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notice de l’éditeur
La crise éclatera d’abord, selon toute vraisemblance, en son épicentre, aux Etats-Unis, dont les taux d’endettement, individuels ou collectifs, sont proprement ahurissants.
Mais sous quelle forme ? Quand, comment et pourquoi ? Selon quels enchaînements probables ? Le grand intérêt de ce livre de Paul Jorion, qui connaît admirablement le système financier américain, de l’intérieur, est d’apporter des réponses extraordinairement précises et documentées à ces questions.
En fait, le lieu de vulnérabilité principal n’est pas tant la Bourse, qui ne représente que 20 % de l’enrichissement des ménages américains depuis les années 1980, que le secteur immobilier (60 % de cet enrichissement), artificiellement soutenu par tout un ensemble de politiques gouvernementales, en fait extrêmement interventionnistes.
Paul Jorion, autant anthropologue qu’économiste, nous fait découvrir une société américaine presque inconnue en France, tout entière portée par le devoir quasiment messianique de foi et d’espérance en un avenir de prospérité générale.
Or le système se grippe. La spéculation immobilière touche à ses limites dès lors que l’augmentation des prix de l’immobilier décolle par rapport à des revenus qui stagnent et que se multiplient les faillites personnelles. Si l’Amérique s’écroule, le monde tremblera.
Extraits d’un entretien avec Adrien de Tricornot, pour Le Monde
Déjà en 1776, dans La Richesse des nations, Adam Smith faisait remarquer qu’il y a énormément de réglementations qui interdisent aux travailleurs de se concerter et très peu qui interdisent aux patrons d’en faire de même.
La raison en est, disait-il, qu’il est beaucoup plus simple pour les patrons, qui sont en nombre réduit, de se rencontrer secrètement que ça ne l’est pour les ouvriers, qui doivent nécessairement se concerter en très grand nombre et dans des lieux publics.
Ainsi, tout effort de déréglementation, de privatisation, revient à renforcer le pouvoir de ceux qui le possèdent en réalité déjà, en l’occurrence, pour reprendre Adam Smith, les patrons. Les débats sur le libéralisme ont toujours eu lieu à des moments historiques où la suppression de certaines lois conduit à éliminer les barrières mises en place pour contenir les excès de ceux qui disposent déjà du pouvoir.
(...)
Après vingt-cinq ans de "reaganisme" et de déréglementation à tout-va, le système financier américain s’est énormément fragilisé, les hedge funds, les private equity (fonds d’investissements) et certains des établissements financiers de Wall Street ont découvert l’ensemble des failles et s’y sont installés pour y trouver leur profit.
(...)
Le libéralisme est la philosophie spontanée du milieu des affaires : laissez-moi poursuivre mon intérêt particulier et l’intérêt général en bénéficiera. De fait, paradoxalement, cela marche toujours, jusqu’à un certain degré, parce que même l’exercice d’une avidité égoïste oblige celui qu’elle motive à consacrer une partie de ses efforts à maintenir en état de marche le contexte général au sein duquel elle s’exerce.
C’est ce qu’évoque Adam Smith avec la "main invisible". Si l’on veut jouer au football avec l’intention ferme de gagner, il convient quand même de se mettre d’accord avec les autres joueurs pour savoir qui louera le terrain, qui s’occupera d’entretenir le gazon. L’être humain est social, quoi qu’il en pense, et même son intérêt égoïste exige la collaboration, la coopération. Peut-on laisser aux seuls hommes d’affaires le soin de définir l’intérêt général ? Non, parce que quand les affaires marchent, ils sont bien trop occupés !
Biographie
Paul Jorion, anthropologue réputé, spécialiste de l’intelligence artificielle (il est l’auteur de Principes de systèmes intelligents, Dunod, 1997), vit depuis une dizaine d’années aux Etats-Unis, en Californie, où il est devenu spécialiste de la formation des prix dans le secteur du crédit, dont il est aujourd’hui l’un des meilleurs connaisseurs et analystes.