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Devant l’ampleur de la tâche : changer de système et, la puissance et
la complexité de celui qui est en place,… tout citoyen qui réfléchit un
minimum, est pris de vertige et sombre souvent dans le fatalisme et l’abattement
politique.
Il
est vrai, qu’au regard de la durée
d’une vie humaine, la tâche apparaît insurmontable,… et, ne nous faisons pas
d’illusions, elle l’est. En effet, chacun
apporte sa pièce à l’édifice, mais rares sont celles et ceux qui, ayant apporté
leur pierre, verront le monument édifié. Le
temps de l’Histoire n’est pas le temps d’une vie humaine.
LE RETOUR A L’HISTOIRE
Contrairement
aux apparences et aux visions que donne généralement l’enseignement de
l’Histoire,… les changements ne se font pas spontanément. Les évènements
historiques ne sont jamais d’une génération
spontanée. Ceux qui l’ont cru, au 20e siècle l’ont payé très
cher…. Et on continue à le payer cher par une dérive politique qui nous conduit
à la catastrophe.
Même
flanquée du terme « scientifique », cette vision de l’Histoire, qui
fait croire que « les choses doivent
se passer comme ça », conduit au désastre. Avec le recul du temps, rien, absolument rien, au 20e siècle ne
s’est passé comme cela avait été prévu. Il y a donc là matière à réflexion
et à révision d’un dogme, même si ses
adeptes refusent ce qualificatif.
Disons
le clairement : il n’est pas de
textes sacrés, seuls les faits tranchent,… et encore faut-il avoir le
courage de le reconnaître et ne pas s’accrocher désespérément à de vieux
grimoires.
Cette
vision qui se voulait scientifique a
induit, dans la méthode de l’action politique, une vision totalisante des
faits, des évènements, des stratégies et tactiques à mettre en place.
Cette
vision totalisante,… et finalement totalitaire du changement global,
spontané,… la Révolution, doit nous
faire réfléchir. Elle a coûté très cher à des générations de militants, et même
de non militants, elle nous a plongé dans le doute et l’impuissance politique.
Le
retour à l’Histoire, à la compréhension de sa logique, de sa dynamique, des
mécanismes des changements sociaux, est indispensable. Aucune organisation
politique ne fait ce travail. Soit elle s’en fout, elle gère le système en
place, soit elle est sûre de détenir la vérité, pardon, sa vérité, et continue à reproduire les mêmes erreurs.
L’ESSENTIEL ET L’ACCESSOIRE
L’expression de l’utopie est accessoire si elle ne se fonde pas sur une pratique. Ne s’en tenir qu’à un discours, aussi séduisant soit-il, s’il peut
apporter un plaisir à l’esprit, en fondant des espoirs, n’en demeure pas moins
un vœu pieux. Les illusions et désillusions
du passé devraient nous en avoir vacciné.
La pensée
utopique devient finalement un accessoire
pour le rêve. Ne dit-on pas d’ailleurs,
fort justement, mais sans imaginer le cynisme d’une telle déclaration, qu’il
faut pour un politiciens ou un parti, « savoir faire rêver le citoyen ». Discours politiques, tracts,
affiches, manifestations, meetings-messes,… ne sont ils pas autre chose que des
« machines à rêve »… Et l’on se moque des pratiques
sectaires ! ! !
Pensez
vous honnêtement que c’est un savant
dosage dans des listes électorales qui va débloquer la situation, nous sortir
de l’impasse dans laquelle nous sommes ? Ou la présence de tel ou tel,
homme ou femme providentiel/le, à la candidature de…. qui va changer quelque chose à la société ?
Alors ?
Alors commençons par l’essentiel !
Mais savons nous encore, aujourd’hui, où est
l’essentiel ?
Le
spectacle de la politique, savamment entretenu par les médias, nous a rendu accros aux sensations fortes de la comédie du pouvoir et ne nous laisse
comme seul « échappatoire »,… que l’élection dont on sait, par
expérience, ce qu’elle vaut.
REVENONS AUX FONDAMENTAUX !
Industriels,
agriculteurs productivistes sont entrain, depuis des années, de nous
empoisonner avec la complicité des politiciens. La première réaction saine,
relativement facile et à la portée de tous – suivant des modalités différentes
- est de modifier sa manière d’acheter, de consommer, d’envisager les relations
avec les producteurs.
Relocaliser la production agricole est tout à fait faisable,…
et a déjà commencé. Mettre en place des circuits
alternatifs aux absurdes circuits mondialisés Pratique locale, peu
spectaculaire, encore minoritaire, elle est méprisée par les politiciens et
ignorée des médias. Elle est, dans le meilleur des cas, considérée comme
folklorique, « bobo » ou réservée aux ruraux… En aucun cas jugée
digne d’intérêt par les faiseurs
d’opinion médiatico-professionnels, beaucoup plus intéressés par leur
propre image et les privilèges liés à leur pouvoir.
