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L'En Dehors


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Nous voulons détruire la gauche
Nous voulons la mort de la gauche pour aider la lutte, nous voulons la mort de la gauche tout autant que celle de la droite et du capitalisme.
Nous voulons détruire la gauche car elle empêche toute prise de conscience collective, elle freine toute initiative de renversement d’une société que nous rejetons tous : toute initiative révolutionnaire.


Non, ce texte n’a pas pour but de s’attaquer aux partis déjà haïs de la gauche plurielle. Car nous savons déjà que cette gauche est critiquable de par ses positions, de par ses actions, et de par le simple fait d’exister en tant que partis politiques, par le simple fait de réclamer le pouvoir.

Ce texte a été écrit pour critiquer la gauche, quelle qu’elle soit. Son existence même. La gauche telle qu’elle est en 2003, dans ses partis, dans ses mouvements (l’altermondialisation pour n’en citer qu’un). La gauche qu’elle soit institutionnelle ou non. Pas seulement celle qui expulse les squatteur- euses et les sans- papier- e- s, qui se fout des travailleurs, qui pactise avec le Medef, qui lutte pour le pouvoir, qui use de tous les artifices de la société capitaliste.

Toute la gauche. Celle qui milite. Celle qui réclame, qui proteste gentiment, qui veut réformer le capitalisme... Celle qui se dit libertaire, qui se complait dans le tourisme militant et dans ses revendications...

Cette gauche est à détruire par le simple fait qu’elle plait, qu’elle séduit dans son fonctionnement actuel.

Nous savons que les rassemblements militants de la gauche, d’Evian au FSE, en passant par le Larzac ne mènent à rien. Nous savons tous que les manifestations ponctuelles, les grèves d’un jour n’apportent rien. Et nous savons aussi que cet état de fait est en grande partie dommageable aux partis, aux syndicats et aux organisations de gauche.

Ces organisations qui ne souhaitent pas la disparition d’un système qui les fait vivre ; tout autant que les collectifs qui se complaisent dans l’attente du grand soir. Pourtant, malgré cela, la gauche arrive toujours à créer l’illusion d’un changement possible. Un changement qui devrait passer par elle.

La gauche récupère. La gauche phagocyte tout mouvement, d’où qu’il vienne. La gauche récupère volontairement, de par son fonctionnement même. Et involontairement de par son existence, de par la façon dont elle est perçue par le reste du monde.

Un drapeau de la LCR dans un mouvement suffit pour que ce dernier y soit entièrement associé par les médias bourgeois (ou non). Actuellement tout mouvement DOIT être associé à la gauche. Sinon il perturbe. La gauche est associée aux mouvements car elle est active.

Oui la gauche est active. La gauche critique ceux qui ne sont pas actifs. Mais tout en restant impuissante. Pourtant il ne suffit plus de montrer aux gens cette impuissance de la gauche. Il faut détruire la gauche, en commençant par détruire la vision qu’ont les gens de la gauche. Car par son activité débordante, qu’on ne peut nier, la gauche nuit à toute initiative révolutionnaire.

La gauche est un grand canalisateur, un grand abrutisseur. La gauche est la télé, la religion des gens qui se sentent éveillés. Ces gens n’ont plus besoin de bouger, de vouloir. Leur activité militante leur suffit.

Certain-e-s se laissent mener par la gauche. N’agissent que par elle. Mais qu’illes se laissent guider complètement ou non par la gauche, illes pensent toujours que leur activité, que leur appartenance à la gauche sert à quelque chose. Et c’est ce qui rend la gauche dangereuse.

Pour détruire la gauche commençons déjà par ne plus être la gauche. Cessons de reproduire les schémas que nous critiquons. Cessons de revendiquer et de s’activer. Cessons de nous chercher des noms. Cessons de penser à notre image. Seule l’action compte. Maintenant il faut agir.

Cessons de soutenir inconsciemment la gauche, cessons de participer à leur activité, il faut arrêter de cultiver cette image de gauche utile.

Enfin empêchons la gauche de jouer ce rôle de récupérateur et de canalisateur.

Systématiquement, la gauche doit devenir inexistante dans un mouvement qu’elle n’a pas insufflée. Commençons par détruire tout symbole de la gauche qui pourrait s’immiscer dans une lutte et qui participe à un phénomène de récupération, parfois inconscient mais inexorable.

Quand la contagion de la gauche sera maîtrisée, il n’y aura plus qu’à la détruire, cesser l’aliénation. Pour que l’individu- e qui lutte existe en tant que tel, pour qu’une lutte ne soit plus associée qu’à sa cause et non à ceux qui la maintiennent. Pour que les gens ne se complaisent plus dans une activité militante inefficace.

Le changement se fera sans la gauche ou ne se fera pas.

Catta

Publié dans Non Fides N°II.

Ecrit par revolte, à 18:26 dans la rubrique "Actualité".



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