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Dans
une toute nouvelle monographie sur les denrées OGM, l’AAEM déclare que
« la nourriture OGM pose un grave risque de santé » et exige un
moratoire sur la nourriture génétiquement modifiée. Citant
plusieurs études sur des animaux, l'AAEM conclut qu’« il y a davantage
qu'un simple lien fortuit entre les OGM alimentaires et les effets
néfastes de santé, » et que « les denrées génétiquement modifiées
posent un grave risque sanitaire en matière toxicologique, allergique
et immunitaire, pour l’équilibre de la reproduction, métabolique,
physiologique et génétique. » Ce
rapport est un coup dévastateur contre une industrie agro-alimentaire
internationale de plusieurs milliards de dollars, et plus
particulièrement contre Monsanto Corporation, le leader mondial des
fournisseurs de semences OGM et des herbicides.
Dans
un communiqué de presse daté du 19 mai 2009, l'AAEM, qui se décrit
comme « une association internationale de médecins et de professionnels
divers soucieux d'aborder les aspects cliniques de la santé
environnementale, » a appelé à prendre immédiatement les mesures
d'urgence suivantes, en ce qui concerne la consommation humaine des
OGM :
*
Un moratoire sur les OGM ; mise en œuvre immédiate sur le long terme de
tests sécuritaires et de l'étiquetage des denrées OGM.
* Les médecins doivent prévenir leurs patients, la communauté médicale et le public, qu’il faut éviter la nourriture OGM.
* Les médecins doivent envisager le rôle des denrées OGM dans le processus pathologique de leurs patients.
*
D’autres études scientifiques indépendantes de longue durée doivent
commencer à rassembler des données pour étudier le rôle des aliments
OGM sur la santé humaine.
Le
Dr Amy Dean, président de l’AAEM, constate que « de multiples études
animales ont montré que la nourriture OGM endommage divers systèmes de
l’organisme. Devant la montée de ces évidences, il est impératif, pour
la sécurité de nos patients et la santé publique, d'obtenir un
moratoire sur les denrées génétiquement modifiées. » Le président de
l'AAEM et le Dr Jennifer Armstrong ont souligné que « les médecins
voient sans doute les effets sur leurs patients, mais ont besoin de
savoir comment poser les bonnes questions. Les aliments OGM les plus
communs en Amérique du Nord, sont le maïs, le soja, l’huile de colza et
de graines de coton. » La monographie de l’AAEM sur les OGM peut être
trouvée sur aaemonline.org.
Ce
document précise par ailleurs que le génie génétique « abroge le
processus reproductif naturel, la sélection se faisant au niveau d’une
cellule unique, la procédure est extrêmement mutagène et ouvre
systématiquement une brèche dans la barrière génétique, et que la
technique est utilisée à des fins commerciales depuis 10 ans. »
Le
document de l’AAEM précise en outre que plusieurs études sur des
animaux montrent de graves risques de santé liés à la consommation des
aliments OGM, notamment l'infertilité, le dérèglement de la fonction
immunitaire, le vieillissement accéléré, le dérèglement des gènes liés
à la synthèse du cholestérol, à la régulation de l’insuline, aux
transmissions cellulaires, et à la formation des protéines, et à des
altérations du foie, des reins, de la rate et du système
gastro-intestinal. »
Il ajoute : « Il y a davantage qu'un simple lien fortuit entre les OGM alimentaires et les effets néfastes de santé.
