Nous fumes les rebelles, nous fumes les brigands...
Après avoir publié en 2003 un
recueil de textes d'anarchistes argentins (2001-2003) puis la brochure
Negrisme & Tute bianche, une contre-révolution de gauche en 2004, Mutines Séditions vient de sortir un livre de Belgrado Pedrini (1923-1979)traduit de l'italien et intitulé : Nous fûmes les rebelles, nous fûmes les brigands..., éclats autobiographiques d'hommes contre, 144 pages, novembre 2005.
Cet anarchiste italien de Carrare s'est engagé très jeune dans la lutte
contre le fascisme avant d'être incarcéré. Libéré par une formation de
partisans anarchiste, il les rejoint et combat dans les montagnes. En
1945, n'abandonnant pas la lutte sous prétexte qu'une nouvelle bourgeoisie
(républicaine et plus démocrate) en remplace une autre, il est condamné à
perpétuité pour des expropriations contre les industriels fascistes et le
meurtre de policiers... commis en 1942. Il ne sort de prison qu'en 1974
après quasi 30 années d'enfermement, et continue encore le combat pour
l'anarchie avant de s'éteindre.
Son autobiographie partielle, qu'il n'a pas eu le temps de l'achever,
publiée par ses compagnons de Carrare en 2001 est donc désormais
disponible en français.
Notre choix n'est ni d'alimenter le panthéon des héros anarchistes, mais
pas non plus de cantonner les expériences comme celles de Pedrini dans les
limbes du passé révolu.
Pour que l'argent ne soit pas un obstacle, nous avons distribué la moitié
des exemplaires autour de nous (à travers le réseau des squats, des
publications militantes et des diverses affinités), et une seconde partie
dans des librairies (comme le kiosk ou la gallerie de la sorbonne à Paris,
Scrupules à Montpellier, etc.) au prix de 3 euros, afin qu'il puisse
rencontrer d'autres lecteurs.
Il en reste une petite partie disponible, qui peut être commandée (pensez
au port) à l'adresse de "cette semaine" : cette semaine — BP 275 — 54005
Nancy cedex. Il est également lisible sur internet (en ligne ou chargeable
en PDF) sur :
http://mutineseditions.free.frVoici le début de l'introduction :
C’est l’histoire d’un jeune homme autodidacte de 18 ans qui s’engage dans
la lutte révolutionnaire. Le parti fasciste est alors installé aux
commandes de l’Etat italien depuis près d’une dizaine années. C’est
l’histoire d’un anarchiste qui s’arme contre lui bien avant 1943, année du
débarquement anglo-américain en Sicile, de la chute provisoire de
Mussolini et des débuts officiels de la Résistance. Bien avant la fin de
la trêve entre le fascisme brun et le fascisme rouge. Celle qui a par
exemple conduit le Parti communiste italien, inféodé à Togliatti, à
proposer à ses militants d’infiltrer les indispensables structures de
masse créées par les fascistes pour un jour les retourner à son propre
service.
Un jour… L’attente dans une nuit sans fin, en cette période qui précède le
second conflit mondial. Des poignées d’hommes courageux et déterminés sont
pourtant prêts à risquer le tout pour le tout plutôt que de continuer à
survivre sous un tel régime. Comme sous n’importe quel régime d’ailleurs,
dès lors qu’il est placé sous le règne de l’Etat, de l’exploitation ou de
la marchandise.
C’est l’histoire d’un condamné qui, attendant son exécution dans la prison
de Massa avec ses compagnons pour avoir tué des fascistes, est libéré avec
tous les autres par un groupe de partisans en juin 1944. C’est l’histoire
d’un combattant qui ne dépose pas les armes à la libération du territoire
national. C’est l’histoire d’un ex-partisan de 32 ans qui est arrêté en
mai 1945 et condamné quatre ans plus tard à 30 ans de prison, accusé
d’avoir tué un policier et d’expropriations au détriment d’industriels
fascistes de Carrare, Milan et La Spezia. Délits de droit commun, car
commis avant 1943, et par des anarchistes. Condamné, tout comme des
centaines d’autres ex-partisans qui ne sont pas disposés à accepter les
joies de la démocratie imposées par le Parti communiste et les partis
bourgeois chrétiens ou réformistes. C’est l’histoire d’un prisonnier qui,
de tentatives d’évasion en mutineries collectives, ne sort de l’enfer
carcéral qu’au milieu des années 70, en toute fin de peine. C’est, enfin,
l’histoire d’un révolté qui continue ensuite à user de toutes les armes de
la critique, de la fondation du Circolo Culturale Anarchico (bibliothèque
populaire) et du Circolo Bruno Filippi, à ses articles dans L’amico del
popolo, en passant par son appui au groupe de lutte armée libertaire
Azione Rivoluzionaria (1976-1979).
Cette histoire aurait pu être le résumé de la vie de Belgrado Pedrini, qui
a commencé à en consigner quelques éclats avant de mourir en février 1979.
Il les a malheureusement laissés inachevés, confiant à un ami… le soin
d’en faire ce qu’il en voulait.
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