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Rudy : Ça a commencé en 88, en fait on avait déjà fait quelques concerts avant dans d’autres structures. On était motivés par le mouvement punk, mais ce qui se passait en France ça nous plaisait pas du tout parce qu’il n’y avait rien de politique et qu’on avait une conscience politique, on lorgnait déjà pas mal sur ce qui se passait en Angleterre, dans le mouvement anarcho punk, qui nous semblait intéressant, et on a voulu faire ça en France. L’esprit c’était celui-là. Et aussi il y avait des groupes des Etats-Unis, genre Apple, tout ça. Donc on a commencé à faire des concerts, et en fait l’asso Maloka on l’a fondée surtout parce qu’on venait de sortir un premier 45T de Psycho Squat, c’est la toute première production qui a été faite, mais le label est venu bien après, 3, 4 ans après. Voilà donc l’idée c’était de faire connaître nos idées, et puis surtout lancer la distro et organiser des concerts parce qu’on voulait surtout créer une dynamique autour de la distribution de plein de trucs qui nous semblaient intéressants au niveau politique, qui se faisaient sur les squats, sur le végétarisme et existaient pas dans le mouvement punk rock en France qu’était un mouvement plutôt rock and roll, et pas de distro anarchopunk, à part katakomb. Donc l’idée c’était de promouvoir des groupes, distribuer des zines [1], et organiser des concerts. C’était pas à l’époque du tout dans un squat, un truc comme ça, parce que ça existait pas. Alors on a fait des concerts sauvages, et aussi à l’acropole.
Jean-jean : Les concerts sauvages ça a été dans une usine à Fontaine d’ouche, il y en a eu 3 ou 4. Après dans le fort militaire à Saint Apo, là on en a fait pas mal, pendant un an, dans un entrepôt à Ahuy.
Rudy : donc ouais, vraiment au tout début on faisait les concerts à l’acropole, ce qui nous plaisait pas du tout parce que le mec qui tenait le bar il voulait faire du fric et on pouvait pas faire ce qu’on voulait. Par exemple ce qui bloquait vachement c’est dès qu’on faisait un concert avec une thématique politique, même simplement antifasciste déjà, ça coinçait parce que le mec voulait pas qu’on diff d’info à caractère politique, lui il est resté sur une salle qui organise des concerts. Donc nous ça nous convenait pas trop et dès qu’on a pu chercher autre chose on a cherché autre chose.
Jean-jean : avec le but arrêté assez rapidement d’ouvrir notre propre lieu. Les concerts dans les MJC on en a fait aussi, les concerts dans les bars et tout... Moi j’ai jamais aimé.
Rudy : le truc aussi au départ qu’il faut bien voir aussi c’est que de 1988 jusqu’en 90-91, ça c’est vraiment des années où on était pas beaucoup. En fait, dans la structure, on était pas beaucoup réellement actifs, et pas mal de gens dans la scène rock ou même punk au sens large sur Dijon nous chiaient dessus quoi, nous détestaient complètement.
Jean-jean : ouais, c’était déjà l’image sale végétarien, sale féministe, sale politiciens...
Rudy : ouais, on était des curés intégristes anarchistes, des donneurs de leçons, on était plein de choses, alors qu’en plus on faisait chier personne. J’ai pas l’impression qu’on ait vraiment cherché à donner des leçons... Après, petit à petit, en discutant avec des gens, en mettant les choses en place, ça a finit par intéresser de plus en plus de gens, et ça existe encore aujourd’hui, quoi.
Jean-jean : Début des années 90 on était 3, 4. Des gens qui sont toujours là aujourd’hui d’ailleurs. Le label, la salle c’est venu après la distro.
Rudy : en fait nos priorités étaient pas hiérarchisées, ça c’est fait comme ça s’est fait, quoi.
