de la sécurité, le gouvernement les remplit comme aucun autre avant lui. Sans s’interroger sur la pertinence et l’utilité sociale de rendre les sanctions plus certaines et plus lourdes. Sans se préoccuper de l’état de saturation dans lequel il place le système judiciaire et pénitentiaire. Cette fuite en avant du gouvernement dans la volonté de punir davantage s’accompagne du déni systématique des conséquences de sa politique et de son échec patent en termes de sécurité publique. Le ministère de la Justice repousse toute critique, dédaigne toute préconisation et réfute les effets dramatiques au sein des lieux de détention de sa croisade sécuritaire. Il poursuit en l’accentuant l’extension permanente du parc pénitentiaire, ce qui portera en 2007 à 30 000 le nombre de nouvelles places de prisons construites en vingt ans. Que faire devant une telle détermination aveugle ? Déjà, les personnes détenues et leurs familles ont délivré leur témoignage d’un quotidien empreint de tensions et de violences. Les surveillants, les travailleurs sociaux, tout comme les intervenants en milieu carcéral enseignants, médecins, aumôniers, associations, etc. , n’ont eu de cesse de dénoncer l’impossibilité dans laquelle ils se trouvaient de mettre en oeuvre les missions qui leur sont assignées. Les magistrats et les avocats ont dit et redit que la justice n’était plus à même de répondre aux exigences de procès équitables. Il est temps aujourd’hui que l’ensemble des acteurs du monde judiciaire et pénitentiaire se réunissent. Et qu’ils interpellent collectivement nos concitoyens comme nos décideurs publics sur les conséquences délétères de l’enfermement pour les personnes et sur les conditions de travail en détention.
Il est de notre responsabilité de placer une nouvelle fois la société française face à ses prisons. Confrontée à ce qui se passe concrètement derrière les murs, elle sera à même de mesurer s’il convient de rompre avec la complaisance séculaire dont bénéficie la prison républicaine qui, comme l’a souligné récemment Robert Badinter, « porte en elle son échec toujours renouvelé et toujours accepté ».
C’est avec cette finalité que des états généraux de la condition pénitentiaire pourraient utilement être organisés. Réalisés sous l’égide des collectivités territoriales avec le concours des barreaux, des réunions publiques locales, régionales puis nationales, ils associeraient les organisations professionnelles et les structures associatives. On sait que sur l’essentiel les diagnostics se rejoignent. De ces constats partagés découlent bien souvent des attentes convergentes. Elles doivent devenir des perspectives formulées au travers de cahiers de doléances qui s’imposeront au gouvernement. Charge à lui de confier à une commission large et pluridisciplinaire, animée par une personnalité qualifiée et incontestable, le soin de procéder à la mise à plat des missions et du fonctionnement du système pénitentiaire.
Parce que le respect des droits de l’homme est un principe non négociable dans une société démocratique. Parce qu’il est urgent de réfléchir à ce qu’une telle société peut attendre du recours à l’emprisonnement et à ce qu’elle doit renoncer à en espérer. Pour qu’enfin les orientations de politique pénale et pénitentiaire s’élaborent sur des bases rationnelles.
Source/auteur : http://www.oip.org