Un cadre de TF1 a été licencié "suite à une dénonciation du ministère de la Culture" pour avoir critiqué le projet de loi sur la protection des droits sur internet, selon Libération, des accusations aussitôt qualifiées "d'absurdes" par Christine Albanel.
Jérôme Bourreau, 31 ans, était responsable du pôle innovation web de TF1 et a été licencié pour "divergence forte avec la stratégie" de TF1, écrit jeudi le journal qui a recueilli le témoignage de ce jeune cadre.
Selon Libération, M. Bourreau qui habite le XVIIème arrondissement parisien a écrit, en février, à sa députée Françoise de Panafieu (UMP) depuis son adresse mail personnelle, pour dénoncer le projet de loi Hadopi, actuellement discuté à l'Assemblée.
"Le 4 mars, écrit le journal, il est convoqué par Arnaud Bosom", chargé des activités numériques de la Une, qui lui "lit le mail mot pour mot" et lui dit qu'il n'a "pas le droit d'avoir cette opinion". M. Bosom reconnaît que c'est le ministère de la Culture qui lui a transmis le mail adressé à Mme de Panafieu.
Le 16 avril, M. Bourreau reçoit sa lettre de licenciement dont Libération a eu copie. "Cette correspondance nous est parvenue via le cabinet du ministre de la Culture qui l'a adressée le jour même à la société TF1", y lit-on. Il est reproché à M. Bourreau son hostilité au projet Hadopi considérée "comme un acte d'opposition à la stratégie du groupe TF1".
La ministre de la Culture Christine Albanel a affirmé "n'avoir jamais contacté la direction de TF1 pour s'immiscer dans la politique de gestion du personnel de la chaîne" et "trouve absurdes les accusations du journal".
"Je n'ai jamais demandé la tête de quiconque. Ce n'est pas dans mes habitudes", a insisté jeudi après-midi Mme Albanel, interrogée par le socialiste Patrick Bloche, lors de la reprise de l'examen du texte à l'Assemblée nationale.
"A ma connaissance rien n'a été transmis" à la direction de TF1, a-t-elle ajouté.
Egalement interpellée à l'Assemblée, Françoise de Panafieu, a qualifié le courrier du cadre de TF1 de "très bien construit". Elle a dit l'avoir ensuite "transféré au ministère de la Culture, un peu comme un exemple, en suggérant qu'on s'en inspire pour en faire comme un contre-argumentaire à l'attention des députés du groupe (UMP)".
"En aucun cas le mail ne demandait la confidentialité quant à l'identité", a-t-elle précisé.
Cette affaire a suscité des réactions, le SNJ-CGT jugeant qu'il s'agit d'"un nouvel épisode qui prouve encore des relations incestueuses entre le pouvoir et la chaîne Bouygues". "TF1 et le ministère de la Culture veulent-ils couler une chape de plomb sur les libertés individuelles ?", s'est interrogée la CFDT.
L'information a été qualifiée de "stupéfiante et choquante" par le député PS Christian Paul, l'un des fers de lance de son groupe contre le texte Hadopi.
"Le contrôle féroce de la distribution de la culture est le vrai visage d'Hadopi. A méditer par tous les artistes!", a ajouté M. Paul en dénonçant "un événement grave et profondément attentatoire à la liberté de pensée".
Interrogé, TF1 n'a pas souhaité faire de commentaire.
à 19:18