Jean-jean : Maloka c’est les gens qui étaient là, qui avaient envie de faire des choses, et ben le collectif permet de faire ces choses. Après y a jamais eu de « tiens on va faire ça, on va faire ça... ». Moi à un moment j’avais des thunes parce que je bossais, j’avais dit « tiens, on va sortir un disque »... c’était en 95, Heyoka, le 45T de Désert Culturel... c’est là que le label a commencé vraiment.
Rudy : ouais, après les envies, les trucs différaient selon les personnes. On a toujours fait des émissions de radio, on a toujours fait plus ou moins les zines. C’est toujours un peu aléatoire, et heureusement c’était pas toujours les mêmes personnes qui faisaient tout. Et c’est encore comme ça à l’heure actuelle.
Jean-jean : c’est pas une structure très rigide... il y a pas un plan de carrière.
Rudy : ça veut dire maison communautaire dans une langue indienne, peut-être bien en sioux.
Jean-jean : oui, en sioux. Plus précisément c’est la maison des femmes, là où elles accouchaient. Car à la fin des années 80, dans le mouvement punk politisé, la cause native américaine était une mode.
Rudy : ouais, et on est vachement revenu de certaines choses...
Jean-jean : aujourd’hui, il y a la distro. On essaie de distribuer beaucoup de disques, de bouquins, avec tout ce qui est annexe comme les t-shirts... pour aider une scène indépendante un peu politisée. On sort des disques, en 2007 on en a sorti 12. On doit être à 60 disques. On privilégie le vinyl parce que c’est un format qui nous plaît et il peut y avoir des beaux livrets, des beaux visuels, le punk c’est pas qu’une musique, loin de là...
Comme autre activité, on participe à la gestion d’un lieu d’expression, les Tanneries [2], ce qui nous prend un temps énorme.
On est propriétaire d’un local, même si dans le milieu anarchiste ça se dit pas, mais on est propriétaire et faut qu’on gère quand même un peu, même si on s’en occupe pas beaucoup.
On anime une émission de radio, sur radio campus, riot and dance côté musique, et sur les toits pour le côté politique, pour les prisonniers, le dimanche de 18h à 19h. Comme autre activité, certains d’entre nous participent à différents collectifs éphémères sur des sujets divers, sortent des zines ou des feuilles d’info de manière aléatoire, ça a été l’activité principale à un moment.
On organise des concerts, ce qui nous prend un peu de temps aussi...
On essaie d’aider des groupes à trouver des dates un peu en France.
Rudy : ouais, justement je voudrais insister un peu là-dessus parce que quelque part on fait pas seulement des concerts pour se faire plaisir, concrètement tous les groupes ne nous motivent pas plus que ça, si on fait ça c’est surtout parce que en Europe et même dans le monde il y a de moins en moins de salles, il y a de plus en plus de groupes qui cherchent des endroits, donc pour nous c’est vraiment super important qu’on continue à organiser des trucs, même plus qu’on en aurait envie honnêtement parce qu’on est comme tout le monde on a envie d’être peinards aussi, mais c’est plus la survie d’une scène qui est suffocante.
Jean-jean : sinon, la majeure partie des gens qui sont dans Maloka ou autour est au SCALP [3], certains s’occupent encore un peu de l’ABC [4], on est tous régulièrement investis dans différents trucs. Et en plus on essaie de soutenir financièrement tout ce qu’on peut, qui nous paraît intéressant.
On vient de sortir un bouquin et je pense qu’on va en sortir d’autres. C’était le premier. Là je pense qu’on va sortir une BD. Et dès qu’on aura un peu de thunes on sortira des bouquins je pense.
Rudy : ouais, ça c’est un truc qui était super important au tout début, développer le support écrit. On l’a peut-être un peu perdu de vue pendant quelques années...
Sur les concerts, les styles de musique, on est à peu près d’accord à Maloka pour dire que le style de musique on s’en fout quoi. Si tu viens avec une démarche, si il y a un contenu intéressant, c’est pas le style musical qui compte, dans ce qu’on organise ou dans ce qu’on sort comme disque : Binamé, usual suspect, grzzz, inner terrestrial, hors controle, calavera, piloophaz...