Il y a un lien de causalité, tel que défini par les critères de Hill,
en matière de niveau élevé d’associations, de constance, de
spécificité, de gradient biologique, et de plausibilité biologique. La
constance et le niveau élevé des associations entre les denrées OGM et
de la maladie sont confirmés par plusieurs études sur les animaux. »
Le
document de l’AAEM doit donner des motifs de remise en cause du quasi
laissez-faire dans le contrôle des OGM de la position officielle, pour
laquelle la parole solennelle des compagnies semencières, telles que
Monsanto, est considérée comme une solide preuve scientifique
d’innocuité. L’étude de l’AAEM mérite d'être citée en détail à ce
sujet :
La
spécificité de l'association des denrées OGM et de processus
pathologiques précis est également soutenu. Plusieurs études animales
montrent d'importants dérèglements immunitaires, notamment une
régulation à la hausse des cytokines associées à l'asthme, à l'allergie
et aux inflammations. Les études chez l'animal montrent aussi des
altérations structurelles et fonctionnelles du foie, notamment un
changement du métabolisme des lipides et des glucides, ainsi que des
altérations cellulaires pouvant entraîner l’accélération du
vieillissement et peut-être provoquer l’accumulation des radicaux
libres (ROS, reactive oxygen species). Des changements
dans les reins, le pancréas et la rate ont aussi été documentés. Une
récente étude de 2008, reliant le maïs OGM à la stérilité, montre, de
manière sensible au cours du temps, une importante diminution de la
progéniture et du poids des portées chez les souris nourries de maïs
OGM. Cette étude a aussi révélé que plus de 400 gènes ont été
découverts s’exprimant différemment chez les souris nourries de maïs
OGM. On sait que ces gènes contrôlent la synthèse et la modification
des protéines, la transmission cellulaire, la synthèse du cholestérol
et le contrôle de l'insuline. Les études montrent aussi des dommages
intestinaux chez les animaux nourris d’OGM, notamment la prolifération
d’excroissances cellulaires et des perturbations du système immunitaire
intestinal.
L'étude
de l’AAEM révise les affirmations de l'industrie de la biotechnologie,
selon lesquelles les aliments OGM pourraient nourrir le monde grâce à
des rendements plus grands. Elle cite la preuve contraire indiquant que
l'inverse paraît être vrai, c’est-à-dire que, avec le temps, les
récoltes OGM ont produit moins que le rendement conventionnel, et ont
exigé avec le temps, plus pas moins, de produits chimiques herbicides
hautement toxiques, tels que le glyphosate. Le rapport relève, « Au
cours des 20 dernières années, plusieurs milliers d'essais en champs,
sur des gènes destinés à augmenter le rendement opérationnel ou
intrinsèque (des cultures), montrent l’importance de l’entreprise.
Pourtant, aucun de ces essais en champs n’a permis d’améliorer le
rendement des récoltes alimentaires et fourragères commercialisées, à
l'exception du maïs Bt. » Cependant, le léger gain de rendement du maïs
Bt qui a été rapporté était dû largement à l'amélioration de la
reproduction traditionnelle, et non pas au génie génétique.
L’AAEM conclue que, puisque les denrées OGM « posent
un grave risque sanitaire en matière toxicologique, allergique et
immunitaire, pour la santé de la reproduction, métabolique,
physiologique et génétique, et sont dénuées d’avantages,
il est impératif d'adopter le principe de précaution, qui est l'un des
principaux outils de réglementation de la politique de santé et
environnementale de l'Union Européenne, et sert de base à plusieurs
accords internationaux. La définition la plus communément utilisée est
la Déclaration de Rio de 1992, qui stipule : « Afin de protéger
l'environnement, des mesures préventives doivent être largement
appliquées par les États, en fonction de leurs capacités. Quand il
existe des menaces de dommages graves ou irréversibles, l'absence de
certitude scientifique ne doit pas servir de prétexte pour renvoyer à
plus tard les mesures économiques rentables destinées à empêcher la
dégradation de l'environnement. »
Sous
l’intense pression de l'opinion publique, la Ministre allemande de
l'Agriculture a récemment publié l’interdiction les plantations de maïs
OGM MON810 de Monsanto. Malheureusement, deux semaines plus tard, elle
a autorisé les plantations de semences de pomme de terre OGM. Le
ministère allemand a annoncé que, Amflora, la pomme de terre
génétiquement modifiée, fabriquée par le géant de la chimie BASF (une
coentreprise d’OGM, partenaire de Monsanto), ne présente « aucun danger
pour la santé humaine ou l'environnement. » Pour justifier sa décision
imprudente, le ministère a cité un « examen approfondi » et des
entretiens avec des experts scientifiques et économiques.