Bien
sûr les pseudo théoriciens politiques - penseurs ratés, gratte papier complaisants,
exhibitionnistes médiatiques, mais profiteurs et affabulateurs aguerris - vont
railler la démarche, en nous noyant sous des concepts éculés et des pratiques
dérisoires et défaitistes – ceux là même qui font que nous sommes aujourd’hui
dans la situation déplorable qu’il est inutile de développer.
Prendre une initiative citoyenne ce n’est pas obéir aux injonctions d’un
pouvoir décadent, et en partie corrompu, à la solde de profiteurs qui se gavent
des richesses produites par la société.
Créons,
développons, fédérons les initiatives où nous le pouvons, avec celles et ceux
motivé/es. Nous n’aurons pas tout, tout de suite, mais nous pouvons « enfoncer des coins » dans le système. Nous ne pouvons pas le
vaincre spontanément et globalement, mais nous pouvons faire en sorte de le décomposer, de le rendre obsolète aux
yeux de celles et ceux qui y croient encore. Et de jeter les bases de ce que sera le monde que nous voulons.
Nous
ne convaincrons pas par des mots,
mais par des actes. Par des actes qui
concernent la vie du quotidien et qui
créent réellement, et non théoriquement, des solidarités, creusets de nouveaux rapports sociaux. De cela,
toutes et tous, à notre niveau, nous en sommes capables. C’est d’ailleurs cela être citoyen/ne et non d’attendre que
des démagogues réalisent des promesses dont on sait qu’elles ne seront pas
tenues.
Cette
pratique peut s’exercer dans tous les domaines, encore faut-il en avoir la
volonté et l’imagination, … même dans les luttes lorsque, les salariés reprennent – ou devraient - en
main l’activité de leur entreprise en voie de liquidation, par exemple.
Ce
n’est qu’à cette condition que nous avons des chances d’enclencher un réel changement… pas en attendant que des
professionnels du discours apportent des solutions dont ils se foutent
complètement.
L’avenir
n’est pas bouché, nous ne manquons pas de perspectives, nous ne manquons pas de
moyens,… encore faut-il se dégager de cette gangue,
cette crasse idéologique qui fait de
nous des citoyens dégénérés,… soit
des sujets obéissants, soit des militants fidèles à des « églises »
qui ont fait faillite.
Février 2010 Patrick
MIGNARD
Voir
aussi :
« MANIFESTE
POUR UNE ALTERNATIVE »
« QU’EST-CE
QUE CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE ? »(1) (2) (3) (4)
Commentaires :
libertad |
Je suis tout à fait d'accord qu'il faut en revenir à l'histoire, non pas dans un souci passéiste, tout le monde sait qu'elle ne se répète jamais mais pour comprendre ce qui s'est passé : une mauvaise analyse du passé ne peut déboucher sur une alternative réelle pour le présent et le futur.
Le socialisme dit scientifique nous a conduit à une impasse, il est nécessaire de comprendre pourquoi. Comprendre aussi pourquoi le socialisme utopique a pu constituer un moment une vraie alternative et pas le marxisme qui ne fut qu'une fausse utopie construite sur la défaite du mouvement ouvrier et l'intégration des ouvriers à la logique capitaliste et industrielle. L'utopie politique peut ( pas forcément ) être une alternative lorsqu'elle se construit sur une alternative économique et sociale. Ce fut le cas en France au début du 19ème siècle où la France résista à la logique industrialiste, plus encore que ne le fit la classe ouvrière anglaise avec le luddisme.A la logique de centralisation dans des manufactures concentrées s'opposa la dissémination en ateliers en chambre ou a domicile à la campagne. A la logique du remplacement de la main d'oeuvre qualifiée par des machines s'opposa longtemps celle des briseurs de machines et des pratiques du compagnonnage qui avaient pratiquement réussies à contrôler l'embauche dans de nombreuses professions, contrôle de l'embauche impliquant contrôle des salaires. Association ouvrière de défense, de contrôle, mutuelles en cas de chômage ou de maladie mais aussi associations ouvrières de production entre 1830 et 1848. Alternative politique avec les fouriéristes et Proudhon, presse ouvrière faite par des ouvriers mais répression sanglante du capitalisme pour détruire l'alternative : 1848, coup d'état de Napoléon, répression de la Commune : assassinats, déportation tous les moyens furent bons pour tuer l'alternative dans l'oeuf. Non l'industrialisation capitaliste ne fut pas un progrès nécessaire comme l'a prétendu Marx mais une immense régression qui nous conduit aujourd'hui à la crise écologique, l'alternative existait, elle a continué a exister de manière souterraine, elle continue aujourd'hui, il faut la débusquer ou la voir car elle nous saute peut-être aux yeux. Marx hier, NPA et Verts les impasses sont les mêmes, toutes construites sur la défaite. Répondre à ce commentaire
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à 21:44