À l’époque aussi il y avait le festival libertaire.
Jean-jean : le festival libertaire qui a eu lieu 5 années de suite. 3 années à Dijon, 1 année à Norges, 1 année à Genlis. Le but de ce festival c’était de réunir les différents acteurs du milieu anarchiste et libertaire, et on voulait faire se côtoyer aussi bien les gens de la fédération anarchiste que les punks que les gens du SCALP que les gens investis dans la libération animale que la CNT, un peu toutes les composantes. Que tout le monde puisse se réunir...
Rudy : qu’il y ait des débats, qu’il y ait des échanges d’idées...
Jean-jean : autour de la musique, autour de plein de choses. Que les gens se rencontrent, parce qu’il y a quand même vachement de mépris, toujours, entre les différents acteurs de la sphère libertaire très très large, les squatteurs qui ont déteste les autres qui étaient détestes par d’autres, les punk, les skins antifascistes, les militants purs et durs syndicalistes et autres... et en plus les différents acteurs de la scène punk et autre se rencontraient jamais. On voulait faire un truc où tout le monde se rencontre, se parle, et faire évoluer un peu tout ça. C’était assez intéressant. Après, on a vu le sectarisme d’une partie des anarchistes assez rapidement, ils ont plus voulu participer parce qu’ils trouvaient ça trop punk. Ensuite c’était difficile à gérer parce qu’il y avait de plus en plus de monde, et notamment en 95.
Rudy : heureusement on avait des coups de main de plein de gens de partout. Sinon c’était ingérable.
Jean-jean : et puis il y a eu cette manif qui a dégénéré au centre ville pour le pique-nique anti-nationaliste le 14 juillet 96, où il y a eu des bris matériels on va dire. Il y a eu quelques débordements comme ils disent, et à partir de là on était interdit sur Dijon, clairement on pouvait pas avoir de salle, on pouvait plus rien avoir sur Dijon. Donc on a migré à Norges, où ils se sont aperçus que c’était un festival libertaire qu’on montait une semaine à l’avance, ils voulaient l’annuler, on leur a dit « ben d’accord, on ira au jardin Darcy », là ils ont tout de suite dit « non il y a moyen de s’arranger ». L’année d’après on est allé à Genlis, par les jeunes de Genlis on a loué la salle et 15 jours avant ils se sont aperçus que c’était le festival libertaire, ils ont dit « non, ce sera pas possible à Genlis, par contre on a une super salle à la sortie de la ville on vous la donne », et on y est allé. Et de toutes façons on avait plus de salle, alors on a abandonné le festival libertaire. Après pendant trois ans on a bossé avec d’autres gens sur un festival à Luzy, et puis il y a eu un arrêté préfectoral interdisant le festival de Luzy et là dans la foulée on a ouvert les Tanneries. Maintenant les festivals si on veut on peut les faire aux Tanneries, c’est un peu différent, c’est un peu moins gros mais voilà. Le festival libertaire était intéressant, mais maintenant aux Tanneries il y a souvent des tables de presse de la CNT ou de différents trucs, tout le monde peut venir avec sa table, on laisse la salle régulièrement à d’autres collectifs ou trucs anarchistes et autre, ce qui permet que les gens se rencontrent quand même pas mal aux Tanneries aussi. Vu que les Tanneries c’est pas qu’une salle de concert, c’est quand même plein de trucs différents, et donc c’est un peu un festival permanent ! Et c’était un peu le but au début aussi. Avant d’ouvrir les Tanneries, on avait pas mal bougé en Allemagne, en Italie et on avait été dans plein de lieux différents avec plein de gens différents qui se côtoyaient, et c’est ça qui nous a quand même vachement donné l’idée. Faudrait que les acteurs du milieu libertaire à Dijon se rendent compte que distribuer des tracts, organiser des conférences, tout ça, c’est bien, mais que mettre ses idées en application dans un lieu, une espèce de centre alternatif social où tout le monde pourrait se retrouver, c’est vachement intéressant.
