Parmi les minorités : les trans...
Parmi les minorités, il en est une dont on entend parler souvent de façon voyeuriste, mais dont on omet les revendications, car les politiques comme les médias, se désintéressent complètement de la réalité de cette population ; il s’agit de la cause des personnes trans'. En effet, nous n’entendons parler d’eux et d'elles qu’au niveau de l’opération,de la transition, en oubliant qu’au de là de ceci, ces personnes vivent une vie sociale avec de fortes discriminations.
« Le syndrome de Benjamin » -du nom du docteur Harry Benjamin qui le premier accepta de traiter les trans qui faisaient appel à lui- est un des noms scientifique par lequel on caractérise la transidentité. Pour l'Organisation mondiale de la santé, comme pour la médecine officielle française les trans sont encore considéréEs comme des malades mentaux, comme l'étaient les homos il y a trente ans. Cette classification les jettent entre les mains de médecins et psychiatres transphobes qui composent les équipes officielles qui obligent les trans à se conformer à des "protocoles" burlesques. Parce que le genre se compose de masculins et de féminins, les soignants croient en connaître toutes les subtilités et déterminent, selon des convictions plus ou moins personnelles et stéréotypées, qui est apte ou non à changer de sexe. Rappelons que la psychiatrie est une branche nouvelle de la médecine, et qu’à ses débuts, il était de bon ton d’électrocuter (dans des bains d’eau froide à l’hôpital de la pitié salpêtrière), tout individu dont le comportement ne correspondait pas à la norme sociale en vigueur. Si l’on reprend les propos de ces psychiatres transphobes, leur point n'est qu'un travestissement pseudo scientifiques des interdictions pouvant aller jusqu'à la mise à mort des chapitres du lévitiques dans la Bible. "
De "l'homme qui s'habille en femme est une abomination" de la Bible on passa à "c'est une atteinte aux fondements de notre culture" de Mme Colette Chiland, lagrande experte en transphobie. Le judéo-islamo-christianisme fait office de civilisation de référence alors qu’il ne résume que le fondement partiel d’une certaine société, et ne peut être en aucun cas être reconnu comme universel. Pendant longtemps, les psychiatres composant le carré décisionnaire, ont refusé d’admettre la réalité des transexuel(le)s homosexuel(le)s ou ceux ayant eu des enfants dans leur genre d’origine. De ce fait, la coordination Existrans demande la déclassification immédiate des maladies mentales de ce choix d'identité. De plus, la monopolisation du carré médicalpar les transphobes, dénie le libre arbitre des personnes trans. En effet, dans le cadre d’un protocole de soin, on les empêche de choisir le médecin vers lequel elles (ou ils) peuvent se tourner, en leur imposant inévitablement de consulter les spécialistes des équipes de protocole. Ceci est donc une atteinte au respect de la personne, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du mépris avec lequel on traite les transsexuel(le)s.
La médecine officielle française commence à peine à admettre que toutes les trans, tous les trans, ne veulent pas pour autant suivre une opération
De réassignement sexuel, c'est dire, qu'une femme trans peut suivre une hormonothérapie sans vouloir forcément subir une vaginoplastie, et qu'un garçontrans peut avoir une ablation des seins et vivre en homme sans se faire greffer un pénis.
Le manque de confiance entre les personnes trans et la médecine traditionnelle se répercute aussi de manière directe sur le comportement général de la Sécurité Sociale. En effet, cet organisme, refuse de modifier le numéro identifiant de l’assuré s'il n'y a pas d'opération "de changement de sexe". En conséquence, beaucoup de trans hésitent avant de se rendre aux urgences, ou d'aller se faire dépister, car le risque d’être appelé publiquement « Monsieur » lorsque l’on est une dame, (ou le contraire) est une humiliation courante. Cette maltraitance, dans la globalité empêche la réalisation d’études statistiques et épidémiologiques de cette population. Les chiffres sur lesquelles les associations trans se reposent, proviennent souvent de l’étranger (Etats-Unis, Portugal, Belgique…) et adaptés en proportion à la population globale. Selon l’hôpital Saint Anne à Paris, seulement 700 personnes trans sont passées, à différents échelons en ce lieu, alors que les associations
françaises estiment la population trans française à environ 50 000 individus (personnes opérées et non opérées confondues), vivant dans une identité contraire à leur sexe biologique.
