L'En Dehors

L’année 2006 est morte, vive l’année 2007 ! On oserait presque se la souhaiter meilleure que la précédente, mais 2007 va être un peu particulière : on va bouffer du rab électoral jusqu’à ce qu’on puisse faire du foie gras d’électeur. Quatre fois en moins de quatre mois, c’est plus de la démocratie, c’est carrément le peuple au pouvoir !

Cela étant - et malheureusement plus sérieusement - le premier épisode de la saga n’augure pas grand’chose de bon. C’est encore le triste spectacle de la dépossession complète de la population de ses prérogatives à décider elle-même de son avenir qui se dessine sous nos yeux. Tout le monde sait aujourd’hui, la légitimité du vainqueur sera digne de celle de tous les petits chefaillons de l’Histoire : nulle et non avenue. Depuis 1981 (compris), pas un chef d’Etat n’a dépassé les 25% des inscrits au premier tour... Le premier tour de 2002 a si besoin était encore une fois montré l’état de crétinisme auquel avait abouti le système de représentativité par le vote.

Mais c’est là où le bât blesse : c’est que bonnant malant nous allons quand même devoir subir pendant cinq ans le crétin (et sa clique) qui aura gagné le gigantesque talk-show que vit la France aujourd’hui. Certes on peut dénoncer la Star’Ac pour son caractère débilisant, mais il faut tout de même se rendre compte qu’il ne s’agit que d’une pâle copie de l’étalage de bêtise, de mensonge et d’hypocrisie qui va encore une fois avoir lieu durant les quatre prochains mois.

C’est à qui promettra le plus beau miracle : plus de pauvres, plus de propriété privée... un petit effort et ils vous promettront la fin du capital. A croire qu’ils n’ont jamais été au pouvoir, ceux là... Mais malgré tout, le discours de fond reste le même marqué par un beau retour de l’ordre moral : travail, famille, patrie qui remontre le bout de son nez partout où les candidats passent. On ne va pas changer une équipe qui gagne.

La débilité du spectacle est proprement affligeante : que ce soit Royal en mère gentille mais ferme ou Sarkozy en père fouettard au cœur d’or, la France est tombée dans un état de névrose collective électoraliste. Le tout entretenu par des médias serviles, qui essaient de faire passer ces ennemis pour des potes. Dorénavant c’est Nicolas et Ségolène... Personnellement, je n’oserais pas élever ces candidats avec mes moutons ; ça sera donc Royal et Sarkozy.

Mais attention, il ne faut pas oublier les minoritaires, les fidèles abonnés du premier tour, qui légitiment encore et encore le système électoral et ses conséquences. Allons y gaiement, on les sentait venir depuis le référendum : il faut une union du non pour les présidentielles... Ah bon ? Moi j’avais pas voté pour ça... Et là l’hystérie est contagieuse.

Qui d’autre que Laguiller peut s’afficher en mode stalinien sur les murs de Paris ? Quant à Besancenot, ça partage à tout va : le travail, la richesse.. ouf, on est rassuré, on garantit quand même le salariat et la propriété privée. On était à deux doigts de croire qu’ils étaient communistes révolutionnaires...

Et tous de nous expliquer de mettre un petit papier, que leur score est important... et pourquoi donc ? Auraient-ils oublié qu’au final, le vote ne fera que sanctionner leur défaite et la victoire des autres ? Qu’il leur faudra justement sortir des urnes pour faire valoir leur voix. Et après quoi ? Il n’y a plus qu’une chose à faire, attendre patiemment cinq ans encore, cinq longues années de trahison, de mensonge, de matraque et de pillage, pour à nouveau faire tourner la roue de la fortune et se rechoisir un nouveau chefaillon.

C’est devenu un fait expérimental : rien de bon pour le peuple dans les urnes, tout ce que nous avons gagné s’est gagné dans la rue ! Les vainqueurs de la gigantesque mascarade ne sont là que pour garantir le système des patrons, des flics, des juges et des curés. Jamais un gouvernement n’a défait l’œuvre du précédent, ils sont tous solidaire pour aller dans la même direction ! Pas une seule de nos revendications ne sera satisfaite via les urnes.

Tout ce show électoral n’a qu’un seul propos : nous faire oublier que nous n’avons pas besoin d’eux, que nous pouvons gérer notre destin nous-mêmes ! Il est aberrant de croire que 400 parlementaires peuvent sainement décider de tous les aspects de notre vie quotidienne ; aberrant surtout de penser qu’ils sauront mieux faire que nous.

A bas tous les semeurs d’illusions ! A légitimer ce mécanisme, on entretien la résignation. A y participer, on cède sa responsabilité politique à d’autres, on les laisse décider pour nous. Le monde ne sera que ce que nous déciderons d’en faire. Ne votons pas, prenons notre destin en main !

Désertons les urnes, occupons la rue !

  L’Abstentionniste édité par le groupe Claaaaaash

A ce jour, deux numéros au format .pdf en cliquant sur les liens ci-dessous :

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les textes sont disponibles sur le site du groupe Claaaaaash :

http://fa.federation-anarchiste.org/rubrique.php3?id_rubrique=10