Jean-jean : Notre place ? On est les plus vieux [sourire]. Y a plein de gens qui nous aiment bien, y a plein de gens qui nous détestent... Des fois on se sent un peu seul, dans la scène punk, à avoir nos idées... mais après grâce au label, aux Tanneries, à nos activités, au moins on est connu, haï ou aimé mais on est connu, ce qui permet d’aider largement les groupes, de bien distribuer nos disques, et de faire passer nos idées quand même.
Rudy : dans le cadre des concerts parce que c’est là qu’il y a le plus de gens extérieurs, que ce soit les groupes ou le public, c’est vrai que quand on discute on a l’impression d’être un peu un bol d’air pour plein de gens. Il y a plein de gens qui disent « ça fait du bien de se retrouver là avec des gens... ». C’est pas simplement un concert, quoi. C’est ce qui se passe à l’heure actuelle : un concert c’est un concert. Là les gens ils viennent dans une salle qui est quand même différente parce que c’est un squat, avec d’autres pratiques, ne serait-ce qu’en terme de consommation, bon, la bière pas chère, l’entrée à 4 €, ce genre de trucs là ça se fait de moins en moins... et c’est quand même une démarche qui intéresse pas mal de gens.
Rudy : On veut vraiment pas être prestataires de services, on veut pas louer une salle clefs en main. Donc on a refait un texte il y a pas longtemps pour expliquer le pourquoi de la salle, comment elle fonctionne, et ce qu’on veut surtout que ça soit pas. Pour nous c’est vraiment super important parce que c’est vrai que souvent en réu de programmation (la premier mardi de chaque mois à 19h30...), il y a des gens qui viennent et qui disent « ouais on serait intéressé pour avoir la salle. », et après ils savent pas vraiment ce qu’il y a derrière. Nous on a un contenu politique, on veut qu’il y ait une démarche derrière, etc. Nous on veut rester fidèle à ça parce que c’est la raison d’être de cette salle.
Jean-jean : et souvent quand on parle de politique il y a plein de gens qui se méprennent, qui pensent qu’on est adhérent de je sais pas quel parti, qu’on va distribuer des tracts pour le vote pour je sais pas quel gugusse, mais politique ça a vraiment un autre sens, et c’est vrai que il y a plein de gens qui se méprennent sur les Tanneries, qui croient qu’on est des politiciens, et qui arrivent et qui disent « ouais, moi je vote pas, moi je fais pas de politique. mais par contre je veux faire les trucs moi-même ». Ben ouais, ben c’est politique, on a envie d’avoir une emprise sur notre vie. Et donc dans la salle il y a des trucs à respecter, par exemple dans le bar, on vend de la bière artisanale, on essaie de la vendre pas chère.
Rudy : Ça fait parti des choses aussi qu’on a recadré les derniers temps parce qu’il y avait des asso qui venaient dans la salle qui n’avaient pas cette démarche-là, donc on leur a dit « ben voilà, si vous voulez à continuer à faire des trucs dans la salle, nous on veut pas subventionner machinbrau... ». Voilà, ça peut paraître des petites choses, mais...
Jean-jean : ou par rapport à la libération animale. Je veux pas forcer les gens à devenir végétariens, ou vegan, mais simplement dans la salle, il y a pas de viande, on vend pas de viande... c’est pas un effort surhumain. Mais quand tu luttes contre l’exploitation, c’est la moindre des choses. Après il y a d’autres trucs par rapport à la salle, on lutte tout le temps contre la violence, c’est jamais facile à gérer...