La publication de la sensationnelle critique des OGM de l'American Academy of Environmental Medicine a été accueillie par un silence de mort par la plupart des grands médias étasuniens et internationaux.
Comme je l'ai décrit en détail dans mon livre, OGM : Semences de destruction - L’arme de la faim,
les OGM ont été lâchés dans le grand public aux Etats-Unis au début des
années 90, après une décision du pouvoir exécutif du Président George
Herbert Walker Bush, qui aurait suivi des réunions à huis clos avec les
principaux dirigeants de Monsanto. Le Président Bush a décrété
l’obligation, pour les agences gouvernementales étasuniennes, de ne
faire aucun test de santé et de sécurité particulier, avant la mise en
vente des OGM pour la consommation alimentaire. Ce fait est arrivé à
être connu en tant que Doctrine de l'Équivalence Substantielle.
Le
gouvernement étasunien, sur les conseils pressants de Monsanto et du
lobby des OGM, a décidé en outre d’interdire l'étiquetage « sans OGM »
des produits alimentaires naturels, en recourant à la « doctrine »
vaguement formulée et totalement non-scientifique, proclamée par le
Président Bush en 1992, selon laquelle les OGM sont « substantiellement
équivalents » aux plantes ordinaires, et n’ont donc pas besoin d’être
testés avant d'être mis en vente dans le public.
La
Doctrine de l'Équivalence Substantielle, en dépit du fait qu'elle
contredit directement la prétention des compagnies en leurs droits de
propriété exclusifs sur leurs semences OGM, présentées comme
« uniques » et différentes des graines ordinaires, a permis à Monsanto,
Dow Chemicals, DuPont et à d'autres détenteurs de brevets OGM de faire
proliférer leurs produits sans aucun contrôle. La plupart des
Étasuniens croient naïvement que la Food and Drug Administration
et le ministère de l'Agriculture des États-Unis sont là pour assurer la
totale innocuité des produits alimentaires industriels pour la
consommation humaine et animale, avant l'octroi de licences.
De
fait, l’interdiction de l'étiquetage des denrées OGM signifie que la
plupart des Étasuniens n'ont aucune idée de l’ampleur de la
contamination par les OGM de leur ration quotidienne de Corn Flakes,
soja, maïs et additifs, dans chaque aliment trouvée dans le commerce
sur les étagères des supermarchés.
Aux
États-Unis, à la fin des années 90, coïncidant avec l'introduction en
masse des OGM dans l'alimentation humaine et animale, ont été signalés
chez l'homme à une échelle épidémique, des cas d’allergies, d'étranges
maladies et de nombreux autres problèmes de santé. L’interdiction
d'étiquetage des produits OGM par la loi fédérale signifie que la
plupart des professionnels de santé ne savent même pas que cela
pourrait avoir un lien avec la nourriture OGM des millions
d'Étasuniens. Depuis la décision de 1992 du Président Bush, une
décision confirmée par les présidents Clinton, George W. Bush, et
maintenant par Barack Obama et le Secrétaire de l'Agriculture pro-OGM,
Tom Vilsack, la population étasunienne est en réalité traitée en
cobayes humains dans des expériences de masse avec les substances
jamais démontrées sans danger sur le long terme (dix ans ou plus) par
des études indépendantes.
Il reste à voir s’il sera accordé l'attention qu'elle mérite à la critique scientifique de l'AAEM.
Original : A Moratorium on Genetically Manipulated (GMO) Foods, publié le 22 mai 2009.
Traduction : Pérus Lombard,
F. William Engdahl est l'auteur de deux livres traduits en français : OGM : Semences de destruction : L’arme de la faim et Pétrole, une guerre d'un siècle : L'ordre mondial anglo-américain. Il peut être contacté depuis sur son site Internet, www.engdahl.oilgeopolitics.net.