Beaucoup de personnes choisissent d’effectuer leurs suivis chirurgical à l’étranger pour éviter les équipes des protocoles en France. Les destinations vers lesquelles elles se tournent sont la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la Belgique, les Pays-Bas, ou encore la Thaïlande. Les transsexuelles savent qu’ils y seront mieux traités qu’en France, mais aussi parce que ce sont des pays qui ont assoupli leur réglementation médicale et juridique. Toutefois, il faut être vigilant. Il fleurit un peu partout des annonces et des offres monstrueuses proposant des opérations « à des prix défiants toute concurrence ». Les transsexuel (le)s sont les premier(e)s victimes de mutilations de la part de charlatans, qui voient en ces personnes de juteuses opportunités financières, derrière lesquelles il peuvent exercer la transphobie sous sa forme la plus abjecte. Si la sécurité sociale prenait en charge les opérations et les soins chirurgicaux dans l’Union Européenne et en dehors, on pourrait ainsi éviter les dérapages des médecines alternatives et des dommages collatéraux qu’elle crée.
Les trans doivent aussi comprendre que "changer de sexe" ce n'est pas un changement d'organe mais un changement de vie sociale, et que ce n'est pas un coup de bistouri qui prépare par exemple la candidate fmme trans à affronter la mysogynie.
On sait qu’à San Francisco, 60% des trans prostituées noires se prostituant dans la rue sont infectés par le VIH. Dans la globalité, on estime à 30% le taux de femmes trans contaminéEs en France, mais ce chiffre ne reste qu’approximatif en l’absence de réelle données épidémiologiques. On soupçonne que ce soit la population dont la séroprévalence est la plus élevée. Des associations commencent à donner l'alarme sur certaines incompatibilité entre les traitements prophylactiques et les prises hormonales. Comme pour les homosexuel(le)s, le mécanisme de la transphobie intériorisée amène à la haine de soi et favorise la pandémie VIH/Sida, car il est difficile de s’aimer et de s’accepter dans un monde qui vous renie perpetuellement. Chez les hommes trans le taux de séroprévalence aux Etats Unis est de 3% ce qui est déjà énormes.
Trouver un emploi ou un logement pour les personnes transsexuelles est souvent très difficile. En effet, cette difficulté puise son origine au manque de souplesse des administrations françaises, qui, en refusant de modifier leurs numéros de sécurité sociale et leurs papiers d’identité des trans non opérés conduit à l’exclusion. On remarque qu’à compétences égales, les employeurs vont avoir tendance à dénier les candidatures des trans, prétextant que ceux-ci ne soient pas adaptés aux fonctions qu’ils aspirent à remplir dans le monde professionnel. On note aussi un très fort taux d’échec scolaire parmi la population trans. En effet, celles et ceux qui choisissent très jeune d’effectuer leur transition sont victimes des foudres de leurs environnements, d'un isolement tragique et n’ont d’autres alternatives que de quitter le lycée sans aucune qualification. De ceci découle aussi des ruptures familiales violentes et douloureuses, ce qui amène inexorablement les jeunes trans à la rue et à la misère. La pluspart des personnes avec un haut niveau de qualification ont changé de sexe après la fin de leurs études. Etre transsexuel implique donc un conflit intérieur entre le moi et la représentation sociale. N’est-ce pas là une question d’importance majeure à laquelle tout un chacun se doit de réfléchir pour amèliorer leurs conditions de vie ?
Si certaines sociétés sont plus ouvertes que d’autres, la majorité des sociétés occidentales ou post-coloniales réfutent la transsexualité et cherche par tous les moyens à l’exterminer. Ce fut le cas il y a quelques années pour les trans algériennes qui se réfugiaient d’Algérie. Rappelons que durant la guerre civile, on refusait de leur attribuer des papiers leur permettant de travailler. De ce fait, elles n’avaient aucune autre alternative que la prostitution, les offrants en pâture aux assassins en tous genres. C’est pour cette raison que le collectif Existrans exige que toutes/tous les trans sans-papiers soient régularisés. De plus, les étrangers et les étrangères souffrent aussi davantage des discriminations professionnelles, et c’est la raison pour laquelle le collectif les putes ou le Pastt partagent cette revendication. En effet, nous en avons débattus dans mes précédents articles sur le thème de la prostitution, et je réaffirme ma position en affirmant que celle-ci doit être choisie et non subie. Si la France a été un jour le pays des droits de l’homme, elle se doit de perpétuer cette image, en offrant à celles et ceux qui subissent les discriminations et les horreurs de l’humanité, de pouvoir vivre, circuler, étudier et travailler librement.
Pour toutes ses raisons, lestrans, soit les transsexuel(le)s, les transgenres et les associations qui les représentent défileront pour la 10ème édition de leur marche revendicative ce samedi 7 octobre 2006 à Paris. Toutes les informations relatives à ce défilé sont disponibles sur le site
www.asb.com ou
www.existrans.free.fr Thomas Slut
http://ceinture2queers.over-blog.com Textes écrit avec les conseils d'Hélène Hazera (Commission Trans
d’Act Up Paris, www.actupparis.org)
à 18:26