Rudy : et c’est vrai qu’il y a quelques personnes, c’est extrêmement rare, mais il y a quelques personnes qui sont indésirables, qui ont eu des comportements... mais bon on fout pas les gens dehors comme ça sans leur expliquer, on leur dit « ben voilà, c’est pas cool parce que si, parce que ça, il faut que tu arrêtes ces comportements », et quand la personne recommence deux fois, trois fois ben... Récemment on a voulu recadrer un peu les choses, expliquer aux gens qui viennent que c’est pas une salle municipale, c’est pas une MJC, c’est pas la vapeur. Les gens qui font des choses dans la salle organisent tout de A à Z, c’est-à-dire que, ils paient l’entrée aussi, hein d’ailleurs, et puis ben tout ce qui est promotion, bouffe, ménage, bar, tenir les entrées, tout le monde met la main à la pâte.
Jean-jean : La culture subventionnée c’est quelque chose qui me fait gerber.
Rudy : voilà, on fonctionne complètement sans subvention, y a plein de gens qui comprennent pas.
Jean-jean : Une salle comme les Tanneries montrent que tout le monde peut tout faire. Si tu as envie de faire quelque chose, avec la structure des Tanneries, tu peux le faire.
Rudy : Voilà, on peut parfaitement faire un concert avec une entrée à 4 €...
Jean-jean : Et puis une salle comme les Tanneries ça permet quand même, si t’as une passion, c’est possible de l’assouvir aux Tanneries. Moi je suis passionné par la musique, un peu, et ben voilà, aux Tanneries, les groupes que j’adore j’arrive à les faire jouer, quoi. Sans tout ce que je vois tout le temps, la culture là, ça passe par les sponsors, ça passe par aller chercher de l’argent au ministère de je sais pas quoi... Ben non, les individus dans la société, s’ils ont envie de faire quelque chose ils peuvent le faire par eux-mêmes. Les Tanneries ça permet aux gens de faire les choses par eux-mêmes, c’est tout. Et en plus, c’est un bon grain de sable dans la machine parce que le discours tenu par les gens des Tanneries et qui ressort c’est pas faut gagner de l’argent, faut aller plus vite que les autres, faut battre la concurrence, le capitalisme, tout ça, le bonheur, c’est génial, et ouais, voilà, c’est ça les Tanneries. Et normalement tous les gens qui viennent aux Tanneries sont sur un pied d’égalité et tout le monde doit pouvoir faire quelque chose aux Tanneries, s’ils ont envie de s’investir ils doivent pouvoir s’investir. Bon après c’est jamais parfait ça. Et on s’est aperçu que ces temps derniers y avait pas mal de gens qui venaient pour louer la salle, et après s’en lavaient les mains, moi j’ai fait ma soirée, j’ai fait mon bar, et ça c’est une dérive qui nous va pas. Nous on dit que les gens qui veulent faire des choses aux Tanneries faut qu’ils s’y investissent, sinon ils ont pas leur place.
Rudy : ouais, faut qu’ils s’y investissent et qu’ils aient une certaine éthique quand même, en terme de tolérance, de respect de l’autre... toujours dans une démarche de DIY [5]. Nous on est entré dans le punk pour ça et c’est cette idée-là qu’on a envie de continuer à développer. C’est ça qui permet de montrer aux gens « ben ouais tu peux faire les choses » !
Jean-jean : Il y a pas que la culture officielle, sponsorisée, gavée de subventions qui existe. il y a une autre culture. Que l’État aimerait bien voir disparaître mais qui subsiste tant bien que mal. Et l’autogestion c’est pas 15 esclaves qui gèrent matériellement, humainement et tout une salle, et en accord avec d’autres gens qui font d’autres choses, mais c’est « j’ai envie de faire un concert ben faut peut-être que je m’occupe aussi de faire du ménage, de faire des travaux de temps en temps, de m’intéresser aux côtés matériels, financiers, luttes pour la subsistance » parce qu’il y a jamais rien d’acquis avec les Tanneries par exemple, et on doit être toujours sur le qui-vive parce qu’il y a une bonne partie des autorités qui laissent cet espace de liberté parce que ça arrange un peu mais si ça pouvait disparaître ce serait pas une mauvaise chose non plus, pour eux. Après on accepte tout style de musique, à partir du moment où y a un minimum de contenu quand même, que ce soit clairement antifasciste, anti-sexiste, c’est le minimum pour nous, quoi. Mais aussi faut voir le paquet hallucinant de demandes qu’on reçoit pour jouer, nous on fait jouer ce qui nous plaît, mais si des gens viennent proposer d’autres choses, à partir du moment où il y a ce minimum de contenu, nous on va pas regarder quel style de musique c’est.
Rudy : Moi ça me fait un peu chier qu’il y ait pas de théâtre par exemple. Le minimum c’est qu’il y ait pas de trucs craignos dans ce qui passe aux Tanneries, après...
Jean-jean : Mais nous en tant que Maloka c’est sur on a une certaine identité, on la revendique, et libre aux autres de faire ce qu’ils aiment. Moi je donne pas de leçon, mais que personne ne vienne me donner de leçon non plus.
Rudy : Non mais autant que nous on se fasse plaisir, quoi.
Jean-jean : après on parlait du mât-noir, c’est bien, il faut qu’il y ait d’autres lieux, si on veut qu’il y ait de la vie sur une ville, il faut qu’il y ait plusieurs lieux. Après c’est bien que les lieux ils bossent ensemble, se soutiennent, fassent les choses en cohérence. Mais ce serait dommage qu’il y ait qu’un lieu, parce que ça rendrait la vie assez stérile sur la région. Et je pense que plusieurs lieux c’est primordial. Et j’espère qu’un lieu comme le mât-noir tiendra et pourra faire des trucs. Je pense plus il y a de vie plus les gens ont envie de participer à des trucs. Et si via les Tanneries on doit aider je sais pas qui, on l’a toujours fait, on le fera.
Et je pense qu’on pourrait faire vachement plus de trucs aux Tanneries. J’aimerais bien que les gens pour les sans papier puissent faire leur truc ici, une permanence d’aide juridique, qu’il y ait un vrai centre d’information et d’assistance pour les sans papier... pour aider aussi les gens sans logis... pour tous les « sans » quelque part.
Rudy : et aussi tout un travail d’information syndicale réelle, parce que ça manque aussi.
Jean-jean : vraiment un centre qui mêle plein de choses différentes, qui soit vraiment une base de résistance sur la région. Ce serait intéressant si tous les gens complètement différents, qui parlent tout le temps d’union, de solidarité, d’anarchie et tout, arrivent véritablement à mettre un jour toutes ces idées un peu en adéquation avec ce qu’ils font, et le fassent.
Jean-jean : C’est ouvert le samedi après-midi de 15h à 18h, il y a une partie de la distro, il y a souvent le matos du SCALP. Le local c’est surtout un lieu ouvert et qu’on laisse à tout le monde, si quelqu’un veut faire une conférence ou un resto de soutien, je sais pas quoi... Mais après c’est pas parce qu’on est propriétaire que c’est chez nous parce que on a délégué complètement toute gestion du local, on paie juste les factures en gros. Le local c’est un local libertaire : si les libertaires veulent y faire quelque chose, faut qu’ils le fassent, et quoi qu’il arrive on sait que ce local on l’aura toujours.
Jean-jean : un gâteau... Non, on fait un festival aux Tanneries, les 16 et 17 mai. On fait venir des groupes qu’on aime bien. On va faire ça avec des gens qu’on aime bien, parce qu’au fil des temps on a noué plein de contacts et d’amitiés avec des gens d’un peu partout, et on veut faire un festival pour que tous les gens qu’on aime bien se retrouvent aux Tanneries, avec des groupes, des cuisines prix libres, plein de tables de presse d’asso différentes... On veut que ce soit ouvert. C’est un peu l’esprit des festivals libertaires...